jeudi 26 octobre 2017

CHSLD: aînés légèrement déjantés

Avec son Centre d'humbles survivants légèrement détraqués (CHSLD), La Bordée propose une définition toute particulière des CHSLD où résident nos aînés. Une découverte qui surprend, surtout pas son côté touchant.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Dans un foyer pour personnes âgées, cinq résidents vivent de rocambolesques aventures en accomplissant simplement leur routine quotidienne. Dans leur état, manger sa soupe, se rendre au petit coin ou avaler une pilule devient un exploit olympique... ou presque!

Tendrement touchant
Centre d'humbles survivants légèrement détraqués pose avant tout un regard tendre et touchant sur la vulnérabilité de nos aînés. Si l'humour n'en est pas moins absent, il en est que légèrement saupoudré.

Ils sont bien, les vieux […]
Ils ont même pas besoin d’horloge pour entendre les aiguilles tricoter les secondes…
Le crépuscule des vieux, Sol (Marc Favreau)

Cette citation tirée du Crépuscule des vieux de Sol, alias Marc Favreau, représente bien l'ambiance et le rythme de CHSLD.  Si l'idée de départ était fort intéressante et prometteuse le développement de celle-ci surprend quelque peu. En début de spectacle, le spectateur peine à acheter la démonstration imagées par un jeu physique que peu de texte enveloppe. La proposition finit toutefois pas s'imposer. Le spectateur accède rapidement à la sensibilité de la pièce et à l'hommage bien senti à nos aînés.

Si l'humour squatte certaines scènes, il ne le traverse pas de part en part. Le sourire s'y glisse, quant à lui, très souvent. Un des caractéristiques du théâtre clownesque est d'offrir une réflexion profonde sous la caricature des personnages. C'est très certainement la force de ce spectacle. L'hommage senti à nos ancêtres, la très grande sensibilité à leur égard, mais surtout les émotions vécues par nos aînés et leur très grand désir de vivre pleinement, sont magnifiquement soulignés par le jeu fin des comédiens.

Il n'est certes pas facile pour de jeunes comédiens d'interpréter des aînés sans tomber dans la caricature facile. Le quintette d'acteurs qui interprètent des personnes âgées en CHSLD réussit le tour de force de nous faire croire que ce sont de véritables aînés devant nous. Un merveilleux jeu de composition bien supporté par un Raphaël Posadas en préposé aux bénéficiaires.

La souffrance, l'ennui et le sentiment d'enfermement vécu par nos aînés sont bien démontrés par de belles scènes touchantes dont celles de la couche culotte et du retour en enfance. De beaux moments qui portent à réfléchir sur la vie et le sort de ceux qui, tout au long de leur vie, se sont occupés de nous et à nous bâtir un monde meilleur.

Un spectacle à voir
Les esprits enneigés des aînés de CHSLD offrent d'agréables moments. Des rires, occasionnels, de nombreux sourires, des moments touchants et un regard tendre sur nos aînés, voilà ce que propose la pièce. Un instant de grâce que vous ne voudrez pas manquer! Et une occasion unique de faire une ovation debout à nos aînés qui, dans leur CHSLD respectif, cogitent sur leur passé tout en vivant au maximum de leurs capacités le moment présent.

Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre clownesque, les ruptures de tons.

À La Bordée jusqu'au 18 novembre. Avec Marie-Pier Lagacé, Patrick Ouellet, Jocelyn Paré, Raphaêl Posadas, Réjean Vallée et Karina Werneck Assis. Un texte de Véronika Makdissi-Warren et les comédiens. Une mise en scène de Véronika Makdissi-Warren.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Véronika Makdissi-Warren et Raphaël Posadas ici (au début de l'émission du 16 octobre).

Bon théâtre et bonne danse!

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