jeudi 31 mars 2016

La saison 16-17 du Périscope

Le Périscope s'éclate avec une programmation 16-17 qui vaut le détour.

Un billet de Robert Boisclair

Automne 2016 : immersion, formes éclatées, jeunes compagnies et jeunes auteurs bien établis
La saison 2016-2017 s’ouvrira le 20 septembre prochain avec Dreamland, une création du Théâtre Rude Ingénierie reconnu pour son travail sur la rencontre des arts vivants avec les arts du son, de l'image et de l'ingénierie. Dreamland sera suivi de #PigeonsAffamés, une production du Théâtre du Trillium d’Ottawa. Anne-Marie White signe la mise en scène de ce spectacle qui passe du spoken word à la danse, du chant à la déclamation et où se croisent le collectif et l'individuel, l'immensément grand et l'infiniment petit.

S’en suivra un texte et une mise en scène de Olivier Normand, St-Agapit 1920, production de la compagnie Les instants suspendus, présentée à Premier Acte en 2014 et réunissant sur scène deux danseuses, une comédienne et l'auteur lui-même. Le mois de novembre sera lui, occupé par une nouvelle création du Théâtre Niveau Parking, Fire Lake, ville minière, 1986, un texte de Maxim Allen dans une mise en scène de Lorraine Côté.

L'année 2016 se terminera avec le retour du Festival du Jamais Lu les 8, 9 et 10 décembre. La sixième édition, à nouveau présentée dans la grande salle du théâtre, sera sous la direction artistique de Marianne Marceau.

Hiver 2017 : adolescence, poésie, fantaisie, humour et franc-parler
C’est avec le spectacle Album de finissants, d'après un texte de Mathieu Arsenault, que s'ouvrira l'année 2017, une coproduction montréalaise de Pirata Théâtre et de Matériaux Composites, à l'affiche 5 soirs seulement. Une plongée au cœur de l’adolescence mettant en vedette 5 comédiens et 20 étudiants de Québec, finissants du secondaire. S'en suivra Attentat, une production du Théâtre [mo] de Véronique et Gabrielle Côté, véritable assaut poétique et hymne à la vie acclamé par la critique lors de son passage au Carrefour international de théâtre en 2015.

À la fin du mois de février, Les véritables aventures de Don Quichotte de la Mancha co-production de Théâtre Sortie de Secours, Pupulus Mordicus et Gataro (Barcelone) s'installera dans la grande salle avec un voyage dont l'histoire s'inspire de Miguel de Cervantès et de son célèbre héros, Don Quichotte de la Mancha. Le Périscope accueillera ensuite, pour deux semaines seulement, un texte et une mise en scène de Fabien Cloutier, production du Théâtre de la Manufacture; Pour réussir un poulet, récipiendaire du Prix littéraire du Gouverneur général en 2015, réunissant sur scène Denis Bernard, Gabrielle Côté, Guillaume Cyr, Marie Michaud et Hubert Proulx.

En avril, ce sera au tour de Nuages en pantalon - compagnie de création d'entrer au Périscope avec une toute nouvelle création sous la direction de Jean-Philippe Joubert, L'Art de la chute. Le spectacle partagera l'affiche avec Ubus Théâtre qui reviendra stationner son autobus jaune (après Le Périple à l'automne 2014 et Caminando & Avlando en avril 2016) pour présenter sa nouvelle création, Le Piano à Voile.

Bon théâtre et bonne danse !

mercredi 30 mars 2016

Molly Bloom: espiègle Molly!

Coquine cette Molly qui se glisse dans la peau d'Anne-Marie Cadieux? Certainement! L'actrice offre au public de Québec, une Molly Bloom taquine, frivole et, parfois, corrosive. Retour sur un moment passé en compagnie d'une grande actrice.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Caroline Laberge

Il est deux heures du matin. Molly Bloom, auprès de laquelle le mari, Léopold Bloom, vient de s'écrouler dans le lit conjugal complètement ivre, est incapable de s'endormir. La belle Molly s'abandonne au flot débordant de ses pensées. Tout y passe: son corps, sa beauté, ses aventures, son enfance mais, surtout, ses confidences érotiques.

