jeudi 18 avril 2024

Joyeux bordel | Critique: Bordélique

 Rêver éveillé ça vous tente? Alors, faites un saut à la Maison pour la danse afin de découvrir un joyeux bordel qui servira d'écrin à vos prochains rêves.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Mélia Boivin

Le spectacle en quelques mots
Bordélique expose un monde sens dessus dessous issu des rêves et des cauchemars de la créatrice Mélissa Martin/Melmaze. Adressée à l’enfant qui sommeille en nous, la première œuvre chorégraphique de l’artiste, enseignante et mentore traduit un imaginaire éclaté campé dans une gestuelle urbaine et contemporaine. Un songe initiatique fascinant où s’entrecroisent la réalité et la fiction.

S’endormir pour s’évader.
S’évader pour vivre le rêve.
Qu’en est-il lorsque tout se transforme en cauchemar?
Prisonnières d’un même voyage onirique, elles tentent tour à tour d’affronter ce qui les bouleverse.

Bordélique est présenté à la Maison pour la danse dans le cadre de la saison de La Rotonde.

Crédit photo: Mélia Boivin

Rêver éveillé
Le spectacle débute dans la noirceur totale. La voix de la chorégraphe, Mélissa Martin, se fait entendre. L'entrée dans le rêve, nullement un cauchemar, se fait tout doucement. Les corps assoupis apparaissent dans la nuit. Un à un. Tout doucement. Le sommeil est bien là et le rêve s'installe lentement. Les corps commencent à bouger alors que le rêve les agite. Puis le spectacle commence. Le rêve débute. Lentement. Les corps s'animent et le rêve prend forme sous nos yeux. Le joyeux bordel que propose la chorégraphe et les trois artistes s'anime doucement, lentement. Presque tendrement.

C'est ainsi que commence Bordélique. Un spectacle qui est une sorte d'initiation au rêve. Ou, sans doute, bien plus une incursion dans la tête de Mélissa Martin qui propose un monde onirique. Dans ses rêves les corps brillent de mille feux. Et le rêve est un enchaînement quelque peu bordélique. Bordélique mais mystérieux. Bordélique mais rempli d'images. De nos propres rêves. De ceux qu'on aimerait faire ou se rappeler.

La gestuelle est contemporaine. Carré. Un peu trop placé. Mais c'est un rêve après tout. Chorégraphié mais théâtrales aussi. Le trio de danseuses est éclectique. Il y a un fort désir de faire vivre le monde mystérieux du rêve dans ce spectacle. Et c'est bien là. À chaque pas. Chaque moment. Chaque musique, aussi. La musique est un quatrième interprète, plantant le décor. Faisant vivre l'ambiance. Créant le suspense.

Crédit photo: Mélia Boivin
 
Folle cavalcade
Bordélique est une folle cavalcade. Un moment onirique. Mais avec quelques défauts. Les nombreux noirs qui représentent ses moments où nos rêves changent et passent d'un univers à l'autre. Mais ils sont trop nombreux. Ils brisent la magie. Et puis, le texte du début gagnerait à être récité par un comédien pour lui donner une stature, une force que ne réussit pas à créer Mélissa Martin.

Le rythme du spectacle débute lentement. Prend son envol doucement pour s'éclater dans un joyeux bordel rempli de beaux moments. Instants sublimés par les trois danseuses. Le geste est précis, carré mais gracieux. Les premiers tableaux sont un peu convenus et la danse plaquée mais seulement ne dure qu'un instant. Le temps d'un rêve, dirons-nous. N'empêche la cavalcade est agréable. Le voyage que propose le quatuor composé de la chorégraphe et des interprètes, est agréable. Sympathique. Onirique. Fantasmagorique. Tout se termine, vous l'aurez deviné, par le réveil. Il n'est pas brutal, même si le cadran sonne. La fin du rêve et du plaisir de voir ces danseuses s'exécuter. Et offrir un spectacle qui vaut le détour. Une belle occasion de rêver éveillé. Une fois n'est pas coutume.

Allez-y surtout si vous aimezl'onirisme, rêver éveillé, les chimères, les folles cavalcades, les voyages au pays du rêve.


