vendredi 29 septembre 2023

Jouer dans la boue (ou l'argile) à La Rotonde

Une danse folle et fantasque ouvrira la saison de La Rotonde. Un spectacle de corps sculptés aux multiples formes sera à découvrir dès le 12 octobre.

Un billet de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: olivierdesagazan.com

Des êtres mi-bêtes et mi-hommes
Des êtres mi-bêtes et mi-hommes peupleront la scène en ouverture de la saison de La Rotonde. Après avoir parcouru le monde avec sa performance Transfiguration, le plasticien français Olivier de Sagazan sera à Québec pour présenter un spectacle sculptural peuplé d’images puissantes, superbes et dérangeantes, où il partage la scène avec cinq autres interprètes. La Messe de l’Âne occupera les planches du Théâtre Périscope les 12 et 13 octobre 2023.

Ce spectacle a soulevé des foules à la Biennale de Venise.
Le Monde

Crédit photo: olivierdesagazan.com

Olivier de Sagazan fait de la scène un laboratoire fantastique où chaque interprète passe tout à tour de Frankenstein à sa créature. L’artiste se saisit des têtes, les recouvre d’argile et y sculpte d’autres visages dans l’espoir d’excaver leur véritable identité. En résulte des tableaux d’une grande force visuelle qui évoquent certaines statuaires africaines, mais aussi les distorsions du peintre irlandais Francis Bacon et la «danse du corps obscur» du butô japonais. Les corps dévoilent leur part d’étrangeté, donnent à rêver, parfois jusqu’aux rivages du cauchemar.

La Messe de l’âne, nouvel opus du peintre et sculpteur français Olivier de Sagazan, fascine. Connu depuis la fin des années 1990 pour sa performance Transfiguration, durant laquelle il se recouvre le visage d’argile pour le sculpter et se défigurer en direct, il met ici en scène six interprètes, dont lui-même, sur le thème de la création. Embarbouillés de glaise, trognes en avant, l’homme politique véreux, le savant fou, le sculpteur illuminé valdinguent de la salle d’op’ à l’atelier. La monstruosité et la normalité, la forme et l’informe, l’homme et la bête se mordent le museau dans cette farce gore et grave. 

Pour en savoir plus et acheter ses billets, c'est par ici.

Crédit photo: Alain Monot

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vendredi 22 septembre 2023

Tendre regard sur notre passé (Critique: Pour la suite du monde)

 De jeunes artistes qui s'intéressent à un film de 1962, à la pêche au marsouin et à notre parlure d'autrefois, est-ce possible? La réponse est oui et cela risque de générer une grande fierté et un spectacle qui vaut le détour.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

En répétition. Crédit photo: Vincent Champoux

La pièce en quelques mots
Pour la suite du monde est le premier long métrage canadien projeté au Festival de Cannes en compétition officielle. C’est le premier film québécois de l’histoire à être classé comme un chef-d’œuvre. En 2017, il est désigné «évènement historique» par le gouvernement du Québec pour son caractère fondateur.

En 1962, Pierre Perrault a convaincu les habitants de L’Isle-aux-Coudres de reprendre leur traditionnelle «pêche à marsouin» qui était abandonnée depuis quarante ans. Il nous livre ainsi un portrait du Québec canadien-français de l’époque: celui des paysans, des ouvriers, avec leur langue singulière et leur attachement à la nature. Un Québec quasi-disparu mais qui constitue l’un des socles de notre société et de notre culture commune.

Après les succès de leurs adaptations en théâtre d’objets de grands classiques du cinéma comme Rashomon et Citoyen K, La Trâlée s’empare pour la première fois d’un grand plateau pour faire exploser son inventivité et sa poésie.

Le spectacle est librement inspiré du film Pour la suite du monde de Pierre Perrault, Michel Brault et Marcel Carrière, produit par l’Office national du film du Canada en 1962.


