lundi 30 avril 2018

Trois spectacles événementiels!

Trois spectacles événementiels où la musique occupe une place de choix squattent notre studio. Venez découvrir ces trois bijoux culturels ce soir dès 17h 30, à l'antenne de CKRL 89,1!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30

Le trio d'idéatrices des Matinées berçantes, Laurence P. Lafaille, Audrey Marchand et Josiane Berner, seront en studio pour nous parler de ce spectacle électroacoustique pour les 0-3 ans.

Les matinées berçantes
Gros Becs
Du 3 au 6 mai
En savoir plus

Deuxième bloc - 17h 50
Crédit photo: Magali Cancel
Éve Méquignon sera en studio pour nous parler d'Os, la montagne blanche, spectacle événementiel qui nous invite dans une zone théâtrale complètement transformée et où l'ambiance musicale occupe une place de choix.

Os, la montagne blanche
À la Maison pour la danse dans le cadre de la saison du Périscope nomade
Jusqu'au 5 mai

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Stéphane Bourgeois
David Lefebvre nous entretiendra d'Amadeus, spectacle de théâtre qui fait la part belle à la musique et aux opéras de Mozart.

Amadeus
Trident
Jusqu'au 19 mai
En savoir plus
La critique de Robert Boisclair

À ne pas manquer!

Ne manquez pas demain matin dès 6h, note Sélection du moment ici même sur ce blogue. Au programme? Théâtre, danse et physique se combinent en un seul spectacle.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 28 avril 2018

La fille d'à côté + Duet for One Plus Digressions: remixer la danse

Un programme double où la danse se fait à la fois lente et vigoureuse, douce et ludique. De la danse qui part à la rencontre du public avec d'inattendues approches.

Une critique de Robert Boisclair

Synopsis (tiré du site web de La Rotonde)
Duet for One Plus Digressions, chorégraphie d’Andrew Turner, souffre d’emblée d’un manque vital : l’un des deux danseurs qui la composent! L’interprète brise alors le quatrième mur et demande la coopération du spectateur qui doit visualiser la partition de l’absente. Le processus créatif est révélé et le matériel dansé, qui s’incarne dans une gestuelle vive et puissante, sert d’ancrage à la pièce. Le moment performatif, celui qui marque la transformation du spectacle durant sa réception par le public, constitue l’inspiration première du chorégraphe qui aime explorer avec un humour la fabrique d’une oeuvre, sous toutes ses coutures!

L’humain est un être naturellement intrigant. La fascination qu’il suscite dépend de lui, mais aussi de celui qui le regarde. La fille d’à côté de Josiane Bernier est un duo qui met en lumière ce qui attire l’œil. Ici, il s’agira de ne rien provoquer, d’attendre avec humilité que quelque chose se passe, d’accéder à l’endroit le plus profond et intime de nous-mêmes et d’y plonger tête première en jouissant du vertige qui nous envahit… Fresque dansée contemporaine où tous les éléments du moment présent sont des moteurs essentiels à la rencontre. Parce que chaque détail peut changer le cours d’une situation…

Vigoureuse chorégraphie
Andrew Turner propose une chorégraphie dynamique et vigoureuse où le quatrième mur disparaît complètement. L'idée de départ un duo sans partenaire, d'où la première partie du titre, s'avère lumineuse. Elle permet un agréable jeu avec le public où Turner s'oblige à expliquer le duo qu'il interprètera seul.

Crédit photo: Ollie Smith
Les digressions, d'où la dernière partie du titre, sont nombreuses et résolument humoristiques. Le danseur chorégraphe développe une relation intime avec le spectateur. Des moments de grâce entrecoupés de cet improbable duo. Le spectateur doit l'imaginer puisque la danseuse n'est pas là. L'oeuvre s'offre alors à lui dans une modalité inattendue. Il découvre les possibilités de la performance.

Si la prestation semble d'abord improvisé, il devient rapidement évident que même les moments les plus spontanés sont chorégraphiés. Cela permet au danseur, ou est-ce un acteur tellement la représentation s'apparente au théâtre, de jouer avec le public et de découvrir ses attentes. Le spectateur est conquis. Il en veut plus. Il en redemande même. La chorégraphie devient presque accessoire. Un outil parmi d'autres pour faire cette exploration.

Ode à la lenteur
Bernier amène la danse dans un tout autre registre. Ici, la présence et la lenteur sont à l'honneur. Deux femmes, chacune étant la femme d'à côté de l'autre, se déplacent lentement, font des pauses. La danse est ramenée à sa plus simple expression.

Crédit photo: Émilie Dumais
Il n'y a pas de relation précise entre ces deux femmes. Elles sont tout simplement là. Elle partage l'espace. Sur scène et avec le public. C'est presque de la non-danse. La musique est absente, phénomène rarissime en danse. Le geste est lent, décortiqué. Le public regarde, observe, se questionne.

La fille d'à côté est un spectacle qui ne s'adresse pas à tous les publics. C'est une exploration intime, voire intimiste de la danse. Une aventure au coeur du corps. Dans sa plus simple expression.

Remixer la danse 
Turner et Bernier chacun à leur manière remixent la danse. La décortique. En explore les méandres. La questionne. La transforme. Si Turner lui donne des airs bohème et bon enfant, Bernier la sonde dans ses plus intimes mouvements, dans sa lenteur et la présence toute simple de deux corps qui se rencontrent. La danse de Turner est théâtrale, celle de Bernier performative.