Mise en scène impressionniste
La mise en scène est à la fois simple et impressionniste. Étendue sur une structure de bois rappelant les courbes féminines, Anne-Marie Cadieux livre un texte auquel on donne toute la place. Derrière la structure de bois, de longs filins servent d'écran où se projettent des images en évolution constante. S'ajoute à cela, une gestuelle particulière transformant la scène en toile impressionniste. Une scénographie somme toute épurée mais efficace.

Le rythme des mots a été savamment travaillé. Anne-Marie Cadieux s'amuse avec ceux-ci dans ce qui aurait pu être un soliloque plutôt ennuyeux et qui devient une vivante partition musicale. Le fil décousu des pensées de cette Molly Bloom oblige le spectateur à une attention de tous les instants.

Anne-Marie Cadieux donne vie à ce personnage féminin hors-norme. Fantasque, ingénue cochonne, subversive à sa manière, un personnage complexe que la comédienne interprète à merveille.  Molly Bloom est un corps avant tout, ce n'est pas moi qui le dit mais la comédienne elle-même. Un corps qu'elle commente sans pudeur. Avec amour même. Un corps qu'elle fait sien sans complexe. Et c'est ce qui est beau dans ce spectacle. L'amour de soi, de son corps. S'accepter sans fard, sans peur et sans reproche.

Une confidence qui débute par un Oui et se termine par un autre Oui. De la pièce, il ressort un amour du vivre. Molly Bloom est une femme vivante et vibrante. Mais on est dans sa tête et, peut-être, pas assez dans son émotion. Sa fureur de vivre, d'être femme est très cérébrale.

Confidences sur l'oreiller
Brigitte Haentjens et Anne-Marie Cadieux offrent une belle confidence sur l'oreiller. Une femme hors-norme, bien dans sa peau et qui se livre sans pudeur. Une pièce au charme indéniable.

À la Bordée jusqu'au 31 mars. Avec Anne-Marie Cadieux. Un texte de James Joyce dans une traduction de Jean Marc Dalpé. Une mise en scène de Brigitte Haentjens.

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 28 mars 2016

Panel, saison 16-17 et théâtre jeunesse poétique!

Venez découvrir notre programmation éclectique ce soir!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

L'émission débute avec un tour d'horizon de la saison 16-17 de la Bordée

Saison 16-17
La Bordée

Deuxième bloc - vers 17h 50


André Robillard sera en studio pour nous parler d'Avant l'archipel, spectacle jeunesse poétique aux Gros Becs pour deux jours seulement.

 Avant l'archipel
Gros Becs
31 mars et 1er avril

Troisième bloc - vers 18h 10

Architecture du printemps
Crédit photo: Cath Langlois

David Lefebvre et Marc Proulx seront en studio pour notre panel théâtre mensuel. 


Bon théâtre et bonne danse !

mardi 22 mars 2016

La saison 16-17 de la Bordée

La Bordée célèbre ses 40 ans avec une programmation qui promet et une tournée pour un spectacle de la saison 15-16.

Un billet de Robert Boisclair

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Pour ouvrir cette saison anniversaire, Gloucester, une comédie épique et complètement décalée, inspirée de l’oeuvre de Shakespeare. Cette création de Simon Boudreault et Jean-Guy Legault sera également jouée à la Cinquième Salle de la Place des Arts en novembre. La prémisse : après une victoire sanglante contre les Écossais, Édouard, roi d’Angleterre, partage le royaume d’Écosse en trois parts entre ses généraux Gloucester et York, ainsi que son épouse, Goneril. La reine, qui espérait devenir régente unique de l’Écosse, nourrit d’ambitieux projets de vengeance…

