mardi 15 mars 2022

Je suis William: croire en son étoile

Je suis William est un spectacle où tout s'enchaîne magnifiquement. Un délice pour les yeux et pour les oreilles à découvrir aux Gros Becs.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: François Godard

Synopsis
Quand Margaret Shakespeare, la soeur de William, écrit la nuit, elle répare tout ce qu’elle côtoie d’injustices. Âgée de treize ans, elle s’inspire des contradictions humaines pour écrire des histoires d’une puissance remarquable. Seulement, en 1577, dans son petit village d’Angleterre, la place des filles est à la maison, près des chiffons. Pire encore, les femmes qui savent lire et écrire sont accusées de sorcellerie et punies. Le jour où William découvre l’ampleur du talent de sa soeur, il est soufflé et, tout en cherchant à la protéger, ne peut garder pour lui son émerveillement.

MARGARET
Regardez les étoiles.

WILLIAM
Pouvez-vous y croire?

MARGARET
Elles sont magnifiques.

WILLIAM
Pouvez-vous?

MARGARET
J’aurais envie d’accrocher mes yeux à l’une d’entre elles pour observer la cartographie
du genre humain.

JOHN
Et c’est ici, à ce moment précis, à cette exacte seconde, que les problèmes commencent.
Tu as dit que quoi toi là?

MARGARET
J’ai dit : oh-des-étoiles-donnez-moi-quelque-chose-à-laver-que-je-célèbre.

Croire en son étoile
Ce spectacle propose, tout en jouant avec l'histoire, celle du petit comme du grand H, et la fiction, de croire en son étoile. Que l'on soit un homme ou une femme, notre avenir sera celui que l'on se forgera envers et contre tous. Malgré les interdits et les obstacles dressés devant nous, nous réussirons. C'est sans doute la grande morale de ce charmant théâtre musical.

Bien sûr, la place de la femme et les injustices d'hier et d'aujourd'hui sont bien présentes, et c'est tant mieux, mais la pièce met bien en évidence que William et Margaret sont, contrairement à leur parent, égalitaires. Si Margaret se bat pour ce qu'elle aime et veut faire, William trouve sa place sans s'approprier celle de sa soeur. Il trouve sa voie en se détachant des à priori de son époque, et aussi de la nôtre. Ils sont égaux. Ils se sont reconnus comme des êtres égalitaires. Elle a, comme lui, tous les rêves à sa portée. Le narrateur le souligne lors du dénouement de la pièce et la réaction des garçons comme des filles dans la salle est très positive à cet égard. L'avenir, je l'espère, sera aussi égalitaire pour les filles comme pour les garçons lorsque cette génération sera au pouvoir.

Crédit photo: François Godard

S'amuser avec l'histoire
En 70 minutes top chrono, l'auteure s'amuse avec l'histoire. Elle s'en joue et s'en moque joyeusement. Les apartés au public sont nombreux, les références à notre époque s'invitent et font sourire, l'accent québécois s'immisce entre deux répliques plus théâtrales et le théâtre se transforme en comédie musicale en de nombreuses reprises.

La portion musicale sied à merveille au spectacle. Elle lui donne du souffle, de l'énergie et permet de faire une pause afin d'offrir une plus longue réflexion aux sujets qui, justement, en demandent. Tout est bien rôdé dans ce spectacle et l'auteure comme les comédiens s'amusent à jouer avec l'histoire. En mots comme en gestes et en chants.

Crédit photo: François Godard

Le travail des trois comédiens est superbe et ils offrent de puissantes interprétations. Soulignons la performance d'Édith Arvisais qui offre une Margaret déterminée et vulnérable à la fois, tout en étant dotée d'une magnifique dose d'humanité. C' est un personnage auquel on s'attache dès les premières minutes.

Ce spectacle est un petit bijou où la force des rêves charmera le jeune homme comme la jeune fille. Un spectacle à découvrir avant qu'il ne retourne à l'époque de Shakespeare le 20 mars. 

Amenez votre adolescent ou pré-adolescent surtout s'il aime: les clins d'oeil anachroniques, les pointes d'humour, le théâtre musical, les histoires qui ne se prennent pas au sérieux, les textes qui mêlent fiction et vérité.

Jusqu'au 20 mars aux Gros Becs pour les 10 à 14 ans (5e année à 2e secondaire). Avec Guillaume Rodrigue, Jonathan Caron et Édith Arvisais ainsi que le musicien sur scène Jean-François De Bellefeuille. Un texte et des paroles de Rébecca Déraspe. Une musique et un environnement sonore de Benoît Landry et Chloé Lacasse. Une mise en scène de Sylvain Scott.

Les Enfants du paradis est un blogue qui s'intéresse au théâtre, à la danse et au cirque de Québec. Vous y trouverez des critiques, des informations concernant les lancements de programmation ainsi que des nouvelles d'actualité. Un blogue à consulter régulièrement.

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