Leurs approches tout en étant différentes partagent la rencontre avec le public. Celle de Bernier peut en laisser certains dubitatifs. Celle de Turner est plus conviviale et ludique. Mais la rencontre avec le public est le maître-mot. Et c'est ce qui fait le charme de ce programme double.

Allez-y surtout si vous aimez: les programmes doubles dansés, être surpris et déstabilisé, les formules courtes, les spectacles où la scène et la salle ne font qu'un, les représentations événements.

À La Rotonde jusqu'au 3 mai. Avec Andrew Turner, Milan Gervais, Josiane Bernier et Catherine Tardif. Des chorégraphies d'Andrew Turner et Josiane Bernier.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Andrew Turner et Josiane Bernier ici (vers la vingtième minute de l'émission du 23 avril).

Bon théâtre et bonne danse!

vendredi 27 avril 2018

Amadeus: épique, majestueux.

Salieri et Mozart, deux êtres exceptionnels, deux destins tragiques. Un seul sera immortel. Et ce n'est peut-être pas celui qui croyait qu'il le serait au moment de sa mort qui le deviendra. Retour sur un spectacle épique, majestueux et humain.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Stéphane Bourgeois
Synopsis
Wolfgang Amadeus Mozart, jeune talent montant et véritable génie musical, galvanise le tout Vienne avec sa musique remarquable. Antonio Salieri, compositeur établi, est dévoré par la jalousie. Sa folie vengeresse se double d'une réflexion sur le don de Dieu, le génie, la rivalité et l'immortalité. Réflexions que l'auteur Shaffer transpose dans un déliement des plus intéressants.

Crédit photo: Stéphane Bourgeois
Le spectacle débute par la confession de Salieri au seuil de la mort, qui affirme, se vante plutôt, d'être l'assassin de Mozart. Flash-backs sur la rencontre et la confrontation entre les deux hommes jusqu'à la mort de Mozart. Retour au point de départ de l'histoire.

Inspiré de personnages historiques, le spectacle de Shaffer s'en éloigne tout en s'en inspirant largement: les magnifiques opéras de Mozart, sa rencontre avec Constance, son épouse, sa présence à la cour de l'empereur Joseph II.

Requiem pour deux fous
  
Crédit photo: Stéphane Bourgeois
Amadeus impressionne. Jacques Leblanc également. Dans un rôle taillé sur mesure pour lui, il surpasse les attentes. Il est un sublime Salieri. Son talent éclate dans une production qu'il squatte de bout en bout. Son Salieri est perfide et calculateur. Un personnage complexe qui devient, à l'écoute des oeuvres de Mozart ou alors qu'il est envoûté par les charmes de Constance, un être tendre et vulnérable.

Jacques Leblanc offre quelques-unes des scènes les plus mémorables de cet Amadeus. Parmi celles-ci, la scène du cri de la médiocrité interprétée sur fond musical vaut à elle seule le déplacement. Sa performance ne pourrait pas être aussi grandiose sans l'excellente interprétation de Pierre-Olivier Grondin. Son Mozart est naïf, erratique, enfantin et légèrement hypocondriaque. Il est un formidable contre-poids qui magnifie la performance de Jacques Leblanc, sans rien enlever à son immense talent.
Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Mary-Lee Picknell impressionne encore. Cette saison sa virtuosité explose dans des rôles forts diversifiés. Elle a été tour à tour, accompagnatrice d'un suicidaire, pénis (oui, vous avez bien lu!) et épouse de Mozart. À chaque fois sa présence a été remarquée. Elle est ici une superbe Constance, follement amoureuse de Mozart, à la fois femme originale et terre-à-terre.


Écrin féérique
Crédit photo: Stéphane Bourgeois
Ce Mozart revisité s'offre dans un écrin magnifique. Il est d'une sublime simplicité. Quelques pendrillons gris à gauche et à droite de la scène qui forment les mots Mozart côté jardin et Salieri côté cour. Quelques meubles et accessoires occupent l'espace scénique selon les besoins d'identification des lieux. De plateaux mobiles se greffent au spectacle afin d'amener sur scène musiciens ou accessoires plus imposants.

L'écran transparent en arrière-scène sert de paravent pour mettre bien en évidence les excellents chanteurs aux voix magnifiques. La soprano Roxanne Bédard épate particulièrement avec sa voix envoûtante. Des performances qui donnent le goût de se précipiter à l'opéra immédiatement après la représentation.

Histoire, légende, scandale et musique enrobent de merveilleuse façon le prodigieux texte de Shaffer. La musique de Mozart offre de nombreux moments magiques. Elle est en surcouche des situations et des émotions. Tout comme les airs d'opéra disséminés tout au long de la pièce.

Crédit photo: Stéphane Bourgeois
Profondément humain 
Ce n'est pas une pièce sur Mozart, encore moins sur Salieri. C'est un spectacle sur l'humain: le vilain, le traditionnel, le pieux et l'original, le bon vivant, le naïf. Il y a bien quelques petits défauts ici et là, mais si peu. Rien pour bouder notre très grand plaisir.

Allez-y surtout si vous aimez: les mélanges harmonieux de comédie légère et de drame exceptionnel, les réflexions sur l'immortalité, Jacques Leblanc, la musique de Mozart, vous offrir du bonheur au théâtre.

Au Trident jusqu'au 19 mai. Avec Bertrand Alain, Roxanne Bédard, Nancy Bernier, Israël Gamache, Marie Gignac, Pierre-Olivier Grondin, Jacques Leblanc, Véronika Makdissi-Warren, Mary-Lee Picknell, Lucien Ratio, Réjean Vallée, Rachel Baillargeon, Jonathan Bédard, Kevin Geddes, Karina Laliberté, Jean-Michel Marois, Marie-Andrée Mathieu, Anne-Marie Bernard et Alexandre Sauvaire. Un texte de Peter Shaffer. Une mise en scène d'Alexandre Fecteau.

