jeudi 5 juin 2014

Moi et Camille Brunelle

Moi qui découvre Cinq visages pour Camille Brunelle dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Moi qui reçoit son moi fantasmé en plein visage. Moi qui aime Cinq visages pour Camille Brunelle. Moi qui en parle dans son blogue. Moi qui cogite sur son moi fantasmé à nouveau. Moi qui écrit.

Une critique de Robert Boisclair

Cinq visages pour Camille Brunelle

Moi qui entre dans la salle. Moi qui découvre le décor passablement dénudé sauf pour cinq sièges, un écran et des vêtements qui jonchent le sol de la scène. Moi qui prend un selfie mental de la scène pour en parler sur son blogue.

Moi qui voit les comédiens se pointer de derrière la salle. Moi qui réalise qu'il n'a pas l'âge des comédiens mais qui squatte allègrement les médias sociaux. Moi qui pense à ses mois fantasmés, ceux de Facebook, de Twitter, de LinkedIn. Moi qui pense à l'image qu'il projette sur les médias sociaux en écoutant les comédiens. Moi qui trouve le processus répétitif des descriptifs de profils de médias sociaux un peu ennuyant. Moi qui comprend que les comédiens lancent des mois fantasmés plus gros que ceux de leurs amis.

Moi qui réalise que les comédiens n'ont pas de noms, que des numéros, un peu, beaucoup à l'image des réseaux sociaux où je suis, comme tant d'autres, le Xième ami de tel autre ami. Moi qui admire le travail des comédiens qui ne retiennent que des profils fantasmés des réseaux sociaux. Moi qui trouve un peu longuet les "Moi qui..." des comédiens qui s'enchaînent à la queue-leu-leu.

Moi qui admire le travail effectué pour l'environnement sonore. Moi qui admire la mise en scène, véritable miroir en images des cinq mois fantasmés des cinq personnages. Moi qui admire la gestuelle, les mouvements et les chorégraphies de type pantin qui soulignent justement que, sur les réseaux sociaux, nous ne sommes que des mois fantasmés manipulés par d'autres mois fantasmés.

Moi qui apprécie la mécanique de relance du moi fantasmé dans les aspects sombres de l'individu. Moi qui ne trouve plus le processus répétitif des descriptifs de profils longuet mais fort à-propos. Moi qui aime dans le dénouement la symbolique de ce corps recouvert de vêtements ou, devrais-je dire, recouvert des différents mois fantasmés qui ont trouvé refuge sur ses profils. Moi qui réalise que même dans la mort, le moi fantasmé n'est jamais bien loin.

Moi qui savoure le dénouement. Moi qui applaudit. Moi qui aime la pièce un peu, beaucoup. Moi qui repense à ses profils. Moi qui applaudit toujours. Moi qui aime qu'il n'y ait pas eu d'aspect moralisateur. Moi qui aime la réflexion sur les réseaux sociaux que suscite la pièce. Moi qui quitte la salle. Moi qui marche vers la sortie en pensant encore à ses profils.

En représentation ce soir au Périscope. Avec Julie Carrier-Prévost, Laurence Dauphinais, Francis Ducharme, Mickaël Gouin et Ève Pressault. Une mise en scène de Claude Poissant

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Claude Poissant (vers la cinquantième minute de l'émission du 19 mai).

Bon théâtre et bonne danse !

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