Tendre regard sur notre passé
Pour la suite du monde débute avec un charmant prologue. Réminiscence d’un passé pas si lointain, une parade d’accessoires ouvre le bal. Parade? Plutôt, entrée en scène de «comédiens» inanimés qui prendront vie durant le spectacle. Plus qu'une adaptation cinématographique, Pour la suite du monde est du théâtre où l'humain et l'objet prennent vie.

En répétition. Crédit photo: Vincent Champoux

Avant même que les lumières de la salle s’éteignent et que l’équipe d’accueil lance les avertissements d’usage, les comédiens envahissent la salle et la scène. Ils surgissent de partout, chacun avec un accessoire qu’ils présentent et déposent sur la scène: canne à pêche, jouet d’enfants, poste de radio d’autrefois, rames, vêtements d’époque, téléphone à cadran, harts (morceaux de bois fort utile pour la pêche au marsouin que vous découvrirez pendant le spectacle) et bien d'autres objets. Chaque objet a suscité la réaction de la foule qui, à travers eux, découvrait ou revivaient, l'espace d'un instant, une parcelle de notre histoire.

Les comédiens plantent alors le décor, sans jeu de mots, pour nous présenter le film et nous en offrir des extraits. Ils racontent joliment la genèse de cette aventure hors normes pour l’époque. Ils offrent tout au long du spectacle une reconstitution et une relecture tendre sur notre histoire. Si le film jetait un regard sur une histoire qui s'était terminé dans les années 20, la pêche au marsouin ne se faisait plus à l'époque du film, le spectacle fait la même chose mais cette fois en jetant un coup d'œil sur celle des années 60. Une belle démonstration qu'une société ne peut pas faire abstraction de son passé, peu importe l'époque. Un beau moment qui permet de faire le bilan du chemin parcouru jusqu'à maintenant. Ainsi, les pas arpentés ne seront pas perdus.

En répétition. Crédit photo: Vincent Champoux

Un spectacle mémoire
Il est agréable de voir une distribution composée essentiellement de jeunes artistes offrir un retour vers ce passé de L’Isle-aux-Coudres mais, aussi, du Québec d’hier. Une des grandes qualités de Pour la suite du monde est de faire un retour tout en douceur sur une toute petite partie de notre histoire. Les sept jeunes artistes offre une ode au parler d’autrefois et à nos ancêtres qui ont trimés durs pour bâtir doucement, avec leurs qualités et leurs défauts, un Québec à la hauteur de leurs aspirations. Pour eux et pour les générations futures.

Le dénouement offre quelques moments très touchants. Les images magnifiques de marsouins nageant et, surtout, cette finale où des descendants des protagonistes du film et des résidants actuels de L’Isle-aux-Coudres reprennent des répliques du film et de la pièce. Ils célèbrent également la mi-carême, fête maintenant oubliée qui était célébrée à l’époque du film, et qui était une merveilleuse occasion de se retrouver et de fêter. Merci à Lorraine Côté et à l'équipe du spectacle de proposer sa suite du monde, d'offrir son legs aux générations futures. Pour la suite du monde est une sorte de passer au suivant générationnel. Une transmission des traditions afin qu’elles ne soient pas complètement oubliées. 

À hauteur d'hommes
Le spectacle se déroule sur une scène éventrée, une intéressante idée qui malheureusement limite parfois le jeu des comédiens. Si l’action est ramenée à hauteur d’hommes par cette transformation, l’espace restreint qu'elle crée confine l’interprétation à des manipulations qui nuisent à l’expression des émotions. Le jeu des comédiens est alors froid, voire fade. Une meilleure utilisation de cet espace aurait permis une plus forte identification à des personnages typées, sympathiques et expressifs.

En répétition. Crédit photo: Vincent Champoux

Il y a quelques longueurs dans ce spectacle. Parfois le discours se prolonge ou se double, émoussant quelque peu l'intérêt. Tout ça est compensé par une des grandes qualités de ce spectacle soit la douceur, la tendresse, le respect et le regard bienveillant envers nos ancêtres. Ces hommes qui effectuaient avec amour un retour à la pêche au marsouin, au béluga dirions-nous aujourd'hui.