Bon théâtre et bonne danse!

mercredi 25 avril 2018

Os, la montagne blanche: esprit de communauté

Esprit de communauté, théâtre métamorphosé et masculinité recomposée s'offrent sur une musique planante dans ce nouvel opus de Steve Gagnon. Un moment de théâtre unique qui s'évaporera le 5 mai prochain.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Magali Cancel
Synopsis (tiré du site web du Périscope)
Après la mort de sa mère, un homme quitte tout pour partir travailler sur un site archéologique. Entre une correspondance avec son amoureuse restée au Québec et ses conversations avec la dame qui l’héberge, il réfléchit sur la mort, sur le passé, sur l’homme à travers le temps, sur ce que signifie être un homme, sur la passation du sang, de la force et du courage.

Moi je voulais qu'on allume des bouquets extravagants de feux de bengale
pour éblouir combien tu me manques.
Eux, les prêtres, le curé, ils ont allumé des cierges blancs électriques pour éclairer la poussière.
Il n'y a eu aucune, aucune étincelle, rien pour réchauffer nos prières.

Métamorphoser l'expérience théâtrale
Vivre Os, la montagne blanche c'est s'aventurer dans une zone théâtrale complètement transformée. L'entrée se fait dans une salle enfumée vide de ses sièges. L'expérience théâtrale se vivra sur pied pour le spectateur comme pour cet homme seul qui doit se tenir debout. Un homme qui a besoin de courage pour affronter la vie, sa vie.

Un lieu dépouillé pour laisser toute la place à la parole. Lancée comme un cri du coeur par un comédien investi. La musique planante, jouée en direct, accompagne un texte qui parfois se perd dans la logorrhée du comédien. La merveilleuse poésie de Gagnon, douce mélodie du coeur, se perd alors dans un bruit de paroles lancées trop rapidement. Le texte devient slam à la vitesse grand V. La quête de sens n'en est pas moins intéressante. Elle demande un effort supplémentaire.

Crédit photo: François Roy
Cette masculinité qui nous échappe
Ce qui est intéressant dans l'oeuvre de Gagnon, et Os, la montagne blanche ne fait pas exception, c'est ce questionnement sur la masculinité. Du deuil de la mère au voyage initiatique en passant par la crise amoureuse, il propose une réflexion sur cette masculinité qui nous échappe. Celle que l'on ne questionne jamais ou presque.

L'homme que l'on ne définit qu'avec quelques critères bien précis, il se doit d'être fort ou encore il n'étale pas ses émotions, prend diverses formes dans l'oeuvre de Gagnon. Il est moins stéréotypé. Il crie haut et fort son amour pour sa mère ou encore il se questionne sur le sens de sa vie. L'humain de sexe masculin devient un peu plus complexe, un peu plus complet. L'homme blessé cherche une réponse et un sens à sa vie. Il sort des sentiers battus pour s'ouvrir au monde.

Crédit photo: Magali Cancel
Esprit de communauté 
Sans siège et sans distance aucune, le comédien et le public ne font plus qu'un. Ils forment un microcosme de communauté. Les spectateurs sont libres, ils peuvent aller et venir, se placer tout près du comédien, le toucher même. Cet esprit de communion, cette communauté, c'est ce qui fait la beauté d'Os, la montagne blanche. Un pur moment de partage où le théâtre devient la réalité de chacun des participants, spectateurs et comédien. C'est ce qui rend ce spectacle unique. Un moment privilégié qui ne repassera pas.

Courez voir Steve Gagnon, vous ne regretterez pas votre déplacement. Et puis, vous pourrez sans doute danser avec le comédien et ça, vous ne le vivrez qu'une fois au théâtre.

Allez-y surtout si vous aimez: l'intimité, les quêtes d'absolu, le théâtre de Steve Gagnon, être déstabilisé.

À La Maison pour la danse dans le cadre de la saison du Périscope nomade jusqu'au 5 mai. Avec Steve Gagnon. Un texte et une idée originale de Steve Gagnon. Une mise en scène de Denis Bernard.

Bon théâtre et bonne danse!

mardi 24 avril 2018

La sélection du moment: Catch, laboratoire shakespearien

La sélection du moment c’est une suggestion, une seule, d’un film ou d’un livre sur le théâtre ou la danse, d’un spectacle dansé ou théâtralisé ou encore d’un événement relié à un de ces deux arts que vous ne devez manquer sous aucun prétexte.

Par Robert Boisclair

Catch, laboratoire shakespearien
Une occasion unique de voir un divertissement qui allie théâtre et lutte professionnelle. Une soirée où tous les coups sont permis y compris ceux en bas de la ceinture.

Synopsis (tiré du site de Premier acte)
Le Théâtre Niveau Parking, en codiffusion avec Premier Acte, présente CATCH – Laboratoire shakespearien le dimanche 29 avril prochain à 19 h 30 à Premier Acte. Pour cette unique Carte blanche de la saison, la directrice artistique du TNP, Marie-Josée Bastien, a laissé le champ libre au Collectif du temps qui s’arrête de réunir lutte professionnelle et répertoire shakespearien dans une même arène. Une soirée en forme de laboratoire théâtral délirant qui fera une clé de bras aux préjugés et redonnera ses lettres de noblesse à un sport plus grand que nature!

