lundi 27 janvier 2020

Primeur: une légende à Québec... bientôt!

Une légende du théâtre contemporain sera à Québec dans le cadre du prochain Carrefour international de théâtre de Québec. Peter Brook se pointera avec sa plus récente création Why?

Un billet de Robert Boisclair largement inspiré du communiqué de presse.
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Simon Annand
Le Carrefour international de théâtre est particulièrement fier d’accueillir, dans la programmation de son prochain festival, et pour une rare occasion, le légendaire metteur en scène Peter Brook et sa complice Marie-Hélène Estienne.

Après une tournée en avril 2020 les menant en Tunisie, Colombie, France, Allemagne, Italie et au Mexique, ils viendront présenter aux festivaliers de Québec leur nouvelle création, Why? Porteur de thèmes graves, mais éclairé de nombreux moments ludiques, ce spectacle livre une puissante réflexion sur la création, l’intégrité et l’essence du 6e art.
Crédit photo: Simon Annand
Synopsis
Pourquoi fait-on du théâtre? Vêtus de noir et pourvus d’un don affûté pour l’évocation, trois comédiens tentent une réponse. Avec humour, le trio fait d’abord la démonstration des possibilités du corps de l’acteur et de son incroyable capacité d’incarner une émotion même dans des conditions minimalistes.

Chemin faisant, il nous présente les aspirations de grandes figures théâtrales du 20e siècle, au premier chef celles de l’iconoclaste Meyerhold, dramaturge et metteur en scène russe (persécuté sous le régime stalinien) qui souhaitait libérer son art des carcans du passé, en plus de prôner le minimalisme (comme Brook) et l’absence de frontières avec le public.

Au début de ma carrière, je me suis vite rendu compte que le théâtre était totalement bloqué
par des conventions préétablies. Mon boulot a toujours été de m’en libérer
pour le sortir des ornières de la tradition.
Peter Brook, extrait d’une entrevue pour Les Inrockuptibles, 2019
Crédit photo: Simon Annand
En savoir plus
Un spectacle humain, à la fois dramatique et comique, que France Inter qualifie d'étonnant. Un moment de théâtre présenté par un metteur en scène de renom qu'il ne faudra certainement pas manquer car les chances de revoir Peter Brook sur scène sont faibles (il a plus de 90 ans).

Pourquoi? (Why?), question existentielle s'il en est une se retrouve au coeur de ce spectacle. Au site internet archywordys.com il a dit de la pièce que les questions qui s'y retrouvent sont: Pourquoi? Pourquoi le théâtre? Qu'est-ce que le théâtre? De quoi s'agit-il? (Why? Why theater? What is if for?What is it about?) Pourquoi? est une question qui hante Peter Brook depuis longtemps et elle occupe une grande place dans son oeuvre.

Un extrait de Why? peut être visionné ici: https://vimeo.com/386080508/de66185515

Peter Brook est un des plus importants metteurs en scène de notre époque.
Sa pratique et ses écrits ont transformé en profondeur le théâtre contemporain.
Iaura 95 ans cette annéece spectacle à saveur de manifeste
pourrait bien constituer son testament.
Marie Gignac, directrice artistique du Carrefour international de théâtre

C'est pour quand?
Why?
Mercredi 27 mai et jeudi 28 mai à la salle Hydro-Québec du Diamant
En anglais, surtitré en français
Texte et mise en scène: Peter Brook et Marie-Hélène Estienne
Production: Théâtre des Bouffes du Nord (Paris)

Bon théâtre et bonne danse!
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Une surprise, une critique et de la diversité!

Une émission qui propose une surprise vous attend! Venez découvrir notre premier sujet en nous écoutant. En prime le commentaire critique d'Olivier Oudart et les spectacles théâtre et danse du Mois Multi qui seront dévoilés en compagnie du commissaire de la 21e édition de l'événement.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Nous vous réservons un sujet mystère pour ce premier bloc. Venez le découvrir dès 17h 30 à l'antenne de CKRL 89,1.

Deuxième bloc - vers 17h 50 
PAKMAN, un spectacle dans un conteneur au Mois Multi 2020.
Crédit photo: FKPH.
Venez découvrir la programmation du Mois Multi, dont un spectacle (notre photo) du théâtre jeunesse qui a lieu dans un conteneur en compagnie du commissaire de l'événement. De l'inusité et jamais vu au menu!

