mardi 14 septembre 2021

Le polygraphe: voyage à l'intérieur du cerveau

 La Bordée propose un grand retour, soit celui du Polygraphe de Marie Brassard et Robert Lepage. Une pièce à découvrir ou à redécouvrir.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

En répétition
Crédit photo: Renaud Philippe

Synopsis (tiré du site web de La Bordée)
Une jeune femme est assassinée. Son ami François est le dernier à l’avoir vue vivante. Les policiers le soupçonnent fortement. Malgré le test du polygraphe, il n’est pas innocenté. La pression se fait de plus en plus forte sur lui, au point où il se met à douter de sa propre innocence, de sa propre raison, de son identité. A-t-on le droit de tout faire pour trouver la vérité?

Mais j’aime à penser qu’elles peuvent signifier (…) une vérité qui en cache une autre, qui en cache une autre et une autre…

En répétition
Crédit photo: Renaud Philippe

Comme des poupées russes
Le spectacle s'offre comme un suspense où l'intrigue se niche dans une autre intrigue qui s'insère dans une troisième histoire. À la manière des poupées russes, les moments de chaque histoire imbriqués les uns dans les autres entrainent le spectateur dans un suspense autour de trois personnages étranges. Une véritable quête de la vérité et du mensonge.

Une actrice, un coroner originaire de l'Allemagne de l'Est ainsi qu'un serveur de restaurant aux tendances sado-masochistes et ami d'une jeune femme assassinée sont au coeur même de cette intrigue. Le serveur, suspecté du meurtre, n'a jamais été innocenté, situation qu'il vit difficilement.

La mise en scène moderne entraîne le spectateur dans un univers onirique. Une sorte de voyage à l'intérieur même du cerveau tourmenté de cet homme jamais innocenté. Tout se bouscule dans sa tête et la mise en scène de Martin Genest le démontre de magnifique manière. Tout tourne, les décors  et accessoires changent rapidement de fonction et de lieu alors que les images obsédantes du passé ou du présent virevoltent ou vont et viennent à un rythme d'enfer. Les projections se superposent même par moments. Quand à l''environnement sonore, il catapulte littéralement le spectateur dans cet univers éclaté et onirique.

En répétition
Crédit photo: Renaud Philippe

Des comédiens efficaces
Le trio d'acteurs doit naviguer dans cet univers onirique. Pour ce faire, ils sont autant manipulateurs et accessoiristes que comédiens. Leur travail se double d'une prestation en bi-frontale alors qu'une partie des spectateurs se retrouvent sur scène avec eux. Un travail difficile qu'ils réalisent avec brio.

Cependant, ce double travail a comme résultante de limiter la charge émotive exprimée tout au long de la pièce. Si l'histoire est intrigante et capte l'attention du spectateur, il y manque une bonne dose d'émotion. Le suspense proposé n'en est pas moins intéressant mais l'émotion n'y est que peu présente. Le spectateur que je suis aurait aimé vibrer à l'unisson des personnages. Ressentir le malheur de ce jeune homme qui ne saura jamais s'il est innocenté ou non.

Les spectateurs sur scène vivent une expérience hors de l'ordinaire. La découverte du travail de coulisses et des travailleurs de l'ombre, les accessoiristes, est une belle découverte. Ce n'est pas dérangeant et ça ne brise nullement le plaisir de voir le spectacle. Bien au contraire. Le rapprochement, la perspective différente et le contact presque intime avec les comédiens ajoutent au plaisir de ce spectacle.

En répétition
Crédit photo: Renaud Philippe

Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre policier, les voyages à l'intérieur du cerveau et de la mémoire collective de Québec, la chasse à la vérité et au mensonge.

Jusqu'au 9 octobre à La Bordée. Avec Michel Nadeau, Mary-Lee Picknell-Tremblay et Steven Lee Potvin. Mis en scène par Martin Genest. Un texte de Marie Brassard et Robert Lepage.

Bon théâtre, bonne danse et bon cirque!
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