dimanche 10 juin 2018

Mon Carrefour en trois questions

Le Carrefour international de théâtre de Québec est maintenant terminé et il est temps de faire un petit retour sur cette 19e édition. Voici donc en trois questions, comment j'ai vécu mon Carrefour


Quel moment me restera en mémoire?

Difficile de faire un choix, il y en aura donc trois. La scène du mât chinois de Réversible: un incroyable numéro où plusieurs acrobates, jusqu'à huit, s'exécutent en même temps sur un mât chinois. Un moment marquant d'un spectacle époustouflant du début à la fin. Notre critique du spectacle.

Creeps: présenté une seule fois dans le cadres des Chantiers. Le spectacle qui m'a le plus sorti de ma zone de confort. L'imaginaire s'y est confronté au réel. Un représentation qui tourne autour de la peur et de l'horreur où textes suggestifs se mêlaient à des performances en direct issues du théâtre underground qui questionne sur les limites que l'on doit s'imposer au théâtre soit jusqu'où peut-on aller dans la démonstration de la douleur et de l'horreur?

La relation scène/salle ou le rôle du comédien vs le spectateur: plusieurs spectacles ont abordé cette thématique. La frontière entre la salle et la scène et le rôle de chacun s'est fait plus ténue. Quelques spectacles ont abordé cet aspect: Nombre, Halfbreadtechnique et, dans une moindre mesure, Non Finito. Une relation en questionnement même en saison régulière, Extras et ordinaires présenté à Premier acte en est un exemple. Le théâtre se cherche-t-il? Le spectateur embarque-t-il dans cette mutation du théâtre? Si je me fie à la discussion des Regards croisés en fermeture du festival, il est bien possible que non. Quelques interventions s'y sont inscrites en faux. Notre critique de NombreNotre critique de HalfbreadtechniqueNotre critique de Non Finito.

Quelle est la proposition qui m'a le plus surpris, secoué, questionné?

Le plus surpris: Cold Blood. Pour la magie obtenue avec des doigts, des mains, une caméra et des maquettes. Je ne m'attendais pas à être surpris à ce point. Le résultat était magnifique et magique. Malheureusement présenté une seule fois, le spectacle a aussi conquis la foule qui s'est levé d'un bond. Notre critique du spectacle.

Le plus secoué: Creeps. Pour, entre autres, ma réaction face au texte horrifique, qui ne m'inspire guère de frayeur, alors que la réalité démonstrative de la souffrance m'a fortement fait réagir. Révulsion et fascination, un mélange de réactions qui m'a surpris, et une réaction viscérale à une démonstration si crue. Un moment qui marque mais que je n'aimerais pas nécessairement revivre.

Le plus questionné: Nombre. Un spectacle qui questionne sur ce qu'est le théâtre et jusqu'où l'on peut amener le spectateur à y participer. Est-ce bien ça que j'aimerais vivre au théâtre? Jusqu'où voudrais-je y aller? Des questions intéressantes sur l'essence même de ce qu'est le théâtre. J'ai aimé l'expérience, et le spectacle, mais aimerais-je le vivre à répétition? Question encore sans réponse pour moi. Et, question fondamentale, est-ce un désir profond de l'ensemble des spectateurs? Notre critique du spectacle.

Quels grands thèmes reliaient certains spectacles du Carrefour?

En cette époque des médias sociaux où tout le monde, ou presque, est constamment connecté, la solitude s'est imposé comme un des thèmes récurrents de ce 19e Carrefour. Hamlet Director's Cut et cet auto-dialogue d'Hamlet qui mettait en évidence sa très grande solitude. Dans la solitude des champs de coton où deux solitudes se rencontrent sous la forme d'un faux dialogue, chacun dans son univers dans sa pensée propre. Ils se parlent mais ne se répondent pas vraiment. Nombre où les solitudes habituelles du spectateur et du comédien, chacun dans leur univers sans jamais se rencontrer, se rencontrent finalement alors que le spectateur devient acteur d'un vivre ensemble qui prend forme. Le dialogue est ténu, il se fait par micro interposé et n'est jamais un véritable dialogue, mais il y a un début de discussion. Le vivre ensemble est davantage celui des spectateurs qui perdent leur anonymat et se rencontrent brièvement.

La relation salle/scène évoquée précédemment est l'autre grand thème de cette 19e édition. Le quatrième mur disparaît dans au moins trois spectacles, Nombre, Non Finito et Halfbreadtechnique. Dans un autre spectacle, Le Wild West Show de Gabriel Dumont, il y a une forme de relation subtile avec le spectateur. On l'invoque très souvent mais c'est présent. Il semble y avoir un reformulation désirée de la relation entre le comédien et le spectateur chez nos créateurs. Un rafraîchissement intéressant mais qui ébranle un peu ma relation comédien/spectateur. Ce n'est pas désagréable du tout mais cela me questionne tout de même.

Voilà qui résume, brièvement, mon Carrefour. Comment était le vôtre?

Bon théâtre et bonne danse !

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