Une histoire de chez nous
Les équipes de La Trâlée et de La Bordée reprennent la consécration sacrale de la tradition et le culte des ancêtres du film de belles manières: les personnages sont incarnées par des costumes superposés plutôt que portées par les comédiens, les personnages sont très souvent sans tête et presque toujours casqués ou chapeautés, les soulignements sont nombreux aux désirs profondément ancrés de laisser des traces et de léguer un passé aux générations suivantes.

Le film est tourné à l’aube de la révolution tranquille, une grande période de transformations qui bousculait les certitudes de l’époque. S'il porte un regard sur le passé, il n'est pas que nostalgique, il est à sa manière une forme de plaidoyer en faveur d'un monde meilleur mais dont il ne faut certainement pas oublier le passé. C'est une sorte de passage en douceur d'une génération à l'autre. Une sorte de signal qui dit nous avons été là, nous avons bâti un monde meilleur. Ne l'oubliez pas, mais construisez le vôtre à partir des traces que nous vous laissons. 

La société d’aujourd’hui aurait tout intérêt d'en tirer des leçons, elle qui vit de nouveaux chambardements, transformations essentielles, mais qui en inquiètent ou questionnent plusieurs. Pour la suite du monde, dans version théâtrale tout comme dans sa version cinématographique, n’est-il pas un plaidoyer en faveur d'un monde meilleur, inspiré d'une histoire riche que l’on ne doit pas oublier et qui pourrait inspirer la façon dont la transformation nécessaire s'effectuera?

En répétition. Crédit photo: Vincent Champoux

Un souffle de fierté
Une foule bigarrée s’est présentée afin de découvrir Pour la suite du monde dans sa version théâtrale. Alors que l’on aurait pu s’attendre à un auditoire aux cheveux grisonnants, les spectateurs étaient de tous les âges. Un spectacle qui semble avoir séduit la foule comme l’a exprimée une jeune spectatrice à la sortie du spectacle. Pour la suite du monde l’a rendue fière d’être Charlevoisienne. Le critique que je suis ajouterait, d’être Québécois tout simplement.

La mise en scène a été donnée à la vie, ma reprise personnelle d'un extrait de la pièce au sujet du travail de réalisation pour le film, et c’est ce qui se passe aussi avec la version théâtrale. Une mise en scène qui redonne vie à nos ancêtres de belles façons. L’ode et l’hommage transpirent dans chaque geste et mouvement. Dans le texte également. Pour nos ancêtres mais également aux trois hommes qui ont réalisé le film. Les extraits et répliques sont utilisés ou proposés de telles manières que le respect s’y pointe le nez à chaque scène.

Allez-y surtout si vous aimez: L’Isle-aux-Coudres, les spectacles mémoire, découvrir des traditions oubliées, les retours sur notre histoire, la parlure québécoise, les personnages sympathiques.

Jusqu'au 14 octobre à La Bordée. Avec Nicolas Boulanger, Lauréanne Dumoulin, Nadia Girard-Eddahia, Paul Fruteau de Laclos, Amélie Laprise, Jocelyn Paré et Guillaume Pepin. Une adaptation de Lorraine Côté avec la collaboration de Nicola Boulanger. Une mise en scène de Lorraine Côté.

En répétition. Crédit photo: Vincent Champoux

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mercredi 20 septembre 2023

Bouillonnements au féminin (Critique: Avant l'heure mauve)

Ça bouillonnait sur la scène du Périscope hier soir. Des voix féminines lancent un cri du cœur, la colère doit se faire entendre. Pari réussi?

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


Ici, y'a de mon sang dans chaque parcelle de terre
Avant l'heure mauve est un thriller western féministe du théâtre À pleins poumonsMarie-Hélène Lalande et Sophie Thibault sont à la mise en scène alors que Maude Bégin-Robitaille en est l'auteure. 

