lundi 29 septembre 2014

En complément: émission du 29 septembre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Effets secondaires
Crédit photo: Suzane O'Neill

Effets secondaires en compagnie de Michel Nadeau
La pièce sera à l'affiche du Périscope du 8 au 25 octobre.

Hyperliens en complément de l'interview avec Michel Nadeau
Bande annonce de la version présentée au Bic cet été
L'amour, une équation chimique?
Biographie de l'auteur Lucy Prebble sur Wikipedia (en anglais)

Gros-Câlin ou la conférence sur la solitude des pythons dans les grandes villes en compagnie de Pascale Contamine
Gros-Câlin... sera à l'affiche de Premier acte du 9 au 11 octobre.

Hyperliens en complément de l'interview avec Pascal Contamine:
Biographie de Romain Gary (Émile Ajar)
Une lecture du roman Gros-Câlin
Gros-Câlin présenté par Pascal Contamine

Terrier en compagnie de Josiane Bernier et Carol Cassistat
Terrier tiendra l'affiche des Gros Becs du 1er au 12 octobre.

Hyperlien en complément de notre interview avec Josiane Bernier et Carol Cassistat:
Courte interview avec les deux comédiennes du spectacle

Bon théâtre et bonne danse !

Médicament, python et conflit s'invitent aux Enfants!

L'amour et l'amitié s'invitent en trois spectacles aux Enfants du paradis ce soir!

Par Robert Boisclair

Terrier
Crédit photo: Émilie Dumais

Est-ce que l'amour est uniquement une réaction chimique ou quelque chose de plus mystérieux? C'est une des questions que pose l'auteure britannique Lucy Prebble dans la pièce Effets secondaires que présente le Périscope du 8 au 25 octobre. Michel Nadeau sera de l'émission pour nous dévoiler quelques secrets de cette pièce.

Le besoin d'amour du personnage M. Cousin s'exprimera dans la pièce Gros-Câlin ou la conférence sur la solitude des pythons dans les grandes villes qui tiendra l'affiche de Premier acte du 9 au 11 octobre. Pascale Contamine, le comédien et metteur en scène du spectacle sera du deuxième bloc de l'émission pour en parler.

Les metteurs en scène Josiane Bernier et Carol Cassistat du spectacle Terrier que présentera Les Gros Becs du 1er au 12 octobre occuperont les sièges des invités au dernier bloc de l'émission. Un spectacle sur l'amitié et le vivre ensemble.

P.S.: Surveillez notre billet En complément qui apparaîtra sur ce blogue dès 17h 30 ce soir. Vous y trouverez de l'information complémentaire et intéressante sur ces trois spectacles.

Bon théâtre et bonne danse !

vendredi 26 septembre 2014

Les mots des concepteurs: Vano Hotton, concepteur décor et accessoires

Les mots des concepteurs est une série qui laisse toute la place aux concepteurs, héros de l'ombre des spectacles de théâtre et de danse de Québec. Sans eux, ils n'y auraient pas de si beaux moments théâtraux. Avec leurs mots, ils nous disent le bonheur et le plaisir de travailler pour tel ou tel spectacle.

Vano Hotton est un concepteur de grand talent de Québec. Il nous dit dans ses propres mots d'où est venu son inspiration pour la production Les Fées ont soif qui tient l'affiche de la Bordée jusqu'au 11 octobre.  Place aux mots de Vano Hotton.

Par Vano Hotton 


Dès la première lecture de Les fées ont soif, je savais que j’avais envie de mélanger la scène au public. Je n’avais pas encore d’intuition concernant l’atmosphère et le lieu physique ou mental dans lequel j’aimerais situer ce texte mais certaines vibrations en émanaient tellement fortement qu’elles m’ont guidé tout le long du processus. Par exemple, le sentiment que les personnages semblent prisonniers de leur sort comme d’une cangue dont il est impossible de se défaire soi même.

Comme l’auteure laisse beaucoup de place à imaginer l’espace, j’ai eu tout le loisir de chercher des symboles puissants auxquels rattacher la scénographie. Les seules contraintes du texte étant la possibilité d’isoler chaque personnage l’un de l’autre puis de leur permettre de se réunir à certains moments.

J’ai cherché une façon de faire une sorte d’analogie visuelle avec le pilori, le bûcher ou le gibet. Il me fallait trouver une façon d’accentuer l’exposition publique, comment mettre la femme en valeur sur une stèle où elle serait prise au piège. Un endroit aseptisé, où elle nous paraît reine de beauté, femme forte et intouchable mais à la fois où elle est présentée dans toute sa vulnérabilité, complètement à découvert. Il fallait que le spectateur, d’où qu’il soit, n’ait pas le choix de les regarder.

L’univers de la mode s’est imposé. J’ai cru au départ que je devais donner l’impression d’un studio de photo où tout peut être léché, où il est possible de trafiquer l’image et la réalité de mille façons mais ça manquait de dimension. Je ne voyais pas comment je réussirais à intégrer le public dans ma proposition.

Puis j’avais le défi de l’intégration de la vidéo, l’esprit documentaire prenant une part importante dans la mise en scène. Le catwalk m’est alors apparu comme un élément évident à explorer, le meilleur support pour répondre à cette envie de surexposition des actrices. Parfaite scène ultra lumineuse où les modèles sont mis à nu, épiés sous toutes leurs coutures et exposés de sorte qu’on ne voit plus la femme mais plutôt l’objet qu’elle habite.