Jusqu'au 20 avril à la Maison pour la danseAvec  Julia Maude Cloutier, Jeanne Forest-Soucy et Deya Lemière. Une chorégraphie de Mélissa Martin/Melmaze.

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mardi 16 avril 2024

Choisir son critique en six leçons faciles | Opinion

  Le 31 mars dernier, je vous proposais de choisir le critique qui vous convenait. Aujourd'hui, je vous offre une méthode pour le trouver en six étapes faciles. Voici la recette (secrète?) qui vous permettra de dénicher la perle rare... ou celle qui vous convient!

Un billet de Robert Boisclair
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Leçon #1: fréquenter plusieurs critiques
Pour bien choisir son critique et trouver celui qui nous éclairera le mieux, il faut donc les fréquenter tous. Oui, oui, les fréquenter. Les lire religieusement. Observer leurs préférences et leurs goûts. Ce qu'ils remarquent ou pas. Découvrir les styles et les goûts, prononcés ou pas, amers ou doux. Afin de trouver celui qui a les mêmes goûts théâtraux ou dansés que les vôtres. Ce qui nous amène à la leçon #2.


Leçon #2: trouver un critique qui partage nos goûts
Bien sûr les critiques visent l'impartialité mais la nature humaine étant ce qu'elle est, le critique a des préférences pour qui sait lire entre les lignes. Si vous voulez aimer le spectacle qu'un critique a commenté, assurez-vous que vous partagez un minimum de goûts en commun. À défaut de quoi, la soirée risque d'être longue et le plaisir en chute libre! Et ce que l'on veut lorsque l'on se présente à un spectacle de danse ou de théâtre, c'est d'en ressortir heureux, ému ou transformé. Choisissez donc votre critique en conséquence.

Leçon #3: choisissez un critique qui va au-delà de la facilité
Le plaisir de la découverte vient en consommant de plus en plus de spectacles, choisissez donc un critique qui vous en offre plus. Un critique qui, d'abord, fait une critique la plus complète possible et qui vous parle de scénographie, d'éclairage ou chorégraphie et pas un critique qui vous fait un long résumé du spectacle, suivi d'une courte appréciation générale. Vous en apprendrez peu et serez trop souvent déçu. Ensuite, et idéalement, un critique qui est capable de faire des références classiques ou qui est en mesure de faire des comparaisons avec d'autres spectacles. Une valeur ajoutée importante qui vous assure que la pièce critiquée risque fortement de vous plaire ou déplaire! Une étape primordiale avant de vous rendre sur place. Passons à la leçon #4.

Leçon #4: un critique qui connait ses classiques
Un critique qui connait ses classiques pourra vous remettre le spectacle dans son contexte, le commenter en lien avec l'histoire de cet art et vous permettre d'en découvrir les aspects plus novateurs, s'il y en a.


Leçon #5: éviter les critiques de mauvaise foi
Malheureusement, il y en a. Ils sont peu nombreux mais ils existent. Des critiques pour qui tout est mauvais ou excellent. Des critiques qui n'osent pas avancer sur le sentier du commentaire honnête mais qui visent avant tout à faire plaisir à un peu tout le monde. Et qui ne réussissent pas à vous donner l'heure juste sur un spectacle. Ils sont à éviter comme la peste car vous n'aurez aucune possibilité de choisir le spectacle qui vous convient.


Leçon #6: un seul critique?
Peut-être pas en effet! Je sais, je me contredis un peu, mais en trouver un qui déteste systématiquement ce que vous appréciez vous permettra de savoir ce qui pourrait moins vous plaire et ainsi avoir une opinion mieux éclairé sur le spectacle. Ou bien un autre qui aime ce que vous aimez mais qui remarque d'autres aspects du spectacle que le premier ne remarque pas. Il vous offrira ainsi une autre vision de ce spectacle, quelque chose que vous n'auriez pas vous-même remarqué et qui jette un éclairage différent.

