jeudi 29 novembre 2018

Solo 70: la trace du temps

Solo 70, c'est le dernier tour de piste dansé de Paul-André Fortier. Un faux solo en forme de clash des générations et d'ode au corps vieillissant.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Sandrick Mathurin
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
Parce que le monde change. Et pour répondre, il faut parler, bouger, chanter, se débattre, suer. Danser, évidemment. Encore danser. Toujours déjà. Comme si c’était la première fois. Comme si c’était la dernière fois.

40 ans de carrière plus tard, Paul-André Fortier s’offre, pour ses 70 ans, un faux solo. Entouré de talentueux collaborateurs (Étienne Lepage, Étienne Pilon, Jackie Gallant, Marc Séguin), Fortier propose une sérieuse leçon d’audace.

Dans un carré délimité, l’interprète parcourt - presque en glissant - la surface blanche contrastée de son corps vêtu de noir, traçant des lignes de force. Dans une esthétique formelle où la sobriété règne, comédien et musicienne se livrent à une mise en danger ludique. Le septuagénaire accepte volontiers l’inconfortable posture. Danse. Persiste. Ni adieu ni rétrospective, Solo 70 s’impose comme une synthèse de son travail par autant de révolutions que de minutie. C’est un corps souverain, élevé, que Fortier donne à voir.

Voici un homme qui a dansé, et qui danse toujours.
Un corps qui a vécu et qui persiste, une esthétique formelle,
une aura presque mythologique,
une expérience qu’on ne saurait lui enlever sans lui arracher la peau.
Étienne Lepage au sujet de Paul-André Fortier, extrait tiré de Danse-Gros plan

Solitaire mais pas totalement
Dans un carré blanc bien délimité, le danseur parcourt minutieusement l'espace. Le pas est méthodique. Glissant et clapotant à quelques occasions. Traçant des motifs dans son carré. C'est le silence sur scène et dans la salle. Musicienne et comédien en retrait se taisent. Les épaules du danseur, toujours solitaire dans son carré, s'agitent. Gracieuses. Comédien et musicienne entrent dans la danse. Lui en slammant. Elle en interprétant un rock de plus en plus puissant. Le danseur solitaire n'est plus seul. Le solo n'est plus un solo mais un trio. En forme de clash des générations. Le pas du danseur est doux, le slam du comédien est vif, le rock de la musicienne est vigoureux et musclé.

Crédit photo: Xavier Curnillon
Contraste d'univers. Clash de générations. Surtout une forme d'ode au corps. Ce corps vieillissant aux gestes bien sages, calculés, mesurés, s'opposent à des corps qui ne demandent qu'à bouger. Corps jeunes. Athlétiques. Dans le mouvement. En bout de course, le corps vieillissant est plus endurant. Il s'impose malgré les soubresauts des jeunes corps qui le bousculent. Il est imperturbable. Au final, il est toujours seul en scène. Le comédien et la musicienne ayant battus en retraite et quitter la scène. Le danseur continue à tracer des motifs dans son carré. Il finira par quitter. Doucement.

Tout ça donne l'impression d'une performance plutôt sage. Pas vraiment. Le comédien prononce des mots terribles, le danseur montre ses fesses et son corps vieillissant, la musicienne intervient bruyamment pendant la marche solitaire du danseur. Le danseur réquisitionne la guitare de la musicienne, vole les micros et les bouteilles d'eau. Le trio n'est pas sage du tout.  

Une belle complicité
Si le trio offre une belle complicité, le tout semble passablement dissocié. Peu de cohérence entre les éléments et entre les deux parties du spectacle. La première partie en mode grande solitude s'étire un peu trop. C'est quelque peu répétitif. Le lien avec la deuxième partie, plus tonitruante, est ténu.

Seul liant, ce fameux clash des générations et cette ode au corps. En forme de mise à nu. Le danseur, tout de noir vêtu au début, se déshabille progressivement. Pas complètement. Jusqu'au raz des fesses. Il y a tout de même dans cette mise à nu et ce clash, une forme de victoire du corps vieillissant sur le jeune corps. Il est roublard ce Fortier. En livrant ainsi son corps vieillissant qui triomphe de jeunes corps, il offre une certaine promesse d'un corps éternellement jeune.