Toute l’architecture de la scénographie s’est donc dessinée autour de l’esprit du défilé de mode. Une ouverture unique d’où naissent trois passerelles scinde le fond du décor en deux murs colossaux au format idéal pour englober toute la scène lorsqu’on projette des images. Une passerelle par personnage d’une « blancheur virginale » laisse toute la place à la performance, lieu idéal pour montrer à tous ce que beaucoup ne veulent voir.

Apprenez en plus sur ce spectacle en consultant notre Trois questions à... Marie-Ginette Guay.

Bon théâtre et bonne danse !

mercredi 24 septembre 2014

Les mots des concepteurs: Rose-Marie Belisle, traductrice

Les mots des concepteurs est une série qui laisse toute la place aux concepteurs, héros de l'ombre des spectacles de théâtre et de danse de Québec. Sans eux, ils n'y auraient pas de si beaux moments théâtraux. Avec leurs mots, ils nous disent le bonheur et le plaisir de travailler pour tel ou tel spectacle.

Rose-Marie Belisle est traductrice. Elle nous raconte dans ses propres mots la genèse de la traduction de la pièce Dans le bois, de l'auteur David Mamet, qui tient l'affiche de Premier acte jusqu'au 4 octobre.  Place aux mots de Rose-Marie Belisle.

Par Rose-Marie Belisle 



Le texte que met en scène le collectif Bois franc et langues fourchues est une version légèrement remaniée du texte de David Mamet que j’ai traduit il y a 25 ans. On était alors dans les années 1980, et la langue québécoise parlée était encore un phénomène relativement nouveau au théâtre. J’avais fait partie d’une petite troupe autogérée, les Productions Germaine Larose, qui comptait deux traducteurs professionnels, dont moi, et qui s’était fait remarquer en traduisant en québécois des textes américains, britanniques et allemands.

Avant nous, pour justifier une traduction en québécois, il fallait faire une adaptation. Le dessin animé Les Pierrafeu, ou la pièce L’effet des rayons gamma sur les vieux-garçons, traduite par Michel Tremblay, en sont de brillants exemples. Dans ces cas, on transposait l’action au Québec, on changeait les noms des personnages et les noms de lieu, et il devenait alors logique de faire parler les personnages avec l’accent du Québec. Les Productions Germaine Larose ont eu l’originalité de proposer des traductions en québécois, sans adaptation. Les personnages restaient des Américains, des Britanniques ou des Allemands, selon le cas, mais si, dans le texte original, ils parlaient une langue populaire, on les faisait parler dans la langue populaire du Québec.

C’est le Café de la Place, à Montréal, qui m’avait commandé, en 1989, cette traduction de la pièce The Woods de David Mamet. J’ai remis mon texte et quelques jours plus tard, on s’est tous réuni pour en faire la lecture. Je m’en souviens comme si c’était hier. Nous étions assis autour d’une table, les deux acteurs, la metteure en scène, le directeur de la salle et moi. Les acteurs ont commencé à lire à voix haute. Il y avait de la tension dans l’air. Qu’est-ce qu’on allait découvrir? Y avait-il des grossièretés dans ce texte? Des mots vulgaires? Des sacres??? À la fin de la lecture, le soupir de soulagement était palpable. Finalement, ce n’était pas trop mal … On allait pouvoir présenter ça à la Place des Arts.

Aujourd’hui, le texte revu et corrigé par le collectif Bois franc et langues fourchues permet de mesurer tout le chemin parcouru depuis 25 ans. Parler québécois sur scène ne fait plus problème. Les répliques ont été resserrées, elles ont plus d’aplomb, plus de punch. On dit les choses comme elles sont, crûment s’il le faut. Et un sacre ou deux, ici et là, ne fait mourir personne.

Et puis l’idée de faire jouer le texte par deux hommes : ça, c'est vraiment audacieux!  Ça change complètement la dynamique de la pièce. On se rend compte à quel point, quand on voit un couple traditionnel, homme-femme, on leur applique, sans s’en rendre compte, tout un bagage de présupposés culturels. On s’attend de l’un comme de l’autre à toutes sortes d’attitudes et de comportements convenus … mais quand la composition du couple change, tout à coup on fait table rase et on se met à écouter ce que chacun dit, sans trop d’idées préconçues. Pour ma part, cette nouvelle lecture m’a fait voir la pièce d’un tout autre œil.

David Mamet a écrit une pièce magnifique, toute en subtilité, qui n’en finit plus de révéler sa richesse. Et le collectif Bois franc et langues fourchues en livre ici une interprétation inspirée qui sert réellement le propos.

Apprenez en plus sur ce spectacle en consultant notre Trois questions à... Danielle Le Saux-Farmer ainsi que notre critique du spectacle.

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 22 septembre 2014

En complément: émission du 22 septembre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Sweeney Todd, le barbier diabolique de Fleet Street en compagnie de Louis Morin et Katee Julien
Sweeney Todd sera en première mondiale francophone au Capitole de Québec du 28 octobre au 8 novembre.

Hyperliens en complément de l'interview avec Louis Morin et Katee Julien
1er épisode de la Web série sur les coulisses de Sweeney Todd
2e épisode de la Web série sur les coulisses de Sweeney Todd
Les origines et l'histoire du personnage Sweeney Todd
Sweeney Todd sur Twitter

Crédit photo: Jasmin Robitaille

Chante avec moi en compagnie de Marc Proulx
Chante avec moi tient l'affiche du Trident jusqu'au 11 octobre.

