vendredi 31 octobre 2014

Sweeney Todd: d'une grande splendeur visuelle

Le Capitole s'offre un comédie musicale à l'humour macabre jusqu'au 8 novembre. Venez découvrir le diabolique Sweeney Todd.

Une critique de Robert Boisclair


Sweeney Todd est un barbier de grand talent qui, au retour d'un exil de quinze ans, découvre que sa femme est morte et que sa fille est prisonnière d'un juge qui a le dessein de l'épouser. Aidé de Mrs Lovett, une pâtissière, il prend la décision d'assassiner le juge. Après une tentative ratée, il entre dans une folie meurtrière et assassine ses clients qui finissent comme chair à pâté, pour le plus grand bonheur, et succès, de Mrs Lovett.

Le Théâtre Décibel, producteur du spectacle, a joué d'audace avec cette production réputée difficile pour les chanteurs. Le pari musical et chanté est relevé de haute main. Une distribution aux voix magnifiques tirent admirablement bien ses ficelles dans un répertoire varié. Soulignons le travail vocal et l'interprétation nuancée de Katee Julien qui interprète une Mrs Lovett absolument savoureuse. Une performance de fort calibre d'un personnage complexe.

La fluidité du spectacle n'est malheureusement pas toujours au rendez-vous. Des changements de décor qui se prolongent et un long escalier que les interprètes n'ont de cesse de monter et descendre, surtout au premier acte, brisent le rythme du spectacle.

Sweeney Todd est d'une très grande splendeur visuelle. Le décor est à la fois minimaliste et sombre et les costumes d'époque sont magnifiques. L'éclairage macabre à souhait avec une dominante de gris et de noirs, évocatrice des films d'horreur, et où le rouge sang s'amène dans les moments de folie de Sweeney Todd, stylise les moments d'horreur.

Malgré cette beauté formelle, Sweeney Todd ne parvient pas toujours à provoquer l'émotion. L'ambiance est noire, horrifique et meublée de belles images mais on en ressort avec une sorte de vague à l'âme.

Si la splendeur visuelle est au rendez-vous, la qualité musicale n'est pas en reste. La partition musicale et l'interprétation en direct sont impeccables. Une performance de haute qualité qui vient appuyer à merveille le travail des chanteurs.

Si le moments d'horreur sont au rendez-vous, l'humour s'y pointe le nez également. La traduction de Joëlle Bond fait la part belle à l'humour noir. Elle y ajoute même une touche locale. Il faut voir le spectacle pour savoir de quoi il en retourne exactement.

Malgré quelques défauts, Sweeney Todd est un bijou d'esthétisme avec de grandes qualités artistiques qu'il faut aller voir.

En représentation au Capitole jusqu'au 8 novembre. Avec Pierre-Olivier Grondin, Andréanne Bouladier, Renaud Paradis, Katee Julien, Jean Petitclerc, Sabrina Ferland, Jonathan Gagnon, David Noël, Mathieu Samson, Patrick Brown, Sylvie Malenfant et David Souza.. Une mise en scène de Louis Morin. Une traduction de Joëlle Bond.

Apprenez en plus sur ce spectacle en visitant le site du Théâtre Décibel.

Bon théâtre et bonne danse !

jeudi 30 octobre 2014

Guerre et paix: quand humour et marionnettes s'en mêlent!

Le Théâtre du Sous-marin jaune et le Théâtre de Quartier proposent une jouissive version du roman Guerre et paix de Léon Tolstoï à la Bordée. Une belle aventure en super marionnettoscope!

Une critique de Robert Boisclair


Le Sous-marin jaune et son célèbre Loup bleu proposent une belle aventure au coeur de l'Histoire et de l'histoire du début du XIXe siècle, avec des marionnettes aux styles forts différents les uns des autres. Si la marionnette traditionnelle occupe une bonne place dans ce spectacle, on y retrouve également des plein-pieds et des bustes. La marionnette de carton-pâte côtoie donc sa version traditionnelle. À ce bel amalgame s'ajoute des personnages bien en chair et en os. Un mélange qui peut sembler anachronique, mais qui sied merveilleusement bien à cette chronique de l'Histoire résumée d'abord en deux petites minutes, version Loup bleu, puis interprétée, pour notre plus grand plaisir, en une heure trente.

L'aventure de nos héros se passe pendant la campagne de Russie des guerres napoléoniennes. Si les grands hommes s'y affichent, le synopsis du spectacle, tout comme celui du roman d'ailleurs, s'intéresse aux destins de bourgeois russes. Ceux d'un patriote dont le coeur ne bat que pour sa patrie, d'un autre plutôt introverti et d'une jeune femme qui ne rêve que d'amour. Les destins de nos héros se croisent et s'entrecroisent alors que les grands hommes de l'époque n'en ont que pour la guerre.

L'Histoire et les histoires de nos héros sont passées à la moulinette du Loup bleu. L'humour et le ton irrévérencieux s'invitent dès le début de la pièce. Loup bleu s'amène sur une immense marionnette cheval et nous raconte, en deux minutes, malgré quelques interruptions de Tolstoï en personne, pardon en marionnette, ce que nous allons vivre dans la prochaine heure trente.

Puis la folie des grandeurs aidant, celles des grands hommes de la pièce mais aussi celle des artistes et artisans du spectacle, la scène de la Bordée devient tout à tour un immense champ de bataille, une chambre de jeune fille ou une salle d'accouchement. Le décor est sobre, mais rapidement les quelques meubles présents sur scène dévoilent leurs secrets. Parfois de manière bien surprenante. Il faut voir comment les armées française et russe apparaissent sur scène. En deux temps, trois mouvements deux armées se font face. Un petit bijou d'ingéniosité.