Une guerre sanglante ravage l’arrière-pays et les bêtes se meurent dans les champs. Dans un ranch aux confins du désert, six femmes, piliers de leur communauté isolée, se voient offrir la chance de changer le cours de l’Histoire quand le Général, homme de guerre sans pitié, se retrouve ligoté au beau milieu de la grange de Margot Hutson. L’espace d’une nuit, elles détiennent le pouvoir suprême: celui de vie ou de mort sur cette figure emblématique d’autorité. Dans ce huis clos haletant inspiré des codes du western, les apparences sont souvent trompeuses: les masques tombent, les jeux de pouvoir et d’alliances se précisent. La colère des femmes gronde à l’heure des choix. - Synopsis de la pièce tiré du site du théâtre.

Colères et bain de sang
La colère contenue et la souffrance de ces femmes blessées s'expriment dans un espace à la western spaghetti. Dès l'entrée en salle, la scénographie nous plonge dans l’ambiance et l’univers de ces vachers (cowboys) qui meublent notre imaginaire. Des balles de foin, des toiles, des échelles et beaucoup, beaucoup de foin. On voit presque les petits ballots virevolter dans le vent.

Comme tout bons western les vachères (cowgirls) se confrontent, se toisent, se menacent et s’entretuent. Les duels physiques et les affrontements verbaux pullulent. La tension est palpable mais malheureusement sur un seul ton, celui de la colère. Les coups bas volent mais la montée de tension n’est pas toujours au rendez-vous.

Le kidnappé, le Général, est le vers dans la pomme, celui qui fait que les vachères s’en prennent les unes aux autres.  Une histoire de vengeance et de trahisons qui connaît des hauts et des bas et qui se terminera dans un bain de sang. Une histoire quelque peu longuette. Mon voisin de siège a d'ailleurs jeté un œil à sa montre à quelques reprises d’ailleurs.

Habile mise à nue de voix féminines
Si la prémisse est intéressante et, ma foi, intrigante, le déroulement souffre de quelques faiblesses. Après une ouverture très prometteuse alors que l’on est plongé en plein générique d’un western spaghetti avec sa musique à la Ennio Morricone. Les protagonistes apparaissent les unes après les autres. De la pénombre chacune est soudainement éclairée pour rapidement céder à place à une autre qui apparaît et disparaît de la même façon. Une très agréable ouverture qui mets la table pour un spectacle dans le plus pur style des westerns des années 60-70.

L'auteure réussit une habile mise à nue de voix féminines. Les rêves brisées, les pertes, les inquiétudes sont bien amenées et chacune exprime sa frustration. Le discours est brut et dur par moments. Cet intéressant discours se perd  dans des discussions qui s’étirent et dans une complexité qui nuit à la compréhension des revendications sous-jacentes. Tout ça cumule dans une deuxième partie où l'action se fait plus dense. Le dénouement risque d'en laisser quelques-uns perplexes. Cela semble avoir été le cas hier soir alors qu'un long moment d’attente dans le noir précédait les applaudissements. 

Soulignons le travail des comédiennes et du comédien qui, dans un espace ouvert, réussissent à nous faire croire à leur personnage, leur insuffler une personnalité forte et à nous les faire aimer.

En terminant, je vais reprendre ici les mots de la metteuse en scène, ce spectacle est sans doute un peu hors-la-loi. Un peu à l'écart de ce qui se fait habituellement mais un spectacle qui bouscule à sa manière et ça, c'est une grande qualité. Ne serait-ce que pour cela, il vaut la peine d'être vu.

Allez-y surtout si vous aimez: les cris du cœur, les westerns spaghettis revisités, les performances de comédiennes et comédiens, les huis clos, les spectacles hors-la-loi.

Jusqu'au 7 octobre au Périscope. Avec Érika Gagnon, Odile Gagné-Roy, Angélique Patterson, Catherine Côté, Marie-Hélène Lalande, Sophie Dion et Nicolas Létourneau. Un texte de Maude Bégin-Robitaille. Une mise en scène de Marie-Hélène Lalande avec la collaboration de Sophie Thibeault.