Crédit photo: Sandrick Mathurin
Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles audacieux, voir une dernière fois Paul-André Fortier danser, des corps atypiques en danse, les rencontres de générations.

À La Rotonde pour un dernier soir (30 novembre). Avec Paul-André Fortier, Étienne Pilon et Jackie Gallant. Un texte d'Étienne Lepage. Une mise en scène de Paul-André Fortier et Étienne Lepage. Une chorégraphie de Paul-André Fortier.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Paul-André Fortier ici (au tout début de l'émission du 26 novembre.

Bon théâtre et bonne danse!

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mercredi 28 novembre 2018

Comment je suis devenu musulman: joyeuse culture

Une mise en scène alerte et énergique, des clichés qui se font déconstruire et une tonne de rires font de Comment je suis devenu musulman un spectacle dont on ressort le coeur léger. Du théâtre bonbon, véritable baume sur nos plaies encore béantes lorsqu'il est question de laïcité. Du feel-good théâtre, désolé pour l'anglicisme, comme dirait Manuel Tadros.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Patrick Lamarche
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
C’est l’histoire d’un mariage des cultures, dans tous les sens du terme. Jean-François et Mariam attendent un bébé. Ils sont tous les deux Québécois. Lui, catholique non pratiquant et athée. Elle, musulmane non pratiquante, d’origine marocaine. Apprenant cette nouvelle, les parents de la jeune femme désirent que les amoureux se marient sur-le-champ. Le jeune homme acceptera-t-il de se convertir à l’islam? De renier le fait qu’il ne croit en rien? Lui qui vient d’apprendre que les jours de sa mère sont comptés.
Adam
Hey, je m’en fous tellement. Ça serait plus simple pour tout le monde, non?
‘Ga si vous êtes contents, m’a porter des babouches pis dire Allah
une fois de temps en temps, anyway, ça va rien changer à ma vie.

Jean-Pierre 
Quand est-ce qu’on parle de d’ça, de nos religions?
Quand est-ce qu’on voit du monde prier ou pas prier?
Jamais. Je sais même pas en quoi vous croyez
pis on se connaît depuis un méchant boutte. 
Extrait de Comment je suis devenu musulman

Joyeuse culture
Simon Boudreault propose une charmante et agréable rencontre culturelle et religieuse. La culture est joyeuse et ne se prend pas au sérieux. La religion surtout. Les clichés sont passés à la varlopeuse. Les religions en prennent pour leur rhume d'une drôlissime manière. Le ton badin n'enlève rien au sérieux de la chose. Au final, chacun fait des concessions et l'on constate, qu'au fond, nous sommes tous pareils. Les différences ne sont qu'apparences. L'islam et le catholicisme, c'est blanc bonnet, bonnet blanc. À moins que ce soit bonnet blanc, blanc bonnet!


Si la religion occupe une grande place, les valeurs culturelles s'y glissent abondamment. Chaque culture a ses éléments forts mais au bout du compte, c'est l'esprit de fête qui l'emporte. Et la fête est bien présente. Les courtes scènes s'enchaînent rapidement avec des changements instantanés et à vue du décor. De temps morts, il n'y a point. Tout roule dans une joyeuse calvacade. Le rythme est enlevé grâce à une mise en scène qui navigue habilement entre le burlesque et la comédie de situation.

Humour grinçant
La bonne humeur et la bonhommie, un peu légère occasionnellement, pullulent. Les scènes les plus drôles sont certainement celles du Frère André express et du Quiz religieux. Parions que vous ne trouverez pas toutes les bonnes réponses à ce moment drôle et un peu déprimant au jeu des comparaisons des religions.

Le spectacle d'un humour grinçant permet d'aborder les sujets les plus virulents sans attiser la colère des uns ou des autres. Au contraire, l'esprit bon enfant et festif permet de désamorcer les bombes et met de l'avant la franche et honnête discussion. Les idées reçues sont déconstruites et les clichés s'envolent en fumée. La futilité des arguments est mise à nu.