Sport exigeant pour les uns, spectacle grotesque pour les autres, la lutte professionnelle raconte le combat perpétuel entre le bien et le mal. En cela elle reprend de façon étonnante, autant dans ses codes que dans ses thèmes, des structures du théâtre classique et des œuvres de Shakespeare en particulier. Partant de leur amour inconditionnel à la fois du théâtre et de la lutte, les comédiens Lucien Ratio, Jean-Philippe Côté et Philippe Durocher s'offrent, avec cette Carte blanche, un banc d'essai pour fouiller les liens unissant ces deux « arts ».

Reprenant quelques morceaux choisis de l'oeuvre du Barde, ils mettront en scène le déchaînement des passions, les trahisons, les vengeances, tout comme les bouffonneries, les alliances, les chassés-croisés loufoques et les apartés au public que l'on retrouve dans le spectaculaire sport de contact.

Pendant la création, la comédienne et metteure en scène Lorraine Côté, elle-même amatrice de lutte québécoise, agira telle une gérante prodiguant encouragements et frictions d’épaules. Elle conseillera les trois jeunes artistes pour cette exploration théâtrale à cheval entre culture classique et populaire. Une carte blanche accessible et audacieuse qui promet déjà de rester dans les mémoires longtemps.

Le 29 avril à Premier acte
Avec Lucien Ratio, Jean-Philippe Côté et Philippe Durocher
Un création de Lucien RatioJean-Philippe Côté et Philippe Durocher
Une mise en scène de Lorraine Côté

Bon théâtre et bonne danse!

lundi 23 avril 2018

De l'international et du local!

L'international côtoie le local dans cette nouvelle édition des Enfants du paradis. Venez nous découvrir ce soir dès 17h 30, à l'antenne de CKRL 89,1!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30

Marie Gignac, directrice artistique, sera en studio pour nous parler de la 19e édition de cet incontournable du printemps québécois.

Carrefour international de théâtre de Québec
Divers lieux
Du 22 mai au 8 juin
En savoir plus

Deuxième bloc - 17h 50

Pour ce deuxième bloc, deux chorégraphes pour le prix d'un alors que Josiane Bernier de La fille d'à côté et Andrew Turner de Duet for One Plus Digressions nous entretiendront de ce programme double dansée.

La fille d'à côté + Duet for One Plus Digressions
La Rotonde
Du 26 avril au 3 mai

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Cath Langlois
Camille Proust et Éve Méquignon seront en studio pour nous offrir leur commentaire critique d'Extras et ordinaires.

Extras et ordinaires
Premier acte 
Jusqu'au 28 avril
En savoir plus
La critique de Robert Boisclair

À ne pas manquer!

Ne manquez pas demain matin dès 6h, note Sélection du moment ici même sur ce blogue. Au programme? Un spectacle qui ne s'offre qu'une seule fois et qu'il ne faut pas manquer.

Bon théâtre et bonne danse !

dimanche 22 avril 2018

Tomates: faire du mystère avec de l'ordinaire

Ces mots sont ceux de Simon Drouin (Le Soleil, 2014) et ils résument assez bien ce spectacle complètement atypique et quelque peu déstabilisant: l'ordinaire qui convie le spectateur dans un monde à la fois mystérieux et si près de nous.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Charles-Frédérick Ouellet
Synopsis (tiré du site web du Périscope)
La prémisse du spectacle: sept personnes se retranchent du monde. Elles marquent la frontière de leur nouveau territoire à l'aide d'une corde. Piégés avec elles, des éléments s'entrechoquent : un essai insurrectionnel du Comité invisible, les règlements du jeu de Go, des tomates, un clavecin, des objets jaunes, une caméra... et l'épopée du Prince André, héros du conte traditionnel Le sabre de lumière et de vertu de sagesse.

L'histoire se déploie et s'enroule sur elle-même, dans une densité critique et un comique vertigineux. Elle explore les notions de crise, d'anonymat, de pouvoir et d'enfermement, pour donner vie à un opéra épique indiscipliné, où le premier acte en viendra à capturer le deuxième.

Dans un fatras d’objets, de chants révolutionnaires et d’images vidéo captées en direct, TOMATES s’amuse à démonter la mécanique de la représentation théâtrale et à semer le trouble (dans l’esprit des spectateurs).

Nous sommes entrés dans la civilisation de la tomate, 
la marchandise la plus accessible de l’ère capitaliste.
Tous les êtres humains mangent de la tomate dans tous les pays du monde
à raison de 5 kg par an et par personne.

Elle représente un marché de 10 milliards de dollars,
mais aussi un marché globalisé qui en dit beaucoup sur l’économie néolibérale
et sur cette idéologie qui en dicte les règles.
La tomate est devenue « une caricature des excès du capitalisme ».

Crédit photo: Charles-Frédérick Ouellet
Faire du mystère avec de l'ordinaire
L'espace est délimité avec des cordes. Les protagonistes s'offrent aux spectateurs dans un capharnaüm d'objets du quotidien, pour la plupart. Ce spectacle en deux actes, dont le deuxième est tourné alors que le premier acte se déroule, est parsemé de belles surprises mais déstabilise beaucoup.

Sous une apparente anarchie, l'histoire se construit par petits bouts. Si la mécanique est bien huilée, le lien entre cette histoire d'un prince parti à la recherche du sabre de lumière et de vertu de sagesse et les notions de crise, d'anonymat, de pouvoir ou encore d'enfermement n'est pas toujours évident.

