samedi 23 novembre 2019

887: intime voyage

887 est une virée intime au coeur de l'enfance de Robert Lepage et du Québec des années 60 qui s'éveille, se découvre et se transforme.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Erick Labbé
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
887 est une incursion dans l'univers de la mémoire. Le spectacle prend naissance dans les souvenirs d’enfance de Robert Lepage. Des années plus tard, il plonge au cœur de sa mémoire et s’interroge sur la pertinence de certains souvenirs. Pourquoi se souvient-on du numéro de téléphone de notre jeunesse, alors qu’on oublie l’actuel ? Comment une ritournelle d’enfance traverse-t-elle le temps et demeure-t-elle entière dans notre esprit, alors que le nom d’un être cher nous échappe ? Pourquoi des informations futiles persistent-elles, alors que d’autres, plus utiles, se dérobent ? Comment cette mémoire fonctionne-t-elle? Quels en sont les mécanismes? De quelle façon un souvenir personnel trouve-t-il écho dans la mémoire collective?

Palais de la mémoire
La balade que propose Robert Lepage au pays de son enfance prend la forme d'un palais de la mémoire, ce truc mnémonique où un lieu familier est meublé par ce que l'on doit se rappeler. Chaque pièce est occupée par une image, un mot ou une expression. Pour s'en rappeler, on visite chaque pièce. 887, c'est un palais de la mémoire à la fois visuel et mental.

L'aventure débute avec un édifice situé au 887 de l'avenue Murray à Québec, lieu de l'enfance de Robert Lepage. Une reproduction de l'immeuble devient le palais de sa mémoire. La structure inventive, un cube pivotant qui deviendra les différents lieux de l'aventure auquel nous convie Lepage, voit s'animer les différents appartements de l'édifice. Le palais de la mémoire se construit alors que le comédien nous décrit les personnages qui l'habitent. Ils représentent bien le Québec de l'époque, très francophone avec une touche anglophone auquel se greffe un légère teinte d'allophone.
Crédit photo: Erick Labbé
De l'édifice palais de la mémoire, les lieux se découvrent. Lepage tourne le cube, le transforme pour nous amener dans un autre lieu. Les perspectives changent, la mémoire se ravive doucement, les souvenirs reprennent vie, l'oubli cède la place et la mémoire reprend ses droits.

La scène, tout comme l'édifice de son enfance, devient un palais de la mémoire. Lepage invite le spectateur non seulement dans son enfance, il le transporte dans le souvenir de la genèse de la Révolution tranquille. Cette époque agitée et effervescente qui a permis au Québec de s'émanciper du joug religieux et du conservatisme ambiant. Un retour vers un passé pas si lointain qui est trop souvent oublié. Nous sommes notre passé et le passé nous a forgé, il ne faut pas oublier ce que nous étions car c'est ce qui explique ce que nous sommes et ce que nous serons.

Éblouissant Lepage
Avec force et rage, Robert Lepage récite le fameux poème Speak White de Michèle Lalonde vers la toute fin de la représentation. Moment fort suivi d'une grande tendresse dans un scène hommage à son père, scène silencieuse comme le fut son père. Lepage a su doser dans les derniers moments du spectacle la mémoire, le présent, la nostalgie, la rage qui habitait le poème de Lalonde et l'amour inconditionnel familial.

Sa performance, en forme de crescendo, est éblouissante. Ce merveilleux conteur, également grand maître de l'image, nous entraîne dans son univers de belle façon. Seul sur scène, il séduit. Son récit nous envoûte. Aucun temps mort. Que du plaisir à l'entendre nous conter le Québec d'hier, nous parler de son père, nous ramener à l'époque de la Révolution tranquille.
Crédit photo: Erick Labbé
Allez-y surtout si vous aimez: la magie Lepage, vous faire raconter des histoires, revisiter le passé.

Jusqu'au 21 décembre au Diamant. Un texte, une mise en scène et une interprétation de Robert Lepage.

Vous voulez en apprendre plus sur le spectacle? Découvrez notre critique de l'édition 2016 de 887 présentée au Trident.

Bon théâtre et bonne danse!
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