En conclusion
Ce qui est important dans tout ça, c'est de découvrir celui ou celle qui vous permettra de découvrir des spectacles qui vous branchent. La vie est si courte qu'il faille bien en profiter lors d'un spectacle de danse ou de théâtre! Et si le critique choisi ne vous amène pas à un spectacle que vous adorerez et bien... changer de critique!

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mercredi 10 avril 2024

Quand la révolution gronde | Critique: Nina ou de la fragilité des mouettes empaillées

 Quand la révolution rouge gronde en Russie, la révolution personnelle s'agite. Nina ou de la fragilité des mouettes empaillées présenté au Périscope s'intéresse à cette double révolution et à ses conséquences dans un spectacle aux mille couleurs.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


Le spectacle en quelques mots
Dans cette variation de La Mouette, Matéi Visniec, l'auteur du spectacle, reprend le trio amoureux au cœur de la pièce: Nina, Treplev et Trigorine. Ils se revoient 15 ans plus tard dans la maison à l’origine de la pièce de Tchekhov.

Nous sommes en 1917, pendant la Première Guerre mondiale mais surtout en pleine révolution russe, et Moscou est le théâtre de grands changements sociaux. C’est dans cette effervescence que Nina retourne vers Treplev pour lui demander de «l’accepter à nouveau». Treplev, vivant seul, accueille donc, malgré lui, Nina et Trigorine, son ancien rival, qui tente de ramener Nina à la raison. Dans ce huis clos absurde et philosophique, on espère que le futur sera meilleur, mais tout n’est qu’illusion.

Le temps d'un été, dans cette maison j'ai été heureuse… Je vois que tu n'as rien changé, Kostya… Tu as toujours ta table de travail à côté de la fenêtre… Ce canapé, je le reconnais aussi… Et cette pendule… Et ce piano… Mais cette mouette empaillée n'était pas ici…
Extrait de la pièce

Une révolution qui n’est pas terminée 
Une actrice ratée, deux auteurs, trois protagonistes qui se retrouvent dans une maison à l’origine de la longue séparation. Quinze ans séparent leur dernière rencontre de celle-ci. Dehors la révolution rouge gronde, dans la maison la révolution personnelle s’agite dans un mouvement plutôt figé et tourne, encore, vers ce passé qui les relient. 

Ce trio s’agite dans une joute littéraire et artistique. Par les mots mais aussi dans un lieu où les environnements sonore, vidéo et lumineux créent un magnifique écrin. La beauté transcende chaque scène. L’art s’immisce. Séduit. Enjolive. La scène se transforme en une sorte de musée. Musée d’art ou musée de la vie. Peut-être un peu des deux.

Seul bémol à ce magnifique écrin, la voix de la chanteuse, car il y a un orchestre sur scène, qui se perd dans une sonorisation qui donne trop de place aux instruments.


La machine Tchekov
Visniec s’approprie la machine Tchekov, sa mouette et ses personnages. Nina, l'actrice au cœur de ce drame, est en quelque sorte cette mouette empaillée qui trône sur scène. Dans la pièce originale de Tchekov la mouette empaillée est l’oiseau que Treplev a tué et offert à Nina. Les deux hommes sont amoureux de Nina, qui en répudie un pour choisir l’autre. Les deux hommes et la femme verront un soldat gelé arriver, symbole d’un nouveau départ après cette révolution personnelle en gestation. Mais prendront-ils un nouveau tournant?

Guillaume Pepin, le metteur en scène, s’empare également de la machine Tchekov de belles manières. La scénographie simple et complexe à la fois avec son orchestre sur scène qui côtoie une horloge grand-père, un bureau de travail, un divan, une zone de bûchage et de coupe du bois, transforme la scène en une sorte de capharnaüm russe où la révolution semble avoir fait son œuvre sans avoir tout transformé. S’ajoute en fond de scène deux écrans et des rideaux qui seront les lieux privilégiés de la représentation du grand froid qui prévaut à l’extérieur comme à l'intérieur de cette résidence, une datcha sans doute.

