mercredi 5 juin 2019

Pinocchio: la quête de soi

Joël Pommerat et sa joyeuse bande proposent un spectacle de transformations extraordinaires et d'aventures surprenantes d'un petit homme fait de bois qui part à la recherche de l'humain qu'il voudrait être.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Elizabeth Carecchio
Synopsis (tiré du site web du Carrefour international de théâtre de Québec)
Joël Pommerat est l’un des plus grands artistes du théâtre français. Il crée des œuvres infusées d’une sensibilité et d’une intelligence exceptionnelles qui éblouissent, bouleversent et font rêver les publics de tous les âges. Adaptation du célèbre conte pour enfants, son Pinocchio librement réinventé retrouve le souffle ténébreux de l’œuvre initiale achevée en 1883 par Carlo Collodi.

À peine sorti du tronc d’arbre dans lequel il a été sculpté, Pinocchio, candide pantin de bois, est déjà d’une insolence exaspérante. Courant au-devant des catastrophes, il est rapidement confronté à une foule d’aventures et d’épreuves périlleuses qui l’amèneront peu à peu à se métamorphoser. Grâce au soutien et à la bonté de la fée, à la patience et à l’amour inconditionnel de son père, puis surtout à force d’expériences et d’efforts, Pinocchio se transforme pour finalement devenir un être de chair, un véritable petit garçon.

Opposant l’imaginaire affable de l’enfance à la dureté des « grandes personnes », Pinocchio joue des contrastes entre l’austérité du réel et les artifices de la fantasmagorie. Sombre et lumineux, magique et moral, drôle et inquiétant, le spectacle étreint certains des aspects les plus cruels mais aussi les plus tendres de la nature et de l’existence humaines.

Dans ce théâtre fabuleux, tout est cohérent et serti d’ingéniosité. Masques, théâtre d’ombre, voilage, éclairages et multiples effets poétiques donnent à l’objet scénique une dimension presque cinématographique et participent à créer une œuvre follement féérique d’où émane tout le prodigieux génie de Pommerat.
Crédit photo: Elizabeth Carecchio
Allures circassiennes
Pommerat s'offre un conte comme vous n'en avez pas souvent vu. Les noirs pullulent pour nous offrir des métamorphoses surprenantes. Si elles semblent être parfois des effets d'esbroufe, ces transformations sont extraordinaires. En l'espace d'un clin d'oeil, parfois deux, une foule apparaît là où il n'y en avait pas, une salle de spectacle se pointe le nez alors que la seconde d'avant il n'y avait rien ou une scène remplie est soudainement vide. Gare à celui ou celle qui cligne des yeux trop vite.

Son Pinocchio a des allures de cirque. Le narrateur arrive directement du théâtre de rue avec ses allures de clown à la fois sympathiques et antipathiques. Celui qui fait fuir les enfants l'espace d'un instant pour les fait rire la seconde suivante. Pinocchio est une sorte d'homme de foire qui va d'aventure en aventure à la recherche de son humanité. Une quête faite de hauts et de bas. Faite de bien et de mal. S'il chute souvent, il se relève toujours. La transfiguration sera au rendez-vous après moult aventures. 
Crédit photo: Elizabeth Carecchio
Du peu on fait beaucoup
De lumières, d'ambiances et de peu d'accessoires et décors, Pommerat et ses quatre comédiens réussissent à créer des univers féériques. L'ingéniosité de l'équipe n'a que peu de limites. Une mer agitée ou un arbre géant se matérialisent sous nos yeux ébahis avec peu en l'espace d'un instant. La magie opère à chaque fois, y compris, lorsque le nez s'allonge, et s'allonge, et s'allonge. Les images frappent l'imaginaire à chaque fois. Et l'on se demande comment ce miracle a bien pu se réaliser. Jusqu'à la scène suivante où l'on se pose la même question.

Le succès de ce spectacle tient à ses clairs-obscurs et ses parts d'ombre, ses transformations extraordinaires, ses jeux de lumières et à l'émerveillement qu'il crée tant chez les jeunes que les moins jeunes.

Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre de Pommerat, la fantasmagorie, les spectacles qui utilise le peu pour faire beaucoup, les transformations extraordinaires.

Jusqu'au 8 juin à La Bordée dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Avec Myriam Assouline, Pierre-Yves Chapalain, Daniel Dubois, Maya Vignando. Un texte et une mise en scène de  Joël Pommerat.


Bon théâtre et bonne danse!
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