Il y a bien quelques bémols, des changements de scène un peu long parfois et quelques petits problèmes de texte mais c'est bien peu pour cette production de grande qualité. Les comédiens manipulateurs sont de véritables champions de la transformation. Le passage d'un personnage à l'autre se fait sans heurts. L'effet marionnette aidant, on croit à ces changements rapides de personnage.

Guerre et paix est un spectacle dont on ressort le coeur léger et le sourire aux lèvres. Un spectacle en supermarionnettoscope qui propose une version déjantée et amusante de cette oeuvre de Tolstoï. Un spectacle à ne pas rater d'ici le 22 novembre.

En représentation à la Bordée jusqu'au 22 novembre. Avec Paul-Patrick Charbonneau, Antoine Laprise, Jacques Laroche et Julie Renault. Une mise en scène d'Antoine Laprise. Un texte de Louis-Dominique Lavigne.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Antoine Laprise (vers la vingtième minute de l'émission du 20 octobre).

Bon théâtre et bonne danse !

mercredi 29 octobre 2014

Trois questions à... Louis-Dominique Lavigne

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair


Guerre et paix

Louis-Dominique Lavigne est codirecteur artistique du Théâtre de Quartier et adaptateur du texte de Léon Tolstoï, Guerre et paix, qui est à l'origine du spectacle Guerre et paix que présente la Bordée du 28 octobre au 22 novembre. Les Enfants du paradis lui posent trois questions au sujet de cette production.

1) Les Enfants du paradis: Qu'est-ce qui vous passionne tant dans le roman de Tolstoï pour en faire une adaptation?

Louis-Dominique LavigneGuerre et paix n’est pas un roman comme les autres. Le récit que le roman raconte est non seulement captivant, mais il apporte une réflexion sur la condition humaine d’une rare actualité. Dans le roman, il y a une couche romanesque, une couche historique et une couche réflexive, voire didactique. C’est ce qui me plait et que je ne rencontre pas souvent dans la littérature.

Guerre et paix est le genre de roman à idées, réussi celui-ci, qu’annonce Kundera dans ses essais. Dans Guerre et Paix, il y a la guerre et la paix. Tolstoï dénonce la guerre et commence, dans ce roman, à élaborer ses thèses pacifistes qui vont se radicaliser à mesure qu’il va vieillir. Dans Guerre et Paix, ce n’est pas n’importe quelle guerre, dont on parle. C’est presque une guerre métaphorique. Il s’agit de cette fameuse campagne de Russie où les gagnants (les Français) perdent et où les perdants (les Russes) gagnent. Cette guerre est encore à l’échelle humaine. Avec chevaux, canons, baïonnettes, soldats.

Et puis à travers tout cela évoluent beaucoup de personnages d’une rare force. Ceux que je retiens sont les personnages-pivots de l’œuvre : Pierre, André et Natacha. Ils vivent dans ce contexte historique très dense, une histoire d’amour qui rappelle le conte de fées. La force presque naïve de ces personnages donne à cette guerre, d’une horreur indescriptible, une dimension grotesque presque ridicule. Tolstoï raconte tout cela en même temps tout en donnant un point de vue très personnel aux événements historiques qui se construisent à mesure. C’est un peu pour toutes ces raisons que j’ai voulu adapter bien modestement le roman de Tolstoï : afin de partager avec les spectateurs, ce plaisir de la réflexion vécue à travers une histoire d’amour.

2) Les Enfants du paradis: Adapter et écrire pour des marionnettes est-il plus difficile que pour des acteurs en chair et en os?

Louis-Dominique Lavigne: C’est peut-être plus difficile parce que je connais moins ça. En écrivant pour les marionnettes, je savais une chose. Quand on écrit pour la marionnette, c’est toujours la marionnette qui domine le texte. Je m’attendais déjà à ce que mon texte soit souvent ajusté aux contraintes de la scène. Quoique, nous avions prévu le coup, Antoine (Note des Enfants du paradis: Antoine Laprise est le metteur en scène du spectacle) et moi, le Théâtre de Quartier et le Sous-Marin Jaune. Nous avons prévu d’importantes périodes d’exploration et d’apprentissage dont j’ai beaucoup bénéficié. Avant l’écriture du spectacle, il y a eu trois importants labos. Antoine m’a beaucoup encadré. J’ai fait un nombre considérable de versions à partir de toutes sortes d’exercices de style qu’Antoine commentait à chaque fois. Si bien que ma dernière version convenait à l’équipe. Elle était très travaillée. Elle a été assez bien suivie par les acteurs. J’ai adoré la méthode de travail. Avant de commencer les répétitions, Antoine et moi, on était très préparé.

3) Les Enfants du paradis: Votre adaptation colle-t-elle de près à la trame originale de Tolstoï?

Louis-Dominique Lavigne: Le plus possible. Avec quand même une position personnelle de la part d’Antoine et moi dont nous avons beaucoup discuté.

Il s’agit d’un roman de 2000 pages. Que j’ai lu trois fois! Nous avons dû choisir. J’ai du coupé plusieurs personnages que nous aimions beaucoup. Ç’a été parfois frustrant de ce point de vue. Mais en même temps se dessinait une ligne claire que j’appréciais. Je ne voulais pas que le public soit perdu dans un trop grand nombre de personnages. Ici ce n’est pas un roman qu’on lit avec la possibilité de revenir afin de mieux suivre tel ou tel personnage. Dans un spectacle de théâtre, il faut que le spectateur puisse comprendre l’histoire tout de suite et l’évolution des personnages en même temps qu’il suit le spectacle.

J’ai essayé de garder ce qui nous apparaissait comme les scènes incontournables de l’œuvre. Avec notre point de vue sur l’œuvre et l’auteur. Ce qui est fascinant et ça, je ne m’y attendais pas, c’est que plus j’adaptais l’œuvre et plus j’admirais son auteur de toutes les façons. J’ai à peu près tout lu des œuvres de Tolstoï traduites en français, même son théâtre, excepté son journal que je lis tranquillement avec beaucoup de plaisir. C’est un document exceptionnel.

