mardi 22 septembre 2020

Le Pommetier: douce intimité

 Une douce poésie se dégage de cet objet à la fois mi-parcours théâtral et mi-aventure dans un univers intime. Il se dégage du spectacle, une intimité surprenante, mais tellement agréable, pour un spectacle certifié COVID-19.

Un billet de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Mario Villeneuve

Résumé (tiré du Dossier de présentation)
La lumineuse Bérangère attend. Vous attend. La vieille dame réfléchit, se questionne. Elle se rappelle, nous interpelle. Ses confidences font écho à sa vie... À la nôtre?

Oh! La nuit est tombée! Je ne l’avais pas vue venir... Votre présence me l’a fait oublier. Vous savez...
La solitude et la nuit sont de grandes amies.
Si mystérieuses et silencieuses ensembles qu’elles nous rendent anxieuses
et nous obligent à écouter la radio jusqu’au lever du jour!
C’est embêtant de ne pas dormir. On en oublie de rêver...
Extrait Le Pommetier

En ces temps hors du commun, Ubus Théâtre en collaboration avec Pupulus Mordicus déploient leurs savoir-faire et convient les spectateurs à découvrir Le Pommetier: un objet théâtral invitant le public à cheminer dans un univers de douceur et d’introspection. Ce parcours poétique entre l’attente et la rencontre se veut un baume, une réflexion, un temps d’arrêt et un privilège; celui de savourer le moment présent.

Inspiré par l’ère du temps et malgré les incertitudes qui bercent le monde actuel, Le Pommetier d’Agnès Zacharie pousse encore plus loin le concept de proximité et de partage humain. Cette expérience théâtrale accueille pour l’occasion seulement quatre spectateurs à la fois dans l’emblématique autobus scolaire d’Ubus Théâtre.

Les souvenirs sont comme les nuages. L’un nourrit la terre, l’autre le cœur.
Extrait Le Pommetier

Un parcours déambulatoire intriguant
L'aventure débute, pour quatre chanceux à la fois, à une table où les indications de base sont données aux spectateurs qui s'apprêtent à vivre un parcours déambulatoire court mais intriguant. La tournée à même le théâtre passera par la salle de répétition divisée en trois lieux. Le premier arrêt offre une intimité surprenante. Le comédien, Pierre Robitaille, est tout juste à deux mètres de moi. Et à peine plus loin des trois autres découvreurs qui m'accompagnent. L'offre théâtrale est toute simple et intrigante à la fois. L'homme plante une théière dans le sol puis on nous invite au deuxième lieu.

Crédit photo: Mario Villeneuve

Écouteurs sur la tête, on assiste auditivement à un repas où les framboises sont à l'honneur. Le bonheur également. Le plaisir d'être avec un être cher. De vivre intensément par petites touches autour d'une table où les rires fusent et le bonheur transpire dans les rires et les répliques. Sur l'air de Strawberry Fields Forever des Beatles, nous quittons ce deuxième lieu pour une troisième.

Une voix nous invite à se regarder dans le miroir. Il y a dans ce moment, mais c'est aussi un peu vrai pour les deux précédents, un petit air du spectacle A Game of You, présenté en mai 2015 au Carrefour international de théâtre de Québec. Une forme de douce d'introspection, de regard sur soi, de quête personnelle. Le miroir non seulement nous envoie une image de soi mais suscite le questionnement sur qui on est. On nous invite même à sourire avant de quitter la salle en compagnie d'un guide, qui nous amène dans le stationnement du théâtre où un bus scolaire sera notre dernier arrêt.

En parlant de ce spectacle, Agnès Zacharie, idéatrice, auteure et comédienne, disait:

J’ai le goût de la douceur... J’ai le goût de la beauté...
J’ai le goût de la poésie... J’ai le goût de la rencontre...
J’ai le goût du partage... J’ai le goût de regarder l’autre...
J’ai le goût de lui parler... J’ai le goût de l’accueillir...
J’ai le goût d’être hors du temps avec elle ou lui...
J’ai le goût d’arrêter la course effrénée de l’humanité face à ce fléau couronné... 
J’ai le goût du bonheur et de la confidence...

Dans la portion déambulatoire, il y a beaucoup de douceur, de beauté et de poésie. De petites touches toutes simples. Pleine de douceur. De poésie et de beauté. Une belle porte d'entrée à la confidence et l'accueil qui suivra. Si les liens ne sont pas évidents à cette étape, la prochaine permettra de les rattachés. Une autre pause, cette fois bien touchante, s'offrira dans ce bus jaune complètement transformé à l'intérieur.

Douce intimité
Une comédienne nous attend. Elle nous espérait et ne se lasse pas de nous voir. Elle se confie. Nous interpelle. Sonde nos coeurs avec de petits moments, parfois anodins mais toujours importants, car ils sont l'essence même du bonheur. De son passé avec son époux disparu et qui lui manque, elle nous entretient et nous partage leurs beaux moments: une chanson, un doux souvenir, son fauteuil favori, des framboises. Un beau rappel de profiter des moments présents et de réaliser nos rêves. Même les plus fous. Même les plus simples.

Cette rencontre dans le bus, c'est aussi le moment de relier les trois tableaux du parcours déambulatoire. De faire le pont. De saisir l'importance de ces courts moments dans le parcours d'une vie.  Simplicité et bonheur. Une belle rencontre avec Agnès Zacharie, pardon Bérangère.

Crédit photo: Mario Villeneuve

De belles surprises
Tout au long du spectacle de petites trouvailles et effets surprises apparaissent ici et là. On ne sait jamais d'où cela sortira. D'un pot de fleurs, d'une lampe ou du toit du bus. Tout est prétexte à surprendre le spectateur. À l'inviter dans un monde pas tout à fait fantastique mais hors du temps. Hors de ce monde. Une parcelle de bonheur. Une occasion de se sortir de son quotidien.

Un spectacle court, environ 45 minutes, qui fait du bien. Qui fait oublier cette foutu de COVID qui ne semble pas vouloir disparaître. Une bulle de douceur. Une rencontre où nous sommes seul mais ensemble. Heureux de partager un moment avec d'autres humains. Parce que, par les temps qui courent, être avec d'autres humains ressemble à un rêve fou. Vivons-le puisqu'on le peut et parce que demain ce ne sera peut-être pas possible.

Qui fait quoi?
Texte et idée originale: Agnès Zacharie
Mise en scène: Martin Genest
Interprétation: Agnès Zacharie et Pierre Robitaille
Conception des marionnettes et objets: Pierre Robitaille
Scénographie: Annabelle Roy et Hugues Bernatchez
Costumes: Annabelle Roy
Musique et environnement sonore: Josué Beaucage
Régie, conception lumière et vidéo: Henri-Louis Chalem
Conseillers dramaturgiques: Josée Campanale et Gérard Bibeau
Direction de production: Jo-Anne Sanche
Direction administrative: Marc-Antoine Malo
Une production de Ubus Théâtre en collaboration avec Pupulus Mordicus

Originalement présenté au Périscope en septembre 2020, le spectacle reprend du services du 16 avril au 9 mai 2021. Cette critique est celle de l'édition de septembre 2020.

Bon théâtre, bonne danse et bon cirque!
Suivez-nous quotidiennement sur Twitter: @Enfantsparadis et @Rob_Boisclair

Aucun commentaire:

Publier un commentaire