vendredi 16 août 2019

Mamma Mia!: entraînant

Juste pour rire et la Salle Albert-Rousseau propose un spectacle entraînant et vivifiant. Une bulle de plaisir et de pur bonheur pendant plus de 2h 30 (entracte inclus).

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Synopsis (tiré du programme du spectacle)
À la veille du mariage d’une jeune fille en quête de l’identité de son père, trois hommes, ayant visité l’île où sa mère résidait il y a 20 ans, ressurgissent. Ce conte enchanteur, réunissant les plus grands succès du groupe suédois ABBA, vous plongera dans une histoire sous le signe de l’amour, du rire et de l’amitié.

ABBA... en français!
Un des secrets du succès de Mamma Mia!, ce sont les tubes du groupe ABBA qui ont fait danser des générations de Québécois. Ici, les tubes sont chantés en français (quelques titres de chansons sont en anglais mais le reste de l'interprétation est en français) et ça fonctionne très bien. D'abord pour la bonne compréhension de l'histoire et ensuite parce que c'est le rythme et la musicalité d'ABBA qui nous envoûtent et pas les paroles.

Bien sûr, on aimerais bien chanter les tubes avec eux mais on se laisse emporter par le rythme des chansons. Les têtes hochent souvent et les cris ainsi que les sifflements fusent. Le bonheur et le plaisir sont au rendez-vous à chaque chanson. Les nostalgiques des versions originales pourront se reprendre au salut final, alors que la distribution offre trois tubes en anglais (Mamma Mia!, Dancing Queen et Waterloo).

Si les tubes font le succès de Mamma Mia!, la distribution n'est pas en reste. Si Joëlle Lanctôt est un peu jeune pour interpréter le rôle de Donna, sa voix magnifique et sa belle complicité avec Romane Denis, dans le rôle de sa fille, nous font vite oublier ce petit accroc.

Romane Denis surprend également même si, malheureusement, la musique enterre sa voix à quelques reprises. Un petit pépin que l'équipe technique réglera rapidement. Du moins nous l'espérons. Ainsi, les spectateurs pourront apprécier sa voix à sa juste valeur. Il y a nombre de magnifiques voix dans cette production. Mentionnons tout particulièrement, Sharon James, que l'on aimerait entendre à plus de reprises ou encore Frayne McCarthy.

Les fans d'ABBA peuvent s'offrir un karaoké en plein air
à l'extérieur de la salle et ce juste avant le spectacle.
Une mise en scène dynamique
Serge Postigo propose une mise en scène fort dynamique. Peu ou prou de temps morts. Tout s'enchaîne à un rythme fou. Les changements de décors, et ils sont nombreux, se font sans que l'on s'en rende compte. 

Si dans l'ensemble le jeu est excellent, l'interprétation frise, à quelques occasions, la caricature. On insiste parfois un peu trop sur telle ou telle effet de scène pour susciter le rire. Un cran de moins rendrait le tout bien plus agréable et moins dérangeant.

Certaines interprétations sont un peu trop statique. C'est le cas d'Eloi ArchamBaudoin qui, malgré une superbe voix, manquait d'expressions à une ou deux occasions. Ce sont de brefs instants que l'on oublie rapidement.

Il faut souligner le travail des musiciens, dans l'ombre pendant le spectacle mais excellents, et des danseurs. Le rythme est entraînant et les danseurs s'en donnent à coeur joie. Ils utilisent magnifiquement l'espace restreint, félicitations au chorégraphe Steve Bolton, dans des numéros forts dynamiques et, parfois, acrobatiques. Le fan de danse que je suis aurait aimé qu'ils aient plus d'espace et de temps de scène mais c'est une comédie musicale autour du groupe ABBA après tout, et pas un spectacle de danse. Je leur lève mon chapeau car il s'agissait d'une belle bande de danseurs.

Allez-y surtout si vous aimez: les tubes d'ABBA, les chorégraphies d'enfer, les excellents divertissements.

Jusqu'au 14 septembre à la Salle Albert-Rousseau. Avec Carol-Anne Vézina, Christian Laporte, Eloi Archambaudoin, Emilio Brown, Estelle Esse, Frayne McCarthy, Frédérique Brunet, Gabriel Favreau, Guillaume Borys, Hubert Proulx, James Dhaïti, Joanie Guérin, Joëlle Lanctôt, Jose Flores, Juliette Diodati, Karina Armutlu, Karine Belly, Kathline Gréco, Laurence Champagne, Laurie Blanchette, Lorena Liebman, Megan Brydon, Mike Melino, Natalie Byrns, Romane Denis, Sharon James, Sunny Boisvert, Tommy Tremblay, Valérie Le Maire et Yannick Moisan. Une mise en scène de Serge Postigo.