Hyperliens en complément de la critique de Marc Proulx:
Notre critique complète (version blogue)
Des images du spectacle

Le Cercle des critiques en compagnie d'Émilie Rioux et Marc Proulx
Les Fées ont soif font l'objet de notre premier Cercle des critiques de la saison. La pièce tient l'affiche de la Bordée jusqu'au 11 octobre.

Hyperliens en complément de notre critique du Périple:
Un petit résumé de la polémique de 1978
Marie-Ginette Guay et Alexandre Fecteau expliquent que le propos est encore d'actualité en 2014
Le spectacle décortiqué en Trois questions à... Marie-Ginette Guay
Notre critique complète (version blogue)
La critique d'Alain-Martin Richard de la Revue Jeu

Bon théâtre et bonne danse !

Barbier diabolique, ver d'oreille et cri de rébellion

La saison théâtrale débute en force. Des spectacles innovants qui font le bonheur des Enfants du paradis. Incursion dans trois univers qui ne vous laisseront pas de glace, au menu radiophonique de ce soir.

Par Robert Boisclair

Logo de la comédie musicale Sweeney Todd

Le barbier diabolique de Fleet Street s'invite dès le début de l'émission. Louis Morin, le metteur en scène, et la chanteuse Katee Julien seront aux Enfants pour vous faire découvrir la comédie musicale Sweeney Todd, le barbier diabolique de Fleet Street, que présente Le Capitole du 28 octobre au 8 novembre.

Au deuxième bloc de l'émission, Marc Proulx viendra faire la critique de Chante avec moi, à l'affiche du Trident jusqu'au 11 octobre. Nous terminerons l'édition d'aujourd'hui avec notre premier Cercle des critiques de la saison. Un table ronde autour de la pièce Les Fées ont soif, à l'affiche de la Bordée jusqu'au 11 octobre. Je serai en compagnie de Marc Proulx et Émilie Rioux pour parler de ce spectacle qui a fait scandale en 1978. Venez découvrir si, en 2014, les fées ont encore soif!

P.S.: Surveillez notre billet En complément qui apparaîtra sur ce blogue dès 17h 30 ce soir. Vous y trouverez de l'information complémentaire et intéressante sur ces trois spectacles.

Bon théâtre et bonne danse !

dimanche 21 septembre 2014

Les Fées ont soif: immense cri de rébellion

Il y a des spectacles qui réservent de merveilleuses surprises dans l'harmonie d'un travail d'équipe surprenant et impressionnant. C'est l'impression, forte et tenace, que laisse Les Fées ont soif, qui tient l'affiche de la Bordée.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Les Fées ont soif, c'est la rencontre de trois femmes - la Statue, Madeleine, la putain, Marie, la reine du foyer - toutes trois en rébellion avec les rôles qui leur sont dévolus. Marie se questionne sur la possibilité de connaître autre chose que le ménage, la Statue ne rêve que de briser le piédestal et l'image où elle est confinée depuis des millénaires et, enfin, Madeleine, qui hurle son dégoût de continuellement avoir à satisfaire le plaisir sexuel masculin. Un immense cri de rébellion envers une société patriarcal agressante.

Si les références religieuses, les allusions à la religion catholique sont évidentes, ont fait scandale en 1978 lors de la création de la pièce, ce n'est pas le cas ici. Le discours féministe quant à lui n'a pas vieilli d'un iota. Il est toujours fort à-propos. Le contexte n'est plus le même. Le discours qui rabaisse les femmes non plus. Plus sournois sans doute. Mais les effets sont bien là. Sur le corps de la femme. Sur les rôles qui lui sont imposés. Les attitudes et les comportements n'ont pas véritablement changé.

Le metteur en scène Alexandre Fecteau a su transposer ce texte, toujours à-propos, dans une mise en scène contemporaine qui met en évidence la tyrannie, devrais-je dire les tyrannies?, dont sont victimes les femmes d'aujourd'hui. Des choix de mise en scène et de scénographie qui lancent au visage du spectateur, parfois en subtilité, parfois beaucoup moins, des stéréotypes et des carcans féminins.

Si les carcans de 1978 ne sont plus tout à fait les mêmes en 2014, le texte de Denise Boucher fait encore mouche. Cette rencontre avec ces trois archétypes féminins donne lieu à un texte vif, issue d'une structure qui n'est pas tout à fait celle d'un texte de théâtre traditionnel, et à un contenu parfois terrible, sur la violence faite aux femmes, par exemple. Malgré tout, il s'en dégage une belle poésie et un peu d'humour.

Soulignons l'apport des comédiennes qui se permettent des digressions pour crier, en leur nom propre, des injustices. Cela ajoute de la force aux prises de position de l'auteur et de l'équipe de production et fait la démonstration que tout est encore à construire.

Trois comédiennes éblouissantes. Elles s'approprient les mots d'une manière magistrale. Elles sont inspirées et en contrôle dans une mise en scène qui n'est pas de tout repos, particulièrement pour Marie-Ginette Guay, enfermée dans un double carcan et dont on ne voit que le visage en gros plan pendant une bonne partie du spectacle.

Trois femmes qui se rebellent. Un texte magnifique. Une mise en scène moderne et dynamique. Des comédiennes de grand talent. Que demander de plus?