 
D'origines diverses
L'excellente équipe d'acteurs provenant de différentes communautés, dont l'éclatante découverte qu'est Sounia Balha, relève avec brio le pari de la comédie sur un sujet aussi polarisé. Outre Sounia Balha, Benoit Drouin-Germain est également une belle révélation. Les deux forment un magnifique et sympathique couple.

Non seulement les acteurs sont-ils d'origines diverses mais le public également. Il était agréable de voir un public toutes couleurs unies. Une rencontre des cultures et des religions à la fois sur la scène et dans la salle. L'image du Québec d'aujourd'hui, un Québec pluriel réuni pour rire ensemble. Les différences s'effacent. L'unicité sort de l'ombre. Un moment de pur grâce. Merci Simon Boudreault!


Allez-y surtout si vous aimez: le mariage des cultures, voir les clichés se faire déconstruire, les mises en scène énergique, l'autodérision, les apartés au théâtre.

À La Bordée jusqu'au 8 décembre. Avec Sounia Balha, Nabila Ben Youssef, Benoît Drouin-Germain, Michel Laperrière, Marie Michaud et Manuel Tadros. Un texte et une mise en scène de Simon Boudreault.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Simon Boudreault ici (vers la vingtième minute de l'émission du 19 novembre).

Bon théâtre et bonne danse!

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mardi 27 novembre 2018

M.I.L.F.: histoires de mères

Trois mères et leur rapport à la sexualité amènent le spectateur dans un univers loin, très loin, des contes fées. L'ambiance est sombre et glauque. Le cri est de rage et le regard acide.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Marianne Duval
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
M.I.L.F. aborde avec audace le tabou entourant la relation entre la maternité et la sexualité. Au centre de cet acronyme provocant du monde de la pornographie, Mothers I’d Like to Fuck, l’auteure Marjolaine Beauchamp en fait ressortir le I, ce je qui observe, ce je qui désire et ce je qui souffre. Une création avant-gardiste qui confronte l’objectification de la condition de mère.

Trois femmes, trois mères, trois sexualités. Dans un texte poétique, acide et engagé, la pièce exprime le cri paradoxal du plaisir et de la blessure, de l’orgasme et de la naissance. Dans un univers esthétique guidé par le voyeurisme de la pornographie sur Internet, ces femmes sont mises à nu et affirment librement leurs vérités. Sans fil narratif, le public observe ces protagonistes dans leurs évolutions, leurs échecs, leurs réussites et leurs actes d’émancipation.

Qu’est qu’y’a...?
Pourquoi tu parles pas?
T’es déçu?
Dis lé
Chu pas cadrée comme ma photo
En plus j’viens avec des jambes pis un gros cul
Tu pensais tu que j’étais cadrée mi-corps dans vie? 
J’tai tu donné rendez au gym?
Non, han, au restaurant
Ça t’es pas venu dans tête que j’mangeais?
QUE J'AVAIS UN CORPS ?
Tsé sans ça j’t’aurais proposé d’aller manger des nutrigrains
sur le top d’une montagne 
Tu penses tu que je l’sais pas que t’as texté ta chum
pour qu’a te sauve de ta date
J’les connais les crisses de codes, t’a l’droit,
c’est correct han, on est libre 
Tu me trouvais smatte quand on discutais sur Tinder
Quessé qu’y change? 
J'ai deux kids, c'est ça qui m'a passé su'l corps,
mais on met pas ça tu suite dans une description de site de rencontre han?
Tu m'trouves tu malhonnête?
Moi j'te trouve malhonnête parce que tu dis dans ton esti de profil
que le corps d'une femme c'est un temple. Un temple de quoi han?
Si té pas capable de tuffer qu'un temple y'a du monde
en esti qui rentre dedans, du monde,
des bébés pis des fuckall comme toi
qui s'attendent à voir des femmes intactes.
Chu pas intacte, crisse d'homme moderne à marde,
j'aurais dû le savoir astie.
J'aurais pas dû penser que j'avais accès à ça. 
Prend ton esti de sac de fille pis décâlisse,
va fourrer des nymphettes avec un trouble alimentaire,
m'a aller me pogner des chauffeurs de grues
avec un fétiche de fuckée.
Tout le monde à sa place han?
Extrait de la courte scène Blind Date, tirée de M.I.L.F.

