lundi 25 décembre 2017

Les lauréats aux Prix de la critique de Montréal

L’Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) remettait le 18 décembre dernier, dans le cadre d’un évènement public et dans huit catégories, les Prix de la critique 2016‐2017 de la section Montréal. Voici la liste des lauréats.

Un commentaire de Robert Boisclair (largement inspiré du communiqué de presse)


Dans la catégorie « Meilleur spectacle Montréal »
J’AIME HYDRO; un texte de Christine Beaulieu mis en scène par Philippe Cyr et produit par Porte Parole et Champ gauche avec la participation du FTA (épisodes 1-3) et présenté à l’Usine C.

Pourquoi la société d'État Hydro-Québec détruit-elle l'environnement pour construire des barrages et produire à perte des surplus d'électricité ? Avec un vrai souci de vulgarisation intelligente, J'aime Hydro démontre que l’on peut passer de l'ignorance à la connaissance avec détermination. J’aime Hydro est une enquête citoyenne inspirante et nécessaire.

Les autres finalistes étaient :
DANS LA TÊTE DE PROUST, un texte écrit et mis en scène par Sylvie Moreau, produit par OMNIBUS le corps du théâtre et présenté à l’Espace Libre
TOCCANTE ET FUGUE, un texte d’Étienne Lepage mis en scène par Florent Siaud et produit et présenté par le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, en coproduction avec Les songes turbulents, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

Dans la catégorie « Meilleure mise en scène Montréal 
ÉDITH PATENAUDE, pour la mise en scène de Mes enfants n’ont pas peur du noir, un texte de Jean-Denis Beaudoin présenté par les Productions de La bête noire au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

Mes enfants n’ont pas peur du noir est un thriller psychologique, une dérive du conte d’Hansel et Gretel. La mise en scène d’Édith Patenaude souligne brillamment l’atmosphère injuste, toxique et dysfonctionnelle qui plombe l’étrange maison au fond des bois. Alarme stridente, bagarres, cris et vociférations, tout est mis en œuvre pour amplifier le malaise du spectateur. Impossible de rester insensible au déballage de cruauté qui se déroule sur scène. Efficace, la mise en scène de Mes enfants n’ont pas peur du noir  incite à la lucidité et à la réflexion.

Les autres finalistes étaient :
ANGELA KONRAD, pour  Le royaume des animaux, une pièce de Roland Schimmelpfennig, traduite et adaptée par Angela Konrad et Dominique Quesnel et présentée au Quat’Sous
ÉDITH PATENAUDE, pour 1984, le roman de George Orwell était présenté en coproduction par le Théâtre Denise-Pelletier et le Théâtre du Trident, à Denise-Pelletier (1984 a valu l’an passé à la metteure en scène le Prix pour la Meilleure mise en scène Québec)

Dans la catégorie « Meilleur texte Montréal »
GAMÈTES; un texte de Rébecca Déraspe publié chez Atelier 10, mis en scène par Sophie Cadieux et produit par Les Biches Pensives en codiffusion avec La Manufacture pour la Petite Licorne.

Texte nuancé sur l’accomplissement féminin, Gamètes scrute la force et la complexité de l'amitié entre femmes. Dans une société qui continue à rêver d’égalité entre les sexes, Lou et Aude, deux trentenaires inséparables, ne se cachent rien. Mais quand l’une se retrouve enceinte d’un enfant trisomique, la machine s’emballe. Intelligent, drôle et touchant, le féminisme fédérateur de Gamètes évite l’écueil pamphlétaire pour nous guider de l’intime à l’universel. Gamètes est une réussite.

Les autres finalistes étaient :
J'AIME HYDRO; un texte de Christine Beaulieu publié chez Atelier 10, mis en scène par Philippe Cyr, produit par Porte Parole et Champ gauche et présenté à l’Usine C
MES ENFANTS N'ONT PAS PEUR DU NOIR; un texte de Jean-Denis Beaudoin publié chez L'Instant Scène et mis en scène par Édith Patenaude, présenté par les Productions de La bête noire au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

Dans la catégorie « Scénographie Montréal »
JEAN-FRANÇOIS LABBÉ, qui signe la scénographie et les éclairages de Mes enfants n’ont pas peur du noir, un texte de Jean-Denis Beaudoin, mis en scène par Édith Patenaude et présenté par les Productions de La bête noire au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

Mes enfants n’ont pas peur du noir est une fable moderne où deux frères ennemis se font souffrir à l’infini. La scénographie et les éclairages de Jean-François Labbé évoquent avec brio, dans la petite salle Jean-Claude Germain, la maison désordonnée, le bois et le lac, créant un univers glauque et inquiétant qui ajoute au sentiment d’oppression étouffante qui contamine le spectateur. Marquant.

L'autre finaliste était :
MAX-OTTO FAUTEUX, pour Manifeste de la Jeune-Fille, un spectacle d’Olivier Choinière, coproduit par l’Espace Go et l’Activité et présenté à l’Espace Go
MAX-OTTO FAUTEUX, pour Tartuffe de Molière, un spectacle produit et présenté au TNM en collaboration avec UBU compagnie de création, sous la direction de Denis Marleau

Dans la catégorie « Interprétation féminine Montréal »
MICHELINE BERNARD, pour le rôle de Miss Brodie dans Des promesses, des promesses, un texte de Douglas Maxwell traduit par Maryse Warda et dirigé par Denis Bernard. Le spectacle est une production de la Manufacture.