Mois Multi
Divers lieu en ville
Du 5 au 9 février

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Vincent Champoux
Olivier Oudart sera en studio pour nous offrir son commentaire critique du spectacle .ES - CHAPITRE 1 - SOI.

.ES - CHAPITRE 1 - SOI
Premier acte
Jusqu'au 8 février

Bon théâtre et bonne danse!
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jeudi 23 janvier 2020

SUITES PERMÉABLES: danse de l'intime

Ambiance feutrée, cornes aux pieds et souffle court meublent ce spectacle à la configuration atypique. Un doux moment dansé où intimité rime avec plaisir.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Mathieu Doyon
Synopsis ( tiré du site web de La Rotonde)
Une rangée de spectateurs. Droit devant, un mur. Entre les deux, une scène étroite ponctuée d’une suite de moments chorégraphiques. Avec douceur, le rapprochement entre le danseur et le spectateur se fait. La danse se perçoit alors en périphérie de la scène ou à travers l’épiderme, souvent à fleur de peau.

SUITES PERMÉABLES se veut une source de questionnement sur l’intimité. L’illustration de ce qui, dans chaque culture, établit la distance physique inconsciente entre deux personnes. La pièce s’attarde à cette couche invisible, cet espace personnel qui permet d’entrer en contact avec le monde, de le respirer, de le transpirer et, surtout, de le sentir. Ancrée dans un paysage atypique, cette expérience dansée vise à faire sortir le spectateur de sa zone de confort, à bousculer ses perspectives et à l’amener à la rencontre inattendue de l’autre.
Crédit photo: Mathieu Doyon
Danse de l'intime
L'agréable aventure débute par une entrée en salles qui sort de l'ordinaire. Deux doubles rangées de chaises en face à face entre lesquelles s'insèrent un tapis blanc. Disposition surprenante et atypique pour un spectacle qui promet une relation intime des danseurs avec les spectateurs. Promesse remplie puisque les danseurs s'exécutent dans l'espace libre entre les chaises. Ils sont tout près. Ils touchent même le public à moult reprises. Un danseur demande à ce qu'on lui tienne la tête, une danseuse touche un genou ici et là. Que du bonbon pour le spectateur qui est à la fois au coeur du spectacle et un interprète. 

L'intimité et la proximité ne s'arrête pas là. Le public savoure la danse comme il ne l'a jamais fait. Il est tout proche. Il entend le souffle court. Il découvre les mouvements de si près qu'il voit les poitrines se soulever à chaque respiration. Il voit la corne aux pieds et découvrent les pansements de ces héros de l'intimité que sont les danseurs de ces suites qui s'enchaînent.
Crédit photo: Mathieu Doyon
Le mouvement est souple, les gestes secs ou en mode douceur. Spectateurs et danseurs se regardent littéralement les yeux dans les yeux. Une véritable rencontre s'opère. Le public traverse le miroir pour vivre le spectacle comme s'il en était un des artisans. La frontière scène/salle n'existe plus. L'oeuvre se déroule tant devant les yeux du public que dans sa tête.

Douceur, humour, confrontation
Il y a de tout dans ce spectacle. Douceur, humour, confrontation, surprises tout y passe ou presque. Les interprètes exécutent des sarabandes, des suites, des ballets, passent sous les chaises occupées ou par-dessus les chaises libres. Toute la salle, ou est-ce la scène, est occupée. Les danseurs passent d'une allée à l'autre et proposent des personnages tantôt drôle, tantôt sérieux.

Malgré l'espace restreint les mouvements, les gestes, les pas dansés ne sont nullement limités. Les danseurs s'offrent l'espace. L'occupent. Le maîtrisent. Il n'y a pas de temps morts ni d'espaces non utilisés. Ils prennent possession de la salle/scène comme s'il n'y avait personne. L'observé, le danseur, et l'observateur, le spectateur, ne font plus qu'un. Ils sont un tout comme la salle et la scène qui se sont fondues en un seul lieu. 
Crédit photo: Mathieu Doyon
Une expérience certes atypique mais une belle aventure où danseurs et spectateurs ne font plus qu'un pour le plus grand bonheur de tous. Un spectacle qui donne le goût de s'offrir quelques pas de danses avant de quitter la Maison pour la danse, lieu d'accueil du spectacle.

