samedi 8 juin 2019

Neuf (titre provisoire): coup de gueule générationnel

Mani Soleymanlou propose, en compagnie de sa bande de joyeux drilles, un coup de gueule générationnel. Des comédiens baby-boomers qui discutent de la vie, de leur vie, de magnifiques façons. Un petit bonheur théâtral!

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Valérie Remise
Synopsis (tiré du site web du Carrefour international de théâtre de Québec)
Après Un, Deux et Trois, puis Ils étaient quatre, Cinq à sept et Huit, cette nouvelle création de Mani Soleymanlou se pose en point d’orgue à son cycle « des chiffres » entamé en 2011. Se détournant pour la première fois de sa propre génération, l’auteur se penche sur celle des baby-boomers.

Réunis à l’enterrement d’un de leurs amis, Henri Chassé, Pierre Lebeau, Marc Messier, Mireille Métellus et Monique Spaziani découvrent un texte inédit que celui-ci avait écrit peu de temps avant sa mort. Au milieu d’un espace simple et dépouillé, jouant leur propre rôle, ces comédiens d’expérience s’engagent dans un échange captivant, discutent, débattent, se souviennent…

Loin des nombreux personnages à qui ils ont prêté leurs voix, ils énoncent avec une authenticité désarmante leurs idéaux, leurs élans, leurs regrets, leurs écueils, parlent de ce qui les étonne, les dérange et leur donne espoir, affichant le feu qui les anime. Tout en abordant les événements qui ont ponctué l’histoire du Québec, ils évoquent des personnalités publiques qui colorent l’actualité mais aussi le corps vieillissant, la maladie puis la mort. La rencontre des cinq complices prend des allures de catharsis, de libération jouissive ; ils font grincer des dents, ils font rire et réfléchir… ils rayonnent et illuminent la scène !

Si Neuf [titre provisoire] explore les identités individuelles et collectives et profile avec verve et esprit le visage de toute une génération, la pièce donne aussi à voir dans un même souffle ce que notre passage sur terre a d’universel. Et c’est beau, drôle et très émouvant.
Crédit photo: Valérie Remise
Conversations de salon... funéraire
Neuf (titre provisoire) convie le spectateur à une véritable conversation de salon qui se déroule dans un salon funéraire. Lieu de toutes les confidences, les acteurs jouant leur propre rôle s'y livrent. Vieillesse, mort, souveraineté, rectitude politique, négritude, pour ne nommer que ceux-là, sont abordés tout au long du spectacle.

Si la discussion semble aller dans toutes les directions, il y manque un fil conducteur clair, elle est fidèle aux conversations qui animent les soupers entre amis ou de salon. Et c'est tant mieux. Les comédiens s'y livrent sur tout les tons: du très drôle au très sérieux. D'agréables moments en compagnie de cinq grands acteurs qui nous offrent de belles émotions. Les comédiennes s'y font plus discrètes. On aimerait les entendre plus alors que les hommes s'y confient plus.

Marc Messier et Pierre Lebeau sont les plus présents et les plus drôles. Il faut voir Pierre Lebeau piquer une crise lorsque vient le sujet de la rectitude politique ou de la mode de la santé à tout prix.  Un véritable coup de gueule comme seul Pierre Lebeau peut le faire. Monique Spaziani, possiblement la plus en forme du groupe, offre une performance très physique. Il est agréable de voir et d'entendre des baby-boomers à la fois contemplatif et dans le désir de vivre pleinement le petit ou le long chemin qu'il reste à parcourir.

Le magnifique éclairage, tout en clair-obscur et même s'il y a un abus des douches de lumière qui cadrent mal les visages, ajoute à l'ambiance. La sublime trame musicale colle admirablement à la fois au récit du moment et au climat général de la pièce. Chaque classique est bien utilisé et sert de liant entre les scènes. 
Crédit photo: Valérie Remise
Allez-y surtout si vous aimez: les coups de gueule de Pierre Lebeau, voir des magnifiques acteurs à l'oeuvre, les réflexions sur la vieillesse, le passage du temps et la vie après 60 ans.

Dernière représentation le 8 juin au Grand Théâtre de Québec dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Avec Henri Chassé, Pierre Lebeau, Marc Messier, Mireille Métellus et Monique Spaziani. Un texte et une mise en scène de Mani Soleymanlou.

Vous voulez en apprendre plus? Écoutez notre interview avec Mani Soleymanlou vers la vingtième minute de l'émission du 27 mai.

Bon théâtre et bonne danse!
Suivez-nous quotidiennement sur Twitter: @Enfantsparadis et @Rob_BoisclairNe

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