lundi 29 octobre 2018

Aventure sensorielle, religion et fable rurale

Trois spectacles aux allures bien différentes se pointent le nez ce soir. Les émotions sont au rendez-vous alors que la zone de confort est mise à mal dans ces productions. Pour en savoir plus, écoutez-nous dès 17h 30 à l'antenne de CKRL 89,1.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: Maarten Vanden Abeele
Line Rousseau, collaboratrice de longue date de la chorégraphe Ann Van den Broek, sera en studio pour nous parler d'un spectacle qui propose une aventure sensorielle que le spectateur ne sera pas prêt d'oublier.
The Black Piece
La Rotonde
Les 1er et 2 novembre
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Deuxième bloc - vers 18h 00
Crédit photo: Suzane O'Neill
Notre critique du Baptême de la petite que présente le Périscope. Une comédie qui s'intéresse à la place de la religion dans le Québec contemporain.

Le baptême de la petite
Périscope
Jusqu'au 10 novembre

 Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: David Mendoza Hélaine
Une jeunesse en manque de repères et d'espoir est le thème principal de ce spectacle qui se drape dans une esthétique singulière. Léa Aubin, comédienne et coauteur, et Gabriel Cloutier Tremblay, concepteur, coauteur et metteur en scène, occuperont les chaises des invités pour nous en dévoiler les secrets.

La fille qui s'promène avec une hache
Premier acte
Du 6 au 24 novembre
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vendredi 26 octobre 2018

Le baptême de la petite: sympathique comédie

Des questions sérieuses abordées avec le sourire qui nous mettent face à nos contradictions, voilà ce que propose Le baptême de la petite. Petite bulle de bonheur qui soulève d'intéressantes interrogations.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Suzane O'Neill
Synopsis
Dans cette comédie grinçante, un souper tout simple vire au cauchemar. La maison familial acquise et rénovée par le frère (Maxime Denommée), qui vit en couple avec Maude (Marie-Hélène Gendreau), devient un champ de bataille alors que la soeur (Catherine De Léan) s'y pointe afin de présenter son nouvel amoureux (Jean-Michel Déry).

L'arrivée prochaine d'un poupon adopté en Chine par l'un des couples met au jour des désaccords profonds. La soirée vire au cauchemar lorsque la question anodine, ou peut-être pas si anodine, du baptême de l'enfant s'invite dans la conversation. Le clash se produit surtout entre la soeur traditionaliste pour qui les coutumes familiales sont importantes et la conjointe du frère, athée et progressiste, qui refuse de faire baptiser sa fille. La soirée sera catastrophique et le champ de bataille sera celui des valeurs.

Crédit photo: Suzane O'Neill
Face à nos contradictions
Oscillant entre nostalgie et modernisme, traditionalisme et progressisme, Le baptême de la petite joue habilement sur ces deux facettes pour nous mettre face à nos contradictions. Le progressisme, incarnée par Maude, et le respect des traditions, véhiculé par Marie-Ève, la soeur, plombent la réunion familial et entrainent les protagonistes, et le public, dans une interrogation autour de la place de la religion dans notre société moderne.

Le texte, s'il soulève de nombreuses questions, ne fournit guère de réponses. Chaque thème est abordé rapidement et, peut-être, un peu trop superficiellement. En interview, Jean-Sébastien Ouellette le metteur en scène le soulignait d'ailleurs, mais tout de même, il aurait été intéressant, non pas de fournir des réponses, mais d'approfondir plus abondamment. Certains moments forts s'y pointent, comme cette discussion fort animée autour du sexisme dans et hors l'église.

Malgré les positions tranchées des deux femmes, tout n'est pas blanc et noir. Des nuances de gris émergent. Chacune réalisant sans doute, ne pas détenir la certitude d'être dans la bonne voie. Particulièrement le personnage de Maude, athée avouée, qui souffre de ne pas avoir de spiritualité. La voie de la conscience seule n'est pas garante d'un moral à toute épreuve et d'une meilleure capacité à survivre aux coups du sort.

