dimanche 17 avril 2016

Mme G: avec pas de filtre!

«Avec pas de filtre», réplique sur le type de cigarette fumée par Mme G, décrit bien le personnage: sans filtre, brut, bon vivant et attachant. Incursion au pays de l'authenticité!

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois

«La cigarette, c’est mon problème numéro un. Pas capable de m’en défaire. Depuis l’âge de treize ans que je fume. C’est déjà venu à quatre cinq paquets par jour. Là, c’est rendu à trois. Je diminue. Ça doit être la codéïne qui tient mes poumons deboutte.»

Dans la chambre exiguë d’un demi-sous-sol, les souvenirs d’une existence à contre-courant jaillissent comme on regarde les montagnes à partir de la Haute-Ville : dans le désordre. Elle parle, il écoute. De cet équilibre naît un sentiment étrange. Quelque chose comme l’affection fulgurante et éphémère d’une rencontre de voyage. Elle, c'est Mme G. alias Thérèse Drago, 83 ans, autrefois tenancière d'un bar clandestin et d'une maison close. Lui, c'est Maxime Beauregard-Martin, auteur en devenir.

Entre ces allers-retours dans le temps, qui nous font revivre l’âge d’or d’un bar de passage de la rue Cartier, s’ouvrent des fenêtres dévoilant avec humour le processus de création d’un théâtre documentaire.

«Avec pas de filtre» 
Maxime Beauregard-Martin offre aux spectateurs un personnage brut livré sans filtre. Une femme «fière-pet» comme elle le dit elle-même. Un très beau personnage, livré sans fard et avec un amour certain du personnage de la part de l'auteur. Marie-Ginette Guay offre une interprétation touchante et sensible de cette femme qu'elle s'est magistralement appropriée. Un rôle qui lui sied à merveille. Elle est vibrante lors de la finale de la pièce. Un des très beaux moments.

Maxime Beauregard-Martin s'y livre également. Principalement dans le deuxième moitié de la pièce. D'une très grande franchise, il fait une incursion dans le processus créatif de la pièce et ses angoisses d'auteur. Subterfuges d'auteur en mal de contenu? Probablement. Cette partie de la pièce qui fait la part belle à d'anciens clients, à une jeune prostituée et aux angoisses de l'auteur n'ajoutent que peu au personnage central qu'est Mme G.

Cette deuxième partie sème la confusion et éloigne trop du personnage fort intéressant de Mme G car après tout, c'est pour elle que le spectateur se déplace. Ce spectacle de deux heures aurait très bien pu se terminer après une heure ou une heure quinze. Cette deuxième partie n'est pas dénuée d'intérêt mais elle est tout de même superflue. Les spectateurs sur place vendredi soir, semblent avoir toutefois apprécié cette découverte du processus créatif. La foule s'est levé d'un bond à la fin du spectacle.

Mme G est tout de même un bel hommage sans fard, qui n'encense ni ne démolit le personnage. Un hommage au ton juste qui permet de découvrir un personnage hors norme, à la vie dissolue pour certains, mais une vie heureuse et remplie. Le spectateur quitte la salle avec une petite pincée de bonheur et, après tout, c'est ce qui compte. Non?

Belle découverte
Maryse Lapierre offre une mise en scène rythmée et dynamique. Maxime Beauregard-Martin sait proposer les mots qui frappent et les images qui collent à l'imaginaire. Un spectacle qui constitue une belle découverte et qui fera passer un très bon moment.

À Premier acte jusqu'au 30 avril. Avec Maxime Beauregard-Martin, Nicolas Gendron, Marie-Ginette Guay, Mary-Lee Picknell, Annabelle Pelletier-Legros et Patrick Ouellet. Un texte de Maxime Beauregard-Martin. Une mise en scène de Maryse Lapierre.

Pour en savoir plus sur ce spectacle, consultez notre interview avec Maxime Beauregard-Martin et Marie-Ginette Guay vers la quarantième minute de l'émission du 4 avril en cliquant ici.

Bon théâtre et bonne danse !

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