jeudi 29 décembre 2016

Ma culture à moi: cinq spectacles qui ont marqué 2016!

L'année tire à sa fin et il est temps de faire des bilans. Voici le mien, celui d'un "trippeux" de théâtre et de danse qui revient sur une année 2016 fort chargée en spectacles de toutes sortes.

Une critique de Robert Boisclair

Mon année 2016 a été une année sous le signe Robert Lepage puisque que les deux spectacles qu'il a présenté à Québec se hissent dans mon palmarès personnel. Une raison de plus de voir l'arrivée du Diamant, nouveau lieu de création et de production de Lepage, le plus rapidement possible. Ce créateur de génie n'en sera que plus présent à Québec. Remontons 2016 en cinq spectacles théâtraux et dansés qui ont fait de mes soirées, des moments extraordinaires.

Les contes à passer le temps
Premier acte
Décembre
Un lieu magnifique et historique, une ambiance conviviale et festive, une joyeuse bande de lurons et des histoires brillamment dialoguées et jouées, voilà la recette secrète des Contes à passer le temps. Une recette qui fonctionne et fait de ce spectacle un moment inoubliable. Un spectacle à découvrir ou redécouvrir puisque l'édition 2016 était sa sixième version. Offrez-vous ce spectacle en 2017, vous ne le regretterez pas. Notre critique ici.

Crédit photo: Cath Langlois

Rites
La Rotonde
Novembre/décembre
Court moment de grâce que ces Rites que proposait José Navas. Trois trop courts solos accompagnés du Sacre du printemps en toute fin de spectacle. Un danseur aguerri qui offrait les passages d'une vie jeune à une vie qui avance tout doucement vers une fin inexorable. Un spectacle tout en douceur qui permettait d'apprécier chaque mouvement et chaque émotion. De la poésie dansée que j'ai savouré à doses homéopathiques. Notre critique ici.

Crédit photo: Valérie Simmons

887
Le Trident
Septembre/octobre
Robert Lepage à son summum. Que dire de plus! Cet extraordinaire ambassadeur du théâtre de Québec a offert avec 887 le meilleur de son art. Tout est à point dans ce spectacle. La mécanique, une des marques de commerce de Lepage, supportait à merveille un texte touchant à la fois intime et historique. L'histoire personnelle de Lepage au 887, rue Murray à Québec, d'où le titre du spectacle, se mariait à la perfection avec l'Histoire du Québec. Un spectacle presque sans faille qui mettait en valeur l'extraordinaire talent de conteur de Lepage. Notre critique ici.

Crédit photo: Erick Labbé

Feydeau
La Bordée
Mars
Moment festif et enjoué que ce Feydeau.  Un spectacle interactif où le spectateur pouvait choisir quatre pièces de l'auteur parmi six sélectionnés par le théâtre. Un spectacle totalement différent à chaque soir s'offrait ainsi aux spectateurs.

Il fait la cour à ma femme, voilà tout ; et ça me vexe !
Voilà six mois que ça dure.
Heureusement je ne suis pas de ces maris aveugles….j’ai tout compris.
Ah ! c’est que j’ai lu Othello… Un drame d’un anglais….
Qui écrit très bien en français pour un étranger. Ça m’a ouvert les yeux.
Extrait d'une des pièces du spectacle

Un spectacle frais et pétillant, des rires et des chansons grivoises enrobés dans une mise en scène imaginative et dynamique. Un pour délice! Notre critique ici.


Quills
Le Trident
Janvier/février
Un spectacle à la fois lumineux et noir, qui parle de perversion mais qui s'intéresse surtout à la censure et au sens que chacun donne à un texte.

- Vous avez anéanti son corps, il est vrai. Mais qu'en est-il de son esprit?
- Pour ce que nous en savons, il compose toujours. Quelle sera sa prochaine histoire, l'Abbé?
Extrait de Quills

Robert Lepage brille dans ce spectacle. L'Association québécoise des critiques de théâtre, section Québec lui a d'ailleurs remis le prix du meilleur comédien pour ce rôle. Un conte noir et troublant. Un spectacle qui marque et qui laisse des traces, surtout en cette époque où l'avenir de la censure semble prometteur. Un spectacle essentiel! Notre critique ici.


Bon théâtre et bonne danse !

mardi 20 décembre 2016

Les récipiendaires des Prix de la critique à Montréal

Les critiques de la section Montréal ont remis leur prix hier soir à l'occasion d'une belle soirée à l’Auditoire. Voici donc les gagnants dans les différentes catégories.