En représentation à la Bordée jusqu'au 11 octobre. Avec Lise Castonguay, Lorraine Côté et Marie-Ginette Guay. Une mise en scène d'Alexandre Fecteau.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Lise Castonguay et Lorraine Côté (vers la vingtième minute de l'émission du 8 septembre). Découvrez également les coulisses de la création des costumes et du décor avec les mots du scénographe Vano Hotton ce vendredi sur ce blogue.

Bon théâtre et bonne danse !

vendredi 19 septembre 2014

Chante avec moi: chant rassembleur

Le Trident invite son public à s'embrigader avec sa première production de la saison 14-15. Chante avec moi d'Olivier Choinière tient l'affiche jusqu'au 11 octobre. Ver d'oreille garanti!

Une critique de Robert Boisclair

Chante avec moi en répétition
Crédit photo: Jasmin Robitaille

Olivier Choinière, l'auteur et le metteur en scène de la pièce, à l'habitude des dénonciations. Sa fascination à nous tendre un miroir s'est exprimée avec Félicité, sur l'attrait irrésistible de la vie des gens riches et célèbres pour plusieurs d'entre nous, ou encore avec ParadiXXX, production qui s'intéressait à l'univers de la pornographie. Chante avec moi ne fait pas exception. Ici aussi, il nous tend un miroir.

« Je chante, oui je chante, pour que tu chantes, avec moi. » Une ritournelle, une chanson reprise inlassablement par 50 comédiens. Voilà, essentiellement, la trame de cette pièce d'une durée d'une heure environ. Une chanson répétée en boucle pour livrer un message, un seul, celui du conformisme, de l'embrigadement. Un autre pavé dans la mare. Un autre miroir. Pour se regarder. Se contempler. Se conscientiser? Sans doute.

Si la ritournelle est répétitive, la mise en scène ne l'est sûrement pas. La scène est nue, à l'exception d'un synthétiseur trônant sur la scène. La salle reste éclairée pendant qu'une note, un rythme se fait entendre. Toujours pas de comédiens à l'horizon. Puis un comédien arrive de la salle et monte sur scène. Il se met à jouer doucement une mélodie improvisée. Un deuxième comédien se joint à lui. Une ritournelle prend forme. Puis le groupe grossit. Jusqu'à devenir vingt, trente, cinquante individus de toutes les classes et de tous les styles. La chanson devient danse et chorégraphie. Une chorale de jeunes chanteurs et une vedette de la chanson se joignent au groupe (attendez-vous à de belles surprises!). Puis le groupe s'évapore, disparaît. Mais le son de départ est toujours là.

Puis le manège reprend. Cette fois avec un grain de folie. Les mêmes personnages reviennent. Mais est-ce bien les mêmes personnages? Ils sont différents, plus flamboyants. La chanson est toujours là. Reprise inlassablement. Le ver d'oreille s'est installé. Des spectateurs tapent du pied ou sifflotent.

Le tout se termine sur une vision peu réjouissante de l'endoctrinement. La chorégraphie devient podorythmie. En rang d'oignons, les personnages se lancent dans une valse podorthymique qui entraînera leur disparition. L'endoctrinement devient autodestruction.

Il s'agit bien d'une critique sociale. Une chanson en boucle pour dénoncer l'endoctrinement fait à notre insu, sans qu'on s'en rende compte. Le procédé est intéressant et suscite le questionnement. La pièce est amusante et le plaisir des comédiens est évident.

Chante avec moi est avant tout un événement. Parce que l'expérience théâtrale est totalement différente de ce que l'on vit habituellement en salle. Les codes sont brisés. Le quatrième mur définitivement traversé. Une expérience événementielle qu'il faut découvrir et vivre. Soyez cependant averti que vous risquez de répéter à votre tour « Je chante, oui je chante, pour que tu chantes, avec moi. »

En représentation au Trident jusqu'au 11 octobre. Avec Bertrand Alain, Jean-Marie Alexandre, Ann-Sophie Archer, Marc Auger-Gosselin, Marie-Josée Bastien, Charles-Étienne Beaulne, Nancy Bernier, Caroline Boucher-Boudreault, Claude Breton-Potvin, Vincent Champoux, Jean-Pierre Cloutier, Anne-Marie Côté, Véronique Côté, Éva Daigle, Maude Palma-Duquet, Raymonde Garnier, Érika Gagnon, Jonathan Gagnon, Israël Gamache, Marie-Hélène Gendreau, Jean-Michel Girouard, Marie-Hélène Lalande, Denis Lamontagne, Simon Larouche, Simon Lepage, Julie Lespérance, Marianne Marceau, Kevin McCoy, Christian Michaud, Michel Nadeau, Olivier Normand, Jocelyn Pelletier, Monika Pilon, Lucien Ratio, Maxime Robin, Jessica Ruel-Thériault, Patric Saucier, Philippe Savard, Caroline Stephenson, Marjorie Vaillancourt ainsi qu'une chorale de jeunes chanteurs et une vedette de la chanson (différente à chaque soir). Une mise en scène d'Olivier Choinière.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Olivier Choinière (au tout début de l'émission du 8 septembre).

Bon théâtre et bonne danse !

jeudi 18 septembre 2014

Dans le bois: dis-moi que tu m'aimes...

Premier acte offre en ouverture de saison une ode à l'amour intitulée Dans le bois.

Une critique de Robert Boisclair

L'amour, toujours l'amour. L'amour caché, l'amour dévorant, l'amour qu'on ose pas s'avouer et avouer, l'amour déclaré, l'amour passionné, l'amour déchirant. S'il y a une thématique qui revient encore et encore dans cette production qu'offre Premier acte jusqu'au 4 octobre, c'est bien l'amour.