Allez-y surtout si vous aimez: sentir le souffle des danseurs, les spectacles de proximité, les danses de l'intime, les chorégraphies d'Emmanuel Jouthe.

Deux dernières représentations ce soir, 24 janvier, à 19h et 20h 30. Avec Élise Bergeron, Frédéric Gagnon, Nicolas Labelle, James Phillips, Jessica Serli et Marilyne St-Sauveur. Une chorégraphie d'Emmanuel Jouthe, en collaboration avec les interprètes.

Bon théâtre et bonne danse!
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mercredi 22 janvier 2020

.ES - CHAPITRE 1 - SOI: docufiction éclatée

Au-delà de la question posée, les femmes et le pouvoir, il y a dans cette production une sensibilité, une intimité et une grande sincérité de six femmes qui se questionnent. Un moment de théâtre qui tient à la fois de la performance et de la recherche sociologique.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Vincent Champoux
Synopsis ( tiré du site web du théâtre)
« Quelle reine sommeille en vous ? »

Natalie, avec cette question, espère parler de politique, mais se trouve finalement coincée dans l’intime; Marie-Ève est constamment déchirée entre la vierge et la pécheresse; Rosalie explore le radical softness et la censure des mamelons en photographie; Maude se gave d’essais féministes pour étouffer son sentiment d’impostrice; Noémie s’insurge contre la monarchie et brûle sa couronne. Elle s’empresse ensuite de lancer de l’eau sur les flammes par peur de déranger ses voisins. Finalement, la couronne reste là, sans tête. Cette fois, il n’y aura même pas de sang.

Elles sont cinq comédiennes aux balbutiements de leur carrière. Elles entreprennent la création d’un spectacle en collectif autour de la thématique des femmes et du pouvoir. Au fil des ateliers et des répétitions, leur groupe devient un espace de parole privilégié où confier leurs colères, leurs peurs, leurs vulnérabilités face à ce monde qu’elles habitent et qui, trop souvent, leur enseigne qu’elles sont de ces êtres qu’il est normal de sous-estimer, de détester, de posséder. Une sororité se tisse.

Aux interstices entre le théâtre documentaire, la performance et l’autofiction, .ES - chapitre 1 - soi raconte l’histoire de cinq reines en devenir, de nombreuses assemblées de cuisine, de la quête de nouveaux discours sur les femmes et le pouvoir, d’un show annulé, de discussions politiques sur un banc de neige, de l’envie irrésistible de désobéir.
Crédit photo: Vincent Champoux
Docufiction éclatée
Un quintette, pardon un sextuor, de femmes qui s'ouvrent dans une docufiction aux forts accents féministes. Le spectacle s'offre dans une forme éclatée où les discours autour du pouvoir prennent différentes formes: présentations personnelles, apartés, interventions d'une pas vraiment scénographe et pas vraiment comédienne et d'un déliement qui prend la forme d'un déambulatoire où scène et salle, comédiennes et spectateurs se confondent.

Un spectacle de près de trois heures aux allures bien brouillonnes. Si la proposition est intéressante, elle s'offre dans un salmigondis qui, ma foi, n'est pas dépourvu d'intérêt pour autant. Les sous-thèmes sont nombreux et malheureusement, le public s'y perd. Les instigatrices du projet entraînent le spectateur dans un aventure qu'il peine à suivre. Le discours n'est pas confus, c'est plutôt la quantité de questionnements pas toujours approfondis qui dérange. 
Crédit photo: Vincent Champoux
L'objectif d'amener une discussion sur le sujet des femmes et du pouvoir est réussi avec la dernière partie de la docufiction où la salle et la scène ne font plus qu'un. Le public est invité à se joindre aux comédiennes et à suivre un déambulatoire, ma foi fort intéressant, mais qu'il est impossible de découvrir tant le temps imparti à cette portion du spectacle est court. L'échange que l'on peut y faire, la découverte des différentes stations mériteraient un plus long temps. Une belle occasion d'en découvrir un peu plus sur les comédiennes et le pouvoir chez les femmes.

D'une grande sincérité
Là où les créatrices viennent nous chercher, c'est dans l'intimité du propos. Dehors les quand-dira-t-on et bonjour l'authenticité et la sincérité. Les confidences sont touchantes. Les mots pour le dire frappent justes, même si parfois elles doutent de leurs paroles. Ce qu'elles ne devraient pas. Elles savent nous partager leurs émotions et ressentiments avec justesse. Leurs peurs aussi. Ce qu'il manque peut-être un peu, c'est leur espoir. Que tout ça change. Pour le mieux. Pour elles.

