Winterreise: d'une grande beauté

Winterreise, que propose La Rotonde et José Navas, suit le  trajet non linéaire d’un homme errant et elle accompagne le chorégraphe et danseur depuis presqu’une décennie. Retour sur un moment de grâce.

Une critique de Robert Boisclair

Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Damian Siqueiros

Synopsis (tiré du site web de La Rotonde)

Retour à Québec du bien-aimé José Navas après plusieurs succès internationaux : passage qui marque la toute première collaboration entre Le Diamant et La Rotonde.

Sur scène, un pianiste et un chanteur appuient le solo de Navas dans cette rencontre intime, vibrante, grave, avec le cycle de lieder Winterreise (Le voyage d’hiver) de Franz Schubert. 

Dans un corps à corps absolu avec la musique, ce chorégraphe-interprète d’exception exprime puissamment l’esprit d’un homme seul à l’hiver de sa vie. Il donne à voir un corps qui a bravé les années pour y inscrire des mouvements en accord avec ses limites et possibilités. Une pièce poignante, transie d’humanité et d’émotion pure, dans laquelle le raffinement du danseur irradie et touche droit au cœur. Un récital chorégraphique bouleversant, d’une évanescente beauté.

Crédit photo: Damian Siqueiros

Spectacle poétique

Winterreise est un long poème qui vient nous chercher. Qui nous prend aux tripes. Tout est beau dans ce spectacle que nous propose un quatuor de beauté. Car il s'agit bien d'un quatuor bien plus que d'un trio. Si la relation entre le danseur, le musicien et le chanteur nous prend aux tripes. L'environnement lumineux, quatrième larron de beauté, ajoute une couche sensorielle à la performance touchante des trois artistes.

Marc Parent, véritable maître de la lumière, illumine la scène de brillante manière. Il joue à merveille des teintes de l'aube à la tombée de la nuit et l'émotion n'en est que plus grande. Il est comme un peintre qui vient mettre la touche finale, celle qui sublime l'émotion déjà véhiculée par le trio chanteur, danseur, musicien.

Avec ce Winterreise, le corps, le piano, la voix et la lumière sont en parfaite symbiose. La fusion est parfaite. Le corps du danseur se fond dans la musique. La voix pénètre le corps. Les gestes deviennent une extension de la musique, du chant et de l'éclairage. Ils ne font qu'un. Ce qui donne l'impression d'assister à un récital chorégraphique tant la fusion entre les différentes disciplines est forte. 

Crédit photo: Damian Siqueiros

Simplicité et sensibilité

La chorégraphie de José Navas est proche du sol. Les gestes sont intériorisés ou vifs, retenus ou animés. Disloqués parfois. La marche est parfois résolue. Parfois toute en douceur comme s'il y avait une sorte de compréhension des choses. Sa chorégraphie est remplie de vie à certains moments alors qu'à d'autres moments il y a une forme de tristesse. Les nuages noirs succédant aux temps radieux et vice versa. Il y a dans ce spectacle une grande sensibilité et une simplicité dans le geste qui séduit. 

Un des plus beaux moments est la dernière image que le chorégraphe laisse au spectateur en conclusion du spectacle alors que le danseur et la chanteur se rejoignent au centre de la scène. Touchante rencontre.

Crédit photo: Damian Siqueiros

Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles multidisciplinaires, l'opéra, les récitals chorégraphiques, José Navas.

Jusqu'au 11 mars au Diamant dans le cadre de la programmation de La Rotonde. Une chorégraphie et une interprétation de José Navas. Une musique de Franz Schubert (Winterreise) et un texte de Wilhelm Müller. Une interprétation musicale sur scène de Francis Perron (piano) et Emmanuel Hasler (ténor).

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