Un billet de Robert Boisclair


Meilleur spectacle hors-Québec
Ce ne andiamo per no darvi altre preoccupazioni 
de Antonio Tagliarini et Daria Deflorian (Rome)
Production A.D.
Présenté au Festival TransAmériques

Meilleur texte original — Montréal
Table rase 
de Catherine Chabot et le collectif Chiennes 
Production Transthéâtre

Meilleure interprétation féminine — Montréal
Sophie Cadieux, pour son rôle dans 4:48 Psychose
Production Les songes turbulents

Meilleure interprétation masculine — Montréal
Gabriel Szabo, pour le rôle du jeune Yves Sauvageau dans Sauvageau Sauvageau
Production Théâtre Blanc et Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

Meilleure mise en scène — Montréal
Angela Konrad pour Macbeth
Production La Fabrik

Meilleur spectacle — Montréal
887, texte et mise en scène de Robert Lepage
Production Ex Machina

Meilleur spectacle jeune public — Montréal
(catégorie rétablie après discussion)
Guerre et paix, texte de Louis-Dominique Lavigne et mise en scène d’Antoine Laprise
Production Théâtre de Quartier et Théâtre du Sous-marin jaune

Félicitations aux heureux ganants!

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 19 décembre 2016

Une super panel pour clore la saison!

Déjà la dernière de la saison d'automne. Notre super panel des critiques sera donc de retour et occupera toute l'émission.

Par Robert Boisclair


Toute l'équipe sera réunie pour vous offrir ses coups de coeur de la saison d'automne ainsi que les incontournables que chaque chroniqueur ne voudra manquer sous aucun prétexte cet hiver/printemps. Du pur bonheur théâtral et dansé pendant une heure complète. Venez nous retrouver dès 17h 30 ce soir.

Bon théâtre et bonne danse !

dimanche 18 décembre 2016

Ma culture à moi: six spectacles à découvrir en 2017

L'hiver et le printemps 2017 s'annoncent forts intéressants en spectacles de théâtre et de danse. Le choix s'annonce donc très difficile à faire. Voici six suggestions toute personnelle pour vous aider à faire votre sélection.

Un billet de Robert Boisclair

Théâtre - La Bordée
J'accuse
Du 10 janvier au 4 février
L'année 2017 de La Bordée débute avec une parole féminine forte. Cinq paroles en fait. Des paroles interprétées par une distribution d'enfer dont Catherine Trudeau, Léane Labrèche Dor et Debbie Lynch-White.


Parce que moi, Filion, je le trouve pas mal plus sensible, terre à terre pis proche du peuple que les gauchistes boboches qui rêvent en couleurs dans leur monde de préservation des ressources naturelles!
Extrait de J'accuse

Crédit photo: Valérie Remise

Elles sont cinq. Elles ragent. Il y a la fille qui encaisse, qui vend des bas de nylon à partir de 6 h 30 du matin dans le sous-terrain du métro Bonaventure. Il y a la fille qui agresse, qui a eu le culot de partir sa propre PME dans un contexte économique difficile. Il y a la fille qui adule, qui est une fan inconditionnelle d’Isabelle Boulay. Il y a la fille qui intègre, qui travaille dans un CPE et qui s'efforce de prendre soin de la jeunesse du Québec de maintenant. Puis il y a la fille qui aime, qui est travailleuse autonome, qui écrit et qui dilapide beaucoup d’amour et en dirige si peu envers sa petite personne. Que des filles avec de la drive et beaucoup (trop) d’ambition. Que des filles qui s’expriment par instinct de survie.


Danse - La Rotonde
Mozongi
9 février
Découvrez l'art chorégraphique cérémoniel inspiré des musiques africaines de la chorégraphe montréalaise Zab Maboungou. Une oeuvre stupéfiante avec des artistes chevronnés selon le Conseil des arts de Montréal qui lui a remis un prix en 2015.

C’est une performance en soi que d’être un corps.

Crédit photo: Kevin Calixte


Théâtre - Premier acte
Trafiquée
Du 14 au 25 mars
Une pièce sur un sujet chaud et une écriture percutante traitant d'une réalité dérangeante. Un spectacle qui ne laissera pas indifférent et qui fera réfléchir.


Elle n'a pas de nom. Ce qu'on sait d'elle, c'est qu'elle a été vendue à l'âge de quatorze ans et condamnée à devenir prostituée. Ah oui, un détail, ça se passe au Canada. Condamnée et emprisonnée pour meurtre, elle nous raconte son histoire. Voici le chemin qu'elle a emprunté maladroitement pour trouver un espace de liberté, quelque part en dedans.