Cependant ce lien qui ne se crée pas naturellement, dérange. Il est bien difficile alors d'embarquer dans l'histoire. Le mystère est complet. Il prend la forme d'objets familiers: gants, balles de plastiques, couvertures, caméra, instruments de musique,... Faire du mystère avec de l'ordinaire, c'est bien de cela qu'il s'agit. Mais on cherche et ne trouve pas. La solution pour apprécier ce spectacle performatif est, sans doute, de se laisser porter par l'ambiance, l'émotion. Le mystère pourrait ainsi s'éclaircir ou s'imprégner dans notre esprit.

Crédit photo: Charles-Frédérick Ouellet
Audacieuse proposition
La proposition est audacieuse avec un mélange pamphléto-musical qui nous sort de notre zone de confort: mélange atypique, histoire qui s'enroule sur elle-même, construction et déconstruction,... Tout ça combiné au style indéfinissable qui caractérise les performances de L'orchestre d'hommes-orchestre. Le mélange pluridisciplinaire auquel ils nous ont habitué est bien présent. Ce projet est dans la droite ligne de ce que le groupe propose habituellement.

Un écran géant en arrière scène magnifie les petits moments invisibles pour le spectateur qu'une caméra en direct offre par-ci par-là. La musique, comme toujours, occupe une place de choix. Le clavecin module l'action. Une partie des textes est chantée amenant le spectacle sur le terrain de l'opéra. Un savant mélange qui fait le succès des spectacles de ce groupe d'artistes.

Crédit photo: Llamaryon
Pour sortir de sa zone de confort
Avec son approche atypique, Tomates propose une quête qui surprend. Si la formule s'adresse à un public averti, elle est néanmoins intéressante pour le néophyte. Sous l'apparente anarchie se cache une critique de notre société actuelle. Si cette critique n'est pas évidente à saisir, le spectacle ne mérite pas moins d'être vu. Possiblement plus d'une fois. Pour bien en capter tout le sens.

Allez-y surtout si vous aimez: être déstabilisé, L'orchestre d'hommes-orchestres, les propositions atypiques, le multidisciplinaire.

À La Caserne Dalhousie dans le cadre de la saison du Périscope nomade jusqu'au 29 avril. Avec Bruno Bouchard, Lysiane Boulva, Gabrielle Bouthillier, Simon Drouin, Simon Elmaleh, Benoit Fortier et Danya Ortmann.

Bon théâtre et bonne danse!

mardi 17 avril 2018

La sélection du moment: Solitudes duo

La sélection du moment c’est une suggestion, une seule, d’un film ou d’un livre sur le théâtre ou la danse, d’un spectacle dansé ou théâtralisé ou encore d’un événement relié à un de ces deux arts que vous ne devez manquer sous aucun prétexte.

Par Robert Boisclair

Crédit photo: Denis Farley
Solitudes duo
Solitudes duo proposent moult gros plans sur le couple. Masculins, féminins, mixtes, les duos se succèdent dans cette chorégraphie de Daniel Léveillé. Six duos de peu de gestes: portés, battements de pieds, rotations aériennes des corps. Des couples qui s'aiment, s'attirent, se repoussent, se détestent. Des couples qui se laissent désirer sur une musique baroque et psychédélique très années soixante-dix.

Synopsis (tiré du site de La Rotonde)
Solitudes duo constitue la suite logique du cycle de création amorcé par Daniel Léveillé avec Solitudes solo, que La Rotonde a présenté à Québec en mars 2016. Au programme : splendeurs et misères du couple, identités à fondre ou à défendre dans la blancheur immaculée d’un espace limité et liberté à trouver dans la contrainte de la relation.

Les corps se lovent, s’envolent dans d’acrobatiques et tendres portés, s’effondrent sous le poids du mépris. Les semblables se rencontrent en miroir. La nature du lien se lit dans les regards, les tensions de la chair, la qualité du contact. Pudeur, passion, indifférence, affection et gourmandise s’expriment au son de clavecins et violons baroques et de rock psychédélique des années 1970.

Force, grâce et émotion se conjuguent dans une danse exigeante qui, par le prisme de la physicalité, révèle l’éloquence brute des corps en interrelations.

Les 19 et 20 avril à La Rotonde
Avec Mathieu Campeau, Ellen Furey, Esther Gaudette, Justin Gionet,
Brianna Lombardo, Emmanuel Proulx et Simon Renaud
Une chorégraphie de Daniel Léveillé

Bon théâtre et bonne danse!

lundi 16 avril 2018

Duel avec le divin, deuil et course de la dernière chance au programme

Duel avec le divin, réflexions sur le deuil et l'absence et course de la dernière chance sont au menu des Enfants. C'est à découvrir ce soir dès 17h 30, à l'antenne de CKRL 89,1!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30

La musique ne semble pas toujours adoucir les moeurs. Salieri, compositeur à la cour d'Autriche engage un duel avec le divin alors qu'un certain Amadeus s'amène avec son aura de future grande étoile de la musique. Jacques Leblanc et Pierre-Olivier Grondin seront dans notre studio pour nous parler de ce combat pour la gloire entre deux compositeurs émérites.

Amadeus
Trident 
Du 24 avril au 19 mai
En savoir plus

Deuxième bloc - 17h 50
Crédit photo: Magali Cancel
Après Fendre les lacs (2016), Steve Gagnon revient dans la programmation du Périscope avec le troisième et dernier texte d’un triptyque, dont la première partie La montagne rouge (SANG) avait été présentée lors de la saison 2010-2011 et la deuxième, Ventre, avait été présentée en 2013 à La Licorne, à Montréal, puis à Premier Acte en 2014. Une pièce sur le deuil et l'absence, parfois si souffrante. L'auteur et comédien de ce spectacle atypique sera en conversation téléphonique pour nous en parler.

