vendredi 14 février 2014

Trois questions à... Geneviève Tremblay

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Geneviève Tremblay, qui est scénographe de formation, a bricolé plusieurs textes de Réjean Ducharme à la base du théâtre musical Détour de chant que présente Premier acte jusqu'au 1e mars.  Les Enfants du paradis lui posent trois questions au sujet de ce spectacle.

1) Les Enfants du paradis: Détour de chant, est-ce une simple transposition ou adaptation des textes romanesques de Ducharme sur scène ou la vision de Geneviève Tremblay de l’œuvre de Ducharme ?

Geneviève Tremblay: Détour de chant ce n’est pas l’adaptation d’un roman en particulier, mais plutôt une incursion dans l’univers romanesque de Réjean Ducharme.  C'est important de dire que chaque mot du spectacle est tiré de l’un ou l’autre des neufs romans de Ducharme, mais ne racontent pas nécessairement la même chose que dans ceux-ci. J'ai choisi des dizaines de passages, mes préférés, ceux qui me semblaient les plus porteurs, les plus marquants et je les ai ré-assemblés pour en faire des chansons et des dialogues de façon à créer une nouvelle trame dramatique. Les paroles d'une chanson peuvent provenir de deux-trois romans différents, c'est la même choses pour les dialogues. Je voulais partager ma perception des romans pour que les gens aient envie d'aller les lire, mais je ne voulais pas leur raconter les romans sur scène.

Si les personnages dans Détour de chant sont fidèles à ceux des romans, ils n'y sont pas tout à fait conformes. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils ne sont jamais nommés dans le spectacle. Par exemple, on peut facilement reconnaître Châteaugué dans Détour de chant, mais elle n'est pas tout à fait la même que dans Le nez qui voque. De la même façon, les actions présentées sur scène s’inspirent des faits et gestes présents dans les livres, mais avec Jean-Sébastien Ouellette on s'est permis d'ajouter des choses, tant que ça demeurait dans l'esprit de l'oeuvre de Ducharme. 

2) Les Enfants du paradis: Le mot d’ordre du spectacle est bricolage.  Pourquoi ce choix ?

Geneviève Tremblay
: Parce que le texte était déjà un bricolage d'extraits de Ducharme. Parce que nous voulions rendre hommage à Roch Plante (Note de Robert Boisclair: Roch Plante est le nom d'artiste visuel de Réjean Ducharme) et à ses Trophoux qui sont de magnifiques bricolages!   Parce que Campe, voulait mettre le moins d'argent possible sur le matériel pour pouvoir payer le mieux possible les artistes travaillant sur le projet. Alors nous avons choisi de partir de dons et de déchets pour le visuel de Détour de chant, mais partir de matériaux trouvés, ça suppose un peu plus de bricolage. Tout ce que vous verrez, décors, costumes, accessoires, a été offert par nos amis, nos familles, et les poubelles du quartier St-Sauveur. C'est d'ailleurs grâce à eux s'il y a quelque chose à voir dans la salle, parce que malgré plusieurs demandes Campe n'a reçu aucun soutien financier public pour ce projet.

Parce que, comme scénographe, ça fait partie de ma démarche artistique (puisqu'il faut appeler ça comme ça) de bricoler. Parce que le bricolage c’est travailler d’une manière différente, c'est l’intelligence pratique, c’est inventer, se débrouiller, faire avec les moyens du bord, c’est aménager le monde autour de soi.

3) Les Enfants du paradis:  Le projet est parti de l’idée d’inclure la carrière d’artiste visuel dans le spectacle.  Jusqu’à maintenant c’était impossible.  Est-ce que les oeuvres visuelles de Ducharme seront présentes à Premier acte ?

Geneviève Tremblay: Il n'y a aucun Trophoux de Roch Plante dans la scénographie, mais ce sont ces oeuvres-là qui ont inspiré l'installation dans laquelle évoluent les comédiens et les spectateurs.

Bon théâtre et bonne danse !

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