C'est un spectacle féministe qui prend position mais c'est aussi un spectacle que seule des femmes peuvent faire. Je sais je ne devrais pas dire ça. Il y a de la tendresse dans ce spectacle. Beaucoup de tendresse. Un esprit collaboratif aussi. Très fort. De soutien aussi. Et ça, c'est une prise de pouvoir toute féminine. Les hommes n'y arrivent pas. Jamais. Ou presque. Il y a une solidarité chez elles, dans ce spectacle qu'on ne trouve pas dans un spectacle fait par l'autre moitié de l'humanité. Cette solidarité, cette sororité c'est un pouvoir immense qu'on vous envie secrètement.
Crédit photo: Vincent Champoux
Par moments, je ne vous suivais pas dans ce spectacle, dans cette aventure mais vous êtes venu me chercher avec cette espèce de catharsis que fut la rencontre proposée après l'entracte. Ce joyeux «melting pot» scène/salle, spectateurs/comédiennes.

Il y a beaucoup de belles choses dans ce spectacle. À commencer, par les interprètes. Sincères. Qui prennent des risques. Qui osent se mettre à nu, au sens figuré. À ouvrir leur coeur. À partager leur intimité. Vous vous êtes ouvertes à nous et ça, c'est le plus beau cadeau que vous pouviez nous offrir.

Il y a aussi dans ce spectacle un grand amour pour le théâtre. Et ça je l'ai senti tout au long de la représentation. Si vous doutez que le théâtre est fait pour vous, ne doutez plus.
Crédit photo: Vincent Champoux
Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre féministe, les formes éclatées, les spectacles hors normes.

Jusqu'au 8 février à Premier acte. Avec Maude Boutin St-Pierre, Rosalie Cournoyer, Natalie Fontalvo, Noémie F. Savoie et Marie-Ève Lussier. Une création de Maude Boutin St-Pierre, Rosalie Cournoyer, Natalie Fontalvo, Noémie F. Savoie et Marie-Ève Lussier.

Bon théâtre et bonne danse!
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lundi 20 janvier 2020

Du théâtre, encore du théâtre et que du théâtre!

Ce soir le théâtre est 100% à l'honneur avec une mini-spéciale critiques et un spectacle de théâtre qui s'offre de la musique techno!

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Guillaume Pepin, le metteur en scène du spectacle intitulé Le projet HLA, sera en studio pour nous en parler.

Le Projet HLA
Périscope
Du 4 au 22 février

Deuxième bloc - vers 17h 50 
Camille Proust sera dans notre studio pour nous offrir son commentaire critique de la pièce Les mains d'Edwige au moment de la naissance.

Les mains d'Edwige au moment de la naissance
Bordée
Jusqu'au 8 février

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse
David Lefebvre a vu pour vous Les Plouffe et il sera en studio pour nous en parler.

Les Plouffe
Trident
Jusqu'au 8 février

Bon théâtre et bonne danse!
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vendredi 17 janvier 2020

Les Plouffe: succès assuré

Un spectacle de 2h 20 sans entracte où l'on ne s'ennuie pas une seule seconde. Une mise en scène dynamique et une superbe scénographie, entre autres, font de ce spectacle un des beaux moments de la saison 19-20. 

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


Synopsis ( tiré du site web du théâtre)
Nous sommes en 1938, en plein quartier St-Sauveur; Ovide Plouffe travaille dans une manufacture, mais ne s’en satisfait pas. Il rêve de s’élever au-dessus de tout ça. Il rêve aussi d’un rendez-vous avec la belle Rita Toulouse. Son frère Guillaume, lui, aspire à devenir joueur de baseball professionnel aux États-Unis.

Tous les membres de la famille Plouffe se débattent avec le clergé, la misère et les revers du destin dans une société qui traverse de grandes mutations. La famille sera marquée notamment par la Grande Dépression, la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi, par les petites et les grandes trahisons.


Y’a pas de place, nulle part, pour les Ovide Plouffe du monde entier!