Deux amoureux se retrouvent dans un chalet dans le bois. Ils en sont aux premiers balbutiements. Passion, lutte et partage du pouvoir, engagement animent ces deux amoureux aux antipodes. L'un est introverti (Nick), l'autre extraverti (Antoine). Ils se jaugent, s'examinent. Vont-ils se déclarer leur amour? Peut-être, peut-être pas.



Le texte de David Mamet, dans une traduction de Rosemarie Belisle, est magnifique. D'histoire banale en histoire banale, et le gros gin aidant, les langues se délient, petit à petit pour Nick, rapidement pour Antoine.

Mamet a su, avec subtilité, dévoiler les sentiments profonds, la douleur et les secrets de ces deux amoureux. Il entraine le spectateur au coeur même du paradoxe de la passion. Deux êtres qui se retrouvent seuls, à la fois désireux de construire la relation naissante et incertains de pouvoir le faire. Tout se joue-là, dans ce chalet, à ce moment précis. Mamet invite le spectateur à découvrir comment les deux hommes réussiront à résoudre le paradoxe.

Danielle Le Saux-Farmer a su, avec doigté, laisser toute la place au texte et aux comédiens, excellents par ailleurs, tout en parsemant ici et là des points d'orgue qui mettent l'emphase sur de beaux moments ou des passages cruciaux. Une scénographie épurée et quelques effets sonores viennent ponctuer la représentation. Le spectateur doit donc être très attentif mais il n'est pas déçu. Un beau texte et un huis-clos lui sont offerts.

Malgré quelques accrocs, les deux comédiens offrent un excellent huis-clos. Un huis-clos à deux personnages est toujours risqué. Tout repose, ou presque, sur les épaules des comédiens. Jean-Denis Beaudoin, l'introverti, et André Robillard, l'extraverti, s'en sortent de brillante manière. Si le naturel n'est pas toujours bien maîtrisé au début, le jeu s'affine rapidement. Deux comédiens qui méritent un coup de chapeau bien bas pour de très bonnes performances.

En conclusion, j'ai le goût de reprendre à mon compte une partie du mot de la metteure en scène dans le programme (pardonnez-moi Danielle Le Saux-Farmer!):  « Merci de m'avoir offert ce spectacle, et d'avoir partager avec moi ce moment de théâtre. »

Le mot de la fin revient à la traductrice Rosemarie Belisle: « David Mamet a écrit une pièce magnifique, toute en subtilité, qui n'en finit plus de révéler sa richesse. Et le collectif Bois franc et langues fourchues en livre une interprétation inspirée qui sert réellement le propos. »

En représentation à Premier acte jusqu'au 4 octobre. Avec Jean-Denis Beaudoin et André Robillard. Une mise en scène de Danielle Le Saux-Farmer.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Danielle Le Saux-Farmer et André Robillard (au tout début de l'émission du 15 septembre) et notre Trois questions à... Danielle Le Saux-Farmer.

Bon théâtre et bonne danse !

mercredi 17 septembre 2014

La famille se crée en copulant: portraits de famille

Le Périscope offre comme deuxième pièce de la saison un texte de Jacob Wren, auteur anglo-montréalais, La famille se crée en copulant. Un savant mélange de portraits de famille qui offre une réflexion sur le mode de vie de la famille moyenne.

Une critique de Robert Boisclair


La famille se crée en copulant est une série de vignettes qui parle surtout de la société actuelle, celle que l'on perpétue en copulant et en agrandissant la famille. Un spectacle en trois temps aux rythmes différents. Un premier au ton badin, un deuxième résolument drôle et festif et un troisième surfant sur le mode réflexif. Chacun se compose d'une série de vignettes sur les hauts et les bas de la famille moyenne qui se multiplie et consomme de plus en plus.

Valérie Laroche est savoureuse en narratrice. Tout au long des deux premières parties, elle égaie le spectacle. Elle chante et agit comme le lien entre de courtes vignettes qui plongent le spectateur dans des univers parfois déjantés. Le reste de la distribution n'est pas en reste. Les comédiens se transforment sous nos yeux au gré des moments volés à des univers et des familles bien disparates.

Deux belles premières parties complétées par un troisième opus avec un ton plus sérieux et posé. Un changement de rythme qui s'étire en longueur et qui lasse un peu. Le personnage de Valérie Laroche qui était le fil conducteur des deux premières parties en liant les vignettes les unes aux autres s'efface. L'histoire nous est alors récitée au lieu d'être incarnée et vécue par les personnages comme ce fut le cas précédemment.

Le texte de Wren est savoureux et bien amené par le metteur en scène Frédéric Dubois. Il faut découvrir cette scène où l'on déroule une page de catalogue au sol. Les spectateurs découvrent alors, grâce à un miroir déformant et grossissant au fond de la scène, le salon d'une famille moyenne. Plusieurs autres moments magiques parsèment la scène comme ce quiz sur la folie de la consommation où chacun pourra s'y reconnaître... et rire un bon coup! Sous la drôlerie et l'esprit déjanté de la pièce, se cache toutefois une réflexion sur notre mode de vie et notre consommation, parfois, effrénée.

Un spectacle déjanté et une réflexion intéressante de notre mode de consommation, que demander de plus pour débuter sa saison de théâtre?