Pourquoi vous m'avez amenée ici ? Je ne comprends pas ce que vous voulez.
| Oui, je suis assise. Et après ? On dirait que ça vous arrange.
Que je sois ici et que vous soyez là. En face. Votre siège a l'air plus confortable que le mien.
| Je dis ça comme ça.
| À l'expression de votre visage. Je suis très douée pour deviner
comment va votre cul en regardant votre visage.
| Ça vous étonne ? Ça vous fait rire ? Pas moi.
| Mais tant mieux si ça vous fait rire. Tant mieux.
| C'est peut-être drôle.
| Ma vie est peut-être une longue farce.
| Je suis peut-être une dinde qu'on a juste un peu trop farcie. Ça expliquerait pas mal de choses.
| Mes insomnies.
| Mes cauchemars.
| Mes maux de ventre chroniques.
| Et là, dans les poumons, quand je respire.
| Un détail.
| Bon… Que voulez-vous, au juste ?
Extrait de Trafiquée


Théâtre - Périscope
Album de finissants
Du 17 au 21 janvier
Qu’est-ce qui se passe dans la tête des ados rivés à leurs pupitres ? Que transmet-on vraiment à ces élèves assis en rang 1 500 heures par année, classés en ordre alphabétique, notés, pressurisés ? Album de finissants convie les spectateurs, adolescents et adultes, à un face-à-face avec les finissants du secondaire, ces jeunes de « l’économie du savoir » qui sont aussi les adultes de demain. Radiographie troublante de l’école, ce spectacle d’utilité publique nous plonge directement dans la tête des adolescents. Deux chœurs de 20 ados finissants du secondaire de Québec seront en alternance sur scène.


Tiré d’un texte de Mathieu Arsenault, Album de finissants est une journée de classe vue au rayon X, une plongée au cœur de l’adolescence, ses élans et ses tumultes, qui invite le public à un étonnant face-à-face avec les jeunes d’ici et maintenant.

Théâtre jeune public - Les Gros Becs
Les choses berçantes
Du 17 au 21 mai
Pour la poésie des mots de Véronique Côté. Pour son petit côté touchant.


Crédit photo: Louise Leblanc

Au bout d’un chemin, à la fin du village peut-être, ou dans le boisé juste à côté, il y a une toute petite maison blottie parmi les bouleaux. C’est la maison d’Annou, aux joues et au coeur blanchis par un énorme chagrin.  Rosita arrive comme un printemps jaune clair pour tenter de consoler sa petite soeur, par une série de gestes minuscules et joyeux : elle invente des jeux, bricole des sandwichs, siffle avec les oiseaux, fait l’inventaire de tout ce qui est doux. Pendant ce temps, Annou détricote sa peine petit à petit.  Mais que se cache-t-il donc dans ce gros noeud qui fait si mal?


Théâtre - Le Trident
Constellations
Du 7 mars au 2 avril
Un spectacle où la physique quantique rencontre le théâtre a de quoi intriguer. Et si, en plus, Christian Michaud tient un des rôles titres que demandez de plus? Que Valérie Laroche soit de la distribution? Votre souhait est exaucé.


Philippe est apiculteur, Marianne est physicienne. Lorsqu’ils se rencontrent à un barbecue, tout devient possible ! Car, selon une théorie de la physique quantique, tous les choix, toutes les décisions que nous prenons ou ne prenons pas existent dans un vaste ensemble d’univers parallèles… À travers sept moments dans la vie de ce couple, Constellations nous invite à imaginer les diverses évolutions possibles d’une même rencontre.

Dans cette comédie romantique, l’histoire d’amour entre Marianne et Philippe est sans cesse réinventée pour nous démontrer les multiples facettes de l’amour, du temps, de l’infidélité, de la maladie et de la mort. Constellations explore, à travers cette théorie de la physique quantique, à quel point le facteur « chance » est déterminant dans nos vies.


Bon théâtre et bonne danse !

Les récipiendaires des Prix de la critique à Québec

Les critiques de la section Québec ont remis leur prix hier soir à l'occasion d'une belle soirée à la Maison de la littérature. Voici donc les gagnants dans les différentes catégories.

Un commentaire de Robert Boisclair


Meilleur spectacle hors-Québec
Cendrillon, de Joël Pommerat
Production Théâtre National de la Communauté française Bruxelles
Présenté au Carrefour international de théâtre de Québec

Le théâtre singulier de Joël Pommerat continue de nous émerveiller. Il propose avec Cendrillon une relecture du conte classique sous l’angle du deuil, de la découverte de soi et de la peur de vieillir. Il crée une boîte à rêves où l’implacable réalité sévit, où les personnages transformés, magnifiés et actualisés font partie d’une composition organique, où les langages sont en parfaite cohésion.

