Attention: Fragile, une réflexion autour de la surconsommation à hauteur d'enfant

 Les Gros Becs offrent à son jeune public un drôlissime espace de réflexion grâce à l'imaginaire clownesque.

Une critique de Robert Boisclair

Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Suzane O'Neill

Synopsis

Un livreur apporte deux personnages sur scène. Sur leurs boîtes sont inscrits «Attention» et «Fragile»: deux mots qui deviendront tout naturellement leurs noms. Très rapidement, on leur livre le kit de base pour installer leur bureau. Mais alors qu’ils tentent de se familiariser avec leur espace et de comprendre les principes de leur soudaine existence, un catalogue tombe sous leurs yeux ébahis. Solde! Aubaine! Un florilège d’objets s’offre à eux. Ils ont tout à coup soif de consommation et surtout, de café́. À travers un brouhaha d’objets hétéroclites, les deux êtres rigolos improvisent leur nouvelle vie et tentent tant bien que mal de ne pas trop se cogner.

Esprit clownesque

Jean-François Guilbault et Liliane Boucher déploient les aventures de Fragile et Attention dans un univers où les boîtes s'accumulent et les facéties se multiplient. Si l'univers clownesque, véhiculé dans les communications, s'y pointe le nez, il est particulièrement présent dans la deuxième moitié du spectacle.

Comme me le mentionnait la metteuse en scène juste avant le spectacle, le jeu clownesque n'est pas si présent mais l'esprit clownesque, lui s'y pointe dès les premières minutes. Les mimiques, les jeux de pieds, les facéties et les espiègleries abondent pour le plus grand bonheur de tous, y compris l'adulte que je suis. Le trio de comédiens jouent la carte de la bonhommie communicative et cela enchante les jeunes comme les plus vieux. Les enfants en redemandent et participent gaiement au spectacle.

Crédit photo: Suzane O'Neill

Tourbillon de boîtes et surconsommation

La scénographie toute simple permet de bien planté l'image de l'impact de la surconsommation. La scène quasi-vide, n'y trône qu'une plante devant un mur percé d'une entrée, servira de lieu de déversement pour les objets qu'Attention et Fragile commanderont. Dès lors, l'imagination peut se mettre en marche. Les personnages s'amusent à reconstituer un bureau, ses nombreuses fonctions et ses outils qui sortent d'une collection de boîtes qui ne cessent de s'accumuler sur scène. Le tourbillon prend vite de la vitesse, les boîtes s'empilent et occupent l'espace.

Plus le spectacle avance, plus la tempête de boîtes qui s'abat sur Attention et Fragile devient envahissante. Leur espace devient un véritable capharnaüm où il est impossible de vivre décemment. Bien loin d'insister sur les effets de l'éco-anxiété que la surconsommation peut créer chez certains, la production démontre avec force l'effet dévastateur de la surconsommation.

Crédit photo: Suzane O'Neill

Le spectacle sans paroles ou presque, puisque que quelques mots et plusieurs onomatopées s'y faufilent, est un éveil à hauteur d'enfant de certains des effets pervers de la surconsommation: achat impulsif, envahissement de son univers, inutilité de nombreux objets achetés.  Certains des objets deviennent rapidement inutiles. Parfois même leur fonction est complètement détournée pour devenir un jouet qui sera vite oublié. Le contenu des boîtes prend vie porté par la gestuelle des protagonistes. Tout ça se fait par l'entremise d'un humour bon enfant.

Le spectacle s'achève dans un encombrement complet duquel Attention et Fragile peinent à s'extirper. L'image est forte et la surconsommation en prend pour son rhume.

Amenez votre enfant surtout s'il aime: l'esprit clownesque, les espiègleries.

Crédit photo: Suzane O'Neill

Jusqu'au 13 mars aux Gros Becs. Avec Anne Trudel, Jean-François Guilbault et Guillaume St-Amand. Une idéation de Jean-François Guilbault et Liliane Boucher. Une mise en scène de Liliane Boucher.

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