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Suivra Les marches du pouvoir (Farragut North), une incursion dans les coulisses de la politique américaine. On y suit un jeune et ambitieux conseiller de campagne dont la curiosité le poussera à rencontrer le camp adversaire. Une erreur qui pourrait le mener à sa perte… Un texte signé Beau Willimon, aussi auteur de la très populaire série House of Cards.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Après le succès remporté par Les Fées ont soif en 2014, La Bordée souhaitait offrir une parole féminine actuelle. Avec J’accuse, qui sera présenté en janvier, Annick Lefebvre nous offre cinq monologues vibrants. Il y a la fille qui encaisse, celle qui agresse, la fille qui intègre, celle qui adule, et finalement, la fille qui aime, qui aime trop, qui aime mal. Elles sont la voix d’une génération qui doit composer avec l’urgence de réussir et l’obligation de se conformer. Un texte « coup de poing » encensé par la critique lors de sa présentation au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui au printemps 2015.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Pour la quatrième production de la saison, le directeur artistique de La Bordée, Jacques Leblanc, mettra en scène une oeuvre phare de la dramaturgie québécoise, À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, de Michel Tremblay. Cette pièce nous plonge au coeur d’une famille pauvre et misérable, où la communication semble impossible. Une famille de « tu-seuls », comme le dit Tremblay

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Le grand classique de Molière, L’Avare, clora la saison. Le mesquin Harpagon sera interprété par nul autre que le directeur artistique de La Bordée, Jacques Leblanc, qui a d’ailleurs déjà incarné « La Flèche » dans cette même production, présentée en 1989 au Trident.

Bousille et les justes en tournée
La pièce Bousille et les justes, qui ouvrait la saison 2015-2016 de La Bordée, prendra la route en septembre prochain. L’équipe s’arrêtera dans 15 villes à travers le Québec, de Val D’or à Gaspé, en passant par Sept-Îles et Sherbrooke. La tournée débutera le 22 septembre au Théâtre La Rubrique à Jonquière, pour se terminer le 28 octobre à Shawinigan.

Pièces en accueil
La Bordée accueillera également deux pièces invitées au cours de la saison. Beu-Bye – La revue de l’année de Québec revient en décembre pour une troisième année, pour le plus grand plaisir des spectateurs. L’équipe revisitera l’actualité locale et nationale de l’année 2016, dans une série de caricatures, de chansons et de sketchs humoristiques… et grinçants.

À la fin mars, la Bordée accueillera également une production de la compagnie Les Deux Mondes, La cantate intérieure. Ce texte de Sébastien Harrisson nous entraîne dans cette curieuse mécanique qui est celle de l’art et de ses illusions, mécanique qui berne tantôt celui qui regarde l’oeuvre, tantôt celui-là même qui l’a créée.

Le retour des Soirées Bordéliques
Dans le but d’appuyer les compagnies de théâtre émergentes de Québec, La Bordée organisera, pour une deuxième saison, des soirées de financement qui leur seront dédiées : les Soirées Bordéliques. Tous les profits de ces soirées seront remis aux compagnies théâtrales et contribueront au financement de l’un de leurs spectacles qui aura lieu au cours de l’année.

Samedi 24 septembre 2016 – Théâtre Kata (Olivier Arteau-Gauthier)
Samedi 5 novembre 2016 – Le chien sourd (Gabriel Fournier)
Vendredi 13 janvier 2017 – La brute qui pleure (David Bouchard)
Samedi 25 février 2017 – Les Gorgones (Marie-Ève Chabot Lortie)
Samedi 15 avril 2017 – La Camerata de Bardy (Nicolas Jobin),
en association avec la compagnie La Mauderne

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 21 mars 2016

Un programme triple: danse, théâtre et critique!

La danse, le théâtre et notre commentaire critique d'un spectacle de théâtre meubleront l'heure de bonheurs théâtraux et dansés des Enfants ce soir!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30

Crédit photo: Denis Farley

Le chorégraphe Daniel Léveillé sera en conversation téléphonique pour nous parler de ce spectacle inspiré de la solitude qui accable notre société.

Solitudes solo
La Rotonde
30 et 31 mars

Deuxième bloc - vers 17h 50


Gabriel Sabourin s'est inspiré de l'oeuvre de Feydeau pour écrire ce boulevard sur la vie de Georges Feydeau. Normand Chouinard, le metteur en scène, sera en studio pour nous parler de ce spectacle qui fera un saut de puce à Québec.