Os - La montagne blanche
À la Maison pour la danse dans le cadre de la saison du Périscope nomade
Du 24 avril au 5 mai

Troisième bloc - vers 18h 10
Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Camille Proust sera en studio pour nous offrir son commentaire critique de cette course de la dernière chance pour un sympathique groupe de cinq paumés. Une chance unique de refaire sa vie... ou pas!

Lucky Lady
La Bordée
Jusqu'au 5 mai
En savoir plus
La critique de Robert Boisclair

À ne pas manquer!

Ne manquez pas demain matin dès 6h, note Sélection du moment ici même sur ce blogue. Au programme? Un spectacle dansé à découvrir.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 14 avril 2018

Lucky Lady: savant mélange

Si vous aimez les suspenses, les comédies dramatiques et les BD, vous risquez d'aimer Lucky Lady. Une agréable heure quarante-cinq en compagnie de paumés sympathiques.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Synopsis (tiré du site web du CEAD)
Bernie sort de prison, décidé à reprendre sa vie en main; mais Zach, toujours en cellule, veut se servir de lui pour payer une dette de drogue. L'histoire se complique quand Bernie apprend que Shirley, chanteuse country et compagne de Zach, a déjà dépensé une partie de l'argent que Zach destinait à ses créanciers. Au pied du mur, Bernie décide de trahir une amie qui l'a mis au courant d'une course arrangée, et il joue le tout pour le tout en misant sur un cheval : Lucky Lady.

Quand c'char-là a capoté, j'aurais dû mourir t'sais. C't'un Chriss de miracle.
Comme si l'Bon Dieu lui- même me disait Hey Sucker! Une dernière chance! Dernière!
Don't fuck up! J'ai vu l'fond, j'l'ai vu. Pas yenque vu, j'l'ai touché. Touché! J'l'ai touché Chriss!
Le méchant. Les mensonges. Ceux qu'on t'conte, ceux que tu t'contes.
Que tu t'contes, que tu t'contes, man! Méchant! Méchant rare!
Bernie

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Un savant mélange
Servie par une belle brochette de comédiens, cette pièce qui se promène allègrement entre le drame, la comédie, la rythmique musicale et la tension d'une véritable course hippique, propose un suspense qui prend parfois la forme d'une BD. Les scènes sont courtes, rythmées et mises en scène un peu comme un BD.

Les espaces scéniques ressemblent à des cases d'une page de BD: imagés et colorés. La grande case, l'espace supérieur où trônent Zach (Simon Lepage) et Bernie (Jean-Michel Déry) et les cases inférieures, qu'occupent Claire (Lauren Hartley) et Mireille (Valérie Laroche) du côté cour et Shirley (Frédérique Bradet) du côté jardin. La pièce se conclue avec une case pleine page à l'occasion d'une course qui requiert la visualisation de la photo à l'arrivée tellement la course est serrée. La réaction des cinq protagonistes à ce dénouement est impayable et tout à fait dans le ton BD.

Le metteur en scène glisse ici et là quelques références à notre quotidien dont la finale qui est construite comme une véritable course hippique alors que les comédiens se déplacent à la manière de chevaux qui s'élancent dans une course. Ou encore cette photo de Dolly Parton, célèbre chanteuse country, ou western dirait Shirley, qui apparaît en arrière-scène et dont le personnage interprété par Frédérique Bradet est une copie quasi-conforme.

La rythmique musicale du texte s'ancre merveilleusement bien avec une chouette ambiance musicale créée par Stéphane Caron et l'extrait de Dirty Old Town (Vieille ville sale en français) du groupe rock The Pogues qui ouvre et clôt le spectacle. Belle image pour un quintette dont la vie semble se dérouler dans une ville où il n'y a que de sales moments. La boucle est bouclée.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Des comédiens solides
L'ensemble de la distribution se débrouille fort bien avec un texte exigeant et à la rythmique particulière. Frédérique Bradet incarne une éblouissante Shirley, chanteuse country de son métier, offre entre autres, une crise d'hystérie mémorable. Si elle excelle dans ce type de rôle, vivement une distribution différente pour cette comédienne. Il serait intéressant de la voir interpréter des personnages moins flamboyants et découvrir d'autres facettes de son talent.

Lauren Hartley se démarque particulièrement. Une jeune comédienne solide dans le rôle de Claire. Sa performance est sensible et incarnée. Jean-Michel Déry, Valérie Laroche et Simon Lepage, absent des scènes de Québec ces dernières années, sont excellents. Ils forment, avec Frédérique Bradet, un sympathique quintette. Le spectateur éprouve de la tendresse pour ce groupe d'hommes et de femmes. Les décisions qu'ils prennent ne sont pas toujours les meilleures mais ils rêvent et veulent s'en sortir.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
À voir
Un spectacle qui rassurent sur nos choix de vie. Une finale qui met un baume sur nos petites plaies quotidiennes et qui rassure. Une pièce à voir, entre autres, pour une crise d'hystérie mémorable, son petit côté BD et une prise de photo en forme de point de suspension.

Allez-y surtout si vous aimez: les suspenses, les anti-héros.

À La Bordée jusqu'au 5 mai. Avec Frédérique Bradet, Jean-Michel Déry, Lauren Hartley, Valérie Laroche et Simon Lepage. Un texte de Jean-Marc Dalpé. Une mise en scène de Patric Saucier.

