mardi 6 août 2019

Le prénom: fous rires garantis!

Le prénom est un boulevard malin, à la fois cynique et burlesque qu'il ne faut pas manquer. Le spectacle est présenté à La Bordée et ne tient l'affiche qu'un tout petit mois à peine, alors ne boudez pas votre plaisir et courez voir ce spectacle avant qu'il ne disparaisse.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Vincent Champoux
Synopsis (tiré du site web du théâtre et de Production Dream Team)
Adaptation québécoise de la pièce et du film à succès Le prénomUne naissance, un heureux événement? Et si le choix d’un prénom d’un bébé provoquait un vrai tollé lors de ce qui se voulait un banal souper de famille? Des moments rocambolesques, des insultes lacérées… Une comédie savoureuse où chaos, démesure et règlement de comptes sont au rendez-vous!

Au cours d'une soirée, lors d'un dîner familial, l'un des convives annonce qu'il va appeler son fils A..., ce qui provoque une crise de colère de la part des autres qui considèrent que ce prénom est tabou. La discussion s'envenime et la soirée tourne au règlement de comptes. S'ensuivent alors les non-dits et les vérités de chacun et tous finissent par avoir de violentes altercations.


Pierre:
Je te vois bien avec un prénom classique… Mathieu, Paul!

Vincent:
C’est pas un apôtre.

Pierre:
Paul non plus.

Vincent:
Paul était pas apôtre?!

Pierre:
Pas un des Douze en tout cas!

Vincent:
Y devait être back-up.

LA comédie de l'été
Quelle belle idée d'offrir du théâtre d'été en plein centre-ville! La Bordée frappe juste avec Le prénom, succès théâtral parisien de 2010, succès cinématographique de 2012 et théâtral, cette version ayant été présenté à Montréal la même année. C'est LA comédie de l'été de 2019.

Le texte original ayant été adapté à la réalité du Québec et de Québec est un petit bijou. Les références au contexte québécois sont d'une rare intelligence. Les répliques fusent comme des pétards et font flèches de tout bois. Les dialogues sont ciselés et la mise en scène ajoute de magnifiques moments de théâtre. Tous les codes de la comédie sont utilisés efficacement: mimiques, ralentis, chorégraphies, entrées et sorties inattendues, accélérés,... Tout y est et est savamment saupoudré. Pas ou peu de temps morts dans cette comédie.

Les auteurs invitent les spectateurs dans une merveilleuse joute verbale. La gauche affronte la droite dans une série de répliques plus assassines les unes que les autres. Il n'y a ni vainqueur, ni vaincu qu'une comédie jubilatoire, du vernis écaillé et des griefs exhumés. La jouissance est collective.

Ariel la magnifique
Les personnages sont justes assez typés laissant aux deux metteurs en scènes et aux comédiens la latitude pour mettre en évidence les contradictions. Le délire est alors total et d'une efficacité folle. La direction de comédiens est impeccable. Un pari merveilleusement réussi à deux metteurs en scène en plus, ce qui n'était pas évident.

Les comédiens se démènent sur scène, certains suent à grosses gouttes, pour notre plus grand plaisir. La distribution est parfaite. Ils sont tous excellents même si Ariel Charest se démarque du lot. On lui découvre un naturel comique peu soupçonné dans ses précédentes interprétations et livre de grands numéros comiques. Elle a eu droit à une salve d'applaudissements à l'occasion d'un long soliloque vers la toute fin du spectacle, savant mélange entre le drame et la comédie. Sa performance n'enlève rien à la très grande qualité du travail des autres comédiens, tous superbes et forts drôles.

Allez-y surtout si vous aimez: les comédies grinçantes, les soirées qui tournent au carnage, les huis clos à la fois cruel, vivant, léger, méchant et réconfortant, les joutes verbales hilarantes, les adaptations qui utilisent les références québécoises avec intelligence.

Jusqu'au 31 août à La Bordée. Avec Maxime Beauregard-Martin, Ariel Charest, Paul Fruteau de Laclos, Nicolas Létourneau et Nathalie Séguin. Un texte d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte adapté par Maryse Warda. Une mise en scène de Marie-Josée Bastien et Jonathan Gagnon.

Bon théâtre et bonne danse!
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