mercredi 1 novembre 2017

Des arbres: superbes interprétations

Est-il encore moral d’avoir des enfants? Si cette question est à la base du dilemme qui anime un couple tout ce qu'il y a de banal, la trame de fond de la pièce Des arbres est l'amour avec un grand A. Celui qui habite chaque couple. Un pur moment de bonheur en compagnie de deux superbes comédiens.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Suzanne O'Neill

Un couple, interprété par Sophie Cadieux et Maxime Denommée, est confronté à un dilemme, celui d'avoir un enfant alors que la planète est menacée. Tout débute dans un magasin IKEA où il lui propose d'avoir un enfant. Celle-ci prend panique et s'enflamme dans une spirale inflationniste de questionnements et de scénarios. Ont-ils la capacité d'élever un enfant? De ces questionnements et scénarios se profilent une crise de couple latente. De questionnements en scénarios apocalyptiques, le spectateur suit l'évolution de ce couple qui s'aime profondément mais qui ne sait pas toujours comment se le dire. Un merveilleux voyage au coeur du couple et de l'amour.

Une mise en scène sobre et... touchante!
Benoît Vermeulen a fait le choix, fort à-propos, d'une mise en scène épurée, sans artifice. Elle met en valeur le texte et l'immense talent de Sophie Cadieux, d'une vulnérabilité touchante et d'une sensibilité exacerbée, ainsi que celui d'un Maxime Denommée éperdument amoureux mais qui peine à saisir la très grande sensibilité de celle qui partage sa vie.

Point d'accessoire ou de décor. Que deux comédiens debout ou accroupis, deux bouteilles d'eau et un cercle lumineux en arrière-scène, qui invitent le spectateur dans une merveilleuse sarabande textuelle. Une rencontre humaine pour laquelle le metteur en scène a fait le pari de l'authenticité. Et le parti est gagné de hautes mains! Quelles belles performances de ce vieux couple professionnel que sont Maxime Denommée et Sophie Cadieux. Cette dernière éblouie particulièrement avec de superbes envolées. Ses discours sont enlevants et émouvants.

Malgré les sauts dans le temps rapides, ils savent nous garder dans le moment présent. Ils nous font voyager d'un lieu à l'autre avec eux en une simple réplique ou dans un geste, un mouvement, qui nous transporte dans leur univers du moment. Benoît Vermeulen, sans rien enlever au grand talent des comédiens, a su diriger de main de maître ces deux as de la scène. Il utilise merveilleusement bien leur complicité naturelle, eux qui se sont croisés à plusieurs reprises sur scène, pour en faire un couple des plus crédibles.

Vertige de l'amour
Au-delà du discours écologiste ou environnementaliste, qui n'est qu'un prétexte, c'est la rencontre humaine, la très belle histoire d'un couple qui s'aime mais qui ne sait pas toujours comment le vivre et l'exprimer. L'amour n'est que très rarement un fleuve bien tranquille. Et la pièce Des arbres le démontre de manière éloquente. Les amoureux se questionnent, s'aiment, doutent, ne se parlent plus ou peu, se questionnent à nouveau, doutent à nouveau, s'aiment à nouveau. La boucle ne semble jamais vouloir finir. Et pourtant, l'amour est là. Bien présent. Vivant.

Le spectateur est convié à un véritable vertige de l'amour. Une magnifique mise à nu du couple. Un beau moment en compagnie de deux êtres qui s'aiment et qui s'approprient le couple comme ils peuvent. Appropriation qui amène le spectateur à se questionner sur son couple et ce qu'il est. Et surtout à se rassurer sur son propre couple. Car après tout s'il n'y a pas qu'un seul modèle de couple, les relations amoureuses sont, pour tous, troublées par l'angoisse du je versus le nous.

À ne pas manquer
Des arbres proposent un magnifique moment de divertissement. On rit, on est touché, certains y verseront quelques larmes, et on découvre un couple touchant, près de ce que nous sommes. Un pur moment de bonheur à ne manquer sous aucun prétexte!

Allez-y surtout si vous aimez: Maxime Denommée et Sophie Cadieux, les narrations redoutables, les mises en scène épurées, le jeu d'acteurs, les textes intelligents.

Une présentation du Périscope au Théâtre du Conservatoire d'art dramatique de Québec jusqu'au 11 novembre. Avec Sophie Cadieux et Maxime Denommée. Un texte de Duncan Macmillan dans une traduction de Benjamin Pradet. Une mise en scène de Benoît Vermeulen.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Maxime Denommée ici (vers la vingtième minute de l'émission du 23 octobre).

Bon théâtre et bonne danse!

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