Bon théâtre et bonne danse!

mercredi 11 avril 2018

À La Bordée en 2018-2019 : The Dragonfly of Chicoutimi

À l’occasion du Salon international du livre de Québec, La Bordée a dévoilé l’une des pièces qui figurera à la programmation de sa saison 2018-2019; The Dragonfly of Chicoutimi de Larry Tremblay, dans une mise en scène de Patric Saucier. 

Un billet de Robert Boisclair (largement inspiré du communiqué de presse)

Larry Tremblay
Crédit photo: Bernard Préfontaine
Montée pour la toute première fois sur une scène professionnelle de Québec, la pièce sera à l’affiche du 30 octobre au 24 novembre 2018. La programmation 2018-2019 complète de La Bordée sera dévoilée le 23 avril prochain.

Synopsis
Récit introspectif explorant le thème de l’identité, The Dragonfly of Chicoutimi relate l’histoire de Gaston Talbot, qui a perdu la parole à la suite d’un traumatisme. Après de nombreuses années, il se réveille… mais ne parle plus qu’anglais. Commence alors le récit de son enfance pour tenter de comprendre ce qui lui est arrivé. Et qui il est.

The Dragonfly of Chicoutimi n’est pas la première pièce de Larry Tremblay produite par La Bordée. Leçon d’anatomie a été présentée en 2005, dans une mise en scène de Marie Gignac.

La création de la pièce
La première représentation de The Dragonfly of Chicoutimi a eu lieu à Montréal, en mai 1995, au Théâtre d’Aujourd’hui, dans le cadre du Festival de théâtre des Amériques (FTA). Larry Tremblay en assurait lui-même la mise en scène, et le rôle de Gaston Talbot était joué par le regretté Jean-Louis Millette. Dès sa création, la pièce s’annonçait pour devenir un moment marquant de la dramaturgie québécoise. Elle a provoqué un véritable choc, d’abord parce qu’elle était écrite en anglais et évoquait la question identitaire québécoise, et ce, en pleine année référendaire, ensuite, pour sa construction dramatique audacieuse, peu importe qu’on y voie un propos politique ou un drame personnel.

Propos de la pièce
Après des années de silence résultant d’un traumatisme, Gaston Talbot, originaire de Chicoutimi, se réveille d’un rêve étrange pour découvrir qu’il a perdu l’usage de sa langue maternelle. Dans un anglais syntaxiquement contaminé par le français, il nous fait le récit de sa vie et de ce rêve où il se transforme en libellule (dragonfly), dévore sa mère, s’envole au-dessus de sa ville natale avant de s’écraser dans le douloureux souvenir d’un drame survenu durant son adolescence. Par de nombreux détours, mensonges, rétractations, il parle de lui, de sa mère, de sa relation ambiguë avec Pierre Gagnon, son ami d’enfance, pour finalement révéler l’origine de son traumatisme.

L'équipe du spectacle
Texte : Larry Tremblay
Mise en scène : Patric Saucier
Assistance à la mise en scène : Edwige Morin
Distribution : Jack Robitaille et Sarah Villeneuve-Desjardins
Conception : Vanessa Cadrin (décor), Dominique Giguère (costumes),
Keven Dubois (lumières et vidéo) et Emilie Clepper (musique)

L'auteur
Auteur, metteur en scène, acteur, Larry Tremblay est né en 1954 à Chicoutimi (Saguenay). En 1983, il complète une maîtrise en théâtre à l’Université du Québec à Montréal. Il a aussi étudié le kathakali, une danse classique indienne qui marie théâtre, chant, mime et musique. Au cours de nombreux voyages en Inde, il a appris à maîtriser les codes minutieux de cet art qui le fascine par le travail que les acteurs du kathakali opèrent dans leur corps. Ses créations en porteront d’ailleurs la marque. Le corps du personnage autant que de l’acteur y occupera une place centrale.

En 1984, Larry Tremblay fonde le LAG (Laboratoire gestuel), un groupe de recherche qui se veut un lieu de pratique et de réflexion sur la formation de l’acteur. Sa première pièce publiée et créée en 1988, Le déclic du destin, est issue du travail du LAG. Comme comédien, Larry Tremblay s’est fait remarquer, en 1985, par son interprétation solo des quatre personnages de Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans, de Normand Chaurette. Mais c’est essentiellement comme auteur qu’il se taillera une place importante au Québec et sur la scène internationale.

Une oeuvre prolifique
En 1992 est créée au Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal, Leçon d’anatomie. Il s’agit d’une de ses pièces les plus jouées, ici comme ailleurs. Les spectateurs de La Bordée ont d’ailleurs pu l’apprécier en 2005. En 1995, Larry Tremblay a créé un choc dans le milieu théâtral en présentant The Dragonfly of Chicoutimi. Il s’inscrivait alors comme un auteur marquant et incontournable. Depuis, ses pièces sont régulièrement publiées et mises en scène. À titre d’exemples, mentionnons Téléroman (1997), Le ventriloque (2001), Panda Panda (2005), Abraham Lincoln va au théâtre (2008). Le théâtre de Larry Tremblay a été traduit dans une douzaine de langues et produit dans de nombreux pays.