Crédit photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse
Des travailleurs de l'ombre efficaces
En ouverture de saison des deux grandes salles de théâtre de Québec, ce sont les oeuvres de jeunesse qui ont la cote. Après Wajdi Mouawad à La Bordée (notre critique ici), c'est au tour de Roger Lemelin d'y voir mis en scène son roman qu'il avait écrit alors qu'il n'avait que 28 ans.

Pari risqué s'il en est un. Dans le roman, inspiration principale de cette création théâtrale bien plus que le film qui a pris l'affiche en 1981, les lieux pullulent, il y a même une procession au Sacré-Coeur, et les personnages sont nombreux. Au final, l'adaptation compte une quinzaine de lieux qu'il fallait reproduire sur scène. Les travailleurs de l'ombre, Maryse Lapierre à la mise en scène et, surtout, la scénographe Marie-Renée Bourget Harvey, ont réussi l'impossible soit de créer une quinzaine de lieux avec uniquement un décor fixe. Mais quel décor!

Une structure à deux étages faites de bois. Dans le coin gauche, la cuisine de la résidence des Plouffe. Dans le coin droit, une petite scène en bois et un escalier. À l'étage, une balustrade. Tout ça derrière une avant-scène légèrement dégagée qui servira de lieu pour les scènes plus complexes ou requérant plus d'espace, comme le match de baseball. Ces lieux restreints réussissent avec quelques comédiens à créer une ambiance de foule, l'illusion est parfaite.


Crédit photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse
Les travailleurs de l'ombre, que l'on a tendance à oublier parfois tant ils sont efficaces, accomplissent ici un boulot remarquable. Mentionnons le travail d'André Rioux aux éclairages, véritable créateur d'espace en un clin d'oeil, et le trio de musiciens, Viviane Audet, Robin-Joël Cool et Alexis Martin, qui subliment les émotions du moment avec une musique à la fois discrète et prenante.

Que du bonbon
Il y a, dans cette production, un petit quelque chose qui vient nous chercher. Une parcelle de nous se retrouve dans ce spectacle qui célèbre ce que nous avons été. Le regard n'est pas nostalgique. Il est notre passé, certes, mais un passé annonciateur d'un bel espoir. Celui de devenir libre. Libre de penser. Libre de nos choix. Garant d'un avenir meilleur. Les Plouffe, c'est Québec qui vibre. Qui s'anime. Qui vit.

Maryse Lapierre, la metteuse en scène, et Isabelle Hubert, l'adaptatrice, ont admirablement bien traduit cette ambiance. Le texte est lumineux et la critique sociale y est remise à l'avant-plan. Isabelle Hubert a parsemé son texte de pointe d'humour.

La mise en scène est alerte et dynamique. Il s'y glisse, là aussi, un peu d'humour. Soyez attentif lors du match d'anneaux! Pas de temps morts dans cette saga de 2h 20. Rarement, un spectacle de théâtre a-t-il cette durée. En cette ère où tout dois se dérouler rapidement, il y avait un risque que le spectateur décroche. Ce n'est certes pas le cas. Le spectateur que je suis aussi en aurais pris encore.


Crédit photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse
En ce qui concerne la distribution, pas de faux-pas. Jean-Michel Girouard excelle, il est un fort sympathique naïf quelque peu gauche et un motivateur hors pair. La Rita Toulouse d'Alice Moreault est séduisante et pleine de vie. Renaud Lacelle-Bourdon est superbe avec son Ovide Plouffe plus solennel et prétentieux que celui du film. Marie-Ginette Guay, excellente comme toujours, offre un déliement tout en émotions. Elle nous tire les larmes avec sa tirade finale. La liste pourrait s'allonger encore tant la distribution offre de beaux moments.

Signe que le spectacle est un succès et qu'il séduit les spectateurs, la première d'hier soir a reçu quelque chose comme six rappels. Il y avait de la fierté dans l'air, tant dans la salle que sur scène. Un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte!

Crédit photo: Édouard Plante-Fréchette, La Presse
Allez-y surtout si vous aimez: le bon théâtre tout simplement!

Jusqu'au 8 février au Trident. Avec Maxime Beauregard-Martin, Frédérique Bradet, Robin-Joël Cool, Alexis Déziel, Jacques Girard, Jean-Michel Girouard, Alex Godbout, Marie-Ginette Guay, Renaud Lacelle-Bourdon, Alice Moreault, Mary-Lee Picknell, Gilles Renaud, Nicola-Frank Vachon, Sarah Villeneuve-Desjardins. Un texte de Roger Lemelin dans une adaptation théâtrale d'Isabelle Hubert. Une mise en scène de Maryse Lapierre.