 Le Prince des jouisseurs
Salle Albert-Rousseau
10 avril

Troisième bloc - vers 18h 10

Crédit photo: Cath Langlois

David Lefebvre nous offrira son commentaire critique d'Architecture du printemps qui tient l'affiche jusqu'au 2 avril.

Architecture du printemps
Premier acte
Jusqu'au 2 avril

Bon théâtre et bonne danse !

mardi 15 mars 2016

La petite scène s'éclate à nouveau!

Le 17 mars sera l'occasion de renouer avec La petite scène qui reviendra pour une sixième édition.

Par Robert Boisclair

Le cabaret de danse contemporaine imaginé par l'interprète Jean-François Duke et Caroline Simonis, du Cercle, reprend du service ce jeudi. Sous le thème de la nordicité des danseurs s'éclateront dans de courts extraits dansés, maximum sept minutes, et dans un espace restreint de 10' x 13'. Une soirée festive sous le signe du cabaret. Une bonne bière et une grande variété de moments dansés, que demander de plus pour passer une belle soirée!

C'est au Cercle, en collaboration avec La Rotonde ce jeudi dès 20h. Et en prime, on vous fait un prix d'ami pour l'entrée. Pourquoi vous en priver? Pour en savoir plus, cliquez ici.


Bon théâtre et bonne danse !

lundi 14 mars 2016

Danse et théâtre s'invitent aux Enfants du paradis!

Théâtre jeunesse, un créateur sur scène et une introduction à la danse pas piquée des vers sont au menu des Enfants ce soir. Venez découvrir notre menu alléchant et hors de l'ordinaire!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30


Le metteur en scène Éric Jean sera en conversation téléphonique pour nous parler d'un petit bijou empreints de clins d’oeil à la vie, à la mort, à l’amour. 

Dans ma maison de papier, j'ai des poèmes sur le feu
Gros Becs
Du 15 au 20 mars

Deuxième bloc - vers 17h 50


À la fois exposition et interview, le spectacle Viens voir un créateur propose une rencontre avec le scénographe Olivier Landreville. Ce créateur sera aux Enfants pour nous parler de ce spectacle hors de l'ordinaire. Une occasion unique de découvrir les dessous de la création d'un décor!

 Viens voir un créateur
L'Anglicane
17 mars

Troisième bloc - vers 18h 10


Jean-François Duke, codirecteur artistique de La petite scène, sera en studio pour nous dire ce que sera cette nouvelle mouture. Un programme dansé au style cabaret qui promet!

La petite scène
Le Cercle et La Rotonde
17 mars

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 7 mars 2016

La première fois et deux comédies en programme double!

Deux comédies forts différentes et un spectacle sur la première fois s'invitent aux Enfants ce soir.

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30






La première fois, succès mondial,
poursuit sa tournée des scènes québécoises
en se pointant le nez une nouvelle fois
à la Salle Albert-Rousseau.
La comédienne Roxane Bourdages
sera en conversation téléphonique
pour nous parler de ce spectacle
qui ne cesse de séduire les foules.







Ma première fois
Salle Albert-Rousseau

Deuxième bloc - vers 17h 50

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Marc Proulx sera en studio pour nous offrir son commentaire critique de cette comédie que présente Le Trident.

 Lapin Lapin
Trident
Jusqu'au 26 mars

Troisième bloc - vers 18h 10

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

David Lefebvre sera avec nous pour nous parler de la comédie Feydeau qu'offre la Bordée à son public en mars.

Feydeau
Bordée
Jusqu'au 26 mars

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 5 mars 2016

Lapin Lapin: famille de fous

Des personnages loufoques peuplent un « une pièce et demi » dans cette comédie à rebondissements que proposent Le Trident en ce début de mars frisquet. Un spectacle en trois temps qui bascule vers la fin dans la farce science-fictionnesque.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo : Stéphane Bourgeois

Bienvenue chez la famille Lapin! Mama Lapin, sorte de mère courage, règne sur son une pièce et demi avec bonheur. Mais rien ne va plus même si Mama, aimée et respectée, fait montre de courage, tient tout le monde à bout de bras et tente de rester optimiste.