En plus d’une trentaine de pièces, l’auteur de The Dragonfly of Chicoutimi a écrit de la poésie, des récits, des essais et des romans qui ont confirmé sa renommée, notamment Le mangeur de bicyclette (2002), Le Christ obèse (2011) et L’orangeraie (2014). Il a reçu une vingtaine de prix pour ses œuvres et autant de nominations. Le roman L’orangeraie, à lui seul, a été récompensé dix fois, ici comme à l’étranger, entre autres par le Prix littéraire des collégiens, en 2015, et le Prix des libraires du Québec, en 2014. Enfin, pendant de nombreuses années, jusqu’en 2013, Larry Tremblay a enseigné le jeu et l’écriture dramatique à l’École supérieure de théâtre de l’Université du Québec à Montréal.

Bon théâtre et bonne danse !

Extras et ordinaires: condensé de bonheur

Quatre-vingt-dix minutes de pur bonheur en compagnie d'un comédien qui maîtrise l'art de l'improvisation et une quête de bonheur qui se termine sur une douce note d'espoir. Après tout le bonheur est à portée de main.  

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois
Synopsis (tiré du site web de Premier acte)
Sa mère a perdu l’appétit pour la vie. Il voudrait souffler les nuages noirs dans ses yeux et rallumer le soleil. Mais à sept ans, ce n’est pas si simple. Il a une idée : composer une liste. Une liste de tout ce qui donne envie de vivre :

1. La crème glacée;
2. Les films de kung-fu;
3. La couleur jaune;
4. Rire tellement fort que le lait te sort par le nez.

Il poursuit cette liste jusqu’à l’âge adulte. Bien plus qu’une gigantesque pile de papiers – post-it, morceaux de boîtes de Kleenex découpés à la va-vite –, cette accumulation d’idées témoigne de ces éclats de vie remplis d’espoir qui donnent du sens à l’existence.

Dans Extras et ordinaires, un homme vous raconte avec sensibilité, humour et délicatesse comment il a grandi aux côtés d’une mère dépressive.

Un quatrième mur qui vole en éclats
Un quatrième mur qui vole en éclats, une salle de spectacle qui se transforme en agora et un comédien que le spectateur ne se contente pas d'observer mais avec lequel il participe à cette belle quête du bonheur. Car c'est bien de cela qu'il s'agit malgré une prémisse pas très réjouissante: grandir auprès d'une mère dépressive.

L'interaction avec le public est tout à fait originale. Des parcelles de liste sont remises aux spectateurs avant la représentation qui devront les dire au moment convenu. D'autres spectateurs deviendront comédiens le temps d'une intervention avec le seul et unique interprète du spectacle. La salle demeure éclairé, transformant celle-ci en une immense scène et les spectateurs en participants actifs aux doux moments de grâce qui se dérouleront sous leurs yeux. Et, surtout, comme le mentionne la metteuse en scène, de se sentir un peu moins seul dans cette quête qui peut sembler désespérée.

Crédit photo: Cath Langlois
Improvisateur né
Jonathan, le narrateur, nous raconte l'histoire idiosyncratique de sa relation avec sa mère, son père, son premier grand amour et les vinyles. Une histoire instructive qui ne gomme pas les hauts et les bas de la dépression tout en étant teintée d'un bel humour.

Jonathan Gagnon est désarmant de naturel dans le rôle du personnage qui se prénomme également Jonathan. Il se glisse à merveille dans la peau de cet homme qui dresse des listes afin de sortir sa mère de la dépression. C'est aussi sa façon à lui d'avancer et de faire son chemin vers la béatitude. Un bonheur dont il a peur car il croit, que comme sa mère toute période de bonheur sera suivie d'une longue agonie dans la tristesse et le malheur. Les spectateurs devenus participants, peuvent y trouver leur propre chemin vers le bonheur qui se cache très souvent dans les petites choses et les petits riens.

Ce spectacle est un saut dans le vide sans filet pour l'acteur. Il est à la merci du public et de sa réaction. Jonathan Gagnon maîtrise merveilleusement bien l'art de l'improvisation. Il est alerte, vivace, éminemment sympathique. Il amène gentiment les spectateurs sélectionnés à dire quelques courtes tirades et, parfois même, à improviser. Cela se fait dans la bonne humeur et l'on se prend, si l'on n'a pas été sélectionné, à vouloir être le prochain élu.

Crédit photo: Cath Langlois
Un message d'espoir 
Une des dernières répliques du spectacle ressemble à ceci: si vous vivez très longtemps et que, jusqu'à la fin, vous n'avez jamais connu une période de dépression ou de déprime alors c'est que vous n'avez pas prêté attention.

La douleur, la souffrance, la tristesse font parties de la vie. Ici, elles sont portées par le rire et le sourire. Une belle façon de porter un message d'espoir. Il y a du bonheur, beaucoup de bonheur qui se cache dans les recoins. Et puis ce sont sans doute ces moments de déprime qui permettent de mieux apprécier les éclaircies heureuses. Le dénouement est une de ces précieux moments de bonheur. Un nouvel item sur la liste du bonheur. Sur notre liste du bonheur.

Crédit photo: Cath Langlois
À vivre
Extras et ordinaires n'est pas un spectacle à découvrir mais à vivre. Une aventure humaine comme jamais vous ne l'avez vécu au théâtre. Un petit moment heureux dans une vie pas si longue que ça au bout du compte. Vous ne devriez pas vous en priver car vous pourriez rater un des moments merveilleux de votre journée.

Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles bonheur, voir Jonathan Gagnon dans son premier premier rôle, le théâtre participatif, la vie.

À Premier acte jusqu'au 28 avril. Avec Jonathan Gagnon. Un texte de Duncan Macmillan dans une traduction de Joëlle Bond. Une mise en scène de Maryse Lapierre.

Bon théâtre et bonne danse!