Esthétisme concupiscent
L'esthétisme de la pièce s'inspire de la pornographie. Si son aura s'immisce dès le début, M.I.L.F. s'ouvre avec une courte scène de nudité intégrale, elle n'est présente par la suite que pas son esthétisme. L'espace scénique baigne dans une pénombre, l'éclairage s'inspire de celui des films pornos, la scène est presque nue, les mots sont crus et les allusions fréquentes.

Le titre, aussi choquant soit-il, n'est qu'un prétexte à une discussion ouverte sur la sexualité des mères. Elles sont trois et en discutent abondamment. Le regard est parfois acide sur une sexualité tantôt débridée, tantôt rêvée. Les langues se délient dans de courtes scènes de la vie quotidienne de mères qui se cherchent et qui tentent de se définir.


Pour le jeune public
M.I.L.F. est un spectacle qui risque de plaire à un plus jeune public. D'abord le texte, poétique mais rude, ne plaira pas à tous. Ensuite l'environnement sonore en mode techno peut être agressant à certains moments. Quant à elles, les nombreuses coupures, entre chaque courte scène on modifie le décor et les accessoires, ralentissent passablement le tempo.

Le jeune public trouvera certainement son compte avec ce style de divertissement. Les autres y chercheront probablement quelques repères. Heureusement, la poésie récupère le public des autres générations qui découvre la mère sous un nouveau jour.   
 
Beauchamp la poétesse
Marjolaine Beauchamp manie adroitement la poésie. Son joual combine merveilleusement le langage cru et une tendresse poétique. Le verbe coule superbement. Cette langue est un plaisir à écouter même si, parfois, le contenu écorche quelque peu les âmes sensibles. Ces trois femmes n'ont pas la langue dans leur poche. Et dire que ce texte est inspiré de témoignages de nombreuses femmes que Marjolaine Beauchamp a rencontrées.

L'une des forces de cette pièce est de faire découvrir, ce l'était pour moi en tout cas, les pensées profondes de ces femmes que nous côtoyons et que nous connaissons si peu. Le discours est franc et il peut en écorcher certains. L'image dépeinte des hommes n'étant pas toujours la plus belle.

Si le texte porte, il ne fait pas tellement dans l'émotion. Ou peut-être si. Dans la rage. Le défoulement. On y découvre des femmes combatives, sexuées mais poquées. Choquées. En quête d'une identité. La femme qu'on aime ou qu'on aimerait aimé est bien absente. Une chose est certaine les images de la femme et de la mère s'en trouvent transformées. Elle est sexuée sans être nécessairement sexuelle. Elle est bien loin de l'imaginaire de la M.I.L.F. version masculine. Elle prend une autre forme. Plus complexe. Plus multiple. Trois femmes, trois mères, trois sexualités, trois M.I.L.F. bien différentes.

Crédit photo: Marianne Duval
Allez-y surtout si vous aimez: l'introspection, la musique techno, le langage cru et direct, l'autonomisation sexuelle.

Au Périscope jusqu'au 1er décembre. Avec Marjolaine Beauchamp, Geneviève Dufour et Stéphanie-Kym Tougas. Un texte de Marjolaine Beauchamp. Une mise en scène de Pierre Antoine Lafon Simard. 
 
Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Marjolaine Beauchamp ici (vers la quarantième minute de l'émission du 19 novembre).

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lundi 26 novembre 2018

Mini-spéciale théâtre jeune public

Vous aimez le théâtre jeune public? Venez nous écouter ce soir pour en savoir plus sur deux spectacles qui feront plaisir aux jeunes comme aux plus âgés! En prime, une interview dansée avec un grand de la danse dans son dernier spectacle en tant que danseur... à 70 ans! Manquez pas ça dès 17h 30, à l'antenne de CKRL 89,1.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: Xavier Curnillon
Paul-André Fortier tire sa révérence comme danseur à 70 ans dans un spectacle où il va à la rencontre des jeunes générations. Nous le recevrons pour discuter avec lui de sa dernière performance.