Crédit photo: Suzane O'Neill
Scénographie légo
Jean-Sébastien Ouellette et Marilou Bois au décor, proposent une scénographie en mode légo. À l'ouverture de la pièce que des murs et un écran pour des surtitres. Les accessoires, et ils sont nombreux, sont amenés par les comédiens qui, à la manière d'un jeu légo, font et défont le décor. Ils les apportent, les retirent, les déplacent. Ils construisent leur église du moment. Les allusions à la religion sont d'ailleurs nombreuses en images, en gestes et en mots tout au long de la production.

Cette scénographie légo, le jeu enjoué des comédiens et les projections donnent le ton à un spectacle dynamique où la comédie côtoie le drame. Les coups de théâtre, les moments de vives émotions, la scène finale particulièrement, et les vives discussions s'y fréquentent abondamment. Malgré certains moments de flottement, l'ensemble se complète savamment faisant de ce spectacle une charmante comédie dramatique.

Parmi les comédiens, Catherine De Léan en athée obstinée et bourrée d'idées préconçues est excellente. Maxime Denommée se démarque également dans le rôle du frère qui n'arrive pas toujours à s'affirmer entre deux femmes, sa soeur et sa conjointe, aux idées bien arrêtées.

Crédit photo: Radio-Canada
Allez-y surtout si vous aimez: les comédies dramatiques, les textes d'Isabelle Hubert, les spectacles qui opposent modernisme et traditionalisme, les divertissements qui nous mettent face à nos contradictions.

Au Périscope jusqu'au 10 novembre. Avec Catherine De Léan, Maxime Denommée, Jean-Michel Déry et Marie-Hélène Gendreau. Une mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette. Un texte d'Isabelle Hubert.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Jean-Sébastien Ouellette ici (vers la vingtième minute de l'émission du 22 octobre).

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lundi 22 octobre 2018

Poésie, laïcité et disparition

La poésie de Prévert et l'actualité se pointent le nez aux Enfants du paradis ce soir. Venez découvrir trois spectacles qui ne vous laisseront pas indifférents dès 17h 30 à l'antenne de CKRL 89,1.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: Sylvie Mousseau
Le chorégraphe Pierre-Paul Savoie sera en conversation téléphonique pour nous entretenir d'un spectacle jeune public qui fait la part belle à la danse, à la poésie et à la chanson.

L'École buissonnière
La Rotonde et Les Gros Becs
Du 25 au 30 octobre
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Deuxième bloc - vers 17h 50
Crédit photo: Suzane O'Neill
Le Périscope propose une comédie grinçante sur fond de laïcité, sujet d'actualité s'il en est un. Le metteur en scène Jean-Sébastien Ouellet nous dévoilera tous les secrets, ou presque, de cette production.

Le baptême de la petite
Périscope
Du 23 octobre au 10 novembre

 Troisième bloc - vers 18h 10


La perte de son identité et de sa langue sont au coeur de cette pièce culte de l'oeuvre de Larry Tremblay. Patric Saucier, le metteur en scène, sera en studio pour nous entretenir de ce quasi-solo mettant en vedette Jack Robitaille.

The Dragonfly of Chicoutimi
Bordée
Du 30 octobre au 24 novembre
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lundi 15 octobre 2018

Course folle, course à la consommation et création du monde

La course s'offre en doublé et sous deux formes complètement différentes ce soir. En complément de programme, on s'intéresse à la création du monde. Venez découvrir trois superbes spectacles dès 17h 30 ce soir à l'antenne de CKRL 89,1.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: D. T. Skoltz
Le chorégraphe Jacques Poulin-Denis et le danseur athlète Fabien Piché seront en studio pour nous entretenir de Running Piece, un spectacle où danse et tapis-roulant ne font qu'un.