Car la situation familiale n'est pas rose contrairement à ce que croit Mama. Papa, dont le maigre salaire alimentait le petit foyer, a été licencié et passe ses journées dans le métro car il n’ose pas l’avouer à Mama. Lapin, le petit dernier, prénommé ainsi parce qu’il est né avec deux dents, s’est fait renvoyer du lycée. Il tue le temps à lire de la science-fiction dans les salons d'une gare.

Comme si ce n'était pas suffisant, voilà que débarquent Jeannot, de retour de Belgique, avec des valises compromettantes et la police à sa recherche puis Marie, qui a décidé de divorcer à cause d’un « passe-moi le sel » malvenu. Le drame ne serait pas complet sans l'arrivée de Lucie qui a choisi de dire non à son fiancé, devant le maire… et de débouler en robe de mariée. Fiancé qui poursuivra Lucie jusque chez les Lapin.

L'emprunt d'un matelas chez la voisine du dessus, Madame Duperri, va faire débarquer celle-ci dans la famille qui s'empile dans un « une pièce et demi ». Heureusement, il reste Bébert, celui-là, dans un an, il sera médecin. Enfin... peut-être... ou peut-être pas!

En trois temps
Lapin Lapin est une pièce en trois temps. Elle débute comme un drame social pour s'enchaîner dans une comédie loufoque et se terminer sur un ton science-fictionnesque où se mélangent coup d'État, sauvetage extraterrestre et coup de baguette magique qui transforme certains en certaines. Trois temps, deux bifurcations qui laissent quelque peu perplexe. Le rire n'est pas toujours au rendez-vous. Peut-être, est-ce à cause de la très grande dose d'absurde qui meuble la pièce de bout en bout. Et puis, on s'ennuie un peu dans la première partie. La mise en place est bien longue. Mais tout s'arrange lorsque ce moment est passé.

Le spectacle demande une bonne dose d'ouverture de la part des spectateurs, qui doivent accepter une bonne brochette d'invraisemblances. Une fois cette prémisse acceptée, le charme opère. Le spectateur découvre alors une famille complètement folle. Ça crie, ça vocifère, ça s'engueule, ça se chamaille et ça s'aime. Certains moments sont complètement surréalistes. Et drôles. Surtout dans les deuxième et troisième parties.

C'est résolument franchouillard. Une franchouillardise assumée. Le choix de conserver le français parisien est une très bonne décision. Le rythme, l'ambiance et les situations sont tellement françaises que de conserver le plus possible l'écriture d'origine est une adéquation parfaite.

Martin Genest, le metteur en scène, a eu plusieurs bonnes idées de mise en scène et ce, même s'il recycle certaines de ses précédents spectacles. L'utilisation de lanternes mouvantes en début de spectacle font penser à celles utilisées dans les spectacles Joya, du Cirque du Soleil au Mexique, et Cabaret Gainsbourg, qu'il a mis en scène. La petite chorégraphie de danse, drôle et sympathique, donne un bon rythme au spectacle. Les petits ajouts qui transforment, par moments, la famille Lapin en véritable animal, ou les mimiques de groupe, lorsque quelqu'un sonne à la porte, sont de véritables perles.

La scénographie reflète à merveille l'esprit déjanté et brouillon de la famille. L'espace de la grande scène a été réduit pour créer un effet un et demi. L'espace de jeu est délimité par deux murs et un toit au centre de la scène. Les parties jardin et cour sont jonchés d'objets éparses, sorte de capharnaüm suggérant un intérieur encombré. Un peu à l'image du un et demi et de l'esprit des membres de la famille.

Les comédiens se débrouillent fort bien avec un texte, ma foi, pas facile du tout où l'interprétation doit être grossie sans être exagérée. Andrée Samson se démarque particulièrement. Elle est pissante dans son interprétation de Madame Duperri. Marianne Marceau offre une sympathique Marie. Douceur et folie habitent son personnage magnifiquement.

