mercredi 12 octobre 2022

Mourir peut-il être tendre?

 Questionnements autour de la condition humaine, chant théâtral sacré et long poème s'offrent au public de Premier acte, dès le 18 octobre. 

Un billet de Robert Boisclair (largement inspiré du dossier de presse)
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


Hors des sentiers battus
Premier acte offrira, du 18 au 22 octobre, Mourir tendre, une oeuvre qui sort des sentiers battus, se donnant des airs de concert électro-tragique pour nous parler de la friabilité de la vie, de la folie de notre monde : l’amour, le désir, l’exil, le viol, mais aussi la vie, la persistance, la résilience. L'auteur, Guy Régis Jr, questionne la condition humaine dans ce chant théâtral sacré, long poème pour une femme et un chœur. 

Synopsis
Alors qu’une éclipse plonge tout un pays dans une obscurité que l’on croit devoir durer cent ans, Perpétue et Alexandre – qui ne sont pas sans rappeler Roméo et Juliette – sont projetés dans un drame qui les sépare. Perpétue veut à tout prix un enfant de son amoureux, malgré les injustices et la violence qu’elle a subies du père de ce dernier, l’obligeant à fuir. Personne ne peut l’empêcher de réaliser son désir. Elle poursuit son irrémédiable errance sous les yeux d’un choeur de spectres insensibles à sa douleur, ne gardant de sa plainte, de son cri, que le ton de son funeste récit.

PERPÉTUE Assise sur un banc
Viens. Viens , Alexandre. J’ai mis ma robe d’été et rien en dessous.

UN D’ENTRE EUX Au fond de la scène, il fait les cent pas
Us brûlent tout dehors. Us sont en train de tout brûler.

PERPÉTUE
Viens. Je suis contente. Je suis contente car je me contente d’être dans une robe qui te plaît.

UN D’ENTRE EUX
Us sont enragés. Us sont énervés. Leur énervement dépasse tout ajournement. Us s’enragent, se surpassent. Us excèdent. Us poussent loin, très loin leur folie.

PERPÉTUE
Viens. Je porte cette robe, la même. Je la porte toujours, toujours formidablement. Viens, c’est celle que tu aimes, non? Celle avec laquelle je t’ai péché, je t’ai attrapé par mon hameçon.

UN D’ENTRE EUX
Depuis l’éclipsé, personne ne sort. Plus personne n’ose. Les balles continuent à pétarader. Dans nos oreilles, elles déclament leur puissance orageuse. Dehors elles fracassent tout. Nous sommes plongés dans le noir à cause de ça. En plus de l’éclipsé, nous pataugeons dans l’obscurité la plus totale… Tout le pays, tout ce pays noir obscur, ombragé debout, nous obscure nous aussi.

PERPÉTUE
Tout ce territoire, tout ce pays, déjà étendu sous ces balles. Tout ce sang. Tous ces cris. Et maintenant cette folie? Et maintenant ça. Pourquoi ça va toujours aussi loin.

UN D’ENTRE EUX
Comment est-ce possible de continuer comme ça? Avec toujours cette pression dans la gorge. Ne jamais y croire. Quand on fait les plus simples projets. Ne jamais y croire. N’y croire jamais. Jamais. Ne jamais y croire. Pourquoi? Oui, ça pourquoi?

PERPÉTUE
C’est à moi qu’ils en veulent. Us en ont tous contre moi. Us courent tous derrière moi. Us allongent leurs forfaits de temps obscurs. Us veulent jouir de l’éclipsé, jouir de moi. De nombreuses heures, de nombreux jours encore, pendant les nuits que durera leur éclipse. Les braves, les lâches, les ploucs s’acharneront. Us vont arriver, et il les vont torturer, massacrer. Rien qu’en cela que l’obscur est utile. Rien qu’à cela. Que la mort au soleil se proclame. Et ce malheur nous tombera dessus. C’est la mort du soleil. Sa mort. Sa disparition. Viens. Je suis belle non? Viens. 

L'histoire
De l’auteur haïtien Guy Régis Jr, Mourir tendre est une création se donnant des airs de concert électro-tragique pour parler de la friabilité de la vie, de la folie de notre monde. 

Perpétue et Alexandre - qui ne sont pas sans rappeler Roméo et Juliette - sont projetés dans un drame qui les sépare. Souffrant tragiquement de l’exil et du viol sous les yeux d’un choeur fantomatique, Perpétue veut perpétuer les mots, perpétuer l’histoire, perpétuer son amoureux Alexandre, perpétuer la race humaine par l’enfantement.

Mais que veut dire enfanter? Qu’est-ce à dire que de vouloir perpétuer l’humanité? Surtout dans un monde sans futur comme celui qu’elle connaît: crise environnementale, confinement, désinformation médiatique, oppression politique, occidentalisation des sociétés, délégitimation des idéaux, patriarcat, viol, dénonciations. Un monde en éclipse où la seule certitude qui demeure est la mort.

Ironiquement, ce spectacle parle d’une éclipse qui dure 100 ans, d’apocalypse, de fin du monde, d’une femme violé sous le regard d’un chœur témoin, de confinement, de la peur, de l’incompréhension, de gens qui s’affolent; tout ceci fait écho aux derniers mois et peut-être aux mois à venir, d’où l’importance qu’il avait, qu’il a et qu’il aura de résonner prochainement sur scène.

Information 
Mourir tendre
Du 18 au 22 octobre 2022
Premier acte
Pour en savoir plus et acheter son billet, c'est ici.

Crédit
Texte: Guy Régis Jr
Création et interprétation: Késia Demers, Gabriel L’Archevêque, Antoine Pelletier et avec la participation d’Olivier Magnan-Bossé et de Véronique Trottier
Direction artistique: Christian Lapointe
Direction de production: Késia Demers
Conception: Julie Charrette, Hélène Falardeau, Léonie Lévesque-Robert, Antoine Pelletier
Régie: Catherine Alepin, Arthur Champagne

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