Running Piece
La Rotonde
Du 17 au 19 octobre
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Deuxième bloc - vers 17h 50
 
David Lefebvre sera en studio pour nous offrir son commentaire critique d'un spectacle qui s'intéresse à notre course effrénée à la consommation.

Manifeste de la Jeune-Fille
Périscope

 Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Msfts productions
La création du monde est au cœur de ce spectacle qui s'adresse aux enfants de 18 mois jusqu'au préscolaire. Celle qui est la conceptrice, l'auteure et un des comédiens de cette production sera en conversation téléphonique pour nous en parler.

Magie lente
Gros Becs
Du 19 au 21 octobre
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mardi 9 octobre 2018

Manifeste de la Jeune-Fille: joyeuse déroute

Olivier Choinière propose une joyeuse déroute, un moment jubilatoire où le discours se retourne sur lui-même pour amener le spectateur à se reconnaître ou à refuser le portrait proposé.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Caroline Laberge
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
Manifeste de la Jeune-Fille a pour point de départ les magazines féminins qui exposent un modèle de consommateur idéal : la Jeune-Fille. Elle n’a ni sexe ni âge, mais représente plutôt la figure de proue du capitalisme. Prenant la forme d’une parade de mode, la pièce confronte le public aux monstres de superficialité de la société d’aujourd’hui. Devant ce miroir, le spectateur choisira-t-il de se reconnaître ou de refuser ce portrait?

Sept Jeunes-Filles, interprétées distinctement par sept acteurs et actrices, paradent en toute légèreté, clamant leur fierté d’être à la fois présentoirs et marchandises. Amoureuses de leur reflet, elles déclarent la guerre à la Vieillesse, sans se douter que cette croisade entraînera leur propre décomposition.

Muriel :
Moi, la vieillesse, ça m’écoeure!
Les cheveux blancs, les plaies de lit, l’incontinence,
ce sont des choses qui devraient pas exister.

Joanie :
Moi, j’ai envie que les gens soient beaux.

Sébastien :
Vieillir, c’est dégueulasse!

Spectaculaire démesure
Olivier Choinière et sa joyeuse bande de drilles proposent une spectaculaire démesure autour de la récupération du discours. Pour ce faire, il utilise un miroir grossissant d'abord, absurde même, qui se transforme pour devenir de plus en plus réaliste.

Les comédiens apparaissent sur scène dans des costumes caricaturaux de l'image publicitaire offerte, celle de la jeunesse - la Jeune-Fille du titre de la pièce. Ils sont de véritables laiderons qui pavanent leur superficialité. Au fur et à mesure que la pièce progresse, ils prennent une forme de plus en plus humaine.

De parade de mode en parade de mode, les protagonistes troquent leurs habits à vue à moult reprises. Vêtements qu'ils exhibent sur des podiums lors de défilés ponctués d'une petite ritournelle de mots. Elle s'offre à l'arrivée de chaque nouveau thème et ressemble à ce qui suit: Ça va? Super bien. Et toi? Super bien. À part ça? Ça va... Si l'ouverture du thème est toujours positive, la chute est toujours sombre.

Les personnages, tous des Jeunes-Filles, se métamorphosent, se transforment mais le discours demeure toujours un peu le même. Et c'est là que le bât blesse. Chaque thème est décortiqué, trituré, transformé. Les discours se retournent contre eux. C'est tout et son contraire. Cela fonctionne bien une fois ou deux, mais le principe est bien vite saisi. Si comme le dit Choinière lui-même, le spectateur est confronté au choix de se reconnaître ou de refuser ce portrait, il n'offre aucune réponse et le spectateur quitte avec de belles images et le bonheur d'avoir participé à une superbe soirée festive mais pour laquelle il n'a aucune réponse. Choinière a transmis ses interrogations et ses peurs, le spectateur les reçoit sans savoir quoi en faire. Sa déroute est joyeuse, mais c'est bel et bien une déroute.