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vendredi 15 septembre 2023

De la danse qui s'éclate sur un trempoline!

Ça va sauter et rebondir au Grand Théâtre de Québec avec le spectacle de danse (spectacle sportif?) GROUND et l'œuvre vidéo REBO(U)ND.

Un billet de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

GROUND. Crédit photo: Denis Martin

Ils sont fous ces danseurs!
Ils sautillent, ils virevoltent et s'offrent l'apesanteur à l'occasion de deux performances qui couplent danse et arts technologiques. À l'occasion de sa première visite à Québec, la chorégraphe Caroline Laurin-Beaucage propose une soirée en trois temps dont le thème principal est l'apesanteur au Grand Théâtre de Québec. Cette rencontre unique avec la chorégraphe de renommée internationale se tiendra le mardi 26 septembre.

Une soirée, deux œuvres, trois moments
La soirée réunira deux des œuvres de la chorégraphe conçues pour se faire écho et dont l’accueil à l’étranger fut chaleureux : REBO(U)ND, une projection vidéo monumentale installée au STUDIOTELUS, suivie de GROUND, un spectacle de danse sur trampolines présenté à la salle Louis-Fréchette. De plus, l’artiste montréalaise sera présente pour une discussion ouverte au grand public.

Créées parallèlement en 2018, GROUND et REBO(U)ND, sont réunies pour une rare fois depuis le début de leur tournée distincte. Toutes deux conçues à partir d’un travail exigeant des interprètes sur trampoline, la chorégraphe connue pour ses projets atypiques a cherché le contre-usage dans GROUND: maîtriser le rebond, saisir la vie intérieure des interprètes et chorégraphier chaque mouvement telle une partition. La représentation de GROUND aura lieu à 19h 30, le 26 septembre. 

Avec REBO(U)ND, la poussière de l’expérience scénique retombe: en résulte une hypnotisante boucle visuelle de 7 minutes conçue pour des surfaces architecturales d'envergure. On y voit s’élancer et se suspendre dans l’espace des corps libres, dont l’élan est freiné au moment où la gravité s’efface. Il sera notamment question de la démarche créative de l’artiste lors de la discussion.

REBO(U)ND. Crédit photo: Vincent Drouin

La découverte de REBO(U)ND à 18h sera suivie d'une discussion avec l'artiste. Cette activité est gratuite mais une réservation est fortement suggérée. REBO(U)ND poursuivra sa carrière sur le mur intérieure du Grand Théâtre de Québec les soirs de spectacles et les samedis en après-midi jusqu'au 15 octobre.

Une partition à 4 entre douceur et intensité
Posant un regard à la fois tendre et radical sur la condition humaine, GROUND oppose les danseurs aux forces implacables du temps et de la gravité. Chacun étant limité à l’espace exigu de son propre trampoline, ils se lancent à corps perdu dans une intense succession d’élans et de retenues, de rebonds et de micromouvements sans jamais chercher à exploiter le côté spectaculaire de l’appareil.

GROUND. Crédit photo: Denis Martin

Avec une esthétique cinématographique, cette œuvre chorégraphique minutieusement construite offre une réflexion existentielle sur ce qui nous anime, nous distingue et nous rassemble. Pour apprécier ce spectacle intimiste, le public sera sur scène avec les interprètes qui feront face à l’imposante salle plongée dans le noir.

Une seconde d’éternité, libérée de toute gravité
Chorégraphie de la suspension, REBO(U)ND est une œuvre vidéo qui magnifie des corps sur le point d’échapper à la gravité. Elle capte l’instant éphémère où le danseur flotte, entre élan et chute, entre liberté et déséquilibre, alors que son corps semble défier l’espace et le temps.