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jeudi 16 janvier 2020

Les mains d'Edwige au moment de la naissance: du chaos naît l'espoir

Une lueur d'espoir, c'est ce que véhicule cette oeuvre de jeunesse de Wajdi Mouawad. Un spectacle envoûtant aux allures guerrières qui donne lieu à une étrange rédemption.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


Synopsis (largement inspiré du site web du théâtre)
Edwige a un don : quand elle prie, une eau pure sort de ses mains. Ses parents décident d’organiser une cérémonie et de faire payer les gens afin qu’ils voient ce miracle. Edwige refuse de se livrer à ce cirque, mais voilà que la maison est bondée, que les parents insistent, et que les gens sont de plus en plus impatients. De la cave où elle se terre, elle assiste au retour d'Esther, qui vient accoucher dans ses bras, pendant que le village au complet se bat au salon.


Oui, l'amour, l'amour, maman, l'amour, quoi d'autre que l'amour?
Quoi d'autre que l'amour, maman, pouvait faire battre le coeur d'Esther
jusqu'à le faire exploser, éclater, le fracasser?
Quoi d'autre que l'amour pouvait-il la pousser, Esther à tout laisser
pour s'en aller courir, s'en aller rêver, abandonner tout pour gagner tout?
Quoi d'autre, maman, que l'amour pouvait-il apaiser son âme?

Une odeur de guerre
En ouverture de spectacle Edwige apparaît, telle une figure christique, en compagnie de son père dans une scène quasi-dénudée. Ne s'y trouve qu'une scène recouverte en son centre d'un plancher blanc. Trône au-dessus des protagonistes, une structure blanche qui ressemble aux dessous d'un escalier. Des bruits de pas enveloppent la discussion entre la fille et le père signifiant l'arrivée des invités à l'étrange cérémonie organisée par les parents. Ils viennent sous le prétexte de l'enterrement de leur autre fille alors que tous viennent véritablement pour voir l'eau couler des mains d'Edwige au moment de la prière.

La jeune fille découvrant le stratagème élaboré par ses parents refuse obstinément de monter de la cave à l'étage pour accomplir le miracle souhaité par la famille qui espère bien tirer profit monétairement, puisque tous doivent payer leur dû pour assister à l'événement.

Cette scène dénudée se transformera tout au long de la pièce en un lieu d'affrontements. Entre Edwige et chacun des membres de la famille, sauf Esther qui vient pour accoucher, la bataille sera rude. La scène blanchâtre se peint doucement et par petites touches de noir et de rouge. Le sous-sol, lieu de tous les affrontements, ressemble à un scène de guerre: on s'y bat, on s'y engueule, on se peint de noir, on y répand le sang et on s'y réconcilie.

L'image guerrière y flotte moins que celle d'en haut où tout brûle, dans l'hystérie générale un incendie est allumé à l'étage. Sorte de relent d'un passé pas si lointain pour cette oeuvre de jeunesse d'un auteur ayant connu la guerre. Si en haut tout brûle, dans les cendres du bas, la vie naîtra. Rédemptrice.

Étrange rédemption
Une étrange rédemption s'y opérera alors que celle que l'on venait enterrer après dix ans d'absence donne naissance dans le sang à un enfant. La famille finit par se réconcilier. De la mort attendue, la vie renaît au propre comme au figuré. Mais qu'en restera-t-il alors qu'à l'étage le feu s'empare de la maison?

De la naissance dans la douleur et le sang de cet enfant et de cette réconciliation familiale, il y a un espoir, une promesse d'espoir. L'amour est possible. Du chaos naîtra l'amour.

Les protagonistes discutent beaucoup mais s'affrontent peu. Le texte, s'il a de bien beaux moments poétiques, est un peu lourd. Il y manque une dose de légèreté, d'humour. Tout y est brut. Comme s'il fallait lancer son message à tout prix. Et que seul le fond importait. Pour faire passer un contenu aussi dense, il aurait fallu un peu plus de légèreté.

