samedi 24 octobre 2015

Prismes: perceptions contradictoires

Prismes est un spectacle de danse dont on ne saisit pas tout. Il offre une panoplie d'images colorées et de perceptions contradictoires qui s'ancre profondément. S'il laisse sur son appétit, il n'en est pas moins intéressant.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Montréal Danse

Prismes est un spectacle qui laisse pantois. Composé de nombreuses vignettes le spectacle est une sorte de trompe-l'oeil. Ce que le spectateur voit est une vérité parmi tant d'autres. Selon l'angle, selon l'éclairage la perception ne sera pas la même pour tous. C'est d'ailleurs de cette façon que débute le spectacle. Pré-débute devrais-je dire! Les danseurs déambulent avant le spectacle parmi les spectateurs et offrent à certains d'entre eux des images qui font dans le trompe-l'oeil. Le spectacle n'est pas encore commencé que les perceptions contradictoires s'immiscent déjà!

Le spectacle s'amorce par une session didactique où les jeux de lumières sont mis en évidence. Comment une variation dans l'éclairage influence-t-elle la perception de la couleur? Cette étape terminée, la série de vignettes s'enchaîne ensuite. Dès vignettes où, encore une fois, les perceptions pourront être contradictoires.

Ludisme
Le ludisme s'installe dans ce spectacle où les préparations et les changements se font souvent à vue. Les styles dansés sont forts variés. Les genres également. Les danseurs jouent d'audace. Ils osent. Le chorégraphe également. Certaines vignettes sont performatives. Mais toutes, sans exception, mettent en évidence le très grand talent des danseurs.

Les moments les plus performatifs sont ceux qui séduisent le plus et qui soulignent le plus fortement ces perceptions contradictoires qui traversent le spectacle de part en part. Elinor Fueter impressionne particulièrement dans ces moments. Rachel Harris, qui en duo avec Elinor Fueter offre un des très beaux moments du spectacle, Annik Hamel, Sylvain Lafortune, Alexandre Parenteau et Peter Trosztmer ne sont pas en reste avec de belles performances.

Regarder Prismes, c'est un peu comme regarder une multitude de petits spectacles mis bout à bout. Le chorégraphe et les danseurs jouent avec le spectateur en lui offrant un extrait précisément chorégraphié, un autre sur le ton de l'humour puis un troisième performatif. Mais est-ce bien ça? Est-ce un extrait sur le ton de l'humour ou est-ce du cabotinage? Est-ce précisément chorégraphié ou est-ce performatif?

C'est peut-être ce qui dérange dans ce spectacle. On ne sait pas toujours ce que l'on regarde. À quel type de spectacle on fait face. Si le jeu des contradictions est intéressant en soi, il laisse tout de même pantois. Ou sur son appétit. On quitte la salle sans trop savoir et en se questionnant sur le spectacle. L'étrange sensation de ne pas trop savoir quel spectacle on a vu nous envahit.

Les contradictions ne s'arrêtent pas là. Les merveilleux éclairages de Lucie Bazzo jouent avec les contrastes de lumières. Le bleu n'est peut-être plus du bleu lorsqu'éclairé. Les danseurs et danseuses sont androgynes aussi. Avec ces grandes bandes de tissus dans lequel ils sont occasionnellement drapés, l'homme peut aussi bien être une femme. Et vice versa. De même pour le port du casque de construction.

À voir?
Un spectacle coloré, déjanté et qui ne laisse pas indifférent. Les danseurs et les éclairages magnifiques et l'univers sonore sont enivrants. Il déstabilise un peu et interroge beaucoup. Un spectacle pour ceux qui aiment la danse hors-norme et éclatée.

Une présentation de La Rotonde à la salle Multi de Méduse pour un dernier soir. Avec Elinor Fueter, Annik Hamel, Rachel Harris, Sylvain Lafortune, Alexandre Parenteau et Peter Trosztmer. Une chorégraphie de Benoît Lachambre.

Bon théâtre et bonne danse !
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