Solo 70
La Rotonde
29 et 30 novembre
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Deuxième bloc - vers 17h 50

David Lefebvre nous offrira son commentaire critique d'une pièce sensible sur la migration, la famille, la résilience et les séparations, trop souvent, douloureuses.

Conte du soleil
Gros Becs
Du 21 novembre au 2 décembre

Troisième bloc - vers 18h 10

Le jongleur, acrobate et clown de renommée internationale Jamie Adkins sera en conversation téléphonique pour nous entretenir de sa toute dernière production où il partage la scène avec une musicienne.

Espièglerie
Gros Becs
Du  6 au 17 décembre
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mardi 20 novembre 2018

Finalistes 17-18 des Prix de la critique - Section Québec

L’Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) a dévoilé ses finalistes des Prix de la critique pour la saison 17-18 à Québec. Voici la liste des nommés.

Un billet de Robert Boisclair (tiré du communiqué)
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Dans la catégorie « Jeune public » :
LES MATINÉES BERÇANTES; idéation Josiane Bernier, Audrey Marchand et Laurence P Lafaille; écriture scénique Josiane Bernier et Audrey Marchand; production Les IncomplètesL’HÔPITAL DES POUPÉES; texte Isabelle Hubert; mise en scène Jean-Philippe Joubert; production Nuages en pantalonRIPOPÉE; idée originale, direction artistique et mise en scène Christine Rossignol; production L’Aubergine

Dans la catégorie « Meilleure mise en scène » : 
AMADEUS; texte Peter Shaffer; mise en scène Alexandre Fecteau; production Le Trident
CLOSER – TOUT CONTRE TOI; texte Patrick Marber; mise en scène Marie-Josée Bastien; production Théâtre Niveau Parking
INCENDIES; texte Wajdi Mouawad; mise en scène Marie-Josée Bastien; production Le Trident
TOMATES; idéation et création L’orchestre d’hommes-orchestres; production L’orchestre d’hommes-orchestres

Dans la catégorie « Meilleur texte » :
HYPO; texte Nicola-Frank Vachon; mise en scène Maryse Lapierre; production Les Hébertistes
MADE IN BEAUTIFUL (LA BELLE PROVINCE); texte Olivier Arteau, avec Ariel Charest, David Bouchard, Frédérique Bradet, Gabriel Cloutier Tremblay, Jonathan Gagnon, Léa Aubin, Lucie M. Constantineau, Marc-Antoine Marceau, Marie-Josée Bastien, Nathalie Séguin et Vincent Roy; mise en scène Olivier Arteau; production Théâtre Kata
P.O.R.N. Portrait of Restless Narcissism; conception et jeu Christian Lapointe et Nadia Ross; coproduction Théâtre Blanc et STO Union

Dans la catégorie « Scénographie » : 
AMADEUS; scénographie Michel Gauthier; production Le Trident
HYPO; conception Keven Dubois et Marianne Lebel; production Les Hébertistes
INCENDIES; scénographie Marie-Renée Bourget Harvey; production Le Trident
TOMATES; conception L’orchestre d’hommes-orchestres, Frédéric Auger, Philippe Lessard-Drolet et Pascal Robitaille; production L’orchestre d’hommes-orchestres

Dans la catégorie « Interprétation féminine » :
ARIANE BELLAVANCE-FAFARD, Une bête sur la lune; texte Richard Kalinoski; mise en scène Amélie Bergeron; production La Bordée
FRÉDÉRIQUE BRADET, Lucky Lady; texte Jean Marc Dalpé; mise en scène Patric Saucier; production La Bordée
MARIE-HÉLÈNE LALANDE, Titus; texte William Shakespeare; mise en scène Édith Patenaude; production Les Écornifleuses
JOANIE LEHOUX, Titus; texte William Shakespeare; mise en scène Édith Patenaude; production Les Écornifleuses