En représentation au Périscope jusqu'au 4 octobre. Avec Éliot Laprise, Valérie Laroche, Claudiane Ruelland, Réjean Vallée et Isabelle Vincent. Une mise en scène de Frédéric Dubois.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Frédéric Dubois (vers la quarantième minute de l'émission du 8 septembre).

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 15 septembre 2014

En complément: émission du 15 septembre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Dans le bois en compagnie de Danielle Le Saux-Farmer
Apprenez-en plus sur le spectacle Dans le bois, à Premier acte dès le 16 septembre, en consultant notre Trois questions à... Danielle Le Saux-Farmer. Découvrez David Mamet, l'auteur de la pièce, en consultant sa biographie sur Wikipédia et Allo Ciné.

Hyperliens en complément de l'interview avec Danielle Le Saux-Farmer
Des images de Dans le bois
Une lecture intéressante à consulter avant d'aller au spectacle: Les étapes de la vie amoureuse

Métier critique en compagnie de Catherine Voyer-Léger
Offrez-vous une autre interview en compagnie de Catherine Voyer-Léger extraite de l'émission Médium large de la Première chaîne radio de Radio-Canada.

Hyperliens en complément de l'interview avec Catherine Voyer-Léger:
Le blogue de Catherine Voyer-Léger
La fiche littéraire de Métier critique
Catherine Voyer-Léger sur Twitter
Une réflexion intéressante sur la critique: Le rôle de la critique de presse dans le champ de l'industrie culturelle

Le Périple
Crédit photo: Christopher Manquillet

Le Périple en compagnie de Émilie Rioux
Venez découvrir notre critique complète, nos images et notre Trois questions à... Agnès Zacharie de ce spectacle.

Hyperliens en complément de notre critique du Périple:
La troupe à l'origine du spectacle: UBUS THÉÂTRE
L'UBUS THÉÂTRE sur Facebook
La critique d'Isabelle Houde du Soleil
La critique d'Alain-Martin Richard de la Revue Jeu

Bon théâtre et bonne danse !

Crise amoureuse, auto-critique et merveilleux périple au menu des Enfants ce soir!

Une émission 100% théâtre ce soir mais très diversifié. Une interview d'un spectacle à venir, une auto-critique  de son travail et une critique d'un spectacle qui tire à sa fin.

Par Robert Boisclair

Les Enfants s'offrent une virée dans le bois en compagnie de la metteure en scène Danielle Le Saux-Farmer qui sera en studio avec nous. Elle dira tout, ou presque, de sa mise en scène de la pièce Dans le bois de David Mamet que présente Premier acte du 16 septembre au 4 octobre.

Que vous aimiez ou détestiez les critiques, joignez-vous à nous pour le deuxième bloc de l'émission. Je recevrai l'auteure Catherine Voyer-Léger qui a écrit Métier critique publié chez Septentrion. Un livre où elle pose des questions qui ouvrent des pistes de réflexion sur le métier de critique et la critique culturelle. Une occasion pour Les Enfants de s'auto-critiquer? Venez le découvrir autour de 17h 50 ce soir.

Le dernier bloc sera consacré à la critique de la pièce Le Périple que présente le Périscope pour une semaine encore. Émilie Rioux se joindra à moi pour commenter ce spectacle.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 13 septembre 2014

Des images de Dans le bois

Dès le 16 septembre, Premier acte offre à son public Dans le bois de David Mamet. Venez découvrir ce spectacle en quelques mots et un extrait vidéo.

Par Robert Boisclair

Deux jeunes garçons, au beau milieu de la forêt, dans un chalet. Deux amoureux en début de relation, qui se retirent pour retrouver le calme, pour avoir du fun, pour être ensemble, seuls. Loin des bruits de la ville, ils y passeront la nuit. En s’ouvrant à l’autre, ils découvriront les blessures du passé, les peurs et les attentes de l’autre.

« Je pars dans un chalet, avec une date. C’est la première fois. Un chalet loin ; de l’asphalte, de mon réseau, de tout. Moi, la date, pis l’état sauvage, avec tout ce que ça inspire. Avec un bagage plein d’attentes. Ça va-tu être le fun? C’est qui cette personne-là? À quoi elle s’attend? Qu’est-ce qu’elle va vouloir qu’on fasse ? Est-ce qu’elle va être énervante ? Est-ce qu’elle va être comme les autres? »
Vivez une minute trente de la relation, parfois violente, de ces deux hommes en début de relation avec cet extrait vidéo. 



Pour en savoir plus sur ce spectacle, consultez le site web de Premier acte ici ainsi que nos Trois questions à... Danielle Le Saux-Farmer ici.

Bon théâtre et bonne danse!

mercredi 10 septembre 2014

Le marketing frileux

Les salles de spectacles ont le marketing frileux. Des spécialistes en communications il en pleut dans les salles de spectacles, et c'est très bien, mais où sont les spécialistes du marketing?

Par Robert Boisclair

Il y en a peu ou prou dans les salles de spectacles de Québec. Pourtant, elles ont besoin d'un tel spécialiste. Les abonnés quittent les salles et la compétition est de plus en plus vive pour conquérir des spectateurs.

Le dollar plaisir des consommateurs n'est pas extensible et l'offre est de plus en plus riche. Un spécialiste marketing permettrait de développer des stratégies efficaces afin de trouver de nouveaux spectateurs dans un environnement de plus en plus compétitif à Québec.