Marie Gignac, directrice artistique du Carrefour recevant le prix.
Crédit photo: AQCT, Simon Lambert

Les autres finalistes étaient:
Huff de et avec Cliff Cardinal, une production Native Earth Performing Arts (Toronto)
présentée au Théâtre Périscope.
 Las Ideas, de Federico Leon, une coproduction internationale
créée au Kunsten festivaldesarts de Bruxelles (Belgique), présentée au Carrefour


Meilleur texte original — Québec
Fendre les lacs de Steve Gagnon 
Production Théâtre Jésus, Shakespeare et Caroline

ex-aeqo avec :
Sur la montagne, nue de Anne-Julie Royer 
Production Théâtre aux Pommes

Fendre les lacs est le portrait d’une jeunesse qui ne sait pas ce qu’elle est ni ce qu’elle veut être, dans paysage qui l’asphyxie. Dans sa langue rêche et hachurée, qui se cherche autant qu’elle jaillit, Steve Gagnon livre une pièce chorale qui affirme sa signature singulière, sa poésie abrasive ancrée dans les corps et dans un univers sensible dense et brut.

Sur la montagne, nue : Ce texte riche d’appels au territoire et ancré dans les grands espaces nous a marqué pour son caractère émouvant, sa sensibilité et sa justesse. Par petites touches, les vies de plusieurs femmes y sont dépeintes de belle manière, se faisant écho et formant un chœur qui porte le quotidien un peu plus près des aurores boréales.

L'autre finaliste était:
Épicerie, de Jean-Denis Beaudoin, texte inédit, produit par La Bête Noire


Meilleure interprétation féminine — Québec
Marie-Ginette Guay, pour le rôle-titre de Mme G.
Production On a tué la une!

Marie-Ginette Guay est littéralement devenue Mme Thérèse, personnage bien connu de la faune nocturne de Québec. Elle a su nous montrer différentes facettes du personnage, avec une fermeté mesurée, ajustant son jeu selon les époques évoquées dans le texte. Son interprétation soutenait avec force la proposition de la jeune compagnie On a tué la une !

Marie-Ginette Guay, meilleur comédienne de la saison 2015-2016.
Crédit photo: AQCT, Simon Lambert

Les autres finalistes étaient:
Lorraine Côté, dans Qui a peur de Virginia Wolfe?, présenté à la Bordée
Paule Savard dans Les affinités électives, du Théâtre Niveau Parking

Meilleure interprétation masculine — Québec
Robert Lepage, pour le rôle du marquis de Sade dans Quills
Production Ex Machina et le Théâtre du Trident

Robert Lepage a su donner au personnage du marquis de Sade une fascinante complexité, une intelligence vive et une verve délicieuse. Entre élégance et vulgarité, son incarnation de l’écrivain insoumis était portée par une aisance et une autorité qui marquera longtemps les mémoires.

Robert Lepage, meilleur comédien de la saison 2015-2016.
Crédit photo: AQCT, Simon Lambert

Les autres finalistes étaient:
Maxim Gaudette dans 1984, du Trident et du Théâtre Denise-Pelletier
Christian Michaud dans Bousille et les justes, de la Bordée

Meilleure mise en scène — Québec
Édith Patenaude pour 1984
Production  du Théâtre du Trident et du Théâtre Denise-Pelletier

Édith Patenaude a réussi à insuffler au monstre de 1984 une intensité et une résonnance actuelle. Par une efficace utilisation de la caméra en direct, elle nous a plongé dans un hyper-voyeurisme tout en orchestrant une chorégraphie cinématographique d’une étonnante fluidité. Sa direction d’acteurs combinant un jeu à la fois retenu pour la caméra et expressif pour la scène fait la preuve de son grand talent de metteur en scène.

