jeudi 21 septembre 2017

La Cour suprême: le temps des bouffons

Des personnages déjantés et aux corps déformés s'offrent aux spectateurs qui deviennent voyeurs ou comédiens d'un moment. La vaste farce est colorée et la salle de spectacle est transformée en cour de justice.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois
Wannabe (François-Guillaume Leblanc), Douchebag (Paul Fruteau de Laclos) et Lacharrue (Valérie Boutin) jouent à une cour martiale déjantée, prenant le rôle à la fois du juge, du procureur de la Couronne et de la Défense. Mitraillant les détours de notre société à grands coups de caricatures, ils montrent d’un doigt courbé les responsables de nos actes. Si le ridicule ne tue pas, il peut sérieusement atteindre votre rate.

Bouffonneries
Le spectateur est convié à une vaste bouffonnerie: personnages aux corps déformés, proverbes remixés à la sauce bouffonne, blagues salaces, ambiance complètement folle. Et c'est tant mieux! Ce n'est que pour davantage dénoncer la société où l'on vit et mettre le doigt sur ses contradictions.

Si le spectacle souligne plusieurs des absurdités de notre société, absurde sur lequel le spectacle joue abondamment d'ailleurs, il le fait à la fois trop timidement, chaque soulignement passe très vite, et trop largement, les thèmes abordés sont si nombreux que l'on s'y perd rapidement.

L'humour bouffon ne plaira pas nécessairement à tous. Les blagues sont salaces, les mots sont crus et l'absurde abonde. Le spectacle exige une bonne dose de concentration pour en saisir toutes les subtilités et faire le lien entre nos absurdités et la folle démonstration qu'en font les protagonistes.

L'entrée en salle est fort agréable, même si elle peut en déstabiliser certains. Les trois personnages accueillent les spectateurs, offrent des bonbons, que les spectateurs pourront déguster en cours de représentation, prennent des égoportraits en leur compagnie et leur assignent un siège. Un spectateur est même désigné V.I.P. de la soirée avec cadeau à la carte. Une entrée en salle qui annonce la folie du spectacle qui débutera quelques minutes plus tard.

Scénographie épurée
La scène est épurée. Un trône règne au centre de la salle alors qu'un espace vidéo sur la droite et un espace présentation sur la gauche se retrouvent sur une scène où l'on a parsemé des objets hétéroclites. L'espace, qui est donc généralement dégagé, offre toute la latitude possible aux comédiens pour s'éclater et... ils s'éclatent.  De même que les spectateurs, les jeunes surtout.

S'il s'agit d'abord d'une cour de justice, celle-ci prend ses airs allègrement et se transforme, l'espace d'un instant, en boîte de nuit pour certains spectateurs. Vous devez donc vous attendre à un appel du pied de la part des comédiens. Mais ne vous inquiétez pas, c'est pour votre plus grand plaisir.

Irrévérencieux
La Cour suprême est un spectacle irrévérencieux que la jeune génération prendra plaisir à voir, et c'était le cas hier soir. Les autres y découvriront des comédiens qui s'éclatent et qui prennent plaisir à égratigner le vernis de notre société.

Allez-y surtout si vous aimez: les bouffons, les blagues salaces, être légèrement déstabilisé.

À Premier acte jusqu'au 30 septembre. Avec François-Guillaume Leblanc, Paul Fructeau de Laclos et Valérie Boutin. Une mise en scène de Nicola Boulanger. Un texte de François-Guillaume Leblanc, Paul Fructeau de Laclos et Valérie Boutin.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec François-Guillaume Leblanc et Valérie Boutin ici (au tout début de l'émission du 11 septembre).

Bon théâtre et bonne danse!

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