Je me suis amusé à retracer tous les écrivains qui ont écrit de près ou de loin sur Tolstoï, qui l’ont admiré. Il y en a beaucoup. Des Français, des Allemands, des Américains, des Britanniques… même des Québécois. Parmi nos écrivains les plus célèbres. Tolstoï a une vie fascinante. Il est un écrivain admiré par tant d’écrivains. Son engagement politique est exemplaire. D’une rare profondeur. Il aura été la conscience de son siècle.

À la fin de sa vie, il était une rock star idéologique planétaire écouté partout dans le monde. La nouvelle de sa mort fit l’effet d’une bombe. Le retentissement de cette mort d’écrivain est sans doute impossible de nos jours. Son engagement se radicalisait de plus en plus à mesure que l’écrivain vieillissait. Cet engagement a encore des résonances aujourd’hui. Du côté des pacifistes particulièrement. Nous avons cherché à rappeler un petit peu cette implication de Léon Tolstoï sur son temps à travers notre adaptation.

Apprenez en plus sur ce spectacle en consultant le site web de la Bordée ainsi que notre interview avec Antoine Laprise (vers la vingtième minute de l'émission du 20 octobre).

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 27 octobre 2014

En complément: émission du 27 octobre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Vania en répétition
Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Danse de garçons
Danse de garçons, une coproduction avec la rotonde, tiendra l'affiche du Périscope du 4 au 9 novembre.

Hyperliens en complément de l'interview pour Danse de garçons
Extrait de Danse de garçons 
Site web de la compagnie Danse K par K (à l'origine du projet)

Vania en compagnie d'Hugues Frenette
Vania tiendra l'affiche du Trident du 4 au 29 novembre.

Hyperliens en complément de l'interview avec Hugues Frenette
Des photos du spectacle en répétition
Biographie d'Anton Tchékhov (l'auteur de la pièce)
Quatorze citations tirées d'Oncle Vania

Bon théâtre et bonne danse !

Des comédiens qui se prennent pour des danseurs, crise existentielle et panel théâtre aux Enfants ce soir!

Un nouveau chroniqueur se joint aux Enfants pour partager son amour du théâtre. Venez le découvrir lors de notre panel de fin d'émission. En prime à l'émission de ce soir, des comédiens qui se prennent pour des danseurs et l'univers tchekhovien de Vania!

Par Robert Boisclair

Danse de garçons
Crédit photo: David Cannon

L'émission débutera avec un invité surprise (ou peut-être deux, qui sait?) qui nous entretiendra du spectacle Danse de garçons que coprésente la rotonde et le Périscope dans la salle du théâtre du 4 au 9 novembre. Hugues Frenette, l'interprète d'oncle Vania, viendra faire un tour en studio au deuxième bloc pour nous parler de Vania que présente le Trident du 4 au 29 novembre.

La deuxième moitié de l'émission sera entièrement consacrée à notre premier Panel théâtre de la saison. Une rencontre mensuelle le dernier lundi de chaque mois où nos chroniqueurs feront un retour sur les pièces au cours du dernier mois. Coups de coeur, spectacle ou événement marquants et moments mémorables occuperont cette portion de l'émission. Près de trente minutes en compagnie des chroniqueurs habituels, Marc Proulx et Émilie Rioux, ainsi qu'avec un nouveau collaborateur, David Lefebvre de montheatre.qc.ca. Une nouveauté à ne pas manquer ce soir!

P.S.: Surveillez notre billet En complément qui apparaîtra sur ce blogue dès 17h 30 ce soir. Vous y trouverez de l'information complémentaire et intéressante sur ces trois événements.

Bon théâtre et bonne danse !

dimanche 26 octobre 2014

Trois questions à... Marie Gignac

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Vania en répétition
Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Marie Gignac est directrice artistique du Carrefour international de théâtre et metteure en scène de Vania que présente le Trident du 4 au 29 novembre. Les Enfants du paradis lui posent trois questions au sujet de cette production.

1) Les Enfants du paradis: Pourquoi avoir choisir le jeune Hugues Frenette pour interpréter Oncle Vania, rôle habituellement interprété par des comédiens plus âgés?

Marie Gignac: Le personnage de Vania est habituellement joué par des acteurs plus âgés parce que c'est un rôle exigeant, complexe, qui demande du souffle, une grande virtuosité émotionnelle et beaucoup d'abandon. Et je voulais un Vania énergique: après tout, il n'a que 47 ans! Hugues a juste quelques années de moins que lui, mais son immense talent, son exceptionnelle maturité artistique et son expérience compensent amplement… Et puis c'est un acteur que j'adore, qui se donne à fond, avec qui j'ai développé une grande complicité et à qui je peux tout demander…

2) Les Enfants du paradis: Le monde de Vania vacille. Il est en crise existentielle. Est-ce une pièce sur le temps qui passe et le bonheur ou est-ce un bilan de vie?

Marie Gignac: Difficile de résumer, les motifs et les sens sont nombreux mais je dirais que c'est une pièce sur l'écoulement du temps, sur le vieillissement, ou plutôt le sentiment de vieillir, qui peut être aussi aigu à 30 ans qu'à 60 ou 90 : la conscience du temps qui passe, inéluctablement, avec ce tout ce qu'il porte de regrets, les rêves meurtris, les ambitions avortées, les échecs et les ratages, amoureux et professionnels, la condition humaine et sa finalité…

3) Les Enfants du paradis: Comment décririez-vous Vania, le personnage, en quelques mots?

Marie Gignac: Un enfant et un vieillard en même temps, brillant, hyper-sensible, constamment frustré, extrêmement lucide, plein d'auto-dérision, oscillant sans cesse entre l'espoir et le désespoir, un personnage comique et tragique à la fois.

