vendredi 28 avril 2017

(Very) Gently Crumbling: beautés plastiques

Avec (Very) Gently Crumbling Jacques Poulin-Denis offre aux spectateurs quatre beautés plastiques qui évoluent dans un monde futuriste où l'écroulement est roi.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Véronique T. Skoltz

Dans (Very) Gently Crumbling, les pulsions et les états physiques et psychiques de l’humain aux prises avec une société aliénante, bien trop étroite pour ses rêves, sont dévoilés et questionnés avec la délicatesse d’un brise-glace. La plume acérée des textes d’Étienne Lepage, la voix off qui pilote le GPS de notre âme, les quatre personnages féminins troublants: tout se répond dans une esthétique rétrofuturiste originale au service d’une critique clairvoyante et perspicace de nos folies contemporaines.


Touchant poème
Oscillant entre la narration et l'étude de mouvement, le spectacle est à la fois loufoque et futuriste. Quelques objets épars sont sur scène: un faux arbre, des coussins ainsi qu'une étrange forme orange qui, soudainement, gonfle et bouge. Une danseuse cachée à l'intérieur, que l'on découvrira plus tard, anime l'objet. Puis les quatre danseuses s'amènent sur scène. Une à une. Leurs gestes sont désarticulés. Femmes ou robots? Surtout des humanoïdes robotisés.

Sans trop savoir comment et pourquoi, et c'est là le génie de Poulin-Denis, ces poupées robotisées et désarticulées qui s'offrent aux yeux des spectateurs dans un univers dépouillé deviennent un touchant poème. Une voix féminine de synthèse qui narre les événements accentue l'effet de fable futuriste.

Crédit photo: Véronique T. Skoltz

Si le spectacle parle d'écroulement et de détérioration, il y a beaucoup d'humanité intérieure dans ce spectacle. Malgré la robotisation du geste, elle est bien présente cette humanité. Un peu inquiétante tout de même mais présente.

Le spectacle fascine beaucoup. Il laisse sans doute un peu perplexe sur le moment. Mais il nous habite par la suite. Il s'amène avec soi. Les images restent en tête et occupent l'esprit. Un spectacle étrangement touchant qu'on prend plaisir à revoir dans sa tête bien longtemps après que les feux de la scène se soient éteints.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Jacques Poulin-Denis vers la quarantième minute de l'émission du 24 avril.

Un spectacle de La Rotonde présenté au Musée national des beaux-arts du Québec pour un deuxième et dernier soir. Avec Sophie Breton, Caroline Gravel, Claudine Hébert et Anne-Marie Jourdenais. Une chorégraphie de Jacques Poulin-Denis.

Bon théâtre et bonne danse !

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