vendredi 7 mars 2014

Critique: Mois d'août, Osage County

Il y a des spectacles qui sont comme un oasis au milieu du désert. Une immense source de bonheur. Mois d'août, Osage County est un spectacle qui marque. À tout jamais !

Par Robert Boisclair

Une famille de classe moyenne de l'Oklahoma, les Weston, se réunit à l'occasion de la disparition du patriarche. Les trois filles, ainsi que la famille immédiate, soutiennent Violet, la mère, dans cette épreuve. Tout ne sera pas facile alors que les blessures de chacun, souvent profondes, ressortent et que des secrets sont révélés.

Si le sujet est sombre, la pièce ne l'est certainement pas. Bien au contraire. C'est plutôt au paradis de l'amateur de théâtre que vous convie Jean-Philippe Joubert et sa bande de merveilleux comédiens. Une pièce que vous ne devez rater sous aucun prétexte. Le plaisir du spectateur est complet, le résultat plus qu'heureux et le bonheur total.

La scénographie est superbe. Une maison sur deux étages se déploie devant nos yeux dès le lever du rideau. Elle occupe toute la scène, immense et bien représentative de cette famille tentaculaire du sud des États-Unis qui s'entredéchirera tout au long de la pièce. Tout est calme avant la tempête. La pièce débute doucement. Une "indienne" arrive et discute avec Beverly, ce père qui disparaîtra. Une courte pause avant le grand chamboulement. Puis tout s'enchaîne. La disparition. L'arrivée de la soeur de la mère puis des trois filles.  Et le grand chamboulement.

La beauté du texte réside dans la force de frappe de chacun des mots.  Ils claquent. Frappent juste. Les images sont efficaces et, parfois, drôles aussi. Parce que c'est un drame et une comédie. Félicitations au traducteur Frédéric Blanchette qui a transposé le texte dans un français à la fois très américain et québécois.

La mise en scène de Jean-Philippe Joubert est sans faille.  Juste assez dynamique, elle nous transporte dans l'univers de cette famille sclérosée par les secrets et les souffrances comme si nous y étions.  La direction des comédiens est impeccable et l'ambiance qu'a créée Jean-Philippe Joubert ne peut être plus Amérique profonde que celle-là.  Et puis, quelle bonne idée que d'entrecouper les changements de scène par la présence, en direct, d'Émilie Clepper.  Mi-texane, mi-québécoise, elle nous berce de chansons folk et acoustiques qui transportent le spectateur au sud des États-Unis, royaume des Weston. Selon Paule Savard, l'interprète de Violet: «Ce qui est très beau avec sa musique, c'est que le drame de la famille Weston pourrait arriver n'importe où, mais la touche d'Emilie Clepper crée un ailleurs».

Que dire de la performance des comédiens ? Ils sont tous impeccables. Magnifiques. Toujours justes. Touchants. Nuancés. Paule Savard, Violet, et Marie-Josée Bastien, Barbara, se démarquent particulièrement.  Paule Savard, la mère à qui on ne peut rien cacher, est magnifique en marâtre qui profite de la réunion familiale autour de la disparition du père, pour régler ses comptes. À la fois douce et amère, elle se promène dans les arcanes du malheur avec une aisance incroyable. Marie-Josée Bastien tient un rôle en or avec avec Barbara, sorte de double acariâtre de la mère, qui se débat avec vigueur et douleur dans les nombreux drames qui assaillent la maison. Elle est magnifique.

Faites que vos pas vous amènent au Trident d'ici le 29 mars, vous ne le regretterez pas. Un spectacle que vous adorerez sûrement.

Au Trident jusqu'au 29 mars. Avec Marie-Josée Bastien, Emmanuel Bédard, Normand Bissonnette, Véronique Côté, Chantal Dupuis, Érika Gagnon, Marie Gignac, Nicolas Létourneau, Marianne Marceau, Marco Poulin, Jack Robitaille, Paule Savard, Réjean Vallée et Emilie Clepper.  Un texte de Tracy Letts. Une traduction de Frédéric Blanchette. Une mise en scène de Jean-Philippe Joubert.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Jean-Phillipe Joubert (au tout début de l'émission du 24 février).

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