Apprenez en plus sur ce spectacle en visitant le site web du Trident ici.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 25 octobre 2014

Gustavia: duo burlesque

À la Salle Multi de Méduse, pour encore un soir, la rotonde offre au public de Québec un duo burlesque. Un programme simple et efficace: deux danseuses, chorégraphes, performeuses et deux arts qui se conjugent. Rencontre entre le burlesque et la danse.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Marc Coudrais

Une scène tout de noir vêtu. Des draps de velours noir recouvrent le sol. Pendrillons et rideaux de théâtre entourent la scène sur trois côtés. Quelques accessoires jonchent le sol. Un micro est bien en vu. Deux danseuses habillées de noir et chaussées de hauts talons s'avancent au micro. Le spectacle débute par une scène de pleureuses. Doucement, la scène glisse vers le burlesque et la clownerie que les deux artistes amènent avec subtilité et avec une bonne dose d'espièglerie.

Suivront des scènes typiques du burlesque: jeu de chaises qui chambranlent ou jeu de biceps, bien plus drôle joué par des femmes que des hommes. Et des moments moins traditionnels, mais qui ne manque pas de piquant, d'intérêt ou de drôlerie: répétitions de gestes ou moments inopinés de folie. Le spectacle se conclue sur une note toute féminine où les deux interprètes, juchées sur des tabourets déclinent la femme sous toutes ses coutures... ou presque.

Des scènes qui semblent bien disparates à prime abord, mais il n'en est rien. Les enchaînements coulent très bien, à une exception près, et l'ambiance burlesque est toujours bien présente. L'on prend plaisir à suivre les personnages dans leur pérégrinations. À découvrir le prochain geste, la prochaine mimique, le prochain moment dansé qui se transformera en clownerie.

Il est bien peu question de danse dans ce spectacle. Beaucoup de gestuelles et de burlesque ou de clownerie. Une belle incursion dans un univers peu fréquenté en danse. Chaplin, Keaton et autres génies du burlesque rencontrent la danse. L'exploration est d'autant plus intéressantes que ce sont deux femmes qui jouent avec les codes.

Le dénouement, alors que les deux interprètes scandent le texte où elles déclinent la femme sous toutes ses coutures, est certainement le plus beau moment de ce spectacle. Elles y décrivent la femme avec humour, espièglerie et dérision.

Un duo burlesque qui offre une perspective personnelle et surprenante de la danse et de la clownerie. Bref, une exploration dansée et féminine qui sort des sentiers battus.

En représentation au Studio Multi de Méduse pour encore un soir. Des représentations auront également lieu à l'Agora de la danse à Montréal du 29 octobre au 1er novembre et au Centennial Theater de Sherbrooke le 4 novembre. Avec et dans une chorégraphie de Mathilde Monnier et La Ribot.

Apprenez en plus sur ce spectacle en consultant nos Mots des concepteurs à la chorégraphe Mathilde Monnier et au concepteur sonore du spectacle Olivier Renouf.

Bon théâtre et bonne danse !

mercredi 22 octobre 2014

Photosensibles: incursion dans la chambre noire de l'Histoire

Photosensibles, que présentent Premier acte jusqu'au 8 novembre, portent bien son nom. Un spectacle où la photographie et la sensibilité sont à l'honneur. 

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Jérémie Battaglia

Cinq clichés qui ont fait l'Histoire, cinq auteurs, cinq histoires qui se cachent derrière chaque cliché. C'est la trame de départ de ce voyage dans la petite histoire, pas toujours drôle, derrière chacun de ces clichés. La pièce débute avec le maître de cérémonie, interprété par Maxime Robin, installé dans un décor inspiré de la chambre noire des photographes. Il est le lien entre les différentes histoires proposées.

Cinq auteurs donc cinq styles: poésie, drame et humour s'y côtoient. Malgré la grande variété de style, il en ressort une grande sensibilité aux drames que peut, ou pas, vivre, celui qui a photographié ou vécu l'Histoire. L'histoire prend le pas sur l'Histoire. Le vécu sur le vu. La réalité derrière l'impression que laisse l'image. Car si l'image parle, elle ne dit pas toute la vérité. Qu'une parcelle. Et parfois même, une fausse vérité.

Si l'enrobage de la pièce manque parfois de fini et de précision, le spectacle n'en est pas moins de grande qualité. Les interprétations, toutes sur le mode du monologue, sont d'excellentes qualité. Les interventions du maître de cérémonie sont à la fois didactiques, et ce n'est pas un défaut ici, amusantes et surprenantes.

La scénographie épurée permet de mettre l'emphase sur l'histoire et l'émotion de personnages que l'image obsède pour de multiples et différentes raisons. C'est une des perles de ce spectacle soit, d'amener le spectateur dans des univers disparates qui transforment le regard porté sur les clichés proposés. Une belle découverte à chaque fois.

Le dénouement, que je ne dévoilerai pas ici, conclue bien ce spectacle sur le regard faussé que propose un cliché figé dans le temps. C'est à la fois une parcelle de vérité et une fausse vérité puisque chaque cliché est, à sa manière, une prise de position, un regard biaisé d'une réalité complexe. La remise en perspective que propose l'équipe de production est un vibrant rappel que, si l'image vaut mille mots, il y en a mille autres qui sont oubliés. Parfois plus humains, plus sensibles ou plus près de la réalité.

Un spectacle rempli de sensibilité, d'espoir et d'amour de la vie qu'il faut aller voir.

En représentation à Premier acte jusqu'au 8 novembre. Avec Maxime Robin, Noémie O'Farrell, Mykalle Josha, Joëlle Bond, Lise Castonguay, Guillaume Pelletier et Denis Harvey. Une mise en scène de Maxime Robin et Noémie O'Farrell. Des textes de Roxanne Bouchard, Véronique Côté, Jean-Michel Girouard, Jean-Philippe Lehoux et Gilles Poulin-Denis.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Maxime Robin et Noémie O'Farrell (au tout début de l'émission du 13 octobre).

