mercredi 5 mars 2014

Critique: Le chant du Dire-Dire

L'oeuvre poétique de Daniel Danis s'offre une incursion en l'église Notre-Dame de Jacques-Cartier. Le chant du Dire-Dire résonne comme le tonnerre du jubé à l'autel jusqu'au 8 mars.

Par Robert Boisclair

Rock, William et Fred-Gilles sont terrés dans leur maison-cocon au fond des bois, accompagnés par la douleur muette de leur soeur Noéma. Maison-cocon qu'ils continuent d'habiter après la mort de leurs parents adoptifs. Des enfants laissés à eux-mêmes qui vivent dans une petite société d'amour mais aussi de haine.

Le texte de Daniel Danis se prête merveilleusement bien à une mise en scène dans une église. Les mots et le texte de Danis résonne doublement grâce à l'écho naturel de l'église. L'orgue, présente à de nombreuses reprises pendant le spectacle, ajoute au drame de cette société d'amour pas comme les autres. Malheureusement, celui-ci couvre trop souvent les mots poétiques de Danis. Théâtre le Mimésis aurait eu intérêt à présenter le spectacle avec des micros.

L'interprétation si elle est juste est un peu trop rigide.  Malgré une belle complicité entre les comédiens l'émotion ne se rend pas jusqu'au spectateur. Et c'est bien dommage. La poésie des mots de Danis ont la capacité de transporter le spectateur et j'aurais bien aimé vivre cette transcendance. Ne boudez pas votre plaisir pour cela. Les images et les moments développés par Marc Béland et Théâtre le Mimésis sont souvent magiques. Et puis, il y a les mots de Daniel Danis, qui virevoltent et nous envoûtent.

La mise en scène minimaliste laisse toute la place aux mots de Daniel Danis. Encore une fois, un choix judicieux. Un lit superposé, des lampions qui trônent un peu partout et le Dire-Dire, étrange objet qui sert d'exutoire à cette société d'amour pour s'exprimer, sont les seuls accessoires de ce spectacle. Dans le texte de la pièce, le Dire-Dire est défini comme suit: Tout jeune, aucun d'eux ne parlait. À peine. Parler pour le besoin, tout juste. Pas de nécessité à jaser. La mère, la leur, craignait ce silence. Les délier, se disait-elle, et à son mari aussi. Les délier pour les entendre, les rendre audibles à ce monde. La mère, toujours la leur, avait pensé-rêvé à un objet: un jeu. Le père, le leur, l'avait fabriqué, en cuivre.

Le chant du Dire-Dire est un spectacle à voir pour le texte de Daniel Danis et la découverte d'une pièce qui prend une tout autre dimension dans un lieu saint qui n'est peut-être, pas si sain lorsque l'univers de cette société d'amour l'envahit.

À la NEF de l'église Notre-Dame de Jacques-Cartier (une présentation de Premier acte) jusqu'au 8 mars. Avec Marie-France Bédard, Guillaume Regaudie, Yves-Antoine Rivest et Louis-Philippe Tremblay.  Un texte de Daniel Danis. Une mise en scène de Marc Béland.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Guillaume Regaudie (vers la quarantième minute de l'émission du 24 février).

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