vendredi 22 novembre 2019

Bygones: ombre et lumière

Tiffany Tregarthen et David Raymond offrent un spectacle qui sort des sentiers battus. Une quête d'avenir de cinq personnages qui se déroule dans l'ombre et la pénombre et qui, néanmoins, illumine, irradie terriblement.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Alistair Maitland
Synopsis (tiré du site web de La Rotonde)
Après avoir présenté Me So You So Me et Major Motion Picture, la compagnie vancouvéroise Out Innerspace Dance Theatre revient au Québec avec une proposition chimérique flirtant avec le surnaturel.

Tout est dans les limbes. La tentation est partout.
L’entre-deux est douloureux, étrange, hilarant, mais nécessaire.

Les interprètes oscillent entre leur devenir et ce qui les a précédés, dans une danse rigoureuse, hyper détaillée, qui ouvre les esprits. Bygones est un hommage à la volonté, à ce qui arrive de grand et de beau lorsqu’on surmonte les épreuves.

Alors que la lumière sculpte littéralement le mouvement, des personnages prennent vie dans les marges pendant que des sculptures corporelles exercent la fascination, révélant une architecture fantomatique. En émane quelque chose comme une anarchie physique qui taquine la matérialité, renverse la logique et agit comme un hymne aux forces invisibles, aux désirs inavoués.
Crédit photo: Alistair Maitland
D'ombre et de lumière
L'entrée en salle se fait alors qu'un personnage immobile et dans la pénombre consulte un livre. Les lumières s'éteignent puis, surgissant du plafond, apparaissent deux corps qui, grâce à un savant jeu de lumières, prennent différentes positions. La table est mise pour un spectacle qui se déroulera dans un univers enivrant du début à la fin.

La magie opère du début à la fin grâce, mais pas uniquement, au magicien des lumières qu'est James Proudfoot. Il a su créer avec des filets de lumières moult environnements parfois complètement surprenants. Le spectateur se pâme à plusieurs reprises devant les prouesses réussies par le spécialiste de l'environnement lumineux. Il permet de créer des ambiances qui tiennent à la fois de l'imaginaire et du réel. La frontière est constamment franchie de brillante manière.

Des univers entiers prennent vie devant nous. Tout ça se fait en un instant et uniquement par un ingénieux mélange de faisceaux lumineux. Une magie qui surprend et séduit à chaque fois. Ne serait-ce que pour cela, il faut voir Bygones.

Une célébration de l'imaginaire
L'ensemble du spectacle est une grande célébration de l'imaginaire. Si le tout s'étire un peu, Bygones pourrait bien être écourté d'une dizaine de minutes pour rendre le tout moins redondant, il n'en n'est pas moins un magnifique spectacle.

Cette grande fête de l'imaginaire ne se réalise pas uniquement que par de splendides éclairages. Tregarthen et Raymond ont créé une série de saynètes peuplées d'êtres étranges et d'humains. Ils se côtoient parfois dans un chassé-croisé, parfois dans une belle unicité dansée et théâtralisée.
Crédit photo: David Raymond
L'enveloppante musique complète le tout. Un amalgame qui se marie superbement. L'effet est réussi. Le spectateur se retrouve ailleurs, ne sachant jamais ce que sera la prochaine apparition. Ce que sera la prochaine surprise. Ces ambiances baignent une surprenant danse des corps.

Une véritable invitation à sortir de sa zone de confort pour les spectateurs tout autant que pour les danseurs. Les corps virevoltent, les gestes sont précis tout en étant très techniques. Les images véhiculées par ces corps en mouvement sont parfois surprenantes et très souvent magiques. Je pense particulièrement à ce jeux de mains où un danseur, doublé d'un deuxième caché derrière, se transforme en être étrange aux quatre mains virevoltantes. 
Crédit photo: Alistair Maitland
Bygones est un superbe spectacle. À la fois danse et théâtre, athlétique et tout en douceur, il offre une pause rafraîchissante à notre quotidien parfois bien fade. Une féerie pas du tout rébarbative, ce que le synopsis peut laisser supposer, mais un pur moment de bonheur où l'imaginaire est roi.

Allez-y surtout si vous aimez: les chorégraphies innovantes, l'audace en danse, plonger dans l'imaginaire, les spectacles énergiques.

Jusqu'au 23 novembre à La Rotonde. Avec Elya Grant, David Harvey, David Raymond, Renée Sigouin et Tiffany Tregarthen. Une chorégraphie de David Raymond et Tiffany Tregarthen (en collaboration avec les interprètes).

Vous voulez en apprendre plus? Écoutez notre interview avec David Raymond au tout début de l'émission du 15 novembre.

Bon théâtre et bonne danse!
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