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 20 octobre 2014

En complément: émission du 20 octobre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Dans le noir, les yeux s'ouvrent

La saison 2014-2015 de la rotonde en compagnie de Steve Huot
La programmation 2014-2015 de la rotonde.

Hyperliens en complément de l'interview avec Steve Huot
Extrait de So Blue 
Extrait du spectacle Les chaises
Extrait commenté de Symphonie dramatique
Extrait de Usually Beauty Fails

Guerre et paix en compagnie d'Antoine Laprise
Guerre et paix tiendra l'affiche de la Bordée du 28 octobre au 22 novembre.

Hyperlien en complément de l'interview avec Antoine Laprise
Guerre et paix de Léon Tolstoï

Dans le noir, les yeux s'ouvrent en compagnie de Jean-Philippe Joubert
Dans le noir, les yeux s'ouvrent tiendra l'affiche des Gros Becs du 30 octobre au 9 novembre.

Hyperliens en complément de l'interview avec Jean-Philippe Joubert
Court extrait du spectacle
Des images du spectacle
Deux extraits du texte

Bon théâtre et bonne danse !

Danse, marionnettes, cirque et théâtre s''invitent aux Enfants ce soir!

Le théâtre et la danse s'éclatent en multiples styles pour l'édition radiophonique de ce soir. Soixante minutes de découvertes et de bonheur!

Par Robert Boisclair

Guerre et paix en répétition.

Au tout début de l'émission, Steve Huot, le directeur général et artistique de la rotonde, fera un tour d'horizon de la saison dansée 14-15 de son organisme qui débutera cette semaine.

Antoine Laprise viendra faire un tour en studio au deuxième bloc pour nous parler de la folle aventure et de l'adaptation des 2000 pages du roman Guerre et paix en théâtre de marionnettes. Le spectacle tiendra l'affiche de la Bordée du 28 octobre au 22 novembre.

Le dernier bloc tournera autour du théâtre et du cirque en compagnie de Jean-Philippe Joubert. L'idéateur, l'auteur et le metteur en scène du spectacle Dans le noir, les yeux s'ouvrent sera en conversation téléphonique pour tout nous dire de ce spectacle alliant théâtre, cirque et... noirceur! Un spectacle jeune public des Gros Becs qui tiendra l'affiche du 30 octobre au 9 novembre.

P.S.: Surveillez notre billet En complément qui apparaîtra sur ce blogue dès 17h 30 ce soir. Vous y trouverez de l'information complémentaire et intéressante sur ces trois événements.

Bon théâtre et bonne danse !

dimanche 19 octobre 2014

Merci Roland!

À la Salle Multi de Méduse, et dans le cadre de Québec en toutes lettresDernier Demain, un texte écrit pour le comédien Roland Lepage par Daniel Danis, était présenté pour deux soirs seulement. Une succession d'histoires poignantes, émouvantes et humaines au programme en compagnie d'un grand comédien de Québec.

Par Robert Boisclair

Il y a des moments rares dans la vie. De bonheur. D'émotion. Par le privilège de rencontrer un monstre sacré du théâtre de Québec et du Québec. Ce fut le cas le 16 octobre avec Dernier Demain.

Roland Lepage et le musicien Marc Vallée
dans Dernier Demain
Crédit photo: Mathieu Falaise

Tu y étais, tu me permettras de te tutoyer Roland, moi qui te connais très peu, personnellement s'entend. On se croise dans les premières. Je suis toujours un peu intimidé de te parler. Tu représentes tellement de beaux moments de théâtre que cela m'intimide, je suppose. Pourtant, je devrais te dire ce que tu représentes pour moi. Un acteur de grand talent et un auteur qu'on aurait mérite à mieux connaître.

Tu y étais donc ce jeudi 16 octobre. Seul. Enfin presque, Marc Vallée t'y accompagnait. Dans la pénombre de la scène tu étais assis devant un texte, fort bien écrit et imagé d'ailleurs, que tu lisais doucement. Avec ta voix magnifique et si reconnaissable entre toutes. Tu t'es emparé de cette pièce avec un talent fou. Ton talent. Tu en as fait une succession d'histoires poignantes, tristes, drôles par moments, émouvantes, humaines.

Roland Lepage dans Dernier Demain
Crédit photo: Mathieu Falaise

Quel bonheur d'avoir le privilège de te voir seul sur scène. Un comédien seul sur scène avec son texte, n'y a-t-il rien de plus beau, de plus pur au théâtre? Certainement pas. Et encore moins quand c'est toi qui interprète un si beau texte.

Dans le programme du spectacle, Daniel Danis mentionne que tu lui as demandé ceci: « Écris-moi quelque chose avant que je tombe dans le silence. » Tu me permettras de reprendre à mon compte tes mots: « Puisses-tu encore jouer longtemps sur nos scènes avant de tomber dans le silence. »

Merci Roland pour ce moment de théâtre!

Roland Lepage et le musicien Marc Vallée
dans Dernier Demain
Crédit photo: Mathieu Falaise

Dernier Demain a été présenté à la Salle Multi de Méduse les 16 et 17 octobre. Avec Roland Lepage et le musicien Marc Vallée. Un texte de Daniel Danis.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 18 octobre 2014

Les mots des concepteurs: Olivier Renouf, concepteur sonore

Les mots des concepteurs est une série qui laisse toute la place aux concepteurs, héros de l'ombre des spectacles de théâtre et de danse de Québec. Sans eux, ils n'y auraient pas de si beaux moments théâtraux et dansés. Avec leurs mots, ils nous disent le bonheur et le plaisir de travailler à tel ou tel spectacle.

Olivier Renouf est un concepteur sonore pour des spectacles de théâtre, de danse contemporaine et d'installations. Il nous dit dans ses propres mots d'où est venu son inspiration pour la création et la réalisation sonore de Gustavia qui tiendra l'affiche de la rotonde les 24 et 25 octobre. Place aux mots d'Olivier Renouf.

