samedi 29 février 2020

Rouge: l'art sans concessions

Grand succès à Broadway, Rouge investit les planches de La Bordée jusqu'au 21 mars. Cette joute verbale passionnée est habilement mise en scène par Olivier Normand.

MISE À JOUR CORONAVIRUS (à 9h 35 le 13 mars): Les représentations de ce spectacle sont toujours à l'affiche. Il n'y a donc aucune annulation. Consultez le site web avant de vous présenter au théâtre afin de vous assurer que le spectacle a bel et bien lieu.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Synopsis ( tiré du site web de La Bordée)
1958. Mark Rothko, peintre américain contemporain de Jackson Pollock, reçoit la plus grande commande d’œuvre de l’histoire de l’art moderne. Pendant deux ans, il y travaille avec son jeune assistant, qui subira le caractère de ce maître intransigeant jusqu’à ce qu’un jour, il décide de s’affranchir et de l’affronter.

Scénariste de Skyfall, L’aviateur, Gladiateur, entre autres, John Logan a écrit un formidable duel d’acteurs qui met en lumière le rapport complexe du maître et de l’élève, de l’ancien et du nouveau, de l’art et de l’argent. Quand un artiste devient célèbre, est-ce le début de sa fin ?


Je ne crains qu’une seule chose dans la vie, jeune homme… Un jour, le noir va avaler le rouge.
L'art sans concessions
Fin des années 50. New York. C'est dans l'atelier de Mark Rothko que le spectateur est immédiatement plongé. Les pots s'amoncellent, les toiles traînent ici et là, les étagères s'offrent au regard. Rothko, homme solitaire, est seul au centre de cet atelier. Son assistant apparaît soudainement et découvre l'atelier et l'homme, un peintre solitaire, au caractère difficile et en désaccord constant avec ses contemporains.

Les premiers échanges donnent le ton au spectacle. Une joute verbale passionnée puis volcanique s'enclenche entre les deux hommes jusqu'au dénouement où le retour en arrière est impossible pour les deux protagonistes.

L'art sans concessions est au centre des débats des deux hommes: questionnements sur l'art et la peinture en particulier, l'art populaire (pop art), le commerce de l'art, la dévotion. Les deux hommes sont proches et loin à la fois. Tout les sépare et tout les unit. L'assistant mis à mal tout d'abord, finira par s'imposer.

Rouge, c'est le combat des générations. La nouvelle, qui idéalise celle au pouvoir et qu'elle rêve de remplacer et la dominante du moment qui se sent en perte de vitesse et qui sait qu'elle va céder sa place à la nouvelle mais refuse de l'admettre pour le moment.

C'est ce procédé de remplacement que propose de magnifique manière le texte de John Logan superbement traduit pas Maryse Warda. Le texte frappe fort et juste. Trop. Il touche. Questionne. Offre peu de réponses mais une solution finale. Terrible. Inévitable.
Haut en couleurs
La mise en scène nous plonge littéralement dans l'univers du peintre. Le spectateur est au centre de l'atelier. Il est même la toile rouge qu'observent les protagonistes. Tout est fait pour nous immerger dans l'atelier de ce peintre grognon et continuellement insatisfait.

Steeven Lee Potvin excelle dans le rôle de l'assistant. D'abord timide et hésitant, il finit par s'imposer et rendre la pareille à ce peintre acariâtre. Michel Nadeau offre un Rothko terriblement humain, blessé. Cette humanité d'un être profondément blessé permet de superbes échanges avec son assistant. 

Un spectacle haut en couleurs où le rouge domine, symbole de vie, d'existence. Le noir s'y glisse. Il représente la mort, le déclin, la descente après l'atteinte du sommet. Une pièce sur la vie tout simplement.

Allez-y surtout si vous aimez: les réflexions sur l'art, les duels d'acteurs.
Jusqu'au 21 mars à La Bordée. Avec Michel Nadeau et Steeven Lee Potvin. Un texte de John Logan traduit pas Maryse Warda. Une mise en scène d'Olivier Normand.

Bon théâtre et bonne danse!
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