samedi 14 avril 2018

Lucky Lady: savant mélange

Si vous aimez les suspenses, les comédies dramatiques et les BD, vous risquez d'aimer Lucky Lady. Une agréable heure quarante-cinq en compagnie de paumés sympathiques.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Synopsis (tiré du site web du CEAD)
Bernie sort de prison, décidé à reprendre sa vie en main; mais Zach, toujours en cellule, veut se servir de lui pour payer une dette de drogue. L'histoire se complique quand Bernie apprend que Shirley, chanteuse country et compagne de Zach, a déjà dépensé une partie de l'argent que Zach destinait à ses créanciers. Au pied du mur, Bernie décide de trahir une amie qui l'a mis au courant d'une course arrangée, et il joue le tout pour le tout en misant sur un cheval : Lucky Lady.

Quand c'char-là a capoté, j'aurais dû mourir t'sais. C't'un Chriss de miracle.
Comme si l'Bon Dieu lui- même me disait Hey Sucker! Une dernière chance! Dernière!
Don't fuck up! J'ai vu l'fond, j'l'ai vu. Pas yenque vu, j'l'ai touché. Touché! J'l'ai touché Chriss!
Le méchant. Les mensonges. Ceux qu'on t'conte, ceux que tu t'contes.
Que tu t'contes, que tu t'contes, man! Méchant! Méchant rare!
Bernie

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Un savant mélange
Servie par une belle brochette de comédiens, cette pièce qui se promène allègrement entre le drame, la comédie, la rythmique musicale et la tension d'une véritable course hippique, propose un suspense qui prend parfois la forme d'une BD. Les scènes sont courtes, rythmées et mises en scène un peu comme un BD.

Les espaces scéniques ressemblent à des cases d'une page de BD: imagés et colorés. La grande case, l'espace supérieur où trônent Zach (Simon Lepage) et Bernie (Jean-Michel Déry) et les cases inférieures, qu'occupent Claire (Lauren Hartley) et Mireille (Valérie Laroche) du côté cour et Shirley (Frédérique Bradet) du côté jardin. La pièce se conclue avec une case pleine page à l'occasion d'une course qui requiert la visualisation de la photo à l'arrivée tellement la course est serrée. La réaction des cinq protagonistes à ce dénouement est impayable et tout à fait dans le ton BD.

Le metteur en scène glisse ici et là quelques références à notre quotidien dont la finale qui est construite comme une véritable course hippique alors que les comédiens se déplacent à la manière de chevaux qui s'élancent dans une course. Ou encore cette photo de Dolly Parton, célèbre chanteuse country, ou western dirait Shirley, qui apparaît en arrière-scène et dont le personnage interprété par Frédérique Bradet est une copie quasi-conforme.

La rythmique musicale du texte s'ancre merveilleusement bien avec une chouette ambiance musicale créée par Stéphane Caron et l'extrait de Dirty Old Town (Vieille ville sale en français) du groupe rock The Pogues qui ouvre et clôt le spectacle. Belle image pour un quintette dont la vie semble se dérouler dans une ville où il n'y a que de sales moments. La boucle est bouclée.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Des comédiens solides
L'ensemble de la distribution se débrouille fort bien avec un texte exigeant et à la rythmique particulière. Frédérique Bradet incarne une éblouissante Shirley, chanteuse country de son métier, offre entre autres, une crise d'hystérie mémorable. Si elle excelle dans ce type de rôle, vivement une distribution différente pour cette comédienne. Il serait intéressant de la voir interpréter des personnages moins flamboyants et découvrir d'autres facettes de son talent.

Lauren Hartley se démarque particulièrement. Une jeune comédienne solide dans le rôle de Claire. Sa performance est sensible et incarnée. Jean-Michel Déry, Valérie Laroche et Simon Lepage, absent des scènes de Québec ces dernières années, sont excellents. Ils forment, avec Frédérique Bradet, un sympathique quintette. Le spectateur éprouve de la tendresse pour ce groupe d'hommes et de femmes. Les décisions qu'ils prennent ne sont pas toujours les meilleures mais ils rêvent et veulent s'en sortir.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
À voir
Un spectacle qui rassurent sur nos choix de vie. Une finale qui met un baume sur nos petites plaies quotidiennes et qui rassure. Une pièce à voir, entre autres, pour une crise d'hystérie mémorable, son petit côté BD et une prise de photo en forme de point de suspension.

Allez-y surtout si vous aimez: les suspenses, les anti-héros.

À La Bordée jusqu'au 5 mai. Avec Frédérique Bradet, Jean-Michel Déry, Lauren Hartley, Valérie Laroche et Simon Lepage. Un texte de Jean-Marc Dalpé. Une mise en scène de Patric Saucier.

Bon théâtre et bonne danse!

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