mercredi 7 novembre 2018

La fille qui s'promène avec une hache: la rédemption

Le spectateur de Premier acte est convié à une rédemption. Celle de jeunes en mal de vivre qui se cherchent, s'efforcent à trouver un espoir, une raison de vivre malgré le malheur ambiant et à se tourner vers le bien et le meilleur.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Cath Langlois
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
Le village de Malenfants, c’est une cour d’école à l’asphalte fissuré et gorgé d’herbes longues, la station d'essence à l’allure abandonnée, le pit de sable à Potvin, la cour à scrap, la « quincaillerie-pharmacie-dépanneur » familiale et la mythique station radar.


C’est une petite communauté qui nourrit ses croyances et ses certitudes et qui, surtout, se méfie de l’inconnu; où des jeunes ne sont voués qu’à devenir comme leurs parents, sans se poser de questions. Cindy-Lou, dite la « Squaw », nourrit les mythes les plus glauques du village. C’est pourtant celle qui refuse cet avenir prédéfini: finir comme sa mère, disparue et ignorée.


Aux lendemains des événements du 11 septembre 2001, elle verra dans la possibilité de s’enrôler une porte de sortie à cette paralysie, à cette ignorance entretenue par tous. La fille qui s'promène avec une hache, c’est celle qui ramassera ce qu’il lui reste de courage et d’espoir et fera tout ce qu’elle peut pour crisser son camp.

Ambiance forestière
La fille qui s'promène avec une hache invite le spectateur à une ambiance forestière. L'entrée en salle au son d'une musique endiablée se fait sous une arche composée de branches et de brindilles. La réceptivité du public est immédiatement fortement sollicitée. La scène, que le public traverse partiellement se compose d'un lieu qui fait penser à un squat côté jardin et à une forêt côté cour.

Le lieu est étrange et suscite la curiosité. Il deviendra tout à tour station d'essence, cour d'école, forêt ou quincallerie-pharmacie-dépanneur. Un écran en arrière scène sera le chef-lieu de didascalies qui permettront de situer le lieu ou encore à projeter des images et des bribes de textes. La table est mise pour une fable rurale empreinte d'étrangetés.


Crédit photo: Cath Langlois
Théâtre qui bouscule
L'histoire toute simple de jeunes paumés en pleine définition d'identité et vivant dans un milieu conservateur s'offre dans une variété de rythmes et de tons. La candeur flirte avec une certaine forme de cruauté, les apartés récitatifs et les réflexions personnelles côtoient des extraits plus oniriques ou déjantés et des histoires plus traditionnelles. Cela crée un certain clash. Une certaine confusion. Voire un détachement de l'histoire. Tout est un peu trop confus et délétère.

Cette mise en scène à prime abord brouillonne a l'immense avantage de transposer en images fortes les émotions et les ressentis des protagonistes. Les modes d'expressions théâtrales traditionnelles sont bousculés, ce qui est la mission de la troupe à l'origine de ce spectacle d'ailleurs. L'histoire prend une forme nouvelle. Inhabituelle. Et c'est très rafraîchissant.

Crédit photo: Cath Langlois
En mode rédemption
Les personnages sont en mode rédemption. Ils tentent de se tourner vers le meilleur. Un événement imprévu les y forcera. Cependant pour y arriver cela se fera après une longue attente dans un dénouement qui, lui, semble un peu précipité.

L'histoire, bâti par une équipe qui promet, séduira les plus jeunes. Les plus âgés y trouveront leur compte malgré quelques désagréments. Ils pourraient bien, comme moi, taper du pied au son de la musique envoûtante qui est offerte avant le noir du début du spectacle. Et puis, ce théâtre qui bouscule ne laisse certes pas de marbre, même le critique le plus aguerri.

Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre qui bouscule, être interpellé, le théâtre de la relève, les propositions audacieuses.

À Premier acte jusqu'au 24 novembre. Avec Oliver Arteau, Léa Aubin, Ariane Bellavance-Fafard, Étienne Lafrenière, Vincent Legault, Marianne Marceau, Monika Pilon et Dayne Simard. Un texte de Léa Aubin et Gabriel Cloutier Tremblay. Une mise en scène de Gabriel Cloutier Tremblay.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Léa Aubin et Gabriel Cloutier Tremblay ici (vers la quarantième minute de l'émission du 29 octobre).


Bon théâtre et bonne danse!

Suivez-nous quotidiennement sur Twitter: @Enfantsparadis et @Rob_Boisclair

Aucun commentaire:

Publier un commentaire