Édith Patenaude, meilleure metteur en scène de la saison 2015-2016.
Crédit photo: AQCT, Simon Lambert

Les autres finalistes étaient:
Robert Lepage et Jean-Pierre Cloutier pour Quills, d’Ex Machina et du Trident
Frédéric Dubois pour Vinci, du Théâtre Périscope


Meilleur spectacle — Québec
Quills, texte de Doug Wright, traduction de Jean-Pierre Cloutier
et mise en scène de Jean-Pierre Cloutier et Robert Lepage
Production Ex Machina et le Théâtre du Trident

Pièce entière et saisissante, Quills nous a marqué tant pour la force du texte que pour la cohérence de la mise en scène et la qualité du jeu des interprètes. La voix parfaite, la cruauté vive et le charme du marquis de Sade résonnaient avec acuité dans cet inquiétant jeu de miroirs, qui renvoyait à la dualité du personnage tout en faisant naître, partout, les illusions. Cette éloquente dénonciation de la censure nous a habilement fait naviguer entre les brûlants débats d’idées et des récits d’une brutalité troublante.

Robert Lepage, comédien et (co)metteur en scène du meilleur spectacle de 2015-2016.
Crédit photo: AQCT, Simon Lambert

Les autres finalistes étaient:
1984, du Trident et du Théâtre Denise-Pelletier
Sauvageau, Sauvageau, du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et Théâtre Blanc


Prix spécial — Québec
Où tu vas quand tu dors en marchant... ?
Sous la direction artistique de Frédéric Dubois
Production du Carrefour international de théâtre de Québec

Huit ans déjà ont passé depuis que le premier spectacle déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant… ? a transformé des lieux de Québec, révélé des passages secrets et enchanté des milliers de promeneurs. Cette expérience unique, populaire, ancrée dans l’espace public a mis en valeur le talent et l’imagination débordante de nombreux créateurs, tout en rassemblant un grand nombre d’interprètes et d’artisans. Nous tenions à souligner notre admiration au grand orchestrateur de ce projet, Frédéric Dubois, qui passe le flambeau cette année.

Marie Gignac, directrice artistique du Carrefour recevant le prix.
Crédit photo: AQCT, Simon Lambert

Félicitations aux heureux gagnants!

Les lauréats 2015-2016.
Crédit photo: AQCT, Simon Lambert

Bon théâtre et bonne danse !

mercredi 14 décembre 2016

On célèbre le théâtre, vous joindrez-vous à nous?

Les membres de l'Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) – des journalistes culturels essentiellement  remettront leur prix au cours des prochains jours. Venez fêter le théâtre avec nous!

Un billet de Robert Boisclair


L’AQCT remettra ses Prix de la critique 2015-2016 dans six catégories à Québec et à Montréal à l'occasion de deux événements publics. Une belle occasion de rencontrer les artistes ainsi les critiques qui suivent le merveilleux travail des artistes. L'événement Québec aura lieu le 17 décembre 2016 à la Maison de la littérature (40, rue St-Stanislas) de 18h à 21h. L'événement Montréal aura lieu le 19 décembre 2016 à l’Auditoire (5214 boul. St-Laurent) de 18h à 21h. Nous vous y attendons en grand nombre. La liste complète des nommés se trouve ici.

Au plaisir de vous y voir en grand nombre!

lundi 12 décembre 2016

Mini-festival de commentaires critique et J'accuse au menu de ce soir!

En cette avant-dernière émission de l'automne, deux spectacles qui s'inscrivent dans la tradition théâtrale de temps des Fêtes et un spectacle marquant de 2015 qui s'invite à La Bordée en janvier.

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30

Crédit photo: Valérie Remise

L'intense cri de colère à cinq voix féminines de J'accuse s'invite aux Enfants en première partie. Léane Labrèche-Dor sera en conversation téléphonique pour nous parler de ce spectacle qui tiendra l'affiche en janvier.




J'accuse
La Bordée
Du 10 janvier au 4 février
En savoir plus

Deuxième bloc - vers 17h 50


Éve Méquignon et David Lefebvre, deux de nos chroniqueurs en résidence, seront en studio pour nous offrir leur commentaire critique de la nouvelle mouture du Beu-bye qui en est déjà à sa troisième édition.

Beu-bye 2016
La Bordée
Jusqu'au 17 décembre

Troisième bloc - vers 18h 10

Crédit photo: Cath Langlois

Marie-Claude Leclerc a vu pour nous Les contes à passer le temps, une autre tradition du temps des Fêtes. Cette sixième édition est-elle mémorable? Marie-Claude sera en studio pour nous dire si c'est le cas, alors qu'elle nous offrira son commentaire critique. 

Les contes à passer le temps
Premier acte
Jusqu'au 18 décembre

Bon théâtre et bonne danse !

dimanche 11 décembre 2016

Les contes à passer le temps: quel bonheur!

Cette année la vierge est plus folle que jamais, la troupe La vierge folle bien sûr, avec cette sixième édition des Contes à passer le temps. Une édition pur bonheur et la meilleure que j'ai vu et ce, même si les autres étaient excellentes. 