Bon théâtre et bonne danse!
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mardi 6 août 2019

Le prénom: fous rires garantis!

Le prénom est un boulevard malin, à la fois cynique et burlesque qu'il ne faut pas manquer. Le spectacle est présenté à La Bordée et ne tient l'affiche qu'un tout petit mois à peine, alors ne boudez pas votre plaisir et courez voir ce spectacle avant qu'il ne disparaisse.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Vincent Champoux
Synopsis (tiré du site web du théâtre et de Production Dream Team)
Adaptation québécoise de la pièce et du film à succès Le prénomUne naissance, un heureux événement? Et si le choix d’un prénom d’un bébé provoquait un vrai tollé lors de ce qui se voulait un banal souper de famille? Des moments rocambolesques, des insultes lacérées… Une comédie savoureuse où chaos, démesure et règlement de comptes sont au rendez-vous!

Au cours d'une soirée, lors d'un dîner familial, l'un des convives annonce qu'il va appeler son fils A..., ce qui provoque une crise de colère de la part des autres qui considèrent que ce prénom est tabou. La discussion s'envenime et la soirée tourne au règlement de comptes. S'ensuivent alors les non-dits et les vérités de chacun et tous finissent par avoir de violentes altercations.


Pierre:
Je te vois bien avec un prénom classique… Mathieu, Paul!

Vincent:
C’est pas un apôtre.

Pierre:
Paul non plus.

Vincent:
Paul était pas apôtre?!

Pierre:
Pas un des Douze en tout cas!

Vincent:
Y devait être back-up.

LA comédie de l'été
Quelle belle idée d'offrir du théâtre d'été en plein centre-ville! La Bordée frappe juste avec Le prénom, succès théâtral parisien de 2010, succès cinématographique de 2012 et théâtral, cette version ayant été présenté à Montréal la même année. C'est LA comédie de l'été de 2019.

Le texte original ayant été adapté à la réalité du Québec et de Québec est un petit bijou. Les références au contexte québécois sont d'une rare intelligence. Les répliques fusent comme des pétards et font flèches de tout bois. Les dialogues sont ciselés et la mise en scène ajoute de magnifiques moments de théâtre. Tous les codes de la comédie sont utilisés efficacement: mimiques, ralentis, chorégraphies, entrées et sorties inattendues, accélérés,... Tout y est et est savamment saupoudré. Pas ou peu de temps morts dans cette comédie.

Les auteurs invitent les spectateurs dans une merveilleuse joute verbale. La gauche affronte la droite dans une série de répliques plus assassines les unes que les autres. Il n'y a ni vainqueur, ni vaincu qu'une comédie jubilatoire, du vernis écaillé et des griefs exhumés. La jouissance est collective.

Ariel la magnifique
Les personnages sont justes assez typés laissant aux deux metteurs en scènes et aux comédiens la latitude pour mettre en évidence les contradictions. Le délire est alors total et d'une efficacité folle. La direction de comédiens est impeccable. Un pari merveilleusement réussi à deux metteurs en scène en plus, ce qui n'était pas évident.

Les comédiens se démènent sur scène, certains suent à grosses gouttes, pour notre plus grand plaisir. La distribution est parfaite. Ils sont tous excellents même si Ariel Charest se démarque du lot. On lui découvre un naturel comique peu soupçonné dans ses précédentes interprétations et livre de grands numéros comiques. Elle a eu droit à une salve d'applaudissements à l'occasion d'un long soliloque vers la toute fin du spectacle, savant mélange entre le drame et la comédie. Sa performance n'enlève rien à la très grande qualité du travail des autres comédiens, tous superbes et forts drôles.

Allez-y surtout si vous aimez: les comédies grinçantes, les soirées qui tournent au carnage, les huis clos à la fois cruel, vivant, léger, méchant et réconfortant, les joutes verbales hilarantes, les adaptations qui utilisent les références québécoises avec intelligence.

Jusqu'au 31 août à La Bordée. Avec Maxime Beauregard-Martin, Ariel Charest, Paul Fruteau de Laclos, Nicolas Létourneau et Nathalie Séguin. Un texte d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte adapté par Maryse Warda. Une mise en scène de Marie-Josée Bastien et Jonathan Gagnon.

Bon théâtre et bonne danse!
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