Par Olivier Renouf

Gustavia
Crédit photo: Marc Coudrais

Pendant les répétitions, au cours de dialogues et d'essais variés et improvisés avec Mathilde et Maria, l'idée d'un orage (une envie de Maria) et de sonorités provenant des musiques dites electro ou electronica se sont imposées.

Pour ce qui est de l'orage et de la pluie l'accompagnant, c'est en piochant des éléments dans mes prises de son personnelles que cela s'est construit en se rapprochant du déroulement réel d'un fort orage. La présence des musiques electro est un mélange d'éléments que j'ai créé pour l'occasion et d'un morceau emprunté que j'ai « arrangé », un peu à la manière d'un remix.

Le choix d'amplifier les voix parlées au début et à la fin du spectacle tient au désir de singulariser l'adresse au public.



Apprenez en plus sur ce spectacle en consultant le site web de la rotonde ou notre Mots des concepteurs à Mathilde Monnier.

Bon théâtre et bonne danse !

mercredi 15 octobre 2014

Les mots des concepteurs: Mathilde Monnier, chorégraphe

Les mots des concepteurs est une série qui laisse toute la place aux concepteurs, héros de l'ombre des spectacles de théâtre et de danse de Québec. Sans eux, ils n'y auraient pas de si beaux moments théâtraux et dansés. Avec leurs mots, ils nous disent le bonheur et le plaisir de travailler à tel ou tel spectacle.

Mathilde Monnier est une chorégraphe et une danseuse de renom. Elle nous dit dans ses propres mots d'où est venu son inspiration pour la production Gustavia qui tiendra l'affiche de la rotonde les 24 et 25 octobre. Place aux mots de Mathilde Monnier.

Par Mathilde Monnier

Gustavia
Crédit photo: Marc Coudrais

Gustavia est née de la rencontre avec La Ribot, artiste chorégraphique espagnole protéïforme, qui a un parcours différent du mien.  Elle se situe davantage dans le champ des arts visuels et de la performance, en plus de son parcours de danseuse et chorégraphe.

En discutant, nous nous sommes retrouvées sur des réflexions communes autour de l’art et de la question de la représentation, mais également de la question de la femme artiste. Deux femmes artistes donc et l’envie de parler librement de ce métier, des dérives, des inquiétudes, des catastrophes et aussi des bonheurs de ce rapport à l’art contemporain et à la vie.

Nous avons eu envie d’utiliser les ressorts du burlesque classique dont les codes et les techniques lui sont à la fois propres, mais également transversaux. Il traverse le cinéma (Peter Sellers, Tati, Keaton, Chaplin, Nanni Moretti…), la scène et la performance (avec Léo Bassi ou Anna et Bernard Blume), mais aussi les arts plastiques (Bruce Nauman). Le burlesque, c’est tout un art de la transformation, du renversement de situations. Il se niche dans la répétition, dans l’accident. Ce qui est nécessairement lisible dans le burlesque est caché dans le danse, puisque cette dernière, par essence est peu ou pas comique.

Nous avons également inventé une figure de femme, Gustavia. Un nom de femme, mais surtout un faux nom de scène, qui  est devenu notre médium, notre personnalité commune, pour parler de grands sujets classiques et intemporels: la femme, la mort, la sexualité, le théâtre, la représentation, se représenter, l’artiste.

Forte de ces points de départ, nous nous sommes senties très libre de construire ce spectacle comme un duo de jumelles infernales, un dialogue, une confrontation, un jeu de ping-pong. C’est une pièce entre le cabaret burlesque et la pièce tragique qui a été écrite à 4 mains.

Pour ce spectacle, nous avons également travaillé avec mes collaborateurs de longue date : Olivier Renouf qui signe la bande son, l’univers orageux et électrique, Eric Wurtz aux lumières, qui a travaillé dans l’écrin de velours noir pensé par la scénographe Annie Tolleter.

Apprenez en plus sur ce spectacle en consultant le site web de la rotonde.

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 13 octobre 2014

En complément: émission du 13 octobre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Gros-Câlin
Crédit photo: Cath Langlois

Photosensibles en compagnie de Noémie O'Farrell
La pièce sera à l'affiche de Premier acte du 21 octobre au 8 novembre.

Hyperliens en complément de l'interview avec Noémie O'Farrell
Bande-annonce du spectacle
L'histoire derrière certaines des plus grandes photos du XXe siècle

Effets secondaires en compagnie de Marc Proulx
Effets secondaires tient l'affiche du Périscope jusqu'au 25 octobre.

Hyperliens en complément de la critique de Marc Proulx
Un court extrait de la pièce
Bande-annonce du spectacle
Émotions, ce que la science nous révèle
Dire je t'aime
Notre critique complète du spectacle

Gros-Câlin ou la conférence sur la solitude des pythons dans les grandes villes en compagnie d'Émilie Rioux
Gros-Câlin... a tenu l'affiche de Premier acte du 9 au 11 octobre.

Hyperliens en complément de la critique d'Émilie Rioux
Biographie de Romain Gary (Émile Ajar)
Une lecture du roman Gros-Câlin
Gros-Câlin présenté par Pascal Contamine
La critique de montheatre.qc.ca du spectacle
Notre critique complète de Gros-Câlin

Bon théâtre et bonne danse !

Histoire, photographies, science et besoin d'amour se donnent rendez-vous aux Enfants ce soir!

Une émission, trois spectacles et de belles thématiques occuperont Les Enfants du paradis ce soir. Manquez pas ça!

Par Robert Boisclair

Photosensibles

Une première interview en compagnie de la comédienne Noémie O'Farrell qui nous entretiendra de la pièce Photosensibles qui tiendra l'affiche de Premier acte du 21 octobre au 8 novembre.