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois

Six auteurs et acteurs ont dévoré leur quartier pour mieux nous raconter Québec. Selon la tradition du conte urbain, ils composent une fresque diversifiée et chaleureuse pour célébrer Noël et notre belle ville dans un lieu rempli d'histoire, la magnifique Maison Chevalier sise au coeur même du quartier Petit Champlain. Des petites histoires, un Québec vu de l'intérieur, dans son quotidien le plus fou comme le plus sentimental, un Québec festif et heureux comme on l'aime à Noël.

Des contes à savourer
Dès l'entrée en salle la table est mise, au propre comme au figuré. Le bar à desserts, concocté par les comédiens, est là qui vous attend. Ils sont au commande et vous servent votre choix de pâtisseries et votre breuvage préféré que ce soit un café, noir ou bien arrosé, un chocolat chaud ou une tasse d'un bon vin chaud aromatisé. Une belle occasion de piquer une jasette avec l'équipe et de tenter d'en savoir un peu plus sur les six contes (Casse-tête, Les histoires inventées, L'assemblée des monstres, J'ai un amour qui ne veut pas mourir, L'histoire de l'horloge/La reine des neiges et Les diamants) qui sont au programme de cette édition. Le spectacle n'est pas encore commencé que la fête est déjà en place.

Le lieu magnifique et empreint d'histoire, avec ses chaises disposées de part et d'autre de la scène improvisée au centre, est propice à la discussion. Il est un lieu de rencontre et de fête idéal pour un spectacle de contes. La convivialité est au rendez-vous. Le plaisir n'en sera que plus grand.

Ce qui est l’fun, c’est qu’on ne sait jamais si ça va fonctionner.
C’est bien stressant, mais on retrouve toujours, peu importe les contes,
cette espèce d’envie d’être ensemble et de se raconter des histoires.
Comme si on avait besoin de ça avant Noël.
Maxime Robin dans une interview au Journal de Québec

Bon Dieu, qu'il peut laisser tomber le stress! Parce que cette édition fonctionne à 110%. Tout y est. On sent que Maxime Robin a trouvé la recette idéale. Celle qui roule à cent à l'heure et où tout tombe en place magnifiquement. Tout s'enchaîne, s'imbrique à merveille. Les comédiens glissent d'un conte à l'autre brillamment, prennent à partie le public et font vivre, dans le même conte, le rire et la douleur de la perte.

Robin et son équipe ont réussi à offrir des contes où le rire croise les larmes. Les moments de grande folie côtoient ceux des émotions fortes, celles des souvenirs douloureux qui donnent envie de verser une larme ou deux. Celles qui rappellent des êtres importants qui sont partis mais qui laissent des marques indélébiles et de beaux et merveilleux souvenirs.

Ce qui surprend dans cette édition, c'est la mort qui se pointe dans plusieurs contes. Une mort qui devient résilience, espoir et réconciliation, voire festive. L'équipe réussi le tour de force de transformer ce passage obligé, mais non désiré, en moment magique, unique et précieux. Et l'humour n'est pas en reste. Il est là. Parfois complètement fou, parfois plus subtil. Mais toujours présent. Un parfait mélange.

Une méchante fée ou une reine des glaces?
Crédit photo: Cath Langlois

La folie! Elle est là à chaque moment mais surtout dans le conte rassembleur qui clôt le spectacle. C'est la tradition des contes. Un thème, La reine des neiges cette année, ouvre et ferme le spectacle. En ouverture, Maxime Robin mélange allègrement le conte de La reine des neiges à celui de l'histoire réelle de l'horloge qui rythme la cadence des contes. En conclusion, une réinvention, une mise à jour ou une modernisation complètement déjantée, vous pourrez lui donner la définition de votre choix, de La reine des neiges s'offre aux spectateurs. Un pur délice qui termine dans la joie et le bonheur un magnifique deux heures.

Pur bonheur!
Les contes à passer le temps sont brillamment dialogués et joués. Un deux heures qui passe trop vite. Une expérience théâtrale, ou conté au choix, fantastique. Du pur bonheur! Courez vite voir le spectacle avant que la méchante fée le fasse disparaître.

À l'affiche de Premier acte jusqu'au 18 décembre. Avec Bertrand Alain, Maxime Beauregard-Martin, Frédérique Bradet, Raymonde Gagnier, Pascale Renaud-Hébert et Maxime Robin. Des textes de Maxime Beauregard-Martin, Jean-Michel Girouard, Sophie Grenier-Héroux, Noémie O'Farrell, Pascale Renaud-Hébert et Maxime Robin. Une mise en scène de Maxime Robin.

