mercredi 21 février 2018

Angle mort: corps lumières

Premier acte et le Théâtre pour pas être tout seul proposent un spectacle lumineux où la douceur et la beauté du geste dominent. Un spectacle hors norme qui fait du bien.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois
Ce spectacle, au carrefour de la danse et du théâtre, est né d'un processus de recherche réunissant des interprètes à la fois danseurs, musiciens et comédiens.  Un spectacle atypique qui ne laisse pas indifférent.

Synopsis 
Moments de panique où nos craintes prennent le dessus. Endroit où nous abandonnons ce que nous refusons d’affronter en nous-mêmes et chez les autres. C’est une façon de fermer les yeux sur nos blessures pour pouvoir continuer. Nos angles morts nous réconfortent, nous stimulent ou nous éteignent. La pièce Angle mort est une confrontation sur les conséquences du déni et sur notre volonté de faire la lumière à tout prix. Elle est un enchaînement d’instants et de tableaux, provoqués par les désaveux et les sacrifices que l’on s’impose afin d’avancer. Ce spectacle cherche à provoquer le contact, à braquer notre regard sur ce que l’on cache afin de permettre aux gestes de traduire les mots.

Danseurs, musiciens et comédiens s’unissent dans une scénographie dépouillée où le son, la lumière et le mouvement sont le centre. Qu’il soit comédien, danseur ou musicien, chaque interprète incarne toutes les disciplines et manipule tous les éléments scéniques afin de ne laisser aucun angle mort pour le spectateur. Angle mort présente une recherche sensible et humaine issue d'une création à cinq têtes mettant en scène trois formes artistiques et deux générations.

Crédit photo: Cath Langlois
Jeu d'ombres et de lumières
Une scène plongée dans la pénombre, que quelques objets épars tout de noir habillés squattent négligemment, sera le lieu de tous ces angles morts offerts à nos yeux.

Véritable jeux d'ombres et de lumières où les interprètes s'exécutent dans la pénombre. Tout débute par un jeu de cache-cache. Une lampe suspendue scintille dans le noir. Tout doucement le spectateur devine la présence des interprètes. La lampe suspendue tournoie sous l'impulsion d'un des protagonistes. On les découvre alors. Ils jouent à cache-cache en se déplaçant dans la pénombre. Ils sont l'un derrière l'autre et se déplace pour se remettre en ligne. La table est mise. Tout se fera en douceur, entre l'ombre et la lumière. Le mouvement sortira de la nuit pour nous faire vivre une émotion. Fugaces moments.

Crédit photo: Cath Langlois
Corps lumières
Dans ce clair-obscur, le corps devient lumière. Il est parole. Il offre une émotion, un moment de tendresse avec soi. La peur sort de l'ombre, merveilleux moment avec Harold Rhéaume, puis disparaît. S'efface doucement pour retourner dans la part sombre de ce demi-jour.

Un spectacle à l'image de ces moments de notre vie qui se pointent le nez puis s'efface pour laisser la place à un autre. Le spectacle est construit ainsi. De petites bribes de vie, des angles morts, qui s'amènent puis disparaissent, pour faire de la vie un merveilleux passage inoubliable.

Ce qui frappe dans ce spectacle? Pas d'effets spéciaux, pas de mots. Que des gestes en clair-obscur mais un spectacle qui marque l'esprit. Qui laisse une trace. Les images restent en tête. Elles squattent notre esprit pour le mieux. De la poésie corporelle portée par des corps lumières.

Crédit photo: Cath Langlois
Un spectacle reposant
Angle mort est une douce pause. Un moment de douceur empreint de sérénité. Il console. Adoucit notre journée. La termine sur une agréable note. Un merveilleux baume thérapeutique.

Allez-y surtout si vous aimez: la poésie corporelle, la douceur de vivre, les spectacles qui vont à l'essence de l'être humain, l'éloge à la lenteur.

À Premier acte jusqu'au 24 février. Avec Elizabeth Baril-Lessard, Harold Rhéaume, Lydia Wagerer, Vinvent Nolin-Bouchard et Vincent Roy. Une conception de Laurent Routhier et Vincent roy.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Elizabeth Baril-Lessard et Lydia Wagerer ici (au tout début de l'émission du 12 février).

Bon théâtre et bonne danse!

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