Crédit photo: Caroline Laberge
Superbe scénographie
Les talentueux top-modèles bénéficient d'une magnifique scénographie. Max-Otto Fauteux propose un décor lumineusement blanc que l'on associe aisément à une boutique ultra-branchée. Deux podiums, deux salles d'essayages, qui seront autant de portes de sorties ou, occasionnellement d'entrée, et une troisième cabine d'essayage transformée en porte tourniquet, d'où apparaitra des présentoirs aux contenus variés, et qui servira de porte d'entrée principale. Finalement deux penderies bien garnies utilisées lors des nombreux changements de vêtements complètent le décor, une de chaque côte de la scène. Le blanc et les rideaux en paillettes dominent. Les défilés de mode peuvent prendre leur envol dans ce bel écrin.

Toutes les folies y sont permises. Les chorégraphies seront étourdissantes. Et précises. Le texte et la mise en scène demandent une grande minutie dans les mouvements. Tout est calculé. Minuté. La distribution est solide. Outre quelques accrocs, ils défendent avec aplomb un texte souvent répétitif et qui exige une maitrise certaine, les revirements rapides étant fréquents.

Allez-y surtout si vous aimez: les pièces miroirs de notre société, les moments jubilatoires, la démesure spectaculaire, les joyeuses déroutes.

Au Périscope jusqu'au 20 octobre. Avec Raymond Cloutier, Stéphane Crête, Muriel Dutil, Joanie Martel, Catherine Paquin-Béchard, Sébastien René et Isabelle Vincent. Une mise en scène et un texte d'Olivier Choinière.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Isabelle Vincent ici (au tout début de l'émission du 1er octobre).

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La sélection du moment: Dialogue des Carmélites

La sélection du moment c’est une suggestion, une seule, d’un film ou d’un livre sur le théâtre ou la danse, d’un spectacle dansé ou théâtralisé ou encore d’un événement relié à un de ces deux arts que vous ne devez manquer sous aucun prétexte.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Dialogue des Carmélites
Dialogues des Carmélites est la seule oeuvre théâtrale et posthume de Georges Bernanos. À l'origine scénario cinématographique, le texte raconte l'histoire de seize Carmélites de Compiègne guillotinées pendant la Terreur.

Nous sommes à l'aube de la Révolution française, et la jeune aristocrate Blanche de La Force est incapable d'affronter le monde violent. Elle prend la décision d'entrer au Carmel qui ne pourra lui servir de refuge. La Terreur qui s'annonce sera le catalyseur qui lui permettra d'aller au-delà de sa peur.


En un sens, voyez-vous, la Peur est tout de même la fille de Dieu,
rachetée la nuit du Vendredi Saint.
Elle n'est pas belle à voir - non! - tantôt raillée, tantôt maudite, renoncée par tous.
Et cependant, ne vous y trompez pas :
elle est au chevet de chaque agonie, elle intercède pour l'homme.

Dialogue des Carmélites donne la parole aux étudiants du Conservatoire d'art dramatique de Québec et met en valeur leur talent d'acteurs et de créateurs. Le spectacle est mis en scène par la grande actrice de metteuse en scène de Québec, Lorraine Côté.

Synopsis (tiré du site web du Conservatoire d'art dramatique de Québec)
Paris, 1789.  Blanche de la Force, jeune aristocrate, est effrayée par les troubles politiques. Elle prend la décision d’entrer chez les Carmélites de Compiègne. Blanche devenue novice, vivra avec ses sœurs les menaces de la Révolution française et lorsque le couvent est pris d’assaut, elle réussira à s’échapper. Tragiquement les prêtres et les religieuses sont condamnés à mort. Lorsque l’échafaud est dressé sur la place, les carmélites y montent en chantant le Salve Regina et Blanche, dans la foule assiste aux exécutions. Que fera-t-elle?