Fou, fou, fou!
Malgré un dénouement quelque peu grotesque et un début longuet, Lapin Lapin propose une comédie résolument franchouillarde peuplée d'une famille où tout le monde est fou, fou, fou! Une comédie qui séduira les fans de l'humour français.

Au Trident jusqu'au 26 mars. Avec Emmanuel Bédard, Jonathan Gagnon, Israël Gamache, Jean-Michel Girouard, Linda Laplante, Valérie Laroche, Nicolas Létourneau, Marianne Marceau, Christian Michaud, Andrée Samson et Sophie Thibeault. Un texte de Coline Serreau. Une mise en scène de Martin Genest.

Bon théâtre et bonne danse !

jeudi 3 mars 2016

Feydeau: frais et pétillant!

La Bordée propose un spectacle aux airs de cabaret à la fois enjoué et festif. Ce Feydeau revisité vous fera vivre de belles émotions. Rires garantis!

Une critique de Robert Boisclair

En répétition

Spectacle éclaté et interactif autour de courtes et de longues comédies de l’auteur Georges Feydeau. Soirée cabaret où trois chansons et des numéros comiques du temps alternent avec quatre textes de l’auteur. Le public a son mot à dire, puisque c’est lui qui décidera du déroulement de la soirée en sélectionnant les quatre pièces parmi six du répertoire de Feydeau.

« Il fait la cour à ma femme, voilà tout ; et ça me vexe !
Voilà six mois que ça dure.
Heureusement je ne suis pas de ces maris aveugles….j’ai tout compris.
Ah ! c’est que j’ai lu Othello… Un drame d’un anglais….
Qui écrit très bien en français pour un étranger. Ça m’a ouvert les yeux. »

Ciel, des comédiens!
Le spectacle débute par une chanson et une courte introduction des comédiens, ou est-ce des personnages?, en sous-vêtement d'époque au déroulement de la soirée. Un moment agréable et bien rythmé qui donne le ton, grivois par moment, mais c'est du Feydeau après tout, à la soirée. Une introduction au spectacle qui ne s'éternise nullement et qui permet un choix rapide des pièces qui seront interprétées au cours de la soirée.

Jacques Leblanc a su intercalé ou modifié quelques répliques de belles façons. D'ailleurs l'intertitre ci-haut, s'inspire d'une de ces répliques, sans doute la plus célèbre, qu'il a modifié pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Six histoires possibles dans des lieux différents demandent une belle dose d'imagination scénographique. Le pari est relevé haut la main par Ariane Sauvé. Cette idée d'un mur dans lequel s'insère des portes, des miroirs ou des alcôves est magistrale. Ayant la forme de boîte d'allumettes, les différents ajouts s'insèrent dans le mur comme un puzzle où chaque pièce doit se placer au bon endroit, pour donner l'image désirée en bout de course. Des changements à vue qui se déroulent sans accrochages.

Les trois chansons grivoises qui se glissent dans le spectacle sont à-propos mais, malheureusement, l'enregistrement musical en trame de fond est parfois trop fort. Le spectateur perd alors le contenu des chansons qui, ma foi, est fort drôle.

Les comédiens sont excellents. Chantal Dupuis se démarque particulièrement. Elle maîtrise à merveille la mécanique propre au théâtre de boulevard. Enjouée et naïve à souhaits dans l'interprétation de ses personnages, elle illumine la scène à chacune de ses présences.

À voir!
Frais et pétillant dans le plus pur style Feydeau, offrez-vous ce spectacle pour vous payer une pinte de bon rire!

À la Bordée jusqu'au 26 mars. Avec Bertrand Alain, Sophie Dion, Chantal Dupuis, Patrick Ouellet, Olivier Normand et Monika Pilon. Un texte de Georges Feydeau. Une mise en scène de Jacques Leblanc.

Pour en savoir plus sur ce spectacle, consultez notre interview avec Monika Pilon et Sophie Dion au début de l'émission du 22 février en cliquant ici.

Bon théâtre et bonne danse !