Marc Proulx occupera le siège du chroniqueur au deuxième bloc. Il nous fera sa critique de la pièce de théâtre Effets secondaires présentée au Périscope jusqu'au 25 octobre. Émilie Rioux prendra sa place au troisième et dernier bloc de l'émission pour nous faire part de sa critique de Gros-Câlin que présentait Premier acte récemment.

P.S.: Surveillez notre billet En complément qui apparaîtra sur ce blogue dès 17h 30 ce soir. Vous y trouverez de l'information complémentaire et intéressante sur ces trois événements.

Bon théâtre et bonne danse !

vendredi 10 octobre 2014

Gros-Câlin: tendre étreinte

À Premier acte, et dans le cadre de Québec en toutes lettres, Gros-Câlin ou la conférence sur la solitude des pythons dans les grandes villes est une histoire de mue et d'amour offerte au public pour encore quelques jours.

Une critique de Robert Boisclair


Gros-Câlin, c'est le nom que donne Michel Cousin, modeste employé célibataire, il est statisticien de son métier, au python qu'il a rapporté d'Afrique. Il fantasme ses rapports avec Mademoiselle Dreyfus, collègue de travail d'origine guyanaise, et va aux «bonnes putes». Il a besoin d'amour. Et il en donne beaucoup. Au python surtout. Qui lui donne du réconfort. Il ne s'en séparera que lorsqu'il se prendra pour lui. Le reptile mue. Michel Cousin également.

On y parle de solitude et de désarroi bien sûr. Michel Cousin n'est pas comme tout le monde et il le ressent tragiquement. D'où ce refuge dans la rêverie et les fantasmes. Mais le sujet fondamental de cette pièce, c'est l'amour. Ce besoin irrépressible d'aimer et d'être aimé. Que l'on soit comme tout le monde ou si différent. Romain Gary, pardon Émile Ajar, le décline sous toutes ses formes tout au long de la pièce, jusqu'à cette mue où Michel Cousin devient python. Car pour aimer ne faut-il pas d'abord s'aimer soi-même?

Pascal Contamine, seul sur scène et au milieu d'un décor mi-appartement, mi-vivarium, invite le spectateur dans l'univers et les réflexions atypiques de Michel Cousin avec une magistrale maîtrise du rythme. Une personnage étonnant que Contamine interprète avec brio. Il offre les mots de Gary/Ajar comme jamais on ne les a entendus. Il danse avec les mots. Tout coule, glisse à merveille.

Il faut dire que le texte de Gary/Ajar est savoureux à la base. Les emplois étranges, l'humour, la poésie du texte ne jugent jamais le personnage singulier qu'il offre. Au contraire. Il dresse un portrait sans jugement de cet être si différent. Au spectateur de se faire sa propre idée.

Un spectacle à voir pour un comédien qui maîtrise son art, un texte qui fait réfléchir et, ma foi, pour s'offrir une bonne dose d'amour.

En représentation au Périscope jusqu'au 11 octobre. Avec et dans une mise en scène de Pascal Contamine. Un texte de Romain Gary/Émile Ajar. Une adaptation de Pascal Contamine.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Pascal Contamine (vers la vingtième minute de l'émission du 29 septembre).

Bon théâtre et bonne danse !

jeudi 9 octobre 2014

Effets secondaires: du questionnement de l'amour

Les effets secondaires que laissent supposer le titre de la pièce ne sont peut-être pas ceux que vous imaginer. Une chose est certaine, Effets secondaires, que présente le Périscope, ne vous décevra pas car le spectacle vaut le déplacement.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Suzane O'Neill

Ils sont jeunes, ils sont beaux et ils testent des médicaments. Elle, Constance, la terre-à-terre légèrement coincée, et lui, Tristan, le rêveur qui profite de chaque minute qui passe, ne se connaissent pas. Ils se rencontrent alors qu'ils testent un antidépresseur dans un centre de recherche où ils sont confinés. Rapidement, ils développent une attirance l'un pour l'autre. Sentiment amoureux réel ou effet secondaire de la médication? C'est aussi la question que se posent les deux chercheurs responsables de l'étude. Deux couples, deux questionnements, deux réponses?

Les cobayes se questionnent sur l'amour alors que les chercheurs se questionnent sur l'éthique et, surtout, sur les effets que peut, ou pas, avoir la médication sur les cobayes. Un double questionnement qui tourne toujours autour de l'amour. Amour qui meuble les univers des deux couples qui en sont à des stades différents de la relation amoureuse.

Questionnement vital s'il en est un! Qu'est-ce que l'amour? Une réaction chimique ou quelque chose de plus complexe? L'auteur, Lucy Prebble, ne donne pas de réponse mais suggère des pistes qu'elle étaye tout au long de la pièce. Il y a bien aussi un autre questionnement sous-jacent, quoique plus discret, celui de l'éthique pharmaceutique et la connaissance ou la méconnaissance du cerveau humain. Mais tout cela n'est que secondaire et disparaît derrière la question de fond.

Lucy Prebble, et la traduction de Maxime Allen, entraîne le spectateur de brillante manière dans ce débat qui fait encore rage lorsque l'on quitte la scène. Chacun y trouve sa réponse ou pas. Mais au fond, ce qui est important c'est d'aimer. À sa manière. Follement ou tendrement mais d'aimer.

Après un décollage en douceur en début de pièce, le rythme prend son envol et le spectateur se prend d'affection pour les personnages qui lui sont offerts. Quatre beaux personnages bien définis et interprétés de belles manières par les comédiens. De belles envolées merveilleusement bien senties, sauf peut-être au tout début de la pièce, un jeu bien maîtrisé et une belle chimie entre les comédiens, qui forment deux couples sur scène, font de ce spectacle un véritable délice.