Bon théâtre et bonne danse !

samedi 10 décembre 2016

Beu-bye 2016: ce soir on fait la fête!

Le Théâtre du temps qui s'arrête propose, pour une troisième année, sa revue des événements marquants de l'année entièrement produite à Québec. Venez découvrir un spectacle qui est en train de devenir une tradition.

Une critique de Robert Boisclair


Beu-Bye 2016 – La revue de l’année de Québec revient à La Bordée pour une troisième édition. Une bande de joyeux lurons est réunie pour faire vivre une soirée remplie d’humour, de chansons et de clins d’œil grinçants à propos de l’actualité nationale et internationale. La meilleure façon de dire Beu-Bye à 2016!

Manque de punch
Le spectacle s'offre en deux parties. Une première, la plus faible, manque de punch. Certains sketches s'étirent un peu trop ou versent dans la caricature sans éclat. Elle se termine sur un très bel hommage chanté des disparus de l'année. Un magnifique moment qui se termine sur une douce note, avec la merveilleuse et émouvante interprétation du Hallélujah de Leonard Cohen par Joëlle Bourdon. On en redemande pendant l'entracte. Il aurait cependant été intéressant d'avoir des surtitres pour reconnaître l'ensemble des disparus.

La deuxième partie offre un rythme à la fois plus soutenu et plus égal et ce, malgré les noirs, trop longs et trop nombreux, qui meublent le spectacle du début à la fin. Bref, une deuxième partie où les comédiens semblent avoir trouvé leur erre d'aller.

La portion musicale, si elle ajoute beaucoup de rythme et un esprit festif de bon aloi, mériterait d'être légèrement ajustée. L'équilibre entre la musique et la voix des comédiens étaient souvent inadéquat, la musique enterrant les paroles des interprètes. Les prestations des comédiens a aussi quelque peu souffert de quelques petits problèmes techniques. Espérons que cela ne se reproduira pas.

Une distribution solide
Une solide équipe qui, malheureusement, n'a pas toujours un texte de grande qualité pour faire de ce spectacle une grande réussite. Nicolas Létourneau est magnifique en Régis Labeaume mégalomane. A-t-il suivi les conseils du véritable Régis Labeaume que l'on retrouvait dans la vidéo promotionnelle du spectacle? Il faudrait poser la question au maire de Québec pour le savoir. Il faut voir Nicolas Létourneau dans le rôle de Régis le mégalomane tenter de se coucher. Magnifiquement drôle!

Joëlle Bourdon est excellente lors de ses nombreuses interprétations, particulièrement celles chantées. Vivement le retour d'une comédie musicale à Québec qui pourra mettre son talent à l'honneur. Monika Pilon, et sa pissante Céline Dion, mérite la première étoile de cette soirée un peu folle, parfois loufoque, drôlissime à quelques occasions mais qui manque de punch, particulièrement dans sa première partie. Lucien Ratio, Jean-Philippe Côté et Edwige Morin offrent de belles prestations dans des rôles plus effacés.

Des moments marquants
Outre les sketches avec Céline Dion et Régis Labeaume, celui des politiciens et des membres des médias retraités à fait fureur. Le savon servi par un animateur immigrant hispanophone, interprété par Nicolas Létourneau, aux Lucien Bouchard, Bernard Landry, Lise Payette et Denise Bombardier, s'est mérité les applaudissements de la foule présente hier soir.

Malgré quelques inégalités le spectacle vaut le déplacement. Une belle occasion de se dérider un peu et de faire le deuil d'une année mouvementée et surprenante à plusieurs égards. Allez-y pour découvrir le Donald Trump ou le Justin Trudeau que propose la joyeuse bande car, comme la chanson qui clôt le spectacle le souligne, ce soir on fait la fête! Vers d'oreille garanti.

À l'affiche de La Bordée jusqu'au 17 décembre. Avec Joëlle Bourdon, Jean-Philippe Côté, Nicolas Létourneau, Edwige Morin, Monika Pilon et Lucien Ratio. Des textes de Jean-Phillipe Côté, Jean-Michel Déry, Philippe Durocher, Lucien Ratio, Nicola-Frank Vachon et des auteurs invités, Frédéric Blanchette, Claude Montminy et Pascale Renaud-Hébert. Une script-édition et une mise en scène de Lucien Ratio.

