mercredi 11 avril 2018

Extras et ordinaires: condensé de bonheur

Quatre-vingt-dix minutes de pur bonheur en compagnie d'un comédien qui maîtrise l'art de l'improvisation et une quête de bonheur qui se termine sur une douce note d'espoir. Après tout le bonheur est à portée de main.  

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois
Synopsis (tiré du site web de Premier acte)
Sa mère a perdu l’appétit pour la vie. Il voudrait souffler les nuages noirs dans ses yeux et rallumer le soleil. Mais à sept ans, ce n’est pas si simple. Il a une idée : composer une liste. Une liste de tout ce qui donne envie de vivre :

1. La crème glacée;
2. Les films de kung-fu;
3. La couleur jaune;
4. Rire tellement fort que le lait te sort par le nez.

Il poursuit cette liste jusqu’à l’âge adulte. Bien plus qu’une gigantesque pile de papiers – post-it, morceaux de boîtes de Kleenex découpés à la va-vite –, cette accumulation d’idées témoigne de ces éclats de vie remplis d’espoir qui donnent du sens à l’existence.

Dans Extras et ordinaires, un homme vous raconte avec sensibilité, humour et délicatesse comment il a grandi aux côtés d’une mère dépressive.

Un quatrième mur qui vole en éclats
Un quatrième mur qui vole en éclats, une salle de spectacle qui se transforme en agora et un comédien que le spectateur ne se contente pas d'observer mais avec lequel il participe à cette belle quête du bonheur. Car c'est bien de cela qu'il s'agit malgré une prémisse pas très réjouissante: grandir auprès d'une mère dépressive.

L'interaction avec le public est tout à fait originale. Des parcelles de liste sont remises aux spectateurs avant la représentation qui devront les dire au moment convenu. D'autres spectateurs deviendront comédiens le temps d'une intervention avec le seul et unique interprète du spectacle. La salle demeure éclairé, transformant celle-ci en une immense scène et les spectateurs en participants actifs aux doux moments de grâce qui se dérouleront sous leurs yeux. Et, surtout, comme le mentionne la metteuse en scène, de se sentir un peu moins seul dans cette quête qui peut sembler désespérée.

Crédit photo: Cath Langlois
Improvisateur né
Jonathan, le narrateur, nous raconte l'histoire idiosyncratique de sa relation avec sa mère, son père, son premier grand amour et les vinyles. Une histoire instructive qui ne gomme pas les hauts et les bas de la dépression tout en étant teintée d'un bel humour.

Jonathan Gagnon est désarmant de naturel dans le rôle du personnage qui se prénomme également Jonathan. Il se glisse à merveille dans la peau de cet homme qui dresse des listes afin de sortir sa mère de la dépression. C'est aussi sa façon à lui d'avancer et de faire son chemin vers la béatitude. Un bonheur dont il a peur car il croit, que comme sa mère toute période de bonheur sera suivie d'une longue agonie dans la tristesse et le malheur. Les spectateurs devenus participants, peuvent y trouver leur propre chemin vers le bonheur qui se cache très souvent dans les petites choses et les petits riens.

Ce spectacle est un saut dans le vide sans filet pour l'acteur. Il est à la merci du public et de sa réaction. Jonathan Gagnon maîtrise merveilleusement bien l'art de l'improvisation. Il est alerte, vivace, éminemment sympathique. Il amène gentiment les spectateurs sélectionnés à dire quelques courtes tirades et, parfois même, à improviser. Cela se fait dans la bonne humeur et l'on se prend, si l'on n'a pas été sélectionné, à vouloir être le prochain élu.

Crédit photo: Cath Langlois
Un message d'espoir 
Une des dernières répliques du spectacle ressemble à ceci: si vous vivez très longtemps et que, jusqu'à la fin, vous n'avez jamais connu une période de dépression ou de déprime alors c'est que vous n'avez pas prêté attention.

La douleur, la souffrance, la tristesse font parties de la vie. Ici, elles sont portées par le rire et le sourire. Une belle façon de porter un message d'espoir. Il y a du bonheur, beaucoup de bonheur qui se cache dans les recoins. Et puis ce sont sans doute ces moments de déprime qui permettent de mieux apprécier les éclaircies heureuses. Le dénouement est une de ces précieux moments de bonheur. Un nouvel item sur la liste du bonheur. Sur notre liste du bonheur.

Crédit photo: Cath Langlois
À vivre
Extras et ordinaires n'est pas un spectacle à découvrir mais à vivre. Une aventure humaine comme jamais vous ne l'avez vécu au théâtre. Un petit moment heureux dans une vie pas si longue que ça au bout du compte. Vous ne devriez pas vous en priver car vous pourriez rater un des moments merveilleux de votre journée.

Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles bonheur, voir Jonathan Gagnon dans son premier premier rôle, le théâtre participatif, la vie.

À Premier acte jusqu'au 28 avril. Avec Jonathan Gagnon. Un texte de Duncan Macmillan dans une traduction de Joëlle Bond. Une mise en scène de Maryse Lapierre.

Bon théâtre et bonne danse!

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