Les Gros Becs et Les Incomplètes proposent une douce fable poétique et contemplative au dénouement heureux, celui du retour de l'être aimé.
Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Émilie Dumais
Apprivoiser l'attente avec douceur et sérénité (tiré du communiqué de presse des Gros Becs)
Inspiré du cycle des pêcheurs, Depuis la grève propose une réflexion sur l’attente, la solitude et la déchirure d’être éloigné de ceux qu’on aime – des états intimement connus de l’humain, dès sa naissance. Destinée à un public de 1 à 4 ans, la pièce est présentée dans un dispositif intime et adapté aux tout-petits.
Depuis la grève, elle l’attend. L’horizon, les nuages, la nuit, tous magnifiques, lui confient le pire. Mais les oiseaux la rassurent. Dans le bleu du ciel, elle voit toute l’espérance du monde. Depuis la grève, elle l’attend. De tout son corps, de tout son coeur. Son oeil inquiet, ses mains brûlées de sel, son coeur patient, son sourire infini. Elle le guette, l’espère, l’accueille. Enfin.
Ancrée dans une recherche scénique empreinte de poésie, cette forme contemplative explore la figure de la femme du pêcheur. Héroïne ordinaire d’un quotidien exigeant, celle qui reste au port, celle qui tient le fort, celle qui (sur)vit en rêvant du grand retour, savoure aussi sa solitude.
Crédit photo: Émilie Dumais
Un tendre moment à la portée de tous
Depuis la grève est une magnifique bulle où les petits gestes du quotidien, les expressions du visage et les découvertes de toutes petites pierres polies par la mer offrent de tendres moments. La douleur de l'absence s'y inscrit, s'y insinue par petites vagues entrecoupées de moments d'espoir.
Chaque geste posé rappelle que l'être aimé est au loin mais qu'il sera de retour bientôt, remplissant de joie et de bonheur celle qui l'attend. La magnifique scénographie, les projections en arrière de la scène et l'environnement sonore projettent le spectateur au bord de la mer. La Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine où les abords du fleuve à Québec s'imposent à l'esprit instantanément.
Chaque spectateur, petit ou grand, découvre dans ce spectacle une tendresse et un amour infinis. Il n'y a pas de grands gestes ou de rebondissements surprenants, que de petits moments de la vie quotidienne qui meublent cette absence nécessaire mais insoutenable. Il transpire de chaque instant, de chaque geste, de chaque regard au large une quête et un espoir du retour de l'être aimé.
Crédit photo: Émilie Dumais
Douceur du regard
Il émane de la gestuelle corporelle ainsi que des expressions faciales d'Annabelle Pelletier Legros, une grande douceur. Chaque découverte de petites pierres polies par la mer par la femme du pêcheur, elle en découvre tout au long de la pièce, illumine son visage. Tout son corps se relâche car chaque pierre trouvée signifie qu'il reviendra bientôt. Comme Le Petit Poucet de Charles Perrault, qui semait des cailloux tout le long du chemin pour retrouver sa maison, le pêcheur parti retrouvera son chemin et reviendra à la maison pour le plus grand bonheur de celle qui l'attend.
Le prologue et l'épilogue, un petit bateau de papier que la femme lance doucement dans une petite étendue d'eau en avant de la scène en prologue et qu'elle récupère à l'épilogue alors qu'il voguait doucement pendant toute la durée de la pièce, évoquent magnifiquement ce départ douloureux et ce retour heureux et tant espéré.
Un petit bijou de pièce à découvrir avant qu'il ne quitte le port.
Crédit photo: Émilie Dumais
Amenez votre enfant surtout s'il aime: le chant des oiseaux, les sons de la mer, les petits bateaux de papier, la poésie imagée, rêver.
Jusqu'au 5 juin aux Gros Becs pour les 1 à 4 ans (petite enfance). Avec Annabelle Pelletier Legros. Une idéation et une mise en scène de Josiane Bernier, Audrey Marchand et Laurence P. Lafaille.
Les Enfants du paradis est un blogue qui s'intéresse au théâtre, à la danse et au cirque de Québec. Vous y trouverez des critiques, des informations concernant les lancements de programmation ainsi que des nouvelles d'actualité. Un blogue à consulter régulièrement.
Bon théâtre, bonne danse et bon cirque!
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