Bon théâtre et bonne danse !

lundi 5 décembre 2016

Découvertes théâtrales, théâtre jeune public et spectacle multidisciplinaire au menu!

Des textes inédits, un conte de Félix Leclerc en version théâtrale et un spectacle hommage à Léo Ferré à la fois dansé et théâtral s'offrent aux auditeurs de CKRL-MF ce soir. Venez découvrir cette édition vitaminée des Enfants du paradis!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30


L'inédit s'invite au Périscope avec la 6e édition du Festival du Jamais lu. Marianne Marceau, la toute nouvelle directrice artistique de l'événement, sera en studio pour nous parler en long et en large de sa première programmation: nouveautés, bière, pizzas et une soirée de clôture délurée tout en succès-souvenirs.


Festival du Jamais lu
Périscope
Du 8 au 10 décembre
En savoir plus

Deuxième bloc - vers 17h 50

Crédit photo: Jean-Charles Labarre

Le conteur et chanteur Edgar Bori, du spectacle jeune public Le petit ours gris de la Mauricie, sera en conversation téléphonique pour nous dévoiler les secrets de ce spectacle inspiré d'un conte de Félix Leclerc.


Le petit ours gris de la Mauricie
Les Gros Becs
Du 7 au 18 décembre

Troisième bloc - vers 18h 10

Crédit photo: Jean-François Leblanc

Le spectacle multidisciplinaire Corps, amour, anarchie / Léo Ferré brûlera les planches les 6 et 7 décembre. À l'occasion du centenaire de Léo Ferré, le spectacle s'inspire de l'oeuvre de cet auteur-compositeur-interprète parmi les plus prolifiques de la chanson française. Pierre-Paul Savoie, directeur artistique, metteur en scène et chorégraphe, sera en conversation téléphonique pour nous faire découvrir cette production.

Corps, amour, anarchie / Léo Ferré
La Rotonde
6 et 7 décembre

Bon théâtre et bonne danse !

jeudi 1 décembre 2016

Rites: denses danses!

Inépuisable, José Navas propose de denses danses. Moments sublimes d'un corps qui vieillit et qui a toujours la piqûre de la danse. Passages obligés d'un jeune corps à un corps qui a fait des milliers de pas dansés. Le pas est toujours agile moins vif, mais agile. Les mouvements sont plus sentis. La danse est plus dense, mieux ressentie. Retour sur un court moment de grâce.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Nina Konjini

Quatre solos, trois courts et un long, enrobés des musiques de Nina Simone, Dvorak, Schubert et Stravinsky proposent des rites de passage. Ceux d'un corps qui vieillit et d'un danseur, également chorégraphe, qui doit faire le deuil de ce corps qui ne permet plus les mêmes mouvements. Les passages vers une fin prévisible et inéluctable que le chorégraphe célèbre telle une ode à la vie.

Danser sa vie
Les trois premiers solos proposent des moments de vie d'un danseur qui accepte et reconnait ses limites. Ils sont des mises en état du corps pour le morceau de résistance, Le sacre du printemps. Ce morceau qu'un jeune corps aurait attaqué en début de spectacle s'offre ici en dessert. Mais quel dessert! Les mouvements sont vifs et précis. Ils épousent la musique à la note près. S'il y a bien quelques longueurs et des mouvements répétitifs, le tout est magnifiquement interprété.

Les trois premiers solos, malheureusement trop courts, vont droit au coeur. Ils sont comme de petites touches, des moments de grâce. Le troisième solo est particulièrement touchant. Sorte d'éloge à la lenteur, il se termine sur un cri de douleur silencieux. Pas un son ne sort de la bouche du danseur mais la douleur est bien présente.

Entre chaque solo, le danseur fait une pause. Se change doucement à vue. Un moment de répit pour savourer le moment qui vient de s'évanouir. Pour découvrir le personnage qui s'amène pour le prochain solo. Un nouveau rite se prépare. Un nouveau passage se profile. Vers une fin, peut-être mortelle. Car le bout de la route pourrait bien être un départ brutal dans sa nudité la plus totale. C'est d'ailleurs une chute qui ressemble à la mort qui attend le danseur à la fin du spectacle.

Un spectacle poétique que l'on savoure à petites doses. Si le corps du trentenaire est plus acrobatique celui du quinquagénaire est plus expressif, plus touchant et magnifiquement beau dans sa vulnérabilité la plus grande.

À l'affiche de La Rotonde pour un dernier soir (1er décembre). Une chorégraphie de et avec José Navas.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec José Navas au début de l'émission du 28 novembre.

Bon théâtre et bonne danse !