Dans la catégorie « Interprétation masculine » :
 

JONATHAN GAGNON, Extras et ordinaires; texte Duncan MacMillan; mise en scène Maryse Lapierre; production Théâtre de passage
PIERRE-OLIVIER GRONDIN, Amadeus; texte Peter Shaffer; mise en scène Alexandre Fecteau; production Le TridentJACQUES LEBLANC, Amadeus; texte Peter Shaffer; mise en scène Alexandre Fecteau; production Le Trident

Dans la catégorie « Meilleur spectacle » :
 

AMADEUS; production Le TridentHÔTEL-DIEU; production Nous sommes ici
INCENDIES; production Le Trident
TOMATES; production L’orchestre d’hommes-orchestres

Dans la catégorie « Hors Québec » :
COLD BLOOD; production associée Théâtre de Namur; coproduction Charleroi Danses (Belgique), la Fondation Mons 2015, KVS (Belgique), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg (Luxembourg), le Printemps des comédiens (France), Torino Danza (Italie), Canadian Stage Toronto (Canada), Théâtre de Carouge (Suisse), Théâtre des Célestins (France)
LA NUIT DES TAUPES; coproduction Nanterre-Amandiers, centre dramatique national, steirischer herbst (Graz), Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), Théâtre Vidy – Lausanne, La filature – Scène nationale (Mulhouse), Künstlerhaus Mousonturm (Francfort-sur-le-Main), Théâtre national de Bordeaux Aquitaine, Kaaïtheater (Bruxelles), Centre d’art Le Parvis (Tarbes)
OBLIVION; coproduction CAMPO (Gand), HAU (Berlin), Göteborgs Dans & Teater Festival (Göteborg), Noorderzon (Groningue) et Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles)

Prix spécial – Québec :
Le récipiendaire du Prix spécial sera dévoilé lors de la remise des prix, le 11 décembre prochain, à la Maison de la littérature.


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lundi 19 novembre 2018

Religion, pénis, maternité et sexualité

Ne reculant devant rien, Les Enfants du paradis abordent des sujets tabous et dans l'actualité cette semaine. Venez nous écouter pour découvrir des auteurs et des pièces forts intéressantes et qui font réfléchir. C'est dès 17h 30, à l'antenne de CKRL 89,1.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: Andrée-Anne Brunet
Mary-Lee Picknell, hilarante dans le rôle du pénis de la pièce, et Marc-André Thibeault, adaptateur, traducteur et comédien, nous entretiendront d'une charmante comédie autour de l'organe masculin.

Conversations avec mon pénis
Premier acte
Deuxième bloc - vers 17h 50

Simon Boudreault, l'auteur et le metteur en scène de Comment je suis devenu musulman, spectacle partiellement autobiographique et qui s'intéresse à la religion et à la peur de l'autre, nous en parlera à l'occasion de notre deuxième bloc.

Comment je suis devenu musulman
Bordée
Du 27 novembre au 8 décembre

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Marianne Duval
M.I.L.F. aborde avec audace la relation de la maternité et de la sexualité. Marjolaine Beauchamp, l'auteure et l'une des comédiennes du spectacle, sera en conversation téléphonique pour nous en parler.

M.I.L.F
Périscope
Du 27 novembre au 1er décembre
En savoir plus

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mardi 13 novembre 2018

Baby-sitter: au peigne fin

Baby-sitter passe au peigne fin la misogynie du quotidien. Celle qui s'immisce dans les lieux de travail comme dans la vie de couple ou lors d'une rencontre entre amis. Tous les pièges, et ils sont nombreux, sont décortiqués sur un ton badin. Un peu trop... peut-être!

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Synopsis (tiré du site web du théâtre)
Habituée à donner une place particulière aux personnages féminins nouveaux et dérangeants, la compagnie Théâtre Catfight propose ici une comédie grinçante qui plonge le public au coeur d'une réflexion sur le féminisme et la misogynie latente.

