mercredi 29 mai 2019

Le Pas Grand Chose: bluffant!

Johann Le Guillerm propose un spectacle totalement bluffant! Une aventure bourrée de digressions surprenantes et amusantes. Une aventure ludique dans le merveilleux monde scientifique... ou pseudo-scientifique.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Elizabeth Carecchio
Synopsis (tiré du site web du Carrefour international de théâtre de Québec)
S’il fallait, pour comprendre l’essence du monde, repartir des origines, d’un point minimal, tout recommencer à 0 pour reconstruire entièrement notre vision et enfin y voir plus clair ? Avec Le Pas Grand Chose, spectacle au confluent de la performance et de la conférence, Johann Le Guillerm, artiste de cirque, prend la parole sur scène pour la toute première fois et tente de saisir et d’éclairer le réel avec des codes qui lui sont propres. Il donne libre cours à ses irrésistibles obsessions pour la matière et les lois physiques et partage le fruit de ses expérimentations poétiques insolites.

Sur scène, un tableau noir, deux caméras et son laboratoire mobile, un chariot à multiples tiroirs contenant l’univers qu’il s’apprête à déployer. En une succession de démonstrations en apparence dérisoires et extravagantes, il conduit le public dans les méandres de son esprit rebelle et de sa douce folie pour lui exposer son interprétation du monde. Affirmations saugrenues, observations farfelues et interrogations vertigineuses échafaudent sa science faite « d’à peu près » et « d’infime ». Ses raisonnements sonnent étrangement absurdes et pourtant, ils semblent aussi essentiels qu’inéluctables. Sa pensée alternative devient un véritable acte de résistance, un remède radical au prêt-à-penser.


Comme vous le savez tous, nous avons 50 % de gènes communs avec la banane.
Extrait de Le Pas Grand Chose

De l’attraction magique qu’exerce Le Guillerm jaillit un tourbillon fabuleux, une vision du monde nimbée de mystère qui renverse notre logique usuelle, met en déroute nos repères les plus élémentaires et renouvelle le regard que l’on pose sur notre environnement. Comme un grand appel d’air face à l’ordre établi, Le Pas Grand Chose nous happe et nous élève pour nous catapulter… vers les étoiles!
Crédit photo: Elizabeth Carecchio
De l'errance de la pensée
Il s'amène seul sur scène avec un chariot aux airs mystérieux. Une sorte de meuble sur roues aux mille tiroirs. L'homme s'avance et nous annonce qu'il cherche le chemin qui ne mène pas à Rome. La table est mise. Rien ne sera pareil à ce que l'on connaît.

Il s'installe et l'errance de sa pensée débute. Les ronds sont des carrés. À moins que ce soit les carrés qui sont des ronds. Les nombres sont à la fois dissemblables et similaires. Rien n'est ce qu'il paraît. À moins que ce soit notre vision qui soit tronquée. Qui ne voit qu'un seul aspect, alors que chaque chose pourrait avoir plusieurs facettes dont plusieurs que l'on ignore.

S’il y a mille manières de voir les choses, n’y a-t-il pas mille manières de ne pas les voir?
Johann Le Guillerm, journal Le Monde, mars 2017

Cette errance, si elle est sympathique et drôle par moments, est un peu étirée. Si l'idée de départ est séduisante, et séduit un temps, elle perd graduellement de son intérêt. Le spectateur finit par se perdre dans le tourbillon des nombreuses circonvolutions que propose l'artiste.
Crédit photo: Elizabeth Carecchio
Tout n'est qu'illusion!
Avec Le Guillerm tout n'est qu'illusion et transformation permanente! Tout ça dans une mise en scène statique et antinomique pour un artiste... circassien! Tout est en douceur, en langueur et en peu de mouvements. Un grand écran sert régulièrement pour faire quelques-unes de ses nombreuses démonstrations dont celle de la nomenclature des bulles d'eau. Un dictionnaire bien particulier.

Ce que je fais maintenant, c’est une sorte de cirque mental,
qui se traduit sous des formes variées et ludiques.
Johann Le Guillerm, journal Le Monde, mars 2017


Un cirque mental? C'est bien de ça qu'il s'agit. Tout se transforme. Change. Les images s'envolent. D'autres prennent place. L'imaginaire foisonne, les illusions sont troublantes et les visions sont fantastiques!

Les bananes font des roulades, les formes rondes font des carrés et les dix chiffres unitaires (0 à 9) ne sont pas aussi nombreux que l'on croit. Il transforme le monde que l'on connaît pour lui donner d'autres formes. « Plier le monde à ses fantasmes » comme il le dit lui-même. Ce qu'il réussit haut la main.

Le dénouement de cette fantasmagorie surprend. Il est le roi de la transformation des objets et il en fait une merveilleuse illustration avec sa sortie de scène. Un moment qui surprend et épate.

Allez-y surtout si vous aimez: les expériences menées sur les bananes (allez voir le spectacle pour savoir ce dont il s'agit), les questionnements sur l'univers, les conférences qui ne se prennent pas trop au sérieux, les spectacles absurdes (ou l'absurdité tout court!), les dénouements surprenants.

Dernière représentation le 30 mai à La Bordée dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. De et avec Johann Le Guillerm.

Vous voulez en apprendre plus? Écoutez notre interview avec Johann Le Guillerm au tout début de l'émission du 27 mai.

Bon théâtre et bonne danse!
Suivez-nous quotidiennement sur Twitter: @Enfantsparadis et @Rob_Boisclair

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