mercredi 9 octobre 2019

Singeries: planète hybride

Les danseuses chorégraphes ainsi que l'équipe technique qui supporte les artistes, proposent une surprenante et agréable planète hybride. Un délectable moment en agréable compagnie.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Svetla Atanasova
Synopsis (tiré du site web de La Rotonde)
Sur scène, deux amies se singent : elles s’imitent et se moquent l’une de l’autre dans une rencontre compulsivement renouvelée. Au centre d’une fresque vidéographique, leurs gestes se dédoublent, se livrent au grotesque et volent en éclats.

La technologie vient pirater les corps en scène : l’échantillonnage sonore, de même que des procédés de mapping et de glitching vidéo, accentuent les simulacres. Singeries est une performance à la fois désopilante et touchante qui amalgame librement la littérature, le cinéma, l’improvisation, la danse, le lipsync. Entourées de chevronnés collaborateurs, les interprètes et chorégraphes livrent une proposition inventive, foisonnante et soigneusement dirigée.


Singeries est le prolongement de notre amitié et notre amitié est ceci:
un rendez-vous ni réussi ni raté, mais sans cesse reconduit,
une rencontre ritournelle.
Nous sommes rivées l'une à l'autre parfois sans trop savoir pourquoi,
dans un dialogue incessant comme dans la lassitude à devoir dialoguer.
Nous prévoyons une reprise de cette pièce à tous les dix ans jusqu'à notre mort.
Priscilla Guy et Catherine Lavoie-Marcus

Planète hybride
Au centre d'un capharnaüm tout de blanc, Singeries proposent une chouette planète hybride. À la manière d'un film muet, les danseuses soufflent le chaud et le froid, offrent des moments tout en douceur et d'autres qui s'éclatent dans la folie. Chaque saynète, car c'est bien de cela qu'il s'agit, est totalement différente de la précédente. Est-ce de la danse? Sans doute pas complètement. Est-ce une installation vidéo? Sans doute un peu. Est-ce du théâtre? Probablement qu'il s'y pointe parfois. Singeries, c'est tout ça et plus encore. Ce n'est certainement pas un spectacle de danse au sens habituel du terme.

L'ordre et le désordre s'y côtoient du début à la fin. Rien n'est totalement ce qu'il semble être et les ruptures de tons sont nombreuses. Après une réception du public tout en douceur, les artistes explosent la scène dans une prestation vigoureuse et dynamique. Dans une même scène, il est même parfois difficile de savoir ce dont il s'agit. Dans la scène de lipsync par exemple, on se demande si c'est de cela qu'il s'agit ou si l'on ne nous offre pas plutôt du doublage ou une post-synchronisation. C'est tout ça dans un seul et même moment.

À la manière d'un film muet, Priscilla Guy et Catherine Lavoie-Marcus offrent une féerie remplie d'images fortes non pas au son d'une douce ou dynamique musique mais plutôt d'un envoûtant environnement sonore.
Crédit photo: Svetla Atanasova
Questionnements et intrigues
Singeries est construit à la manière d'un thriller ou d'un film noir. C'est onirique. Étrange. Intriguant. Et plein de questionnements. Rien n'est ce qu'il semble être véritablement. Un spectacle inventif et déstabilisant à la fois où des pistes sont ouvertes et, parfois, fermées, alors qu'à d'autres occasions elles demeurent ouvertes. Les questionnements ne sont pas tous répondus. Des intrigues sont proposées et laissées au bon vouloir de celui qui regarde. Il pourra en faire ce qu'il veut. Trouver sa propre réponse ou pas.

C'est un spectacle rempli de tellement d'éléments qui parfois se déroulent en même temps, on joue sur la fine ligne du cabotinage avec succès, que chaque représentation est totalement différente de celle de la veille. Un spectateur qui se présenterait deux soirs d'affilée ne verrait donc pas exactement la même représentation.

Singeries est un condensé de vie et un spectacle de sensations. Allez vivre l'émotion que proposent les deux artistes et vous risquez fort de ne pas le regretter.

Allez-y surtout si vous aimez: l'hybridation des genres, les spectacles qui surprennent, être agréablement déstabilisé, les divertissements à la fois touchant et drôle.

Jusqu'au 11 octobre à la Maison pour la danse dans le cadre de la saison de La Rotonde. Avec Priscilla Guy et Catherine Lavoie-Marcus. Une chorégraphie de Priscilla Guy et Catherine Lavoie-Marcus.

Vous voulez en apprendre plus? Écoutez notre interview avec Catherine Lavoie-Marcus au tout début de l'émission du 30 septembre.

Bon théâtre et bonne danse!
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