dimanche 16 février 2020

Le devisement du monde: voyage intime

Le devisement du monde vient mettre un terme à un triptyque migratoire entamé il y a déjà presque 20 ans. Origine et questionnements s'y profilent dans un récit de voyage où anecdotes et émotions se côtoient.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis
Crédit photo: Érick Labbé, Le Soleil
Synopsis ( tiré du site web du Diamant)
Décembre 2014 - En voyage à l'extérieur du Canada, Kevin apprend que son père est hospitalisé pour une pneumonie qui s'avère un cancer fulgurant. Il se précipite alors à son chevet à Chicago. Il passera les cinq jours suivants à veiller, jusqu'au moment du grand départ.

Dans ce nouvel opus, Kevin McCoy explore les relations père-fils. Inspiré par la quête de Marco Polo qui, jadis, découvrit la route de la soie aux côtés de son paternel, il trace des parallèles avec sa propre histoire, porté par le désir de comprendre et de décrire le monde à son tour.

Le devisement du monde est un voyage. Celui que l'on fait en soi, celui qui nous conduit à la la rencontre de l'autre, celui qui nous transporte en terre inconnue. Il parle de bagages. Ceux que l'on plie à l'heure du départ, ceux que l'on porte en nous et ceux que l'on doit laisser derrière.
Crédit photo: Stéphane Bourgeois, Le Soleil
Voyage intime
Kevin McCoy convie le spectateur à un voyage intime. Celui de Kevin McCoy. Celui qu'il a vécu à la suite du décès de son père. Si le voyage est intéressant et, ma foi, fort touchant, il n'en est pas quelque peu longuet pour autant. 

Les voyages proposés en Italie et en Mongolie sont magnifiques, mais le tout s'étire quelque peu. Un peu de resserrement permettrait de vivre plus intensément l'émotion. Kevin McCoy, qui revit sur scène la rencontre finale avec son père, est terriblement touchant. Les larmes du comédien passent de la scène à la salle, tant ce moment immensément poignant vient chercher les spectateurs. Le théâtre de Kevin McCoy privilégie l'humain et cela transpire dans chacune de ses productions. Le devisement du monde ne fait pas exception.

Le véritable voyage de ce spectacle est intérieur. À l'intérieur même de Kevin McCoy. Il se découvre plus que dans ses précédentes productions. Si avec Ailleurs et Norge il explorait sa condition de migrants, il fouille ici à l'intérieur de lui-même. La richesse du voyage qu'il nous propose tient à son sens de l'observation et à sa grande qualité de conteur. La franchise et l'honnêteté de sa démarche touchent. Il se dévoile et l'on découvre un grand humain. Une être sensible, qui vibre. Une humanité qui devrait habiter chacun d'entre nous ce qui n'est, malheureusement, pas le cas.
Crédit photo: Érick Labbé, Le Soleil
Technologie introspective
Si certaines scènes semblent plaquées et inutiles, la double arlequinade en est un exemple, l'utilisation de la technologie ajoutent grandement au voyage virtuel. La présentation d'une carte ancienne en vidéo, la photo ci-haut, ou les magnifiques images de Venise en grand écran émerveillent. 

La technologie prend tout son sens à l'occasion de certains gros plans sur le visage de Kevin McCoy. L'émotion sincère vécue par le comédien, alors qu'il est à Chicago au chevet de son père, touche encore plus fortement. La douleur passe directement à la salle avec chaque larme, chaque hésitation de la voix, chaque tremblement. Moment de grâce. 

Allez-y surtout si vous aimez: les voyages intérieurs, les récits et les anecdotes, les voyages virtuels, les moments d'émotions, les confidences intimes.

Jusqu'au 22 février au Diamant. Avec Louis Fortier, Kevin McCoy et Sarangerel Tserenpil. Un texte et une mise en scène de Kevin McCoy.


Vous voulez en apprendre plus sur le spectacle? Découvrez notre interview avec Kevin McCoy vers la quarantième minute de notre émission du 10 février.

Bon théâtre et bonne danse!
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