Ici, tout est rythmé par la pression de la foule qui s'active en haut et qui est bruyante. L'environnement sonore est essentiel dans cette production. Il rythme tout. Il enveloppe tout. À la fois discret et présent, musique enveloppante ou ambiance créatrice d'émotions. L'emballage sonore en est même obsédant.

La distribution mérite bien plus qu'une étoile. D'un texte aux allures brutes et pas toujours facile, ils en tirent le meilleur. De ce texte lourd ainsi que de certains personnages unidimensionnels, il s'y pointe de beaux moments. Notons, le discours touchant de la mère, Lorraine Côté, ou le discours d'Esther, Annabelle Pelletier-Legros, à sa mère, alors que cette dernière croît discuter avec Edwige, sur la raison de son départ (voir l'extrait dans le synopsis).

Les deux comédiennes principales, Marianne Marceau-Gauvin et Annebelle Pelletier-Legros, malgré quelques accrocs, surprennent. Elles portent le spectacle sur leurs épaules.

Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles qui laissent toute la place au texte, les oeuvres de jeunesse, le théâtre de Wajdi Mouawad, les filles rebelles, les textes ampoulés.

Jusqu'au 8 février à La Bordée. Avec Normand Bissonnette, Samuel Corbeil, Lorraine Côté, Marianne Marceau-Gauvin, Annabelle Pelletier-Legros et Lucien Ratio. Un texte de Wajdi Mouawad. Une mise en scène de Jocelyn Pelletier.

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lundi 13 janvier 2020

Désobéissance, Molière réinventée et expérience sociale dansée!

Ce soir, nous ferons dans l'atypique avec trois spectacles hors normes et qui valent le détour.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: Dylan Sheper, Masters Productions.
L'idéateur, l'auteur et le metteur en scène Steve Gagnon sera en communication téléphonique pour nous faire découvrir sa toute nouvelle création théâtrale sur le thème de la désobéissance.

J’aurais voulu tenir un enfant dans mes bras le corps plié en huit morceaux tout croche
étendue entre deux sièges dans un train qui traverse l’Europe
je lui aurais dit approprie-toi les trains approprie-toi les choses
approprie-toi le monde tu n’es pas de trop tu es nécessaire.

Pour qu'il y ait un début à votre langue
Périscope
Du 21 au 25 janvier

Deuxième bloc - vers 17h 50 
Le comédien Bertrand Alain et le metteur en scène Carol Cassistat seront en studio pour nous entretenir d'une création qui revisite et s'inspire de L'Avare de Molière. Un spectacle en alexandrins pour le jeune public à découvrir.

Le petit avare
Gros Becs
Du 21 au 28 janvier

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Mathieu Doyon
Le chorégraphe Emmanuel Jouthe nous entretiendra d'un spectacle dansée qui invite le spectateur à sortir de sa zone de confort. Une rencontre danseur/spectateur à ne pas manquer!

Suites perméables
La Rotonde
Les 23 et 24 janvier

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lundi 6 janvier 2020

Rencontre, féminisme et théâtre jeune public

Après une semaine d'absence, Les Enfants du paradis reprennent le contrôle des ondes ce soir à 17h 30. Une émission fort variée où l'on parlera d'histoires et de traumatismes, de féminisme et de théâtre jeune public.

Par Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Premier bloc - 17h 30
Crédit photo: Maxime Côté
L'idéateur, l'auteur, le metteur en scène et le comédien Philippe Ducros sera en communication téléphonique pour nous faire découvrir un spectacle poétique qui propose une rencontre avec les Premières Nations.

Il faut rouvrir le lien avec l’infini. Avec l’immense. Réapprendre à parler avec les ancêtres. Réapprendre à parler au passé, à écouter les rêves.

La cartomancie du territoire
Périscope
Du 28 janvier au 8 février

Deuxième bloc - vers 17h 50 
Les créatrices et interprètes Maude Boutin St-Pierre et Rosalie Cournoyer seront en studio pour nous entretenir d'un spectacle féministe qui tiendra l'affiche en janvier à Premier acte.

.ES - CHAPITRE 1 - SOI
Premier acte
Du 21 janvier au 8 février

Troisième bloc - vers 18h 10
David Lefebvre nous offrira sa première chronique Théâtre jeune public de la saison hiver/printemps. Venez découvrir ses coups de coups de coeur de l'automne et les spectacles qu'il verra avec bonheur dans les prochains mois.

Bon théâtre et bonne danse!
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