vendredi 26 octobre 2018

Le baptême de la petite: sympathique comédie

Des questions sérieuses abordées avec le sourire qui nous mettent face à nos contradictions, voilà ce que propose Le baptême de la petite. Petite bulle de bonheur qui soulève d'intéressantes interrogations.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Suzane O'Neill
Synopsis
Dans cette comédie grinçante, un souper tout simple vire au cauchemar. La maison familial acquise et rénovée par le frère (Maxime Denommée), qui vit en couple avec Maude (Marie-Hélène Gendreau), devient un champ de bataille alors que la soeur (Catherine De Léan) s'y pointe afin de présenter son nouvel amoureux (Jean-Michel Déry).

L'arrivée prochaine d'un poupon adopté en Chine par l'un des couples met au jour des désaccords profonds. La soirée vire au cauchemar lorsque la question anodine, ou peut-être pas si anodine, du baptême de l'enfant s'invite dans la conversation. Le clash se produit surtout entre la soeur traditionaliste pour qui les coutumes familiales sont importantes et la conjointe du frère, athée et progressiste, qui refuse de faire baptiser sa fille. La soirée sera catastrophique et le champ de bataille sera celui des valeurs.

Crédit photo: Suzane O'Neill
Face à nos contradictions
Oscillant entre nostalgie et modernisme, traditionalisme et progressisme, Le baptême de la petite joue habilement sur ces deux facettes pour nous mettre face à nos contradictions. Le progressisme, incarnée par Maude, et le respect des traditions, véhiculé par Marie-Ève, la soeur, plombent la réunion familial et entrainent les protagonistes, et le public, dans une interrogation autour de la place de la religion dans notre société moderne.

Le texte, s'il soulève de nombreuses questions, ne fournit guère de réponses. Chaque thème est abordé rapidement et, peut-être, un peu trop superficiellement. En interview, Jean-Sébastien Ouellette le metteur en scène le soulignait d'ailleurs, mais tout de même, il aurait été intéressant, non pas de fournir des réponses, mais d'approfondir plus abondamment. Certains moments forts s'y pointent, comme cette discussion fort animée autour du sexisme dans et hors l'église.

Malgré les positions tranchées des deux femmes, tout n'est pas blanc et noir. Des nuances de gris émergent. Chacune réalisant sans doute, ne pas détenir la certitude d'être dans la bonne voie. Particulièrement le personnage de Maude, athée avouée, qui souffre de ne pas avoir de spiritualité. La voie de la conscience seule n'est pas garante d'un moral à toute épreuve et d'une meilleure capacité à survivre aux coups du sort.

Crédit photo: Suzane O'Neill
Scénographie légo
Jean-Sébastien Ouellette et Marilou Bois au décor, proposent une scénographie en mode légo. À l'ouverture de la pièce que des murs et un écran pour des surtitres. Les accessoires, et ils sont nombreux, sont amenés par les comédiens qui, à la manière d'un jeu légo, font et défont le décor. Ils les apportent, les retirent, les déplacent. Ils construisent leur église du moment. Les allusions à la religion sont d'ailleurs nombreuses en images, en gestes et en mots tout au long de la production.

Cette scénographie légo, le jeu enjoué des comédiens et les projections donnent le ton à un spectacle dynamique où la comédie côtoie le drame. Les coups de théâtre, les moments de vives émotions, la scène finale particulièrement, et les vives discussions s'y fréquentent abondamment. Malgré certains moments de flottement, l'ensemble se complète savamment faisant de ce spectacle une charmante comédie dramatique.

Parmi les comédiens, Catherine De Léan en athée obstinée et bourrée d'idées préconçues est excellente. Maxime Denommée se démarque également dans le rôle du frère qui n'arrive pas toujours à s'affirmer entre deux femmes, sa soeur et sa conjointe, aux idées bien arrêtées.

Crédit photo: Radio-Canada
Allez-y surtout si vous aimez: les comédies dramatiques, les textes d'Isabelle Hubert, les spectacles qui opposent modernisme et traditionalisme, les divertissements qui nous mettent face à nos contradictions.

Au Périscope jusqu'au 10 novembre. Avec Catherine De Léan, Maxime Denommée, Jean-Michel Déry et Marie-Hélène Gendreau. Une mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette. Un texte d'Isabelle Hubert.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Jean-Sébastien Ouellette ici (vers la vingtième minute de l'émission du 22 octobre).

Bon théâtre et bonne danse!
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