jeudi 23 janvier 2020

SUITES PERMÉABLES: danse de l'intime

Ambiance feutrée, cornes aux pieds et souffle court meublent ce spectacle à la configuration atypique. Un doux moment dansé où intimité rime avec plaisir.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Mathieu Doyon
Synopsis ( tiré du site web de La Rotonde)
Une rangée de spectateurs. Droit devant, un mur. Entre les deux, une scène étroite ponctuée d’une suite de moments chorégraphiques. Avec douceur, le rapprochement entre le danseur et le spectateur se fait. La danse se perçoit alors en périphérie de la scène ou à travers l’épiderme, souvent à fleur de peau.

SUITES PERMÉABLES se veut une source de questionnement sur l’intimité. L’illustration de ce qui, dans chaque culture, établit la distance physique inconsciente entre deux personnes. La pièce s’attarde à cette couche invisible, cet espace personnel qui permet d’entrer en contact avec le monde, de le respirer, de le transpirer et, surtout, de le sentir. Ancrée dans un paysage atypique, cette expérience dansée vise à faire sortir le spectateur de sa zone de confort, à bousculer ses perspectives et à l’amener à la rencontre inattendue de l’autre.
Crédit photo: Mathieu Doyon
Danse de l'intime
L'agréable aventure débute par une entrée en salles qui sort de l'ordinaire. Deux doubles rangées de chaises en face à face entre lesquelles s'insèrent un tapis blanc. Disposition surprenante et atypique pour un spectacle qui promet une relation intime des danseurs avec les spectateurs. Promesse remplie puisque les danseurs s'exécutent dans l'espace libre entre les chaises. Ils sont tout près. Ils touchent même le public à moult reprises. Un danseur demande à ce qu'on lui tienne la tête, une danseuse touche un genou ici et là. Que du bonbon pour le spectateur qui est à la fois au coeur du spectacle et un interprète. 

L'intimité et la proximité ne s'arrête pas là. Le public savoure la danse comme il ne l'a jamais fait. Il est tout proche. Il entend le souffle court. Il découvre les mouvements de si près qu'il voit les poitrines se soulever à chaque respiration. Il voit la corne aux pieds et découvrent les pansements de ces héros de l'intimité que sont les danseurs de ces suites qui s'enchaînent.
Crédit photo: Mathieu Doyon
Le mouvement est souple, les gestes secs ou en mode douceur. Spectateurs et danseurs se regardent littéralement les yeux dans les yeux. Une véritable rencontre s'opère. Le public traverse le miroir pour vivre le spectacle comme s'il en était un des artisans. La frontière scène/salle n'existe plus. L'oeuvre se déroule tant devant les yeux du public que dans sa tête.

Douceur, humour, confrontation
Il y a de tout dans ce spectacle. Douceur, humour, confrontation, surprises tout y passe ou presque. Les interprètes exécutent des sarabandes, des suites, des ballets, passent sous les chaises occupées ou par-dessus les chaises libres. Toute la salle, ou est-ce la scène, est occupée. Les danseurs passent d'une allée à l'autre et proposent des personnages tantôt drôle, tantôt sérieux.

Malgré l'espace restreint les mouvements, les gestes, les pas dansés ne sont nullement limités. Les danseurs s'offrent l'espace. L'occupent. Le maîtrisent. Il n'y a pas de temps morts ni d'espaces non utilisés. Ils prennent possession de la salle/scène comme s'il n'y avait personne. L'observé, le danseur, et l'observateur, le spectateur, ne font plus qu'un. Ils sont un tout comme la salle et la scène qui se sont fondues en un seul lieu. 
Crédit photo: Mathieu Doyon
Une expérience certes atypique mais une belle aventure où danseurs et spectateurs ne font plus qu'un pour le plus grand bonheur de tous. Un spectacle qui donne le goût de s'offrir quelques pas de danses avant de quitter la Maison pour la danse, lieu d'accueil du spectacle.

Allez-y surtout si vous aimez: sentir le souffle des danseurs, les spectacles de proximité, les danses de l'intime, les chorégraphies d'Emmanuel Jouthe.

Deux dernières représentations ce soir, 24 janvier, à 19h et 20h 30. Avec Élise Bergeron, Frédéric Gagnon, Nicolas Labelle, James Phillips, Jessica Serli et Marilyne St-Sauveur. Une chorégraphie d'Emmanuel Jouthe, en collaboration avec les interprètes.

Bon théâtre et bonne danse!
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