REBO(U)ND. Crédit photo: Vincent Drouin

En alliant théâtralité, technologies numériques, art chorégraphique et sensibilité poétique, REBO(U)ND rend hommage à la danse et aux sensations d’abandon et de liberté qu’elle procure. Présentée pour une première fois à Québec, la vidéo est projetée sur le mur qui se déploie sur les cinq étages du Grand Théâtre de Québec. Tout en légèreté, elle cohabite avec la murale de Jordi Bonet, s’accordant à merveille au légendaire «Liberté» gravé dans le béton.

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samedi 9 septembre 2023

De l'impro et du théâtre science-fiction burlesque au VBP

Le Vieux Bureau de Poste (VBP) de Lévis s'offre du théâtre et de l'impro à l'occasion de sa programmation d'automne.

Un billet de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Les Architectes

Une place de choix pour le théâtre et l'art oratoire

Côté théâtre, Stéphane Maddix Albert présentera son spectacle Le haricot magique, adaptation sci-fi burlesque le 13 octobre. Côté art oratoire, Les Architectes : impro à votre service proposeront au public une soirée d'improvisation théâtrale sur mesure le 23 novembre.

Striptease et fête déjantée

Stéphane Maddix Albert est un conteur acadien originaire de Moncton au Nouveau-Brunswick maintenant basé en Gespe'gewa'gi (Gaspésie). Il crée des adaptations contemporaines de contes anciens qui questionnent les codes de notre monde en s'appuyant sur le rire et la magie. Son imaginaire est nourri par les scrap yards, les centres commerciaux, le folklore, la science-fiction, l'art contemporain, l'univers queer, le militantisme et la paysannerie. Depuis 10 ans, il partage ses contes à travers le Québec et l'Acadie dans son dialecte, le chiac.

Dans le cadre du Festival international du conte Jos ViolonStéphane Maddix Albert offre une production qui mélange le striptease d'une féé bébé ange (fairy baby angel) aux supers pouvoirs d'une chèvre, à la spéculation immobilière ainsi qu'à une fête et une épopée déjantées.

Le haricot magique, adaptation sci-fi burlesque déconstruit les codes du traditionnel en les juxtaposant à un univers queer tout en renouvelant la relation public-performeur. Inspiré par la paysannerie, l'intelligence artificielle, la sexualité bienveillante et décomplexée, la fin du monde et l'espoir, ce spectacle de conte pour adultes est une douce et folle célébration de tout ça.

C'est la simple vente d'un vieux tracteur sur Marketplace qui déclenche cette aventure complètement surréaliste dans laquelle Stéphane Maddix grimpe dans un haricot magique jusqu'à un univers virtuel dans les nuages. Il y rencontre Éric, un avatar géant et Dolly, sa partenaire-robot dominatrice qui lui présentent des objets surnaturels et envoûtants qui perturbent l'équilibre et la tranquillité de son village. Par quel autre rituel kinky va-t-il pouvoir se sortir de ce pétrin?

Ce spectacle est destiné à un public adulte averti puisqu'il aborde des thèmes liés à la sexualité et comporte de la nudité partielle (18 ans et plus). Le spectacle tiendra l'affiche le 13 octobre. Pour en savoir plus, c'est ici.


Quand Sergio Leone rencontre Claude Meunier

Une scène vide. Cinq chaises au fond, trois micros, trois cloches. Les comédiens sont alignés en fond de scène, face au public. L'animateur pige un thème proposé par l'un des spectateurs et les comédiens entrent en réflexion, sans concertation. Lorsque l'animateur sonne la cloche, les comédiens désirant lancer l'impro s'avancent en disant: «Moi». S'il n'y en a qu'un, il commence seul. S'ils sont cinq, ils y vont à cinq. Et c'est parti, sans plus de cérémonie... Les Architectes : une soirée sur mesure.

Que vous aimiez les westerns à la Leone, les romances à la Shakespeare ou les comédies à la Meunier, soyez metteur en scène d'un soir et payez-vous un spectacle à votre mesure. Les Architectes: impro à votre service tiendra l'affiche le 23 novembre. Pour en savoir plus, c'est ici.


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