Micheline Bernard incarne Miss Brodie, une enseignante à la retraite qui a accepté de faire de la suppléance dans une classe où arrive Rosie, une petite fille Somalienne. Dans cette ode à l'amitié entre une enfant renfermée et une femme aux idées bien arrêtées, Micheline Bernard convainc et touche, décapante, frêle mais indomptable. L’expérience et la maturité de la comédienne prêtent à son personnage la silhouette ambivalente d’une héroïne d’aujourd’hui, qui montre les grossièretés des uns et pointe les lâchetés des autres.

Les autres finalistes étaient :
CHRISTINE BEAULIEU, pour son propre rôle dans J'aime Hydro, un texte qu’elle signe et dans lequel elle était dirigée par Philippe Cyr
SOPHIE DESMARAIS, pour le rôle de Marta Hillers dans la pièce Une femme à Berlin d'après le livre de Marta Hillers, sous la direction de Brigitte Haentjens

Dans la catégorie « Interprétation masculine Montréal »
EMMANUEL SCHWARTZ, pour le rôle de Tartuffe dans Tartuffe, d’après Molière, une production TNM en collaboration avec UBU compagnie de création, présentée au TNM et dirigée par Denis Marleau.

Emmanuel Schwartz livre une performance exceptionnelle dans le rôle-titre du classique de Molière transposé à l’époque de la Révolution tranquille. Il campe un Tartuffe manipulateur, hypocrite et habité par l’appât du gain, au point de séduire la femme de son hôte pour y parvenir. Le magnétique Emmanuel Schwartz est un comédien consommé, une manière de stradivarius sous la baguette du metteur en scène Denis Marleau.

Les autres finalistes étaient :
THÉODORE PELLERIN, pour le rôle de Tommy dans Yen, un texte d’Anna Jordan traduit par David Laurin, dirigé par Jean-SimonTraversy et présenté par Lab87 en codiffusion avec La Manufacture, à la Petite Licorne
STEVE GAGNON, pour le rôle de Sam dans Mes enfants n’ont pas peur du noir de Jean-Denis Beaudoin, une production de La bête noire dirigée par Édith Patenaude et présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

Dans la catégorie « Hors Québec Montréal »
DES ARBRES À ABATTRE. Le texte de Thomas Bernhard mis en scène par Krystian Lupa et produit par le Teatr Polski we Wrocławiu était présenté dans le cadre de la 11e édition du Festival TransAmériques.

Œuvre de résistance fascinante et féroce, Des arbres à abattre marque par son audace et sa radicalité. Ce portrait corrosif du milieu artistique est soutenu par un jeu d’une intelligence magistrale et une mise en scène implacable; le récit de cette comédie humaine est admirable dans chacun de ses moindres détails. Un grand spectacle contemporain.

Les autres finalistes étaient :
100% MONTRÉAL; un spectacle conçu par le collectif allemand Rimini Protokoll dans le cadre des célébrations du 375e anniversaire de Montréal et présentée en ouverture de la 11e édition du Festival TransAmériques
LUCRÈCE BORGIA; un texte de Victor Hugo, lui aussi présenté à la faveur des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, par la Comédie française dans une mise en scène de Denis Podalydès et au TNM

 Dans la catégorie « Jeune public Montréal »
OGO; une création d’Isabelle Payant et du Théâtre des Petites Âmes, présentée à la Maison Théâtre.

Ogo est un spectacle atmosphérique et mystérieux qui incite à la découverte et qui s’adresse aux 2 ans et demi à 5 ans. Poétique, enveloppante et imaginative, la production éveille intelligemment les sens des tous petits - à force de chansons, de musique et d’émerveillement. L’expérience charme le public cible, mais aussi les moyennes et grandes personnes, pour reprendre une tournure de la créatrice.

Les autres finalistes étaient :
LE CIEL DES OURS; un spectacle de Fabrizio Montecchi présenté par le Teatro Gioco Vita à la Maison théâtre
TROIS PETITES SOEURS; un texte de Suzanne Lebeau mis en scène par Gervais Gaudreault et présenté par Le Carrousel à la Maison Théâtre
HISTOIRES À PLUMES ET À POILS; un texte de Marie-Hélène Larose-Truchon, David Paquet et Érika Tremblay-Roy mis en scène par Érika Tremblay-Roy présenté par Le Petit Théâtre de Sherbrooke à la Maison Théâtre

Les Prix de la critique remis par l’AQCT
Les Prix de la critique sont remis annuellement depuis 1985 par l’intermédiaire d’un vote des membres de l’Association québécoise des critiques de théâtre suivi d’une discussion. L’AQCT compte une trentaine de membres œuvrant dans une dizaine de médias à Montréal et à Québec.

Bon théâtre et bonne danse !

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