samedi 29 juillet 2017

Le placard: charmante comédie

L'été 2017 est certainement celui de Bertrand Alain. Alors que la déjantée comédie Belle famille, dont il est le metteur en scène, fait les beaux jours de La Roche à Veillon, il est de la charmante comédie Le placard en plein quartier Petit Champlain à Québec. Deux comédies légères et deux occasions de se dilater la rate.

Une critique de Robert Boisclair


Comptable dans une usine de préservatifs
Comptable discret et sans trop d'ambition, François Pignon travaille dans une usine de préservatifs. Ignoré de ses collègues, sa vie ne semble pas avoir grand intérêt pour personne. Jusqu'au jour où il apprend qu'il va être licencié pour alléger la masse salariale. Lui qui manifeste peu ses sentiments semble accepter la mauvaise nouvelle sans protester.

Pourtant tout va mal pour lui et il en a l'habitude. Sa femme est partie et a dressé son fils contre lui. S'il se jetait de son balcon pour en finir? C'est ce qu'il tente de faire justement lorsque son voisin l'arrête et lui propose de mettre en place un stratagème : pourquoi ne fait-il pas croire qu'il est homosexuel? Si les rois du préservatif l'apprennent, ils auront des remords et annuleront le congédiement. Grâce à un photomontage, la preuve est faite que Pignon est homosexuel.

Tout se passe comme prévu. Pignon est réintégré. Mais chacun se pose des questions sur cette homosexualité si longtemps cachée. Les cadres font des plaisanteries de corps de garde, les femmes tournent autour de ce gay incertain. Pignon révélera sa vraie nature au terme d'un festival d'imbroglios.

Humour léger
Le placard est un enchaînement de courtes scènes rythmées dans lesquelles on discute de ce qui vient de se passer dans la scène précédente. Chaque scène se termine par un gag, un court extrait musical et un changement de lieu. Il s'agit d'une structure narrative qui s'apparente à celle des séries télévisuelles. Le rythme est assez bien soutenu et on y passe un agréable moment. Le rire s'y glisse régulièrement, tout comme les sourires, nombreux hier soir. Mais le souvenir n'est pas impérissable.

Si vous adorez l'humour de Francis Veber ou que la comédie légère vous séduit, Le placard est pour vous. Le ton est léger et les dialogues pas très subtils. Une pièce pour rigoler sans trop réfléchir. Une charmante comédie qui offre ses meilleurs moments dans sa deuxième moitié.

La mise en scène enjouée manque tout de même un peu de rythme. Il faut dire que la disposition du décor sur deux étages, l'espace bureau est en bas et l'espace résidence de François Pignon est en haut, ne permet pas un enchaînement aussi rapide que l'exige la pièce. Les comédiens doivent se déplacer rapidement entre le rez-de-chaussée et le premier étage pour enchaîner.

Distribution de fort calibre
Hugues Frenette propose un François Pignon à la fois attendrissant et candide. On sent toute la solitude qui habite son personnage en même temps que sa quête de bonheur tranquille. Patric Saucier, incarnant le directeur des ressources humaines grand amateur de football et sans contredit le personnage au plus fort potentiel comique de la pièce, dresse un personnage qui passe magnifiquement du bourru et rude homme des cavernes aux instincts primaires au tendre et sensible homme moderne. Alexandrine Warren se débrouille fort bien dans le rôle de la fille sexy dans cette pièce où le jeu de l'attirance sexuelle est une des prémisses de départ.

Dans des rôles secondaires, Jack Robitaille, Charles-Étienne Beaulne et Bertrand Alain supportent à merveille le reste de la distribution. Joëlle Bourdon, magnifique comédienne souvent sous-utilisée, offre certaines des mimiques les plus drôles de la pièce. Une comédienne au talent indéniable qu'il ferait bon de voir dans de plus grands rôles comiques.

Charmante comédie
Si la pièce souffre de quelques faiblesses, on y prend tout de même son pied. Une comédie légère aux accents d'été qui offre un agréable moment de détente et qui libère l'esprit du quotidien.

Au Théâtre Petit Champlain jusqu'au 26 août. Avec Bertrand Alain, Charles-Étienne Beaulne, Joëlle Bourdon, Hugues Frenette, Jack Robitaille, Patric Saucier et Alexandrine Warren. Une mise en scène de Nicolas Létourneau. Un texte de Francis Veber.

Bon théâtre et bonne danse !

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