Les personnages évoluent dans le décor plutôt froid et impersonnel d'un centre de recherche. Sage décision du scénographe et du metteur en scène qui mettent ainsi en évidence l'opposition entre la science et l'émotion. Le questionnement sur les fondements du désir amoureux n'en est que plus évident pour le spectateur. La mise en scène conventionnelle de Michel Nadeau laisse toute la place au texte. Une autre décision judicieuse de l'équipe de production.

De magnifiques performances et une mise en scène simple mais efficace font de ce spectacle un spectacle à voir.

En représentation au Périscope jusqu'au 25 octobre. Avec Sylvie De Morais, Véronika Makdissi-Warren, Jean-Sébastien Ouellette et Étienne Pilon. Une mise en scène de Michel Nadeau. Un texte de Lucy Prebble. Une traduction de Maxime Allen.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Michel Nadeau (au tout début de l'émission du 29 septembre) ainsi qu'avec notre Trois questions à... Michel Nadeau.

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 6 octobre 2014

En complément: émission du 6 octobre

La série En complément, vous offre de l'information complémentaire à l'émission de la semaine: des vidéos, des hyperliens ou des photos des spectacles discutés à l'émission. Doublez votre plaisir en écoutant Les Enfants du paradis et en consultant l'information complémentaire offerte ici.

Par Robert Boisclair

Outrage au public

Outrage au public en compagnie de Christian Lapointe
À l'affiche du 8 au 17 octobre.

Hyperliens en complément de l'interview avec Christian Lapointe
Un court extrait du spectacle
Une interview avec Christian Lapointe
Une interview avec Peter Handke, l'auteur d'Outrage au public

Chübichaï en compagnie d'Odile L'Hermitte
À l'affiche des Gros Becs du 16 au 26 octobre.

Hyperlien en complément de l'interview avec Odile L'Hermitte
Programme du spectacle dans sa version présentée à la Maison Théâtre à Montréal

Québec en toutes lettres en compagnie de Bernard Gilbert et Patric Saucier
À l'affiche dans différents lieux de Québec du 9 au 19 octobre.

Hyperliens en complément de notre interview avec Bernard Gilbert et Patric Saucier
Présentation de la thématique 2014 du festival
Les incontournables du festival selon Le Carrefour de Québec

Bon théâtre et bonne danse !

Anti-théâtre, théâtre d'argile et théâtre littéraire squattent Les Enfants ce soir!

Du théâtre, du théâtre et encore du théâtre aux Enfants ce soir. Mais du théâtre en trois modes complètement différents. Vraiment l'actualité théâtrale de Québec est variée cette semaine!

Par Robert Boisclair

Chübichaï
Crédit photo: Isabelle Renaud

Christian Lapointe sera du premier bloc pour nous parler de son spectacle d'anti-théâtre qu'il propose au studio d'Essai de Méduse. Outrage au public tiendra l'affiche du 8 au 17 octobre.

Odile L'Hermitte, la comédienne et conceptrice du spectacle jeune public Chübichaïsera notre invitée du deuxième bloc. Ce spectacle, dont les personnages sont faits d'argile, sera en représentation aux Gros Becs du 16 au 26 octobre.

L'émission se clôturera avec le volet théâtre du Festival Québec en toutes lettres qui se tiendra dans différents lieux de Québec du 9 au 19 octobre. Bernard Gilbert, le directeur général et artistique du Festival, ainsi que le metteur en scène Patric Saucier, du parcours déambulatoire Alias mieux foutus, seront avec nous pour en parler.

P.S.: Surveillez notre billet En complément qui apparaîtra sur ce blogue dès 17h 30 ce soir. Vous y trouverez de l'information complémentaire et intéressante sur ces trois événements.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 4 octobre 2014

Coup de gueule: «Casting» AVEC code postal!

Le 3 octobre, François Bourque du Soleil publiait un article intitulé «Casting» sans code postal pour les pubs du RTC. Un article qui, s'il faisait le tour de la situation particulière de la publicité du RTC, négligeait la question de fond: pourquoi y a-t-il si peu de sensibilité des directions marketing et des agences de publicité pour embaucher des comédiens de Québec?

Par Robert Boisclair


Est-ce un drame s'il y a des artistes de Montréal qui travaillent pour des annonceurs de Québec dont les publicités ne s'adressent qu'à des gens de Québec? Bien sûr que non. Le bassin de comédiens de Québec étant restreint, ils ne peuvent être de toutes les pubs. Mais est-il normal que systématiquement, il n'y ait aucune sensibilité à l'égard des comédiens de Québec, de grands talents faut-il le rappeler? Certainement pas.

J'ai travaillé en agence de publicité à Québec pendant des années et les créatifs prenaient la 20 systématiquement, sans même se poser la question, pour rechercher la perle rare. Dans bien des cas, ils ne connaissaient même pas les comédiens de Québec. Pourtant plusieurs rayonnent à Montréal et dans le monde. Ils sont donc excellents pour promouvoir la culture de Québec de par le monde mais pas suffisamment pour être retenu pour une publicité locale?

Et quel manque de sensibilité de la part des directeurs de marketing. En premier lieu celui du RTC. Je cite François Bourque: «Rien dans le devis du RTC n'obligeait à embaucher des artistes de Québec. Ce n'était pas une préoccupation majeure, explique le directeur des communications/marketing, Michel de Mauraige.» Vraiment? Pourquoi pas une demande au minimum de faire le «casting» à Québec, et donc demander aux artistes de Montréal de se déplacer pour une fois, ou d'exiger un minimum de comédiens de Québec dans la production. Le talent est là et il est de grande qualité.

Messieurs et mesdames forcez-vous un peu! Ouvrez les yeux et regardez ce qui se passe dans votre cour. Décollez votre regard de petit et du grand écran et observez nos scènes québécoises. Vous y découvrirez de grands talents qui vous permettront d'atteindre vos objectifs marketing et publicitaires.

Bon théâtre et bonne danse !