Des réponses multiples
Les personnages sont en décalage. Ils se cherchent et ne se trouvent pas. Ou peut-être un peu. Une chose est certaine, dans cette pièce les interprétations sont multiples tant les couches de vernis ouvrent de nombreuses portes. C’est à tout le moins une comédie humaine surprenante, voire étrange. On ne sort pas indemne de ce spectacle. Il y a de la détresse dans l’air, de la grande détresse. Mais aussi un désir d’arrêter le temps, Nina y fait une référence directe alors que le dénouement le suspend.

Si le premier tiers de la pièce peut laisser pantois, il faut un temps pour s’habituer à ce rythme lent, posé et à la prose à la fois poétique et tragique, la suite offre des performances solides du trio de comédiens. Un spectacle qui séduit tant par son éclat que par le jeu des comédiens ainsi que par ce magnifique écrin muséal et artistique que nous offrent Visniec et Pepin.

Un spectacle à voir mais pour lequel il faut laisser son esprit rationnel au vestiaire. Vous n’en serez que plus heureux.

Allez-y surtout si vous aimez: Tchekov, les œuvres revisitées, les spectacles musicaux, le froid, les révolutions.

Jusqu'au 27 avril au PériscopeAvec Mary-Lee Picknell, Marc-Antoine Marceau, Jean-Sébastien Ouellette, Marianne Poirier, Josué Beaucage et Kerry Samuels. Un texte de Matéi Visniec. Une mise en scène de Guillaume Pepin.

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lundi 8 avril 2024

Une saison 2024-2025 emballante à La Bordée | Actualité

 Une saison 24-25 sous le signe de l'étonnement et des émotions fortes à La Bordée.

Un billet de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


De l'étonnement, de l'embrasement et des contrastes puissants
La Bordée vient tout juste de dévoiler le contenu de sa 48ᵉ saison avec sept productions fortes, étonnantes, galvanisantes. Aucune ne laissera indifférent et de possibles discussions animées risquent de se produire à la sortie de la salle.

Les 5 à 7 de La Bordée seront de retour pour une quatrième édition, offrant des moments de convivialité théâtrale. Sous le thème CLASH, la prochaine saison promet d'être une véritable immersion dans tout ce qui nous questionne et polarise. 

CLASH! Un mot qui frappe. Un choc entre deux idées, deux points de vue, deux valeurs. L’essence même du théâtre. Que ce soit Antigone qui résiste à Créon ou Germaine Lauzon qui se confronte à la jalousie de ses belles-sœurs. Des contrastes puissants, c’est
 ce que nous avons voulu pour cette nouvelle saison, à l’image de notre société de plus en plus polarisée. Mais le clash peut aussi être joyeux, vibrant, éclatant, comme les couleurs de cette saison où une large place sera faite au rire. Rencontres/oppositions. Rire/réflexion. Nous/le monde. Nous croyons à ce théâtre qui peut tout embrasser pour nous aider à mieux vivre. Et c’est ce que nous vous proposons!
Michel Nadeau, directeur artistique

La saison en quelques mots 
Pas maintenant, du Théâtre Bistouri ouvrira la saison du 26 août au 13 septembre.

Il s’agit d’une comédie de David Ireland, acclamée par la critique britannique, qui parle d’identité, d’attachement au passé et du désir d’en sortir.

Le lendemain des funérailles de son père, Matthew se prépare à auditionner pour une prestigieuse école de théâtre. Alors que son oncle Ray interrompt sa préparation pour lui prodiguer des conseils de carrière non sollicités, Matthew remet en question son envie de quitter la région. Où est sa vraie maison?  

Cette production est offerte en formule 5 à 7 incluant une consommation et une
collation, en plus de la pièce d’une durée de 60 minutes. 



L’assemblée est un projet de théâtre documentaire conçu par Porte Parole (J’aime Hydro, Rose et la machine, Tout inclus) qui sera présenté du 17 septembre au 12 octobre.

Le temps d’un repas, quatre personnes aux parcours et aux opinions radicalement divergents discutent ouvertement de leurs différences et similitudes. À partir du verbatim de ces conversations, les auteurs - Alex Ivanovici et Brett Watson - construisent une pièce unique, interprétée par des comédiens professionnels, propre à la ville où elle est présentée. 