À une époque où l'égalité entre les sexes est sur toutes les lèvres, où chacun cherche à prendre sa place, homme ou femme, comment le couple réussira-t-il à trouver son équilibre? Quelle est la place des hommes dans le mouvement féministe et dans les débats qu'il provoque? Mais surtout, comment survivre à ces débats sans se perdre soi-même?

Cédric perd son emploi suite à une blague sexiste devenue virale sur Internet. Épaulé par son frère, un journaliste vedette qui dénonce fortement la misogynie, Cédric entame l'écriture de Sexist Story, un livre-témoignage pour purger son propre machisme. Nadine, copine dudit misogyne, exaspérée par l'introspection de son chum, se tournera plutôt vers la baby-sitter aux jeux thérapeutiques... étonnants.

Je suis tough avec lui parce que c'est mon frère pis que je l'aime.
Pis un moment donné les choses sont pas toujours juste circonstancielles...
L'inconscient, ça existe. Pis si y a un inconscient de douche-bag,
ben y serait temps qu'y s'en occupe.

Profond questionnement
La misogynie est partout et omniprésente. Elle guette chaque parole et chaque geste. Le questionnement soulevé par Catherine Léger est fort intéressant. L'auteure fouille et trifouille la question. Elle n'offre pas de réponses mais soulève beaucoup de questions.

Il en ressort malheureusement une impression de cul-de-sac. Une sorte d'impossibilité de se sortir du dilemme tant chaque geste posé, chaque réflexion est toujours et irrémédiablement misogyne. L'homme que je suis, loin d'y trouver des éléments de réponse, est sorti de la salle dans un état d'incompréhension et avec une grande question: est-il possible de ne pas être misogyne?

Joyeuse comédie
Si le sujet est sérieux, le traitement lui est jouissif. Après un départ un peu poussif, la comédie grinçante se pointe le nez entre un moment de malaise et de rédemption. Comédie de situation autant que comédie dont le rire fuse d'un texte finement ciselé, Baby-sitter nous lance en pleine face nos moments les plus risibles. Ceux qui sont un miroir de nous-mêmes.

Il faut voir certains des costumes et, disons, certains accessoires, qui font des discussions les plus banales, ou peut-être pas tant que ça, des moments de grande hilarité. Le rire est franc et parfois plutôt jaune.

Utiliser le rire permet de faire passer plus facilement un sujet plus difficile. Cependant si on rit beaucoup devant Baby-sitter, le ton badin a comme effet de n'effleurer que les questionnements soulevés. Le sujet aurait mérité une plus grande analyse. Et ici, plus la pièce progresse, plus l'effet comique efface la réflexion profonde. Le spectateur en conserve un bon souvenir tout de même mais disons que la réflexion est diluée.

Le texte se composant de nombreuses saynètes demandent de nombreux noirs. Une situation un peu agaçante qui dérange par moment. Le rythme bien installé tombe ainsi que le plaisir du spectateur. Problème mineur tout de même.

Savoureux personnages
Les deux frères, chacun étant ridicule à sa manière, sont magnifiquement campés par Steve Laplante, impayable dans le rôle du frère imbu de lui-même et confiant à outrance en ses capacités, et David Boutin, magnifiquement maladroit dans sa recherche de pardon.

La gardienne d'enfants, qui est une sorte de psy spécialisée dans les jeux de rôles et qui n'a de cesse que de faire plaisir aux autres, est interprétée par une surprenante Victoria Diamond. Quand à Isabelle Brouillette, elle campe une drôlissime mère en quête de personnalité.

Les personnages féminins sont très certainement les plus drôles bien que les personnages masculins, en constant questionnement, savent tout de même mettre leur grain de sel comique dans l'histoire.

Allez-y surtout si vous aimez: les comédies grinçantes, les questionnements existentiels.

Au Périscope jusqu'au 24 novembre. Avec David Boutin, Isabelle Brouillette, Victoria Diamond et Steve Laplante. Un texte de Catherine Léger. Une mise en scène de Philippe Lambert.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Catherine Léger ici (au tout début de l'émission du 5 novembre

Bon théâtre et bonne danse!  
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