vendredi 24 mai 2019

Nassim: il était une fois...

Il était une fois, un spectacle qui va droit au coeur. Qui séduit. Et c'est un des plus beaux cadeaux que le théâtre puisse offrir. Un véritable voyage au pays du coeur.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: David Monteith-Hodge
Synopsis (tiré du site web du Carrefour international de théâtre de Québec)
Privé de passeport pendant plusieurs années, le dramaturge iranien Nassim Soleimanpour a fait circuler sa parole au-delà des frontières avec ses textes qui ont longtemps été destinés à être joués sans lui. Pour la première fois de sa carrière, l’auteur voyage avec son œuvre, accompagnant NASSIM à travers le monde.

À chaque représentation, un nouvel acteur ou une nouvelle actrice monte sur scène.  Ne connaissant au préalable rien du spectacle, il ou elle découvre en même temps que le public la partition à interpréter. De connivence avec les spectateurs, guidé.e par l’auteur qui lui transmet des instructions par le biais d’une vidéo en direct, il ou elle éprouve, échafaude et dévoile simultanément l’expérience qui lui est proposée. Par cette astuce théâtrale savamment construite, NASSIM transgresse les conventions scéniques et établit une délicate et singulière connexion entre l’interprète et l’assistance, redéfinissant tant leurs rôles que celui du metteur en scène.

À une époque marquée par les divisions et la crainte de l’autre, le texte, en français et en farsi, langue maternelle de l’auteur, propose une touchante réflexion sur l’exil, l’immigration et le racisme puis sur la capacité qu’ont les mots à forger les identités et à relier les êtres les uns aux autres. À la fois récit autobiographique et conte philosophique, NASSIM est un objet tout à fait inusité qui allie l’intelligence sensible des mots à l’art théâtral pour faire vivre une expérience humaine fascinante et célébrer le pouvoir rassembleur du langage.

Une lettre d'amour
Une mise en scène toute simple. Deux comédiens qui se découvrent et apprennent à se connaître en direct devant public. Une grande simplicité dans l'histoire. Des mots. Simples. Mais vibrants d'amour. Nassim, c'est tout ça et rien que ça. 

Nassim, c'est une lettre d'amour. À la vie. À la mère. Au public aussi, avec qui il partage via une comédienne invitée, l'excellente Valérie Laroche le soir de la première, son histoire. Elle pourrait être la mienne. La vôtre aussi. Il ne si passe par tant de choses. Si peu en fait. Mais c'est rempli de bonheur, de sourires, d'espoir en un monde meilleur où les langues ne sont plus une barrière mais un ciment. Celui de la curiosité et de la découverte de l'autre. En lieu et place du jugement et du mépris envers l'autre.

Magnifique Valérie
Valérie Laroche, avec sa magnifique naïveté, son naturel désarmant, son talent et sa très grande ouverture insuffle au spectacle la juste dose d'émotions que le spectacle requiert. Elle devient nous et on devient elle. Elle n'est plus véritablement comédienne mais spectatrice comme nous.

Nous partageons l'émotion avec elle, certains spectateurs, sur une base volontaire, y seront physiquement avec elle d'ailleurs. Elle en offre un beau moment vers la fin du spectacle, livrant avec trémolos son texte. Nous sommes touchés parce que c'est touchant, mais aussi parce que nous partageons au même moment la même émotion. C'est rare au théâtre que le comédien et le spectateur aient la même réaction. Réagissent ensemble. L'espace d'un moment, il n'y a plus de salle, ni de scène. Que des humains au diapason. Magnifique moment. Merci Valérie!

Ce moment ne pourrait exister sans la douce poésie du texte de Nassim Soleimanpour. Les mots sont simples parce que c'est un cours de langue, vous en connaîtrez un peu plus sur le Farsi après le spectacle, qui s'intéresse à des souvenirs d'enfance de l'auteur. Un texte qui rappelle que l'essentiel dans la vie, c'est l'amour. D'une mère d'abord. De son amoureux ou amoureuse. De l'autre aussi. 

L'histoire commence, ou presque, par Il était une fois. On espère, à la sortie du spectacle que ce ne soit pas que du passé mais que ce soit encore bien présent. L'amour doit retrouver la place qu'il occupait autrefois quand il n'y avait que ça et que tout le reste n'existait pas vraiment. Vivement le retour de la douceur de l'amour pour un monde meilleur.

Crédit photo: David Monteith-Hodge
Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre transgressé, les scénographies épurées, les leçons de la vie, le théâtre qui s'offre en poème.

Jusqu'au 26 mai au Théâtre Périscope dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Avec Nassim Soleimanpour et une comédienne de Québec différente à chaque soir. Un texte de Nassim Soleimanpour. Une mise en scène d'Omar Elerian.

Bon théâtre et bonne danse!
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