Après Montréal, Sao Paulo, Munich, et plusieurs autres villes, ils s’arrêtent à Québec pour y rencontrer une militante de gauche, un homme d’affaires aux tendances libertariennes, un jeune conteur wendat et un travailleur en économie sociale défendant les valeurs traditionnelles! Quels sont les enjeux qui polarisent les gens de la Vieille Capitale? Et comment les citoyens pourront-ils trouver leur terrain d’entente? 

La mise en scène est assurée par Alexandre Fecteau et c’est une coproduction de La BordéePorte Parole et Nous sommes ici.



Ensuite, La fameuse Femme-Québec, nouvelle création de Cristina Moscini (S’aimer ben paquetée), prendra l’affiche du 29 octobre au 23 novembre.

Cette comédie fait se rencontrer une artiste de cabaret des années 60 et un jeune youtubeur non-binaire. Deux marginaux avec chacun leurs codes, leurs combats, leurs interdits. Par le biais de plusieurs grands événements de notre histoire, l’autrice y brosse aussi un portrait du monde marginal des cabarets qui donnèrent naissance à plusieurs grands artistes de la culture populaire québécoise. La mise en scène est conçue par Nancy Bernier.

Exan, jeune youtubeur vedette non binaire, et son amie Martine, préparent une émission pilote autour de Quérida Quirion, qui a fait les beaux jours des cabarets et des boîtes à chanson des années 60 et 70 avant de tomber dans l’oubli. Mais si le projet est emballant, la réalité sera plus houleuse que prévu!   



À la demande générale, le spectacle exceptionnel qu’est Grosse-Île, 1847 (dans les mots de ceux qui l’ont vécu) sera de retour pour 10 représentations du 3 au 14 décembre.

Revivez l’histoire de la terrible traversée de milliers d’Irlandais et de leur arrivée à Grosse-Île grâce au remix d’archives d’Émile Proulx-Cloutier, qui signe également la mise en scène.

Émile Proulx-Cloutier propose un remix d’archives (puisant dans les archives nationales) pour raconter la tragédie de ces hommes et de ces femmes oubliés qui ont fait face à l’inconnu. Pour les années à venir, on nous prédit de nombreuses crises. Pas seulement sanitaires. Économiques. Climatiques. Migratoires. Inévitablement, nous aurons à y faire face. Il faudra sortir de nos ornières, inventer des solutions et avancer. Devant de tels pronostics, se tourner vers l’Histoire peut être d’un grand enseignement.  



Après les Fêtes, la pièce L’inframonde écrite par Jennifer Haley et mise en scène par Maxime Perron sera présentée du 14 janvier au 8 février.

Il s'agit d’un thriller de science-fiction qui aborde les questions éthiques soulevées par l'influence de plus en plus grande des réalités virtuelles dans nos vies. Cette production créée la saison dernière à Premier Acte, et couronnée de nombreux prix, est présentée par la jeune compagnie L’homme qui a vu l’ours.

Cette production a reçu les prix de la Meilleure production 2023 et des Meilleures conceptions (Scénographie, Éclairages, Vidéos) de l’AQCT, ainsi que de la Meilleure conception vidéo des Prix de théâtre.)  

Dans un futur pas si lointain, Internet est désormais essentiellement accessible par le moyen d’un univers virtuel immersif nommé l’Inframonde. Cette plateforme sophistiquée permet d’incarner un avatar et de ressentir, sans distinction par rapport à la réalité, les émotions et les sensations physiques qui le traversent. Tous les sens sont comblés. Toutes les pulsions peuvent être contentées. L’immersion est totale. Jusqu’au moment où une détective, Harrisson, décide d’enquêter sur un espace virtuel singulier nommé Le Refuge. Ce repaire numérique, recréant un jardin de l’ère victorienne, offre la possibilité aux utilisateurs et aux utilisatrices d’assouvir certains fantasmes sévèrement condamnés dans le monde réel.

Aux détours des interrogatoires, l’opposition entre Harrisson et le créateur du Refuge s’intensifie et laisse le public se heurter aux propres limites de sa moralité.

Libéré de la contrainte physique, devient-on enfin soi-même? Si personne ne souffre vraiment, peut-on faire souffrir?