Du 14 au 20 octobre au Théâtre du Conservatoire
Réservation téléphonique nécessaire au 418 643-9833
Une mise en scène de Lorraine Côté
Pour en savoir plus et se procurer des billets

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lundi 8 octobre 2018

Acadie, panne d'amour et mutation

Tout un programme aux Enfants du paradis avec des thématiques fort surprenantes tirées de spectacles touchants. Une heure à découvrir sans faute.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30

L'Acadie et Antonine Maillet sont au coeur de RADI, une production entre des artistes et artisans du Québec et de l'Acadie. Geneviève Tremblay, auteur, coconceptrice et cometteuse en scène, et Patrick Ouellet, coconcepteur et cometteur en scène, seront en studio pour nous faire la genèse de ce spectacle.

RADI
Premier acte
Du 23 au 27 octobre
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Deuxième bloc - vers 17h 50
Crédit photo: Cath Langlois
Une immense panne d'amour qui peut expliquer l'un des crimes les plus horribles et incompréhensibles qui soit. Camille Proust sera en studio pour nous offrir son commentaire critique d'un spectacle touchant.

Celle qu'on pointe du doigt
Premier acte

Troisième bloc - 
vers 18h 10
Crédit photo: La meute productions
Le festival Québec en toutes lettres propose un spectacle avec la slameuse et comédienne Queen Ka ayant pour titre Chrysalides. Elle sera en conversation téléphonique pour nous parler de ce divertissement qui s'inspire de la transformation et de la mutation.

Chrysalides
Québec en toutes lettres
25 octobre
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mardi 2 octobre 2018

Celle qu'on pointe du doigt: en panne d'amour

Savons-nous aimer? Aimons-nous trop peu? Celle qu'on pointe du doigt pose ces questions. Une belle incursion dans la course à l'amour.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Cath Langlois
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
Elle est une femme ordinaire, sans histoire. Le genre de fille qui passe inaperçue toute sa vie. Mais, un jour, elle le rencontre. Le fucker qui va lui briser le coeur. Puis se crée en elle un vide abyssal. Celui que seul un enfant pourrait combler. Mais comment être une bonne mère si on n’a pas eu de modèle ?

Je l’sais ben qu’à me regarder, de même, on pourrait pas le dire.
Ça ce lit pas toujours dans notre face.
J’pense pas qu’il existe de prédispositions à ça.
J’pense pas non plus qu’il y a un lien entre la laideur physique pis la laideur morale.
Remarque, je dis ça, mais…
quand t’as été la dernière à piger dans le sac à faces,
ça se peut que tu sois prédisposée à avoir le goût de sauter un plomb.
Mais moi, je l’sais pas ce qui m’a pris.
Je voulais que quelque chose me rentre dedans.
La vie, l’amour, un truck… J’aurais peut-être préféré que ce soit le truck.

Une femme ordinaire, voire quelconque, commet l’impensable.

En panne d'amour
Elle, ce parent infanticide, est un être brisé que l'amour tarde à atteindre. Simon Lemoine, le metteur en scène, pose la question dans son mot du metteur en scène: sait-on aimer? Aimons-nous mal ou bien? C'est le drame de cette femme en panne d'amour. Elle n'est pas heureuse. À tout le moins le croit-elle. Elle ne se sent pas écouter. Comprise. Elle commet l'irréparable.

En interview aux Enfants du paradis Marie-Pier Lagacé, l'auteur et comédienne, et Simon Lemoine, le metteur en scène, parlaient d'une pièce sur l'amour et non pas sur un infanticide. Et c'est bien de cela qu'il s'agit. L'amour, l'écoute et le questionnement également, sont présents à chaque seconde de ce spectacle. Une heure vingt d'amour. De douceur. De tendresse.

Crédit photo: Cath Langlois
Celle qu'on pointe du doigt est une pièce qui s'insinue dans les méandres de l'esprit de cette femme. Qui tente de comprendre son cheminement. S'introduit dans ses pensées. Décortique son état d'esprit si habilement que l'on en vient à saisir son désarroi. Son désir de mettre fin à sa douleur. Une souffrance immense.

