dimanche 5 juin 2016

Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni: mise à nu

En une heure tout est dit: on passe de l'ombre à la lumière puis à l'ombre à nouveau avec ces quatre suicidées grecques qui ont quitté cette terre pour ne pas créer de soucis à ceux qui restent.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Futura Tittaferrante

Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni, que l'on pourrait traduire par «Nous partons pour ne plus vous donner de soucis», est construit à la manière d'une enquête, d'un aller-retour qui fait découvrir ce que signifie la mort de quatre femmes grecques décédées parce qu'elles n'entrevoyaient aucun avenir dans un monde en crise économique grave. Une enquête qui soulève bien des questions sur notre mode de vie qui tourne autour de son aspect économique. Quand l'économie va mal, la vie n'a plus beaucoup de sens. Comme le souligne l'un des personnages, l'individu se définit-il uniquement par sa dimension économique? Question intéressante s'il en est.

«Nous avons compris que nous sommes un poids pour l'État,
pour les médecins, et pour la société.
Nous partons donc pour ne pas vous donner d'autres soucis.
Vous allez faire des économies sur nos retraites et vous vivrez mieux.»

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Mise à nu
Le spectacle est né, d'abord, de réflexions sur la crise économique qui secoue l'Italie et, particulièrement, les travailleurs autonomes, et du discours du philosophe coréen Byung-Chul Han sur la nécessité de redonner de l'espace à la négativité, au non. Les quatre femmes grecques décédées tirent leur origine du roman Le justicier d'Athènes de Pétros Markaris. Une occasion pour les auteurs d'ajouter l'idée d'un suicide altruiste bien loin du désespoir existentiel. Cette touche permet d'ajouter de l'humour à un sujet qui aurait bien pu être sinistre et démoralisant. Et qui aurait fait oublier le message principal: nous définissons-nous uniquement en tant qu'être économique?

Dans ce spectacle, tout concourt à mettre l'accent sur l'idée de base. Tout d'abord le dépouillement, dans tout les sens du terme, ou presque. L'espace entièrement libre, ou presque. Pas de décor. Que quatre chaises et une table qui arrivera bien tardivement dans le spectacle.

Une scène constituée d'une part d'ombre, toute la périphérie de la scène est dans le noir, et de lumière, tout le centre est éclairé. Les comédiens passe de l'ombre à la lumière puis à l'ombre à nouveau. Tout comme les personnages dont on connait peu en ouverture, que l'on découvre peu à peu et qui s'évaporent dans l'ombre dans un magnifique dénouement. Des vies invisibles qui s'effacent doucement mais qui sont toujours un peu présentes tout de même. Invisibles et visibles à la fois.

Le texte en mode enquête contribue également au questionnement de base. Des bribes d'histoires sont découvertes ici et là au gré des interventions des personnages. Qui sont ces femmes dépouillés économiquement? Mais, également, qui sont ces comédiens qui se dévoilent également tout au long du spectacle. L'enquête est double. Encore une fois l'ombre et la lumière, le visible et l'invisible se croisent: le comédien et le personnage, la mort et la vie, les raisons véritables des suicides et celles, cachées,  que le spectateur découvre.

Un spectacle qui n'impose aucune morale mais qui suggère des pistes, impose des réflexions. Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni ne sombre jamais dans le pathos. Bien au contraire, le spectateur apprécie les réflexions, s'abreuve, occasionnellement, d'un bel humour, s'imprègne d'un discours du non bien senti mais jamais imposé, découvre des suicidées qui pourraient être sa mère,  sa soeur, son père ou... lui-même. Car des spectateurs d'un certain âge, dirons-nous, il y en avait. Un discours qui les concerne sans doute plus. Mais un discours que les plus jeunes ont intérêt à découvrir et, j'en suis convaincu, prennent plaisir à découvrir.

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À voir
C'était un spectacle à voir. Malheureusement, les représentations de Québec et Montréal sont terminés. Un spectacle qui doit continuer sa route et qui, espérons-le, reviendra à Québec avec cette distribution italienne, pas piquée des vers du tout, ou dans une version toute québécoise.

Était à l'affiche du Périscope dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Avec Daria Deflorian, Monica Piseddu, Antonio Tagliarini et Valentino Villar. Une conception de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini.

Bon théâtre et bonne danse !

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