mardi 18 février 2014

Trois questions à... Anne Plamondon

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Anne Plamondon est danseuse, chorégraphe et codirectrice artistique du Groupe RUBBERBANDance.  Elle est également la chorégraphe et la danseuse du spectacle Les mêmes yeux que toi que présentera la rotonde les 6, 7 et 8 mars.  Les Enfants du paradis lui posent trois questions au sujet de ce spectacle.

1) Les Enfants du paradis: Pourquoi avoir choisi un oeil extérieur issu du milieu du théâtre, Marie Brassard, plutôt qu'un oeil extérieur issu de la danse pour Les mêmes yeux que toi ?

Anne Plamondon: Dans les dernières années, j’ai eu l’occasion d’expérimenter des moments théâtraux dans mes performances sur scène, mais aussi à la réalisation de quelques courts métrages. Afin de pousser cet aspect de mes habilités, et sachant que le rapport danseur-chorégraphe est un terrain que je connais très bien, il m’apparaissait évident que je devais être accompagné d’un metteur en scène. Je voulais me lancer dans une démarche qui allait me déstabiliser, me «  challenger ». Aussi, très tôt dans mes réflexions, j’ai décidé de faire de ce solo ma première tentative chorégraphique. L’actrice, auteure et metteur en scène Marie Brassard a su comprendre et soutenir le défi que cela représentait pour moi.   

2) Les Enfants du paradis: Pourquoi avoir choisi la schizophrénie comme thème pour le spectacle ?

Anne Plamondon
: L’idée de créer et danser un solo a mijoté dans ma tête plus de huit ans avant que le projet se précise. Terrifié à l’idée de me présenter seul sur scène, j’ai d’abord voulu trouver un sens, une raison profonde au projet. Témoin de la maladie mentale, précisément la schizophrénie de mon père durant mon enfance, ce sujet résonnait fort en moi. Inspirée de mon expérience personnelle, j’ai senti que l’oeuvre pourrait livrer un moment de vérité. J’ai imaginé des états mentaux et utilisés des mémoires de mon passé pour inspirer les mouvements de ma chorégraphie. Sujet parfois lourd et mal compris, Les mêmes yeux que toi c’est d’abord et avant tout une oeuvre de danse et de théâtre qui met en lumière la fragilité de l’humain.

3) Les Enfants du paradis:  Un spectacle qui se veut une prise de conscience que derrière la maladie, il y a un humain ?

Anne Plamondon: Il y a d’abord un humain. La maladie mentale est encore un sujet tabou dans notre société. On ne comprend pas, ou mal les gens qui en souffrent. Ça nous fait peur. Et pourtant, nous sommes tous fragile au déséquilibre mental. Ne serait-ce qu’un instant. C’est cette fragilité qui me touche. C’est aussi le gouffre insurmontable d’une personne et la vulnérabilité de l’enfance qui en témoigne. Les mêmes yeux que toi se veut plus poétique que moraliste.

Bon théâtre et bonne danse !

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