mardi 22 mai 2018

Halfbreadtechnique: mégapartage

C'est à un mégapartage auquel convie le performeur Martin Schick. Un spectacle à la fois d'une très grande simplicité et d'un intérêt certain. Une agréable fantaisie qui séduit.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Régina Recht
Synopsis (tiré du site du Carrefour international de théâtre)
Usant de stratagèmes simples et ludiques, Martin Schick nous entraîne sur des chemins inattendus pour décortiquer et désamorcer les mécanismes marchands pernicieux qui régissent nos vies. Avec une légèreté et une ironie délectables, le danseur applique à la réalité de la performance les règles de l’économie de partage. Il fait alors la démonstration d’un système de répartition des biens – la «technique du demi pain» –  qui consiste à séparer en deux tous ses avoirs afin d’en faire bénéficier ceux qui en ont davantage besoin.

Crédit photo: Bernie Ng
Histoire de partage
Le partage est au centre du spectacle. Avec un danseur et avec le public. Martin Schick, le performeur, partage tout ou presque: cachet, sandwich, espace de jeu,... Si la performance est improvisée, le partage est total.

Le technique du pain partagé ou demi-pain, Halfbreadtechnique, c'est un partage moitié-moitié. Le spectacle débute par le partage du cachet du performeur avec un danseur, qui change à chaque représentation, et qui occupera la moitié de la scène. De division en division, l'espace de jeu de Martin Schick deviendra tout petit. S'il est confiné à un coin infime de la salle, le reste de l'aire de jeu est occupée par plusieurs spectateurs transformés en danseurs, qui obtiendront, à chaque réduction de l'espace, la moitié de l'argent restant jusqu'à ce que le performeur n'ait plus un sou.

Et le partage ne s'arête pas à la transformation de l'espace. Il s'étend à tout ce qu'il possède. La dépossession du comédien sera complète ou ne sera pas. De partage en partage les différents objets se retrouvent entre les mains des spectateurs. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à partager. Enfin presque, puisqu'il offre même de partager son chandail et... sa gomme à mâcher! Un peu difficile direz-vous? En effet. Tout ce partage se fait au gré de la volonté des spectateurs. Il peut y en avoir qu'un seul comme une dizaine, voire plus. Lors de la première, le partage s'est fait allègrement. La gomme à mâcher à même trouver preneur!

Crédit photo: Bernie Ng
D'une très grande simplicité, d'un intérêt certain
Partage, éclatement du tabou de l'argent ou mise à nu du processus créatif? Halfbreadtechnique, c'est un peu de tout ça. C'est aussi une critique de cette économie de partage qu'une partie de la population encense. Une critique, qui si elle n'est pas virulente, frappe juste. L'ironie d'un partage à outrance qui entraîne chacun, non pas dans l'enrichissement mais dans l'appauvrissement à vitesse grand V. L'absurde de la situation crève les yeux dans cet opus de 45 minutes top chrono.

Si vous avez aimé le NoShow présenté dans une précédente édition du Carrefour vous risquez d'aimer, voir d'adorer, Halfbreadtechnique. C'est non conformiste, on vous sort des cadres du théâtre traditionnel, on y parle d'argent et de rémunération des artistes et on vous invite dans un théâtre participatif à la fois amusant et agréable. Un moment de théâtre qui questionne sur le partage, l'argent et la répartition de la richesse. Du tout au 1% des plus riches au partage universel, encouragé par ces fortunés, tiens! un paradoxe, la solution se trouve peut-être entre les deux.

Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles atypiques ou participatifs, les performances improvisées.

À La Bordée dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec pour une dernière représentation le 23 mai. Concept, performance, scénographie, dramaturgie et production de Martin Schick. Avec un danseur invité originaire d’un soi-disant « pays économiquement troublé ».

Bon théâtre et bonne danse!

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