Suivra Dis-moi ce que tu es, je te dirai ce que tu dis, de Simon Boudreault, du 25 février au 22 mars.

Reconnu pour ses comédies, l’auteur propose ici une pièce à tableaux qui interroge la perte de repères sociaux, la quête identitaire, l’obsession de la compétition, la recherche de sens et d’équilibre dans notre société polarisée où les terrains glissants s’accumulent. On y verra un ami à louer, une rencontre prof/élève qui dégénère, une relation à réparer avec un agent conversationnel, un collègue de travail qui patine trop fort pour ne pas heurter personne, et plus encore!    

Cette pièce est une coproduction de La Bordée, du Théâtre Niveau Parking et de Simoniaques Théâtre. La mise en scène est confiée à Lorraine Côté.



Suivra Vous êtes animal, de Jean-Philippe Baril Guérard. Cette production du Théâtre PÀP, mise en scène par Patrice Dubois, sera présentée du 26 mars au 5 avril.

Elle propose une interprétation inédite de la théorie de l'évolution de Darwin. Avec cette uchronie, Jean-Philippe Baril-Guérard s'interroge:  à une époque où la foi en la science vacille, pourrait-il être dangereux pour un scientifique de confronter de manière aussi frontale notre conception de la vie? Ou serait-il simplement balayé du revers de la main? Quel serait l’impact de la vulgarisation d’une hypothèse scientifique révolutionnaire, si elle se frayait un chemin dans le magma médiatique d’aujourd’hui?  

Nous sommes en 2022. Charles Darwin publie l’essai-choc Sur l’origine des espèces qui suscite la colère d’une bonne partie de la communauté scientifique. La toile s’enflamme et les foudres des protestataires de tous les alignements politiques s'abattent sur l'auteur de cette nouvelle théorie en lui prêtant les pires intentions.   



Ne manquez pas l'occasion de découvrir ou redécouvrir l'iconique En attendant Godot, du 22 avril au 17 mai.

Écrite en 1948 par Samuel Beckett, elle a été déclarée la plus grande pièce du XXe siècle. Olivier Normand assure la mise en scène de cette comédie philosophique qui nous interroge sur l'attente, le temps et la condition humaine.

Dans cette comédie philosophique, Samuel Beckett y livrait une nouvelle vision de l’Homme moderne. Aujourd’hui, au premier quart du XXIe siècle, qu’ont à nous dire ces quatre hommes, dans ce paysage aride, devant un arbre presque mort?   

Vladimir et Estragon attendent Godot. Dans l’attente, ils passent le temps: ils font des jeux, discutent, s’obstinent - ils vivent. Ils croisent un drôle de duo, Pozzo et Lucky, pour quelques instants. La journée se termine et Godot n'est pas venu. Mais un petit garçon vient leur dire qu’il viendra demain. Alors ils reviendront demain. Pour attendre Godot. Et dans l’attente, ils passeront le temps: ils feront des jeux...  



Finalement Être ou ne pas être un douchebag, écrite par Mary-Lee Picknell qui a offert le très intéressant Heimat/revenir au cours de la présente saison, sera présentée du 5 au 16 mai.

Il aime faire du char et fumer des joints. Elle est sobre depuis 5 ans et trippe littérature. Il a à peine 30 ans, elle fête ses 40. Coincés ensemble dans un ascenseur de 1,5 mètre carré, Karine et Malik ne peuvent plus s’ignorer. Ni faire semblant qu’ils ne se sont jamais vus tout nus. Car ces deux êtres aux antipodes ont un passé commun, un vécu qu’ils revisiteront, découvrant que leur vision de l’histoire n’est pas du tout la même.

Durant l'heure que durera leur captivité, les anciens amants reprendront le temps perdu, joueront à vérité-conséquence, se mettront les pieds dans les plats et essaieront par tous les moyens de régler la question suivante : «Qui, de Malik ou de Karine, est le véritable douchebag entre les deux?» 

Cette nouvelle création confirme, dit-on, son talent pour la comédie avec une écriture nerveuse, des dialogues punchés et des revirements inattendus. Il s’agit d’une production de la compagnie Les Hébertistes offerte en formule 5 à 7.