Un acte qui à prime abord semble inconcevable mais qui, après une heure vingt, devient compréhensible. Le spectateur a parcouru le même chemin que cette femme et tout devient limpide. Cela n'excuse pas le geste, loin de là. Le temps d'écouter, le temps d'aimer, ceux que le parent infanticide cherchait, se sont matérialisés... trop tard malheureusement.

Tout cela se fait par des va-et-vient entre le passé et le présent et une mise en scène épurée. Quelques accessoires. Des changements à vue. Des comédiens qui passent d'une période à l'autre en un éclair. Les allers-retours permettent de bien saisir l'état d'esprit de la protagoniste principale. On entre dans sa tête et l'on comprend mieux ce qui la pousse à agir ainsi.

Crédit photo: Cath Langlois
Un merveilleux texte
Le texte de Marie-Pier Lagacé coule magnifiquement. Il est ciselé. Il frappe juste. Le premier tiers est parsemé de moments d'humour qui prépare habilement le terrain à un texte plus dramatique et, ma foi, fort touchant en deuxième et troisième tiers.

Il se dégage de ce texte une grande humanité. Il n'y a aucun jugement. Juste un être humain qui tente de vivre du mieux qu'il peut. Ce pourrait être moi. Ce pourrait être vous. Marie-Pier Lagacé a une écriture touchante, sincère et emplie de douceur. Son texte est un véritable baume au coeur.

Les comédiens supportent à merveille ce texte. Ils sont excellents. Éva Daigle, Linda Laplante et Marie-Pier Lagacé offrent quelques-uns des plus beaux moments, dont la scène où la mère (Éva Daigle) se dévoile enfin un peu à sa fille (Marie-Pier Lagacé) ou la scène de la non-déclaration d'amour avec le psy (Réjean Vallée) et la fille (Marie-Pier Lagacé).

Crédit photo: Cath Langlois
Allez-y surtout si vous aimez: les pièces qui entrent dans la tête des protagonistes, les spectacles qui questionnent, les bonnes doses d'amour.

À Premier acte jusqu'au 20 octobre. Avec Anne-Marie Côté, Éva Daigle, David Grenier, Marie-Pier Lagacé, Linda Laplante et Réjean Vallée. Une mise en scène de Simon Lemoine. Un texte de Marie-Pier Lagacé.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Marie-Pier Lagacé et Simon Le moine ici (au tout début de l'émission du 24 septembre).

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lundi 1 octobre 2018

Capitalisme, histoire à succès et opéra-tango

Cette semaine Les Enfants du paradis vous proposent deux spectacles forts surprenants et une histoire à succès... dansée.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: Caroline Laberge
Un spectacle qui a pour point de départ les magazines féminins qui exposent un modèle de consommateur idéal : la Jeune- Fille. Elle n’a ni sexe ni âge, mais représente plutôt la figure de proue du capitalisme. Isabelle Vincent, une comédienne de cette pièce, sera en conversation téléphonique pour nous faire découvrir Manifeste de la Jeune-Fille qui tiendra l'affiche du Périscope.

Manifeste de la Jeune-Fille
Périscope
Du 9 au 20 octobre
En savoir plus

Deuxième bloc - vers 17h 50
Crédit photo: Maxime Daigle
L'histoire de la Maison pour la danse est toute jeune, elle n'a qu'un an mais elle est déjà riche d'un très beau succès auprès du public et du milieu. Valérie Lambert, sa toute nouvelle directrice, sera dans notre studio pour nous faire la genèse de cette belle histoire d'amour avec Québec.

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Jean-François Hétu
Le festival Québec en toutes lettres propose un opéra-tango, un spectacle qui allie théâtre et musique pour un seul soir. L'auteur, le compositeur et le bandonéoniste Denis Plante occupera le siège de l'invité pour nous parler de ce spectacle intimiste et poétique intitulé La bibliothèque interdite.

La bibliothèque interdite
Québec en toutes lettres
24 octobre
En savoir plus

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