Les avantages d'avoir un spécialiste marketing dans les bureaux de direction ou au conseil d'administration d'un organisme culturel sont nombreux:
  • développement et mise en place de nouvelles approches de développement de la clientèle
  • mise en place de programme de fidélisation des spectateurs
  • gestion proactive des ventes axée sur les résultats
  • développement et gestion efficace des médias sociaux
  • mise en place de stratégies de rajeunissement de la clientèle
Il est temps que les organismes culturels se mettent en mode marketing. C'est une question de survie à moyen et long terme. Les salles de spectacles de Québec sont-elles prêtes à faire le saut? La question est posée.

Bon théâtre et bonne danse!

lundi 8 septembre 2014

En complément: émission du 8 septembre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Partez à la découverte de Chante avec moi, spectacle d'ouverture du Trident, en consultant notre billet ici. Découvrez des photos de répétition de Fées ont soif (à l'affiche de la Bordée dès le 16 septembre) ici et ici une interview de 2008 à la radio de Radio-Canada, où l'auteure Denise Boucher se souvient de la polémique.

Image volée pendant une répétition des Fées ont soif.
Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Apprenez-en plus sur La famille se crée en copulant, que présente le Périscope avec les interviews de Jacob Wren, l'auteur, et Frédéric Dubois, le metteur en scène, à l'occasion de la création de la pièce à l'UQAM en 2008 en cliquant sur ce lien.

Bon théâtre et bonne danse !

C'est parti pour une nouvelle saison passionnante!

C'est déjà le début de la nouvelle saison radiophonique des Enfants du paradis. Trois bonheurs théâtraux sont au menu de l'émission de ce soir.

Par Robert Boisclair

L'émission débute avec Chante avec moi qui ouvre la saison du Trident. Olivier Choinière, l'auteur et le metteur en scène de la production, sera en conversation téléphonique pour nous parler de cette pièce dès 17h 30. Une pièce où cinquante comédiens poussent la ritournelle sur scène pour mettre au monde une fable perturbante et singulière.

Chante avec moi en répétition.
Crédit photo: Jasmin Robitaille

Au deuxième bloc, Les Fées ont soif s'invitent. Cette pièce qui avait provoqué la polémique lors de sa création en 1978 fait un retour sur les planches après plus de 35 ans d'absence sur une scène québécoise. Les comédiennes Lise Castonguay et Lorraine Côté seront en studio pour nous parler de soif de liberté et de quête d'identité en mode féminin. À l'affiche de la Bordée.

Les Fées ont soif en répétion.
Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Au dernier bloc Les Enfants se posent la question: pourquoi, dans ce monde de plus en plus chaotique, fait-on encore des enfants? Frédéric Dubois, metteur en scène de la pièce La famille se crée en copulant présentée au Périscope, viendra nous donner des éléments de réponse puisque cette question est au centre de la production.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 6 septembre 2014

Des images de Chante avec moi

La saison 2014-2015 du Trident débute avec le spectacle à grands déploiements Chante avec moi. Il tiendra l'affiche du 16 septembre au 11 octobre. Venez le découvrir en quelques photos et un extrait vidéo.

Par Robert Boisclair

Cinquante comédiens mettent au monde une fable aussi singulière que perturbante : un univers de comédie musicale, lumineux, enthousiasmant, porteur des dernières utopies de communion collective, qui se transforme en un conditionnement cauchemardesque, broyant ceux qui l'ont créé en toute innocence.

Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici un extrait vidéo de ce spectacle dans sa version montréalaise de 2012 ainsi que quelques photos en répétition de la version québécoise qui s'offrira les planches du Grand Théâtre de Québec dès le 16 septembre. 



Pour en savoir plus sur ce spectacle, consultez le site web du Trident ici.

Bon théâtre et bonne danse!

jeudi 4 septembre 2014

Trois questions à... Danielle Le Saux-Farmer

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Danielle Le Saux-Farmer est comédienne, metteure en scène et créatrice. À l'occasion de la présentation de la pièce Dans le bois, écrite par David Mamet et dont le thème principal est la rencontre face-à-face de deux amoureux qui tentent de trouver l’autre, pour le meilleur et pour le pire, et qui tiendra l'affiche de Premier Acte du 16 septembre au 4 octobre, Les Enfants du paradis lui posent trois questions.

1) Les Enfants du paradis: Pourquoi avoir transposé ce texte originellement écrit pour un homme et une femme en un texte pour deux hommes?

Danielle Le Saux-Farmer: Le texte de Mamet, écrit en 1977, raconte une relation houleuse entre deux personnes. Notre choix d’en faire un couple de deux hommes s’inscrit dans un désir de voir une autre dynamique amoureuse au théâtre.

Certes, la question de l’orientation sexuelle n’est aucunement étrangère à la dramaturgie contemporaine, mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, le réflexe est encore de raconter le couple «normal» à travers un rapport homme-femme. Je souhaite ardemment explorer les questions de diversité sexuelle, tout en questionnant de façon plus large le couple en général.

Par ailleurs, la violence qui se déploie dans la pièce appelle à une énergie, voire un affrontement entre deux hommes. Dans la version originale, le schéma dominant-dominé est très clair : Anne est soumise aux impulsions de Nick. Le spectateur se place forcément du côté de la femme violentée, et contre l’homme violent qui «n’aime pas les femmes». Nous étions davantage interpelés par l’idée de forces égales qui se manifestent à travers une valse de désir et de rage.