Pour en savoir plus ou acheter son billet, c'est ici.

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vendredi 5 avril 2024

Amusante bataille de traduction | Critique: BESIDE

BESIDE est une agréable occasion de découvrir comment dansent les radios de Québec.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


Le spectacle en quelques mots
Fausses nouvelles (fake news), construction de la vérité: de quelle manière le corps contribue-t-il à donner de la crédibilité aux discours dominants?

En empruntant les mots et les mouvements des médias locaux, les interprètes de BESIDE revêtent l’identité de l’ensemble des médias de masse. À l’aide de la diffusion radiophonique de la radio parlée de Québec, une partition verbale se crée. À cette dernière s’ajoute la partition gestuelle, entièrement calquée sur les mouvements vus dans les émissions d’affaires publiques présentées à la télévision. Par cette réflexion dansée, la chorégraphe Marie Béland, s’interroge sur le déferlement d’informations qui est notre lot quotidien, éclaboussant du même souffle notre rapport à la vérité, aux médias.

BESIDE est présenté à la Maison pour la danse dans le cadre de la saison de La Rotonde.

Saut dans le vide
Être confronté à un texte improvisé et à des mouvements chorégraphiés constituent un véritable saut dans le vide pour le trio d’interprètes. Un saut qu’ils réussissent avec brio, faut-il le dire, malgré quelques accrocs.

Un radio transistor, comme on disait autrefois, une table en métal, des écouteurs et... des interprètes, c'est ce que propose BESIDE. Un menu qui peut sembler bien mince mais l'aventure amène le spectateur dans un monde où l'être-en-scène questionne l'être au quotidien. Dans son quotidien. 

Les comédiens dépossédés de leur corps, les gestes sont chorégraphiés, et de leurs mots, ils sont dictés par la radio parlée de Québec, constituent un amalgame qui projette les interprètes dans une sorte de vide. Un lieu qu'ils ne contrôlent pas entièrement. Pas du tout même.

Cette chute dans le vide, questionne le spectateur et sa manière d'être au quotidien. Nos gestes sont-ils aussi personnalisés qu'on le croit, notre quotidien n'est-il qu'une suite de gestes pré-programmés et dirigés par les médias. La question se pose alors que la radio et la télévision sont à la base de la chorégraphie et du contenu audio du spectacle.


Déstabilisante technologie
Cette pièce, qui s’intéresse au discours et à sa représentation dans le corps, reflète aussi la fragmentation et les changements causés par les la technologies qui déstabilisent notre milieu. La chorégraphie, mais je devrais parler bien plus d’une mise en scène, fait un bel mais longuet usage de l’ambiguïté. Elle est amplifiée par l’absence de contacts visuels entre les interprètes et par les vides exprimés dans leurs visages.

Ils se parlent, se coupent et s’interrompent offrants des moments joyeusement anachroniques qui font sourire et s’esclaffer à plusieurs reprises. Cependant le processus devient vite répétitif et lassant. Heureusement, BESIDE ne dure quelques cinquante-cinq minutes.

Le dernier tiers de la pièce passe de l’individualisme à l’impersonnel. Les protagonistes portent des bas de nylon sur la tête et des gants et le discours brisé, hachuré, prend le pas sur le geste également brisé et déconstruit. Il y a ici une forme désintégration humaine alors que les protagonistes tiennent bien plus du robot ou de la mécanique que de l’humain. 

Au final, BESIDE est une amusante bataille de traduction perdue entre l’interprète devenu interlocuteur et la machine. Un spectacle où l'art d'écouter, de comprendre et de traiter l'information devient une contrainte. Et où l’humain et la machine ne font plus qu’un.

 
Allez-y surtout si vous aimezles chuchotements et les cris, être déstabilisé, les spectacles qui sortent des sentiers battus, la danse qui ne se prend pas au sérieux, les anachronismes.

Jusqu'au 6 avril à la Maison pour la danseAvec  Rachel Harris, Sylvain Lafortune et Bernard Martin. Une chorégraphie de Marie Béland.

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