La notion de genre comme construction sociale me fascine. La pièce telle que nous la montons me permet de confronter mes propres idées préconçues d’un comportement dit «féminin» à un conflit entre deux personnes qui prennent tour à tour les rôles de dominant et dominé.

Ce choix nous permet de dégager le cœur même du conflit créé par Mamet dans une version brute et réduite à l’essentiel, sans les codes du genre imposés un duo homme-femme. On refait les codes en neutralisant le genre, de sorte que les gars puissent jouer sur les réflexes du public.

2) Les Enfants du paradis: Qu'est-ce qui vous a séduit dans ce texte à la première lecture?

Danielle Le Saux-Farmer
: L’étrangeté du dialogue. Dès la première lecture, je me suis sentie aliénée par la texture insaisissable d’une situation d’apparence banale. On a l’impression que c’est même anecdotique : il n’en est rien. Mamet a créé des plaques tectoniques qui s’entrechoquent avec violence pour lier les personnages. Un réalisme désaxé? On découvre à travers les échanges sinueux, parfois même sibyllins, qu’on vascille entre la réalité et l’impression, l’intuition. Le souvenir, presque. Qui revient par bribes, par impulsions.

Pour moi, le beau paradoxe de cette poésie, c’est que ça finit par rapprocher le spectateur du quotidien, dans la mesure où il se retrouve dans ces moments d’absurde qu’il a lui-même vécus dans une conversation qui tourne en rond : les grandes peines, les joies immenses, les accès de colère, les déceptions, les instants de répit.

La traductrice du texte, Rosemarie Bélisle, a eu les mots justes pour décrire le texte de Mamet : «c’est un texte d’une grande profondeur, mais à laquelle on n’accède que peu à peu...»

Il faut de la patience pour le découvrir, et se frayer un chemin à travers la dynamique changeante et mystérieuse des personnages. Il faut surtout de la foi, et c’est le soupçon que nous avons eu comme collectif dès le début du projet. Une foi constante que tous ces détours dialogiques mèneront à une certaine clarté, voire lucidité. Et c’est en aiguisant nos récepteurs émotifs et sensoriels que nous parvenons, acteurs, concepteurs, et metteure en scène, à saisir cette histoire profondément humaine.

3) Les Enfants du paradis: C'est la rencontre de deux personnes. Pour le meilleur ou pour le pire?

Danielle Le Saux-Farmer: D’instinct, cette rencontre est pour le pire, dans la mesure où elle ne répond ni aux besoins d’Antoine, ni à ceux de Nick. Mais c’est bien là où la théâtralité émerge: comment réagiront-ils à une situation que ni l’un, ni l’autre n’avait prévue? Sauront-ils retourner à leurs coins respectifs du ring de boxe entre chaque ronde, et respecter les minutes de pause? Qu’est-ce qu’on fait sans arbitre? Tous les coups sont-ils permis?

Et comment conclure le match? Je n’ose pas donner une réponse catégorique à cette question, parce que je crois que mon point de vue change encore face à la rencontre de ces deux personnages.

La dualité créée par le contact des deux ouvre les possibilités quant à l’issue de leur amour : avec Nick et Antoine, on a le ying et le yang, le pour et le contre, la main tendue et le recul, les projets et la nostalgie, la naïveté et le cynisme, l’envie et la peur.
On peut atteindre l’équilibre entre ces contraires, mais l’un peut aussi prendre le dessus sur l’autre.

L’humanité qui se dégage du texte me donne envie de dire que c’est pour le meilleur. Malgré les blessures et les paroles qui ne peuvent être désavouées, l’abandon, au sens d’acceptation, ne peut qu’être une façon de dire oui à la vie, et à l’Autre.

Apprenez en plus sur ce spectacle en visitant le site web de Premier Acte ici.

Bon théâtre et bonne danse !

mardi 2 septembre 2014

Trois questions à... Marie-Ginette Guay

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Marie-Ginette Guay est comédienne, metteure en scène et enseignante au Conservatoire de Québec. À l'occasion de la présentation de la pièce Les Fées ont soif de Denise Boucher qui tiendra l'affiche de la Bordée du 16 septembre au 11 octobre, Les Enfants du paradis lui posent trois questions.

1) Les Enfants du paradis: Une pièce qui dénonce l'aliénation des femmes ou une pièce qui raconte l'histoire d'une naissance?

Marie-Ginette Guay: Cette pièce est bien sûr un pamphlet féministe, elle dénonce et appelle à de meilleures relations entre nous. On pourrait presque dire que cette pièce est un cri de ralliement pour une société plus juste et plus humaine.

2) Les Enfants du paradis: Une pièce toujours aussi pertinente 26 plus tard?

Marie-Ginette Guay
: Au public de juger si cette pièce est toujours pertinente mais nous sommes quelques unes et quelques uns à penser que les fées d'ici et d'ailleurs ont toujours soif de liberté, de justice et d'amour.

3) Les Enfants du paradis: Est-ce un réquisitoire contre les hommes ou un appel au changement avec les hommes?

Marie-Ginette Guay: Si le propos de cette pièce se situe contre quelque chose c'est contre l'aliénation de toutes sortes. Et je crois que les fées de Denise Boucher tendent la main à tous ceux et toutes celles qui veulent un monde où naître femme ouvre la porte à tous les possibles, pour toutes et tous.

Apprenez en plus sur ce spectacle en